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Changement sociétal

Le changement sociétal rassemble les transformations durables de l'organisation sociale ou de la culture (au sens sociologique) d'une société.

Définition

  • Le changement social (ou sociétal) est « toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d'une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire[1] ».
  • Les éléments de structure de l'organisation sociale qui peuvent connaître des changements sont, par exemple, la structure de la population active (selon les secteurs d'activité, selon les professions, etc.), l'importance de l'urbanisation, etc.
  • Les éléments du fonctionnement de l'organisation sociale qui peuvent se modifier et traduire un changement social sont, par exemple, les règles qui permettent à la vie sociale de s'organiser (au sein de la famille, des entreprises, d'un établissement scolaire, etc.), la nature de la socialisation et du contrôle social (plus ou moins impératif), les formes de régulation sociale (espaces de négociation plus ou moins étendus), etc.
  • Le cours de l'histoire de la société est affecté par ces changements avec, par exemple, le développement de l'individualisme, la modification des liens sociaux, le respect moindre des hiérarchies établies, etc.

Enjeux

  • Un événement, un fait divers, n'est pas constitutif d'un fait social (il peut en être représentatif parfois) ; de même, des changements, qui peuvent apparaître importants, doivent être relativisés : par exemple, l'urbanisation a été un changement social considérable dans les pays développés, la « rurbanisation » ne produit et ne produira pas les mêmes changements !
  • Y a-t-il des liens entre développement et changement social ? Oui… par définition (cf définition du développement) : le processus de développement s'accompagne de changements sociaux.
  • Y a-t-il des liens entre croissance et changement social ? Oui. Quelques exemples. Tout d'abord, la croissance s'accompagne d'une modification de la nature de la production, donc du cadre de vie (rapport à la nature et au progrès technique, urbanisation) et donc du contrôle social, du travail (séparation du lieu de travail et du lieu de vie familiale), donc de la structure sociale et des formes d'identification collective (classe ouvrière, etc.). Ensuite, le changement social favorise la croissance en détruisant certains obstacles sociaux à la croissance. L'urbanisation favorise l'individualisme, la recherche du bien-être matériel, ce qui incite à l'amélioration de l'activité productive et donc des méthodes de production. De même, la valorisation de l'esprit d'entreprise, du progrès technique, des innovations favorise la croissance.

Facteurs du changement

On distingue les facteurs exogènes (comme les causes technique ou économiques, les causes démographiques, l'apparition de valeurs nouvelles) et les facteurs endogènes (rôle des conflits sociaux, approfondissement d'une valeur existante comme la tendance à l'égalité) dans l'explication du changement social.

Facteurs exogènes

Les conséquences de l'industrialisation mais aussi, E. Durkheim insiste, lui, sur les conséquences de la croissance démographique qui diversifie et densifie les rapports sociaux, et rend les individus plus interdépendants et complémentaires (voir chapitres sur l'intégration et les solidarités). M. Weber met l'accent sur l'apparition de nouvelles valeurs (nées du protestantisme : la réussite matérielle est signe de l'élection, tous n'allant pas au Paradis ! contrairement à ce que dit la chanson ! !) qui incitent les individus à la recherche de la perfection dans les activités économiques (d'où l'épargne, l'investissement et la croissance économique).

Facteurs endogènes

Karl Marx met en avant le rôle des conflits sociaux, des conflits de classe pour expliquer les changements de société, par exemple le passage du féodalisme au capitalisme ou pour comprendre les enjeux des rapports sociaux dans une société donnée (voir chapitres sur les conflits et la mobilisation sociale). A. de Tocqueville remarque lui une tendance à l'égalité présente dans toute société démocratique qui peut se traduire par des changements conséquents et divers et pas forcément positifs : recherche du bien-être, individualisme et indépendance, risque de perte de la liberté, etc. (voir chapitres sur la stratification sociale et les inégalités).

La question du degré de disposition au changement se pose. Ainsi la formule de Gleicher[2] permet de l'évaluer : C= (ABD) > X ... où C représente le changement, À le degré d’insatisfaction face au statu quo, B l’état souhaité, D les mesures concrètes conduisant à l’état souhaité et, enfin, X est le coût du changement.

  • Le changement social peut-il être totalement assimilé au progrès social ? Totalement, sans doute pas : voir les analyses de Tocqueville. Le changement social, en lui-même, peut être source de souffrances car il se traduit par le déclin des anciennes appartenances sociales et l'apparition de nouvelles identités plus valorisées que les anciennes. Il y a donc un processus d'acculturation au sein d'une même société. La disparition de certains groupes sociaux n'est pas forcément facile à supporter pour les individus qui ont vécu cette disparition comme ceux appartenant, par exemple, à la noblesse, à la haute bourgeoisie (XIXe - début XXe siècle), à la paysannerie, etc pour prendre des exemples de « vastes » groupes sociaux.

Tendances

Parmi les plus perceptibles :

  • Développement de l'individualisme, de la rationalisation (liée en grande partie, à la scolarisation) avec l'idée de modernisation des sociétés.
  • Hiérarchies sociales moins rigides, « moyennisation » de la société, réduction des inégalités.
  • Transformation des liens sociaux et renouvellement des solidarités (au sein de la famille, du métier, grâce à l'État, etc).
  • Institutionnalisation des conflits sociaux.

Indicateurs

Il n'existe pas un indicateur du changement social ; par contre, il en existe une multiplicité qui traduisent différents éléments du changement social.

Espérance de vie à la naissance, indice synthétique de fécondité (sa diminution montre, surtout dans les pays du Tiers monde, la modernisation car il signifie une rationalisation des comportements).

Taux d'urbanisation même si, dans les pays du Tiers monde, cet indicateur doit être manié avec prudence étant donné l'importance des bidonvilles.

Structure de la population active notamment par secteurs d'activité pour montrer le passage des sociétés paysannes aux sociétés modernes.

Taux de scolarisation, importance des pratiques religieuses, etc.

Un programme du Conseil de l'Europe appelé SPIRAL (societal progress indicators for the responsibility of all), aujourd'hui externalisé auprès de l'ONG Together, a développé des indicateurs de bien être pour tous, générations futures incuses. Basé sur l'expression des citoyens, il recense 68 composantes[3] dans 9 dimensions (sentiment de bien être, accès aux moyens de vie, équilibres sociétaux, équilibres personnels, cadre de vie, relations avec et entre les organisations, etc.)

Notes et références

Bibliographie

  • Patrick Macquaire, Un essai de transformation sociale, le quartier Picassiette à Chartres, Paris, L'Harmattan, 2018.
    L'ouvrage rend compte d'une expérience de développement social sur un quartier ghetto construit derrière le cimetière municipal. La question de l'insertion y croise celle de la culture, du développement social évoquées toutes les trois, dans la construction d'une entreprise associative et dans la création d'un évènement culturel international.
  • Henri Mendras, La seconde révolution française, 1965-1984, Gallimard, coll. Folio, 1994
  • Henri Mendras et Michel Forsé, Le changement social, Armand Colin, 1983

Articles connexes

Liens externes

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