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Chao Quang Lo

L’épopée de Chao Quan Lo, d'origine H'mong, se déroule dans les montagnes sauvages du nord du poste français de Bac Ha[1].

Chao Quang Lo
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Décès
Activité

Explications

Au lendemain du coup de force japonais du 9 mars 1945 – massacre des garnisons françaises, sauf celles qui ont pu s’échapper en pays H’mong (où elles ont été recueillies au péril de la vie des locaux) ou en Chine - les H’mong locaux ont élu des comités régionaux chargés de l’administration, dont l’un, celui de Pha Long (vi), dirigé par Chao Quan Lo. Les Japonais s’étant conduits comme à leur habitude lorsqu’ils sont arrivés dans sa région – pillages, viols, portage forcé, réquisition des récoltes et du bétail - il organise la lutte armée et tient la région après la retraite des Japonais.

Après le dĂ©sastre de la R.C. 4 d'octobre 1950, les Français Ă©vacuent toute la Haute RĂ©gion, dont le ViĂŞt-minh s’empare. Après avoir vainement tentĂ© d’expliquer aux responsables viĂŞt-minh - qui se conduisent comme des envahisseurs - que les H’mong n’avaient rien contre le communisme et reconnaĂ®traient une indĂ©pendance sous leur contrĂ´le, mais tenaient Ă  ce que ce soient les H’mong qui administrent leur rĂ©gion, Chau Quan Lo n’a d’autre choix que de reprendre les armes qu’il avait cachĂ©es. Il appelle HanoĂŻ Ă  l’aide, et les Français parachutent des radios Ă  longue portĂ©e, des armements et des conseillers ; ils entrainent Ă©galement des H’mongs comme opĂ©rateurs radios et spĂ©cialistes des explosifs dans le camp que le service Action du S.D.E.C.E a crĂ©Ă© au Cap St Jacques (c'est la naissance du G.C.M.A.). C’est le dĂ©but du Maquis Chocolat. Le ViĂŞt-minh attaque Pha Long le 30 octobre 1950, et est repoussĂ© avec de grandes pertes, Chao Quan Lo se rĂ©vĂ©lant un extraordinaire chef de guerre bien secondĂ© par un lieutenant de l’armĂ©e française parachutĂ© sur Pha Long, Ly Seo Nung. Un autre maquis se crĂ©e autour de Bac Ha, et l’action conjointe des deux entraine la quasi-Ă©limination du ViĂŞt-minh dans toutes les montagnes entre les abords est de Lao Cai et Hoang Su Phi Ă  l’est de Pha Lang. Ă€ l’action très efficace des partisans de Chao Quan Lo s’ajoutent des interventions particulièrement meurtrières de l’aviation française, guidĂ©e par des radios formĂ©s au Cap St Jacques. Les troupes  ViĂŞt-minh sont dĂ©cimĂ©es.

En dĂ©sespoir de cause, le ViĂŞt-minh n’a plus d’autre solution que de demander l’aide des Chinois. De plus en plus de soldats chinois se rapprochent de la frontière. AlertĂ©s, les Français multiplient les parachutages d’armes et de mines, avec des Ă©quipes de cavaliers H’mong vĂ©rifiant leur rĂ©partition. La Chine envoie 2 ou 3 compagnies, qui sont dĂ©cimĂ©es par les mines fournies par les Français et posĂ©es sur les pistes de Chine. Les Chinois finissent par se rendre, et les rares prisonniers – les H’mong en font infiniment peu au vu des exactions chinoises - racontent qu’ils ont « marchĂ© pendant 2 mois  pour venir chasser les Blancs Â». Les Chinois arrivent ensuite avec une division entière Ă©quipĂ©e d’armes lourdes. Les 20 000 guerriers de Chao Quan Lo se retrouvent en face de plus de 70 000 hommes, ViĂŞt-minh et Chinois confondus. La plupart des troupes viĂŞt-minh se retirent assez rapidement faute de ravitaillement suffisant. Les Chinois se retrouvent donc pratiquement seuls et, lorsqu’ils ne sont pas accompagnĂ©s de ViĂŞt-minh, se conduisent en vĂ©ritables bandits.

Une fiche des services secrets français Ă©tablit : « Depuis qu’elles (les troupes chinoises) sont seules, elles mettent Ă  sac la rĂ©gion. Les troupes rĂ©gulières se font suivre par une bande importante de pillards qui vident le pas de sa substance. Entre Pha Long et Muong Khuong, 500 buffles et 200 chevaux ont Ă©tĂ© volĂ©s et emmenĂ©s en Chine, ainsi que tous les meubles. Les femmes et les enfants sont tuĂ©s ou mis en tĂŞte des dĂ©tachements rĂ©guliers pour dĂ©celer les mines et les embuscades Â» ; le Colonel Grall envoie de son cĂ´tĂ© un rapport au Commandement : « Cette intervention des troupes chinoises en territoire vietnamien ne peut plus ĂŞtre ignorĂ©e. La brutalitĂ© avec laquelle sont traitĂ©es les populations qui dĂ©fendent courageusement leur indĂ©pendance contre l’oppression communiste peut ĂŞtre exploitĂ©e sur le plan international, comme l’appel aux Chinois peut l’être auprès de tous les nationalistes (vietnamiens) non communistes. La crainte de complications supplĂ©mentaires avec la Chine de Mao TsĂ©-tung ne doit pas empĂŞcher de reconnaitre des faits qu’il  est impossible de cacher indĂ©finiment Â». Les hommes de Chau Quan Lo se battent comme des lions - les Chinois ont fini par le baptiser « Le Dragon terrestre », mais ont succombĂ© sous le seul nombre, et Pha Long est finalement pris fin mars 1952.

Chao Quan Lo se rĂ©fugie alors dans les montagnes, au Vietnam et en Chine oĂą l’aident les tribus locales, et continue la lutte. Les Chinois avaient appris qu’il avait trouvĂ© un petit chinois de 3 ans, abandonnĂ© et couvert de gale, et l’avait adoptĂ©. Ce fils, Tach Pao, avait plus de 20 ans quand, en octobre 1952, les Chinois le persuadent de trahir son père adoptif sous la promesse d'une rĂ©compense ; il leur donne la cachette de son père adoptif, qui succombe après s’être battu comme un tigre et avoir failli rompre l’encerclement. Il est dit que toute la famille de Chao Quan Lo s’est suicidĂ©e Ă  l’opium, un poison mortel lorsqu’il est ingĂ©rĂ© Ă  une dose suffisante. Le bilan de 5 mois de lutte (-) est Ă©difiant : pour un officier français et 94 partisans tuĂ©s, et un français et 119 partisans blessĂ©s, les pertes sino-vietnamiennes sont de 1 092 tuĂ©s et 550 blessĂ©s.

Notes et références

  1. Jean Lartéguy et Yang Dao, La fabuleuse aventure du peuple de l'opium, Paris, Presses de la Cité, , 254 p. (ISBN 2-258-00545-0), Chapitre X
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