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Château de Coulaine

Le château de Coulaine est situé sur la commune de Beaumont-en-Véron, dans le département d'Indre-et-Loire. Le château fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].

Château de Coulaine
Image illustrative de l’article Château de Coulaine
DĂ©but construction 1470
Propriétaire initial Jehan de Garguesalle
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1944)
CoordonnĂ©es 47° 10′ 48″ nord, 0° 11′ 23″ est
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion historique Centre-Val de Loire
DĂ©partement Indre-et-Loire
Commune Beaumont-en-VĂ©ron
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Coulaine
GĂ©olocalisation sur la carte : Indre-et-Loire
(Voir situation sur carte : Indre-et-Loire)
Château de Coulaine

Historique

Moyen Ă‚ge

Le domaine de Coulaine entra dans la famille des Garguesalle Ă  la fin du XIVe siècle. Des temps moins troublĂ©s laissèrent la place Ă  un château sis Ă  flanc de coteau. De Jehan de Garguesalle I Ă  nos jours, le fil ne s’est jamais interrompu, parfois transmis par les femmes. Jehan de Garguesalle III, grand Ă©cuyer de France, gouverneur des ville et château de Chinon en 1461, modifia  le château, lui donnant l’aspect actuel. Il s’agit d’une construction typique de l’époque du gothique flamboyant. La structure mĂ©diĂ©vale est encore très prĂ©sente,  mais l’influence italienne se fait jour : on privilĂ©gie les ouvertures Ă  l’aspect dĂ©fensif. Les rajouts du XIXe siècle ont su prĂ©server cette grâce.

C’est très certainement la vision qu’en avait Antoine Rabelais - père de l’écrivain - lorsqu’il y venait, Ă©tant en effet avocat (notaire). Rabelais, qui mit en scène lieux, personnages et « histoires », connus de lui et de son père, en parle dans les « Guerres picrocholines. » Frère Jean des Entommeures se plaint des farces faites par les pages de Coulaine :

« Mon ami (dit le moine), laisse-le-moi (mon froc), car par Dieu, je n’en bois que mieux : il me fait le corps tout joyeux. Si je le laisse, messieurs les pages en feront des jarretières, comme il me fut fait une fois à Coulaine » (Rabelais, Gargantua XXXIX).

XIXe siècle

Jusque vers 1850 Coulaine conserva une structure caractĂ©ristique des manoirs tourangeaux : devant le château, une cour fermĂ©e, encadrĂ©e des communs agricoles, avec accès par un porche en tuffeau. Le goĂ»t des parcs Ă  l’anglaise - la nature sauvage, mais disciplinĂ©e - parsemĂ©s de « folies », entraĂ®na alors les modifications les plus importantes : la moitiĂ© des communs fut supprimĂ©e, ainsi que le porche d’entrĂ©e et sa glacière attenante. S’ouvrait ainsi une superbe perspective, dans l’alignement de la porte d’entrĂ©e de l’ancien « donjon », ceci jusqu'Ă  la Vienne toute proche, au-delĂ  du bocage, dans une volontĂ© dĂ©terminĂ©e de mettre l’accent sur l’aspect plaisir et villĂ©giature et non plus strictement agricole. Le parc fut aussi amĂ©nagĂ© : un petit « chalet », encore visible, dominant la vigne situĂ©e le long du château ; un « pavillon chinois », dĂ©sormais disparu ; un « sunbox ».

Caves en tuffeau blanc, ancienne carrière qui a servi à la construction du château et de ses dépendances. La couche noire sur les parois est constitué de moisissures qui se nourrissent des vapeurs d'alcool émanant des barriques depuis des siècles.

Sous l’impulsion de Viollet-le-Duc, on redĂ©couvre alors l’âge d’or mĂ©diĂ©val. Coulaine n’échappe pas Ă  la règle :  les ouvertures sont toutes reprises avec rajouts sculptĂ©s issus du rĂ©pertoire gothique (crochets, Â«feuilles de choux », pinacles...). Une belle orangerie est rajoutĂ©e Ă  l’extrĂ©mitĂ© sud des communs encore existants : du plus pur style « nĂ©o-gothique » avec ses immenses ogives vitrĂ©es, non loin des caves de tuffeau (carrières de pierres de construction Ă  l’origine).

La tradition agricole


Dès l’origine Coulaine fut une exploitation agricole et viticole. Reflet de l’agriculture locale traditionnelle, elle a traversé le temps et ses vicissitudes. Polyculture, élevage, un peu de maraîchage et de vergers à cidre, selon un schéma qui a persisté dans la région jusqu'à une époque très récente. Deux activités y ont cependant été extrêmement florissantes pendant plusieurs siècles : la culture de la vigne et l’élevage du vers à soie.

La sériciculture

Cette industrie de luxe, imposĂ©e par Louis XI qui dĂ©cida de crĂ©er une Manufacture Ă  Tours en 1470, connut une pĂ©riode faste, suivie d’un dĂ©clin important. Le dĂ©but du XVIIIe siècle vit son renouveau. La sĂ©riciculture se dĂ©roulait dans les magnaneries, appelĂ©es en Touraine les «verreries». La première verrerie se trouvait dans le commun principal supprimĂ© au XIXe siècle, qui abritait Ă©galement le pressoir et une cave. La seconde magnanerie, datĂ©e des environs de 1850, existe toujours mais n’est plus en activitĂ© depuis probablement la fin du XIXe siècle Ă  la suite de la maladie du ver Ă  soie. Coulaine produisait du fil de soie et surtout de la « graine » - Ĺ“uf - dont le commerce Ă©tait intensif. C'Ă©tait avant le vin la principale source de revenus.

Historiquement, une importance relative

Le domaine a toujours cultivé un peu de vignes, les surfaces exactes sont floues, mais les archives parlent de trois clos distincts, situés à proximité du château. On peut estimer la surface à environ 3 hectares au vu du rendement moyen à l'époque (15hl/ha)[2] et des volumes commercialisés (une 40aine de pièces). À l’origine probablement destiné, comme partout, à la consommation personnelle, le vignoble fut plus important au XVIIIe siècle, ainsi qu’en atteste un « Journal des vendanges » conservé dans les archives familiales. Les vignes étaient presque toutes regroupées autour du château et portaient les noms de "Clos du Bas", Clos de la Maison", "Les Quarts", "La Herpinière".

Elles donnaient du vin rouge et du vin blanc. Plusieurs cĂ©pages Ă©taient utilisĂ©s mais le texte ne mentionne prĂ©cisĂ©ment que deux : le Gouais et le Muscat, qui sont des blancs et parle Ă©galement des "Gros Rouge" (peut ĂŞtre des teinturiers), tous les trois Ă©tant rĂ©servĂ©s gĂ©nĂ©ralement pour la boisson des travailleurs. On sait que le Cabernet-franc, chantĂ© par Rabelais, Ă©tait considĂ©rĂ© comme le cĂ©page « noble » et que ses sols de prĂ©dilection se situaient aussi dans toute cette zone de Beaumont-en-VĂ©ron. Le cĂ©page « Chenin » (Pineau de Loire), Ă  l’origine de nombreux blancs du Val de Loire, Ă©tait prĂ©sent dans la rĂ©gion. Coulaine en produisait aussi, bien qu’en quantitĂ© moindre. On ne peut que conjecturer quant Ă  leur utilisation rĂ©elle, car Ă  l'Ă©poque de nombreux cĂ©pages coexistaient au sein d'un domaine voire au sein d'une mĂŞme parcelle.

Foudres en chêne à Coulaine. C'est un contenant qui sert pendant la fermentation et la cuvaison de la vendange. Il y avait au moins un (ou une) foudre au 18e puis des cuves en béton au milieu du 19e.

La production hors consommation était vendue en barriques, localement à des négociants de Chinon et jusqu'à Tours. Le travail de la vigne était effectué d’une manière en fait guère différente des pratiques actuelles, le calendrier en était immuable. Après les vendanges, le raisin était « pilé » puis laissé à fermenter sous le « chapeau » de marc. L’élevage avait lieu en « foudres » ou -déjà - en barriques « provenant de Bordeaux »...Le phylloxéra réduira le domaine viticole à une peau de chagrin.

Depuis 1960, renouveau et monoculture

La période entre 1824 - dernière entrée du journal des vendanges - et 1960 est floue, mais le domaine n'a pas cessé de produire du vin, au moins pour la consommation locale. À partir des années 60, les propriétaires replantent quelques parcelles en sélection massale, et sur greffes à partir de vignes qui avaient échappé au phylloxera, sur la parcelle d'un très ancien clos viticole : Turpenay, acquis au début du 20e. Ce clos fut la propriété de l'abbaye de Turpenay au XIIIe siècle à la suite d'un don du seigneur de Beaumont. Les anciennes parcelles sont abandonnées pour y laisser paître du bétail ou y replanter des vergers.

Ă€ partir de 1987, les exploitants replantent beaucoup de vignes sur les anciens terroirs oubliĂ©s ou des parcelles utilisĂ©es en verger (La Garenne de Coulaine), les autres cultures cĂ©rĂ©alières et l'Ă©levage sont abandonnĂ©s. Le domaine passe en agriculture biologique en 1994-1997, le premier officiellement en appellation Chinon. Le domaine produit actuellement 90 000 bouteilles par an, sur 18 ha dont 10 sont en propriĂ©tĂ© depuis l'origine.

Notes et références

  1. Notice no PA00097572, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Samuel Leturcq et Adrien Lammoglia, « La viticulture en Touraine (Moyen Âge-xxe siècle): Dynamiques spatiales et commerciales du vignoble », Histoire & Sociétés rurales, vol. 50, no 2,‎ , p. 31 (ISSN 1254-728X et 1950-666X, DOI 10.3917/hsr.050.0031, lire en ligne, consulté le )


Voir aussi

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