Accueil🇫🇷Chercher

Cistron

Un cistron est la plus petite unité génétique de fonction — définie par le test cis-trans, qui est une application du test de complémentation — correspondant aux régions codantes et non codantes d'un gène. Ce terme est l'ancienne définition assez archaïque du gène mais lui est synonyme : un gène est un cistron ; cette définition contemporaine du gène comme étant une unité fonctionnelle est donc toujours d'actualité. Un segment d'ADN qui code un polypeptide est parfois appelé cistron, pourtant cela est désormais totalement faux car un gène ou cistron — pris dans son intégralité — ne code pas une chaîne polypeptidique[Note 1] ; si une partie du gène peut coder effectivement un polypeptide, on ne peut pas pour autant le réduire à ce polypeptide[1]. Les gènes eucaryotes à la différence des procaryotes sont en morceaux car ils sont interrompus par des séquences qui ne codent pas le polypeptide, notamment des séquences régulatrices de l'expression du gène ; d'autres fonctions de ces séquences ne sont pas toujours très claires encore actuellement ; ces séquences font partie des introns. Anciennement, les biochimistes dans les années 1940 comme les chercheurs Edward Lawrie Tatum et George Beadle — avec leur hypothèse qu'un gène code une enzyme (une chaîne polypeptidique) — définissaient le gène comme codant un polypeptide. Néanmoins, des découvertes en génétique telles que les séquences non codantes, ont remis en cause ce raisonnement. En effet, les généticiens se sont rendu compte qu'on limitait le gène à sa partie codant un polypeptide ; d'ailleurs certains gènes transcrivent juste des ARN — qui ont des fonctions propres — ces derniers donc ne subissant pas l'étape supplémentaire de traduction pour donner des protéines donc des polypeptides[Note 2]. Un gène est une unité d'information donc un fragment d'ADN codant un produit fonctionnel.

Le terme a Ă©tĂ© inventĂ© par des gĂ©nĂ©ticiens — lors de rĂ©sultats de tests de complĂ©mentation chez les bactĂ©ries qui, par l'Ă©tude de mutations successives permet de dĂ©terminer les gènes voisins — notamment par le biologiste et gĂ©nĂ©ticien Seymour Benzer lors de ses travaux sur la nature linĂ©aire des gènes, dans la deuxième moitiĂ© des annĂ©es 1950[2]. Ce nĂ©ologisme dĂ©rive des termes cis et trans utilisĂ©s en gĂ©nĂ©tique pour analyser les effets combinĂ©s de mutations. Deux mutations sont localisĂ©es en cis si elles sont portĂ©es sur la mĂŞme molĂ©cule d'ADN (le mĂŞme chromosome), elles sont localisĂ©es en trans si elles sont sur deux copies diffĂ©rentes de l'ADN (chacune sur un chromosome diffĂ©rent). En combinant ces mutations deux Ă  deux, Benzer a mis en Ă©vidence que les mutations affectant la mĂŞme unitĂ© fonctionnelle (un mĂŞme gène) ne donnaient lieu qu'Ă  des mĂ©canismes de complĂ©mentation en cis, tandis que celles qui affectaient deux unitĂ©s fonctionnelles distinctes pouvaient donner lieu Ă  une complĂ©mentation en trans. C'est ainsi qu'il a montrĂ© que les gènes Ă©taient linĂ©aires et correspondaient Ă  des portions continues de l'ADN. La dĂ©finition originale de Benzer affirme qu'un cistron correspond donc Ă  « l'ensemble des sites de l'ADN qui peuvent donner lieu Ă  des Ă©vĂ©nements de complĂ©mentation en cis Â».

Le terme de cistron se retrouve dans la terminologie monocistronique et polycistronique utilisée pour qualifier les ARN messagers. Un ARNm monocistronique ne code qu'une chaîne polypeptidique, c'est le cas des eucaryotes : la transcription se fait gène par gène ; un ARNm polycistronique en code plusieurs, principalement chez les procaryotes.

Notes et références

Notes

  1. Cette ancienne définition fautive du gène qui stipule qu'il conduit à la synthèse d'un polypeptide subsiste encore sur internet et dans certains livres même relativement récents, notamment dans la définition donnée par le dictionnaire Larousse : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/cistron/16221
  2. Par abus de langage, il peut être dit qu'un gène code des protéines si on considère strictement la correspondance codons (de l'ARNm) - acides aminés

Références

  1. Benjamin Lewin, Genes VII, New York, Cell Press, , 990 p. (ISBN 0-19-879276-X), p. 955
  2. (en) Benzer S., « On the topology of the genetic fine structure. », Proc. Natl. Acad. Sci. USA, vol. 45, no 11,‎ , p. 1607-1620 (PMID 16590553)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.