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Chamanisme Gurung

Le chamanisme Gurung est la religion chamanique traditionnelle des Gurungs du NĂ©pal[1]. Elle est influencĂ©e par l'Hindouisme, le Bouddhisme et le Chamanisme[2].

Description

Les villages Gurung ont leurs propres divinitĂ©s locales[1]. Le chamanisme Gurung attribue une signification symbolique fondamentale Ă  la mort. Les rites, appelĂ© pae (Ă©galement pai et pe), sont souvent des analogues chamaniques ou des hommages aux rituels du bouddhisme tibĂ©tain[3]. Le rite funĂ©raire est le cĹ“ur de la cĂ©rĂ©monie, impliquant trois jours et deux nuits de rituels pour envoyer les âmes vers la Terre des AncĂŞtres. Ces rituels peuvent ĂŞtre pratiquĂ©s par des Klehpri, des Pachyu ou des Lamas. Parmi les Gurung, la mort implique la dissolution des Ă©lĂ©ments corporels que sont la terre, l'air, le feu et l'eau. Ces Ă©lĂ©ments sont relâchĂ©s dans une sĂ©rie de rituels, neuf pour les hommes et sept pour les femmes. Le rituel de la libĂ©ration des âmes invoque un Klehpri, l'injection de l'esprit du dĂ©funt par le biais d'une corde dans un oiseau, qui reconnaĂ®t alors les membres de la famille et se met Ă  agir de manière non-naturelle. L'oiseau est symboliquement sacrifiĂ© par le prĂ©lèvement de quelques plumes, reçues par les membres de la famille, après quoi cet oiseau est relâchĂ©[1]. Une fois qu'il a atteint la Terre des AncĂŞtres, la vie continue pour l'esprit du mort comme dans le monde des vivants, mais l'esprit est capable de prendre d'autres incarnations[2]. Depuis la Terre des AncĂŞtres, les esprits continuent Ă  surveiller avec intĂ©rĂŞt ce qui se passe pour les leurs, et sont capables d'influencer positivement ou nĂ©gativement le royaume des vivants[2].

Selon le chamanisme Gurung, les morts sont soit incinĂ©rĂ©s soit enfouis. Après la crĂ©mation ou l'inhumation, la famille du dĂ©funt construit un petit temple sur une colline et offre de la nourriture pour l'esprit, qui demeure et peut provoquer le malheur. Les fils du dĂ©funt doivent observer un deuil de six Ă  douze mois, au cours duquel ils jeĂ»nent de viande et d'alcool. Une dernière cĂ©rĂ©monie funĂ©raire est organisĂ©e un an ou plus après la mort, pour laquelle un rite coĂ»teux est effectuĂ©. Ce rite comprend une effigie (appelĂ©e pla) de la personne dĂ©cĂ©dĂ©e, drapĂ©e dans un tissu blanc et dĂ©corĂ©e avec des ornements. Les rituels mortuaires proches de ceux du klehpri s'adressent Ă  l'esprit et l'envoient vers son lieu de repos, après quoi le sommet du sanctuaire sur la colline est dĂ©mantelĂ©[2]. Outre les rites qui s'ensuivent, au cours desquels le prĂŞtre adresse des suppliques aux esprits des quatre directions pour que le dĂ©funt trouve son chemin jusqu'au royaume des esprits, il conseille l'âme en partance sur son choix entre la rĂ©incarnation et le sĂ©jour dans la Terre des AncĂŞtres, et l'avertit de rester loin de soucis de ce monde et de ne pas y retourner prĂ©maturĂ©ment[1].

PrĂŞtrise

Les Gurungs font appel à trois catégories de sacerdoce – lamas, klehpree, et pachyu – chacun observant différentes pratiques[2].

Les klehpri sont impliquĂ©s dans les rituels funĂ©raires et jouent du tambour et de grandes cymbales en laiton. Les klehpri n'ont pas de littĂ©rature sacrĂ©e, l'apprentissage de toutes les prières et des rituels s'effectuant oralement par cĹ“ur sur plusieurs annĂ©es, ce que l'on appelle le Pye tan Lu tan. La langue sacrĂ©e, Gurung-kura, n'est plus comprie par les laĂŻcs, ni les praticiens, et pourrait ĂŞtre issue d'une ancienne religion[2] - [4] - [5].

Les chamans appelĂ© pachyu opèrent parmi les communautĂ©s Gurung et dans les tribus et les communautĂ©s Hindoues du NĂ©pal, Ă©tant les plus nombreux dans la vallĂ©e de Modi. Leur pratique est en grande partie l'interprĂ©tation du surnaturel[5]. Alors que leur langue rituelle est aussi archaĂŻque, elle est plus facilement comprise par les praticiens et les laĂŻcs. Les pratiques des pachyu sont influencĂ©es par les enseignements Bouddhistes, et ils sont souvent associĂ©s dans les diffĂ©rents rites avec des lamas. Ils doivent communiquer avec les esprits et les divinitĂ©s locales et sont souvent demandĂ©s par les personnes souffrant de maladies ou de malheurs afin de tirer des horoscopes[2] - [4] - [5].

Les pachyu et klehpri/ghyabri sont amenĂ©s Ă  exorciser les possĂ©dĂ©s, effectuer des rites mortuaires, et cĂ©lĂ©brer le culte des ancĂŞtres[2].

Influence du Bouddhisme

Des siècles d'influence culturelle du Tibet ont poussĂ© de nombreux Gurungs Ă  progressivement adopter le Bouddhisme TibĂ©tain au cours des siècles, en particulier l'Ă©cole de Nyingma, et tout particulièrement parmi les Gurungs de la rĂ©gion de Manang[6]. Les Gurungs croient le plus souvent en Bouddha et au bodhisattva. Les lamas Bouddhistes TibĂ©tains ont une position ambivalente au sujet des pratiques du Gurung Dharma (Pye Ta Lu Ta), et les Gurung Dharma syncrĂ©tiques peuvent ĂŞtre rĂ©ticents Ă  divulguer leurs pratiques Ă  l'extĂ©rieur[1].

Selon le recensement de 2001 au NĂ©pal, 69,03 % des membres de l'ethnie Gurung s'identifient comme des Bouddhistes, 28,75 %, comme des Hindous, et 0,66 % en tant que ChrĂ©tiens[7].

Notes et références

  1. Mumford 1989, p. 6–10, 30–32, 182–194.
  2. von FĂĽrer-Haimendorf 1985, p. 137-138.
  3. Fisher 1978, p. 171-172.
  4. SOAS 1967, p. 720.
  5. Archiv orientální 1968.
  6. McHugh 2001, p. 32.
  7. (en) Dr. Dilli Ram Dahal, « Chapter 3. Social composition of the Population: Caste/Ethnicity and Religion in Nepal », Gouvernement du Népal, Central Bureau of Statistics, (consulté le ).

Bibliographie

  • [Fisher 1978] (en) James F. Fisher, Himalayan anthropology : the Indo-Tibetan interface, Walter de Gruyter, coll. « World anthropology », , 567 p. (ISBN 90-279-7700-3, lire en ligne), p. 171–172
  • [McHugh 2001] (en) Ernestine McHugh, Love and Honor in the Himalayas : coming to know another culture, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, , 180 p. (ISBN 0-8122-1759-4, lire en ligne), p. 32
  • [Mumford 1989] (en) Stanley Royal Mumford, Himalayan Dialogue : Tibetan Lamas and Gurung Shamans in Nepal, Madison, Wisconsin, University of Wisconsin Press,
  • [von FĂĽrer-Haimendorf 1985] (en) Christoph von FĂĽrer-Haimendorf, Tribal populations and cultures of the Indian subcontinent, vol. 2, Leiden, Brill Publishers, , 182 p. (ISBN 90-04-07120-2, lire en ligne), chap. 7, p. 137–138
  • (en) Bulletin of the School of Oriental and African Studies, vol. 30, UniversitĂ© de Londres, School of Oriental and African Studies, , p. 720
  • (cs) Archiv orientálnĂ­, vol. 36, OrientálnĂ­ Ăşstav (ÄŚeskoslovenská akademie vÄ›d),
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