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Charles Maigrot

Charles Maigrot, nĂ© en 1652 Ă  Paris en France et dĂ©cĂ©dĂ© le 28 fĂ©vrier 1730 Ă  Rome, est un prĂȘtre des Missions Ă©trangĂšres de Paris, et Ă©vĂȘque en Chine. Il est un personnage-clĂ© dans la troisiĂšme phase de la querelle des rites chinois.

Charles Maigrot
Naissance
Paris (France)
DĂ©cĂšs
Rome (Etats pontificaux)
Nationalité Français
Activité principale
Formation

Biographie

Un docteur en Sorbonne pour les Missions

AprĂšs des Ă©tudes de thĂ©ologie en Sorbonne Ă  Paris, d'oĂč il sort docteur, Charles Maigrot rejoint les Missions EtrangĂšres de Paris [MEP]. Le 19 janvier 1681 , il est envoyĂ© en ExtrĂȘme-orient, et aprĂšs un court sĂ©jour au Siam, il accompagne Mgr François Pallu MEP dans sa mission en Chine, en janvier 1684. DĂšs le dĂ©but de sa mission, Maigrot est accusĂ© de jansĂ©nisme, « par des hommes qui redoutaient la rigiditĂ© de ses opinions et la franchise de son langage »[1]. Il fait alors appel Ă  des docteurs de Sorbonne, qui lui envoient une attestation signĂ©e par treize d'entre eux le affirmant qu'« il s’est montrĂ© le dĂ©fenseur des pures doctrines, l’adversaire trĂšs vif des hĂ©rĂ©sies et surtout du JansĂ©nisme qu’il a combattu en particulier et en public »[1].

Un vicaire apostolique contesté à Fujian

Le "mandement" de Monseigneur Maigrot, qui tranchait la question des rites chinois allait ĂȘtre attaquĂ© et dĂ©fendu avec acharnement pendant 50 ans, jusqu'au jour oĂč les prohibitions qu'il contenait seraient dĂ©finitivement portĂ©es et sanctionnĂ©es par BenoĂźt XIV.

Gravement malade Pallu choisit Maigrot, avant sa mort, pour lui succĂ©der comme vicaire apostolique pour la Chine, et l'ordonne Ă©vĂȘque. Il est nommĂ© pro-vicaire gĂ©nĂ©ral et vice-administrateur des missions de Chine. À la mort de Pallu, un religieux dominicain assiste seul avec Maigrot aux funĂ©railles du premier des Ă©vĂȘques des Missions-ÉtrangĂšres[2]. En 1687, le Saint-SiĂšge confirme son autoritĂ© apostolique sur le Fujian, et en 1696 , il est nommĂ© Ă©vĂȘque titulaire.

Il mĂšne Ă  bien quelques projets apostoliques et baptise de nombreux chinois. Il n'Ă©chappe pas cependant aux remontrances de son confrĂšre Louis Laneau, qui l'exhorte Ă  ne pas se mĂȘler aux controverses thĂ©ologiques, et souvent politiques, qui dĂ©tournent l'attention du vĂ©ritable travail missionnaire.

L'Ă©piscopat de Monseigneur Maigrot est marquĂ© par l'importance que prend son Mandat du 26 mars 1693, qui sera au cƓur de la troisiĂšme phase de la querelle des rites chinois. En sept points, Maigrot interdit aux missionnaires catholiques et aux catholiques chinois dans les provinces de Fujian d'utiliser les noms chinois traditionnels de Tien ("Ciel") ou Shangdi ("dirigeant SuprĂȘme") pour dĂ©signer le Dieu des chrĂ©tiens qui entraĂźne selon lui une confusion syncrĂ©tique. Il recommande en revanche le mot plus juste Tienzhu ("Le Seigneur"). En outre, il interdit aux chrĂ©tiens de participer aux cĂ©rĂ©monies de vĂ©nĂ©ration des ancĂȘtres et au culte de Confucius, s’attaquant ainsi directement Ă  un Ă©lĂ©ment important de la culture chinoise.

L'humiliation de Kangxi et le retour Ă  Rome

En 1697, Mgr Maigrot envoie son mandat Ă  Rome afin de le soumettre au Saint-Office. Rome lui rĂ©pond par le dĂ©cret Cur Deus optimus du 20 novembre 1704 qui Ă©largit son mandat apostolique Ă  l'ensemble de la Chine. Ce dĂ©cret, auquel rĂ©sistent les JĂ©suites prĂ©sents Ă  la cour de PĂ©kin et mieux au fait des coutumes socio-culturelles du pays, est mis en Ɠuvre en Chine par le lĂ©gat du pape, Charles-Thomas Maillard de Tournon. L'empereur chinois, Kangxi, Ă  la demande des JĂ©suites, accorde une audience Ă  Mgr Maigrot le 17 dĂ©cembre 1706, pour lui exprimer sa dĂ©sapprobation du dĂ©cret papal. 

IntĂ©rĂȘt pour la Chine

Maigrot se rend alors Ă  Rome en 1709, oĂč il passe le reste de sa vie. Son sĂ©jour romain est consacrĂ© Ă  des recherches sur la religion et philosophie chinoise. Son magnum opus "De Synica Religione Dissertationes quatuor" n'a jamais Ă©tĂ© publiĂ©, Ă  la suite de l'interdiction papale que les missionnaires avaient reçue concernant les rites chinois. Son silence laissera l'impression d'un missionnaire qui aurait voulu imposer la culture de l'Occident et s'est dĂ©sintĂ©ressĂ© de la culture chinoise[3].

Postérité

La reconnaissance des papes

Plusieurs historiens, comme Arnold J. Toynbee, ont critiquĂ© Maigrot, en raison de sa position sur les rites chinois; d'autres ont repris ces points de vue, sans avoir Ă©tudiĂ© le fondement sur lequel elles reposaient. Charles Maigrot, malgrĂ© le discrĂ©dit dont il a souffert, et une fin de vie discrĂšte Ă  Rome, s'est trouvĂ© revendiquĂ© Ă  son insu dans le jugement que les papes ClĂ©ment XI, ClĂ©ment XII et BenoĂźt XIV ont portĂ© sur les rites chinois, condamnĂ©s par eux, comme lui-mĂȘme l'avait fait[4], dans la mesure oĂč ils pouvaient ouvrir la porte Ă  une forme de polythĂ©isme.

La diatribe de Voltaire

La mauvaise réputation de Monseigneur Charles Maigrot se répand surtout à la suite de la diatribe qu'en fait Voltaire[5]. La caricature reprend le passage malheureux de Maigrot devant l'empereur Kangxi, faisant du docteur en Sorbonne, un illettré en chinois, en dépit de son étude de la culture et de la langue.

« Des missionnaires d’Europe disputent entre eux violemment sur la signification de ce mot. La cour de Rome envoie un Français nommĂ© Maigrot, qu’elle fait Ă©vĂȘque imaginaire d’une province de la Chine, pour juger de ce diffĂ©rend. Ce Maigrot ne sait pas un mot de chinois ; l’empereur daigne lui faire dire ce qu’il entend par King-Tien ; Maigrot ne veut pas l’en croire, et fait condamner Ă  Rome l’empereur de la Chine. »

— Voltaire, Dictionnaire philosophique (1764)

Références

  1. Adrien Launay, Histoire génerale de la Société des missions-étrangÚres, Paris, Téqui, , 620 p. (lire en ligne), p. 333
  2. Adrien Launay, Histoire génerale de la Société des missions-étrangÚres, Paris, Téqui, , 620 p. (lire en ligne), p. 306
  3. (en) Xiping Zhang (trad. du chinois par DIng Deshu et Ye Jinping), è·Ÿéšćˆ©çŽ›çȘŠćˆ°äž­ć›œ [« Following the steps of Matteo Ricci to China »], äș”æŽČ䌠播ć‡ș版瀟,‎ , 173 p. (ISBN 978-7-5085-0982-2, lire en ligne), p. 148.
  4. Archives des Missions étrangÚres, « Notice biographique de Charles Maigrot », sur archives.mepasie.org (consulté le )
  5. Voltaire, Dictionnaire philosophique, Paris, Garnier, (lire en ligne), p. 50. Ayant mauvaise presse dans les milieux catholiques il est peu probable que Voltaire ait eu une grande influence dans cette affaire

Travaux

  • Lettre... Ă  Maigrot ils Metellopolis..., 1685.
  • Mandatum seu Edictum..., 26. mars 1693, in: Apologie des Dominicains..., 1699, 451-459, Historia cultus Sinensium..., 1700, 332-338, De Ritibus Sinensium..., 1700, 23, Acta Causae Rituum..., 1704, 3-8, u.un.un. O. (s). Droit/Dindinger, Bibliotheca missionum, vol.VII, N ° 2686).
  • Epistola..., 10.11. 1693, in: Apologie..., 1699, 459-468, Historia cultus Sinensium..., 1700, 402-408, Raccolta di varie principali scritture..., 1700, 3-7, Platel, les MĂ©moires Historiques...NOUS, 1766, 88-90.
  • Reverendissimi D. Caroli Maigrot de mĂ©moires.... 10.11. 1693, in: Historia cultus Sinensium..., 339-401.
  • Copie d'une lettre... 11.1. 1699, 1700, 1701, le changement. 1700;
  • MĂ©moire de Maigrot l'Ă©vesque le Conon... 28.10. 1700, in: Anecdotes sur l'ans'de la RĂ©ligion VII, 1742, 2.
  • Lettre, 26.11. 1700, ibid. 1.
  • Lettre, 1.1. 1700, in: MĂ©moires historiques sur les constitutions, MDPE, p.un., 137-139. *Observationes...dans librum, quem RR. Patres Societatis Jesu Pekini circa praesentes ils cultibus Sinicis controversias typis ediderunt, 1704'
  • Protestatio..., 27.7. 1706, in: Platel, MĂ©moires Historiques, NOUS, 1766, 172-188.
  • Lettera... un Gallovay, 4.5. 1708, in: Memorie storiche VII, 1761, 47-48.
  • Des Anecdotes sur l'ans'de la RĂ©ligion... III, 164.
  • Dichiarazione, 5.10. 1709, in: Memorie storiche II, 1761, 197-203
  • La dĂ©claration..., 18.10. 1709, in: MĂ©moires pour Rome IV, 1710, 31-33, Apologie delle Risposte, 1710, 222;
  • Secunda Declaratio... 1710, ibid. 223-224
  • Tertia Declaratio... 1710, ibid. 225-229
  • Lettre de 19,9. 1711, in: Anecdotes sur l'ans'de la Religion, III, 272;
  • L'Examen des faussetez sur les cultes chinois... avancĂ©es par le PĂšre Joseph Jouvenci, JĂ©suite..., 1714 (soi-disant par dominikaneren Minorelli, mais dans la rĂ©alitĂ© de la Maigrot)
  • Lettre de 27.5. 1726, in: François Bontinck, La lutte autour de la liturgie chinoise aux XVIle et XVIIIe siĂšcles, 1962, 522 f.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Collani, Claudia von. "Charles Maigrot’s Role in the Chinese Rites Controversy." The Chinese Rites Controvery. Its History and Meaning. Monumenta Serica Monograph Series 33 (1994): 149-183.
  • (en) Mungello, D. E., and Monumenta Serica Institute. The Chinese rites controversy: Its history and meaning. Vol. 33. Loyola Pr, 1994.
  • (en) Mungello, D. E. “Whose Antiquarianism?: Europe versus China in the 1701 Conflict between Bishop Maigrot and Qiu Sheng.” Antiquarianism and Intellectual Life in Europe and China, 1500-1800, edited by Peter N. Miller and François Louis, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2012, pp. 368–380. JSTOR, www.jstor.org/stable/10.3998/mpub.3992087.19.
  • (en) Qi, Wu Min Han. "The Chinese Rites Controversy and Chinese Catholics: A Case Study of the Conflict between the Christians in Fujian Province and Bishop Charles Maigrot (1652—1730)[J]." Historical Research 6 (2004): 005.

Article connexe

Liens externes

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