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Cinéma kurde

Pour des raisons liées à la fois au contexte politique et aux conditions de développement économique et technique, le cinéma kurde se développe tardivement dans l'histoire globale du cinéma. Il prend son essor peu à peu dans la diaspora, à partir des années 1980.

Les évolutions technologiques, à partir de la deuxième moitié des années 1990, vont permettre à de jeunes réalisateurs de réaliser des films dans de meilleures conditions.

La plupart des productions du cinéma kurde met en scène, au premier ou au second plan, les conditions de vie difficiles du peuple kurde.

Histoire

Des débuts tardifs et difficiles

Les Kurdes, mobilisés par des révoltes nationalistes depuis le début du XXe siècle, n’ont pas pu s’approprier le cinéma en raison des moyens techniques et financiers plus importants exigés par la production et la distribution d’un film. Les politiques négationnistes des État-nations turc, iranien, irakien et syrien ont été l’obstacle principal pour la réalisation de films en langue kurde. Ils adoptent en revanche le théâtre dès 1920[1].

Yilmaz Güney et le cinéma en exil

Yilmaz Güney est considéré comme le premier réalisateur de cinéma kurde, même si tous ses films, pour des raisons d’interdiction de la langue kurde, sont en turc. Certains de ses films, comme Sürü (Le Troupeau), traite essentiellement des problèmes de la société kurde et de sa confrontation avec l'État et la société turque[2] - [3]. On entend aussi des chansons en kurde, ainsi que quelques dialogues, dans son film Yol[1].

En 1991, Nizamettin Ariç, musicien exilé en Allemagne dans les années 1980 pour avoir chanté en kurde, réalise en Arménie son premier film, Un chant pour Beko. Ce film est d’ailleurs considéré comme le premier film tourné en langue kurde. Ainsi, c'est principalement dans la diaspora que le cinéma kurde va pouvoir lentement se développer[1].

Toutefois, cela ne peut se faire que dans un cadre restreint. La loi turque sur le cinĂ©ma, adoptĂ©e en 1986, interdit toute forme de « propagande sĂ©paratiste Â» ou de tout ce qui lui est assimilĂ©[1].

Le tournant de 1991

En 1991, quand l'interdiction de la langue kurde est officiellement levée en Turquie, plusieurs films, comme Mem û Zîn, sont tournés, annonçant une nouvelle génération du cinéma kurde[4]. Cet élan est rapidement brisé par l'interdiction en Turquie des médias pro-kurdes[5].

En 1995, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) lance la première chaîne de télévision kurde, Med TV, en achetant une concession de satellite. Si l’on ne considère pas la chaîne de télévision de Kirkuk, fondée en 1967 par le régime bassiste irakien et ayant commencé à diffuser en kurde au début des années 1970, comme une télévision kurde, Med TV est la première chaîne kurde créée par une organisation politique kurde.Cette initiative donne une nouvelle impulsion au cinéma kurde[6].

Particularités

De nombreux réalisateurs et comédiens kurdes reconnaissent volontiers le rôle des festivals internationaux dans la développement du cinéma kurde. Ce phénomène peut s’expliquer par l’absence d’un marché du cinéma au Kurdistan, elle-même liée à l’absence d’un État kurde reconnu. Ne pouvant pas commercialiser leurs films au Kurdistan, la plupart des réalisateurs kurdes réalisent aujourd’hui leurs films d’abord pour les festivals internationaux, les marchés étrangers et les spectateurs non kurdes[1].

Cinéastes et réalisateurs

Yılmaz Güney (1937-1984)[7]

Erden Kıral (*1942)[8]

Umit Elçi (*1948)[9]

Şahin Gök (1952 - 2013)

  • 1992 : XecĂŞ Ă» Siyabend

Nizamettin Ariç (*1956)[10]

  • 1991 : Kilamek ji bo Beko (Un chant pour Beko)

Mansur Tural HĂŞvĂ®[11]

  • 2008 : LĂ -bas il fait froid
  • 2016 : Fin de jour

Ibrahim Selman[12]

  • 1994 : De zwijgende reiziger

Handan İpekçi (*1956)[13]

  • 2002 : HĂŞjar - MĂŞrĂŞ mezin evĂ®na biçûk (BĂĽyĂĽk Adam Küçük AĹźk/ Grand homme, petit amour)

YeĹźim UstaoÄźlu (1960)[14]

Jano Rosebiani (*1961)[15]

Huner Selîm (*1964)[16]

YĂĽksel Yavuz (*1964)[17]

  • 1994 : Mein Vater, der Gastarbeiter
  • 1998 : Aprilkinder
  • 1999 : Beyaz mantolu adam
  • 2003 : Kleine Freiheit
  • 2007 : Close-Up – Kurdistan
  • 2010 : Sehnsucht nach Istanbul
  • 2014 : HĂŞvĂ®
  • 2017 : Amed – Gedächtnis einer Stadt

Ravîn Asaf[18]

Mano Xelil (*1969)[19]

  • 2005 : Al-Anfal (Au nom d'Allah, du Baas et de Saddam)
  • 2007 : David der Tolhildan
  • 2013 : Der Imker
  • 2016 : Die Schwalbe

Bahman Ghobadi (*1969)[20]

Kazım Öz (*1973)[21]

  • 2008 : Fırtına / Bahoz
  • 2014 : Bir Varmış Bir YokmuĹź / HebĂ» tunebĂ»
  • 2017: Zer

Halil Uysal (Halil DaÄź) (1973-2008)[22]

  • 2002 : TĂ®rĂŞj
  • 2002 : Eyna BejnĂŞ
  • 2004: Kilamek ji ZagrosĂ©
  • 2005 : FirmeskĂŞn Ava ZĂŞ
  • 2006 : BĂŞrĂ®tan

Acteurs

Plusieurs réalisateurs, comme Bahman Ghobadi, choisissent délibérément, pour ajouter au réalisme, de faire jouer des paysans ou gens rencontrés sur les lieux de tournage, plutôt que de faire appel à des acteurs professionnels[24].

Notes et références

  1. Ozdil 2014.
  2. (en) Le Troupeau (1978) - Plot Summary sur l’Internet Movie Database.
  3. (en) « Kurdistan Turkey: Yilmaz Guney’s last Film », The Middle East magazine,‎ (lire en ligne).
  4. Ümit Elçi, Yalçin Dümer, Levent Güner et Eser Giray, Ehmedê Xanî'den: Mem û Zîn, (lire en ligne)
  5. Isabelle Rigoni, « Med TV dans le conflit kurde », Confluences Méditerranée, no 34,‎ , p. 45-51 (ISSN 1148-2664, e-ISSN 2102-5991, lire en ligne)
  6. Amir Hassanpour, “Satellite footprints as national borders: Med TV and the extraterritoriality of state sovereignty”, in Journal of Muslim Minority Affairs, vol. 18, no 1, 1998, p. 53-72.
  7. « Yilmaz Güney », sur IMDb (consulté le )
  8. (en) « Erden Kiral », sur IMDb (consulté le )
  9. « Ümit Elçi », sur IMDb (consulté le )
  10. « Nizamettin Ariç », sur IMDb (consulté le )
  11. « Mansur Tural », sur IMDb (consulté le )
  12. « Ibrahim Selman », sur IMDb (consulté le )
  13. « Handan Ipekçi », sur IMDb (consulté le )
  14. « Yesim Ustaoglu », sur IMDb (consulté le )
  15. « Jano Rosebiani », sur IMDb (consulté le )
  16. « Hiner Saleem », sur IMDb (consulté le )
  17. « Yüksel Yavuz », sur IMDb (consulté le )
  18. « Ravin Asaf », sur IMDb (consulté le )
  19. « Mano Khalil », sur IMDb (consulté le )
  20. « Bahman Ghobadi », sur IMDb (consulté le )
  21. « Kazim Öz », sur IMDb (consulté le )
  22. (en) « 6th Anniversary of Guerilla and Filmmaker Halil Dağ’s Death », sur The Rojava Report, (consulté le )
  23. « Shero Rauf », sur IMDb (consulté le )
  24. Dominique Pellerin, « Un temps pour l’ivresse des chevaux : ainsi va la vie… - Zamani barayé masti asbha, Iran 2000 », Séquences, no 213,‎ , p. 48

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Yilmaz Ozdil, « Le rĂ´le de la diaspora dans la naissance du cinĂ©ma kurde », Hommes & migrations, no 1307 « L'Afrique qualifiĂ©e dans la mondialisation »,‎ , p. 155-160 (ISBN 978-2-919040-28-5, e-ISSN 2262-3353, DOI 10.4000/hommesmigrations.2866, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Alexandra Di Stefano Pironti, « Le Kurdistan, contrĂ©e de fictions. Les droits des Kurdes ont progressĂ© de manière fulgurante cette dernière dĂ©cennie. Cette autonomie politique favorise l'Ă©mergence d'un cinĂ©ma qui tente d'apprĂ©hender leur histoire rĂ©cente. », Courrier international no 1222, Courrier international S.A., Paris , , p. 50, (ISSN 1154-516X), (article original paru dans Rudaw, Erbil, le ).

Articles connexes

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