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Catherine Fauln

Catherine Fauln (nom de plume de Raymonde Thora Jensen), née à Renaix (Belgique), le et morte à San Felipe del Agua, village de Oaxaca de Juárez (Mexique), le [1], est une poétesse belge, d'origine danoise par son père.

Catherine Fauln
Catherine Fauln (Raymonde Thora Jensen), 1911-1951
Biographie
Naissance
Décès
(à 39 ans)
Mexique
Sépulture
Nationalité
Activité
Vue de la sépulture.

Quelques-uns de ses poèmes ont été, notamment, publiés dans la Revue française Le Goéland, de Théophile Briant et elle a, elle-même, édité deux ouvrages de poésie : Fenêtre sur le paradis (1946) et Chants pour la statue (1948)[2]. Un troisième ouvrage, Cinquante poèmes, a été édité à titre posthume, en 1988, par son ami, l'écrivain et poète belge Alexis Curvers.

Biographie

Raymonde Thora Jensen est née le , à Renaix dans la province de Flandre-Orientale. Mariée à Pierre De Geynst, elle s'est vouée à la poésie, à défaut de pouvoir être mère, et a pris comme nom de plume 'Catherine Fauln', d'après un personnage de L’Enfer, de Patrice de La Tour du Pin[1].

Disciple de Vincent Muselli, elle a côtoyé, durant sa courte vie, de nombreux artistes et écrivains belges et français - parmi lesquels George Grard, Pierre Caille, Paul Delvaux, Edith et Albert Dasnoy, Edgard Tytgat, Pierre Fisson et le poète Théophile Briant (auteur de Surcouf, Le corsaire invincible - qu'elle appelait affectueusement 'cher corsaire'). Elle a entretenu une longue correspondance avec eux et échangé également quelques correspondances avec Colette, dont elle a fait la connaissance par l'intermédiaire de Briant.

Elle a habité durant plusieurs années une fermette à Saint-Idesbald, petit village à côté de Coxyde, station balnéaire de Flandre Occidentale et lieu de villégiature privilégié de nombreux artistes belges[3].

La poésie de Catherine Fauln reflète sa souffrance, mais aussi ses passions : la musique et le XVIIIe siècle français. Inlassable chineuse, elle collectionnait les automates et autres objets anciens ou partitions musicales, surtout de Mozart[1], qu’elle jouait dans la 'petite maison' que son époux et elle habitèrent ensuite, en bordure de la Forêt de Soignes à Rhode-Saint-Genèse[4].

Elle a publié ses deux recueils de poésie peu après la Seconde Guerre mondiale en 1946 et 1948. En 1948, Théophile Briant lui a dédié son texte Universalité de la Poésie[5].

Vers 1950, elle avait formé, avec Muselli et Curvers, un projet de revue, qui sera réalisé par Curvers après sa mort : la revue La Flûte enchantée, dont le premier numéro lui a été dédié[6].

Elle a rejoint, en , ses amis Hélène et Pierre Fisson au Mexique, où ce dernier avait été envoyé comme attaché de presse[7]. Elle les a quittés pour se rendre à Oaxaca de Juárez, où elle a absorbé (selon le Certificat de décès du , délivré par le Gouvernement constitutionnel de l’État d’Oaxaca[8]) une forte dose de barbituriques et elle a été trouvée morte dans son lit de l’hôtel Rancho San Felipe, le matin du .

Selon l'article nécrologique que lui a consacré Jean-Marie de Saint-Ideuc[1], « elle a voulu que sur la dalle de sa tombe, on gravât simplement son nom de poésie, qu’elle avait emprunté à Patrice de la Tour du Pin : 'Catherine Fauln'. » Toujours dans cet article, Saint-Ideuc la décrit comme « un adorable poète, une nature où l’ange et la bête se mélangeaient d’une façon très mystérieuse. La photographie[9](...) donne bien son climat de 'fille de la forêt' (presque une enfant de Kipling) ne se 'réalisant' pleinement que dans la compagnie des bêtes sauvages. »

En hommage à son talent inachevé, ses amis ont publié, à titre posthume, quelques-uns de ses poèmes inédits, notamment dans Le Goéland. Un prix littéraire lui a été consacré par cette revue, le prix Catherine Fauln, qui a été décerné trois fois, récompensant de jeunes poètes de moins de trente ans[10].

Catherine Fauln imprimait elle-même ses poèmes[11] sur une presse à platine Schildknecht. Cette presse, héritée par Alexis Curvers, a été, par la suite, acquise par la Bibliothèque royale de Belgique[12]. C'est avec cette presse qu'Alexis Curvers a réalisé le projet de revue de poésie que Muselli, elle et lui avaient formé. En hommage à l'amour de Catherine Fauln pour Mozart, la revue a été appelée La Flûte enchantée et le premier numéro lui a été dédié[6]. Des années plus tard, en 1988, Alexis Curvers a publié un recueil de ses poèmes, intitulé Cinquante poèmes.

  • Yvonne, Jürgen et Raymonde Jensen, photographiés par leur père, Théodore Jensen
    Yvonne, Jürgen et Raymonde Jensen, photographiés par leur père, Théodore Jensen
  • Photo de 'Ray' Jensen, dédicacée à Pierre De Geynst, 1931
    Photo de 'Ray' Jensen, dédicacée à Pierre De Geynst, 1931
  • La 'Petite Maison' de Rhode Saint-Genèse, en bordure de la Forêt de Soignes
    La 'Petite Maison' de Rhode Saint-Genèse, en bordure de la Forêt de Soignes

Catherine Fauln dans l'enseignement

Les poèmes de Catherine Fauln sont étudiés dans certaines écoles et cités en exemple pour la rédaction de poésies, notamment son poème Le Trésor, qui est un exemple d'anaphore (rhétorique) et utilisé comme tel dans l'enseignement[13] - [14] - [15] - [16]. D'autres poèmes sont également entrés dans la pédagogie de la poésie[17] - [18].

Œuvres

Couverture du Recueil Fenêtre sur le paradis, avec une guirlande d'Edith Dasnoy et un oiseau de Pierre Caille
  • Fenêtre sur le paradis, avec une guirlande d'Edith Dasnoy, un oiseau et une dame de Pierre Caille, et une fenêtre de Serge Creuz pour l'emboitage, Sous le signe de l’Oisel, 1946
  • Langage d'Ève, Le Goéland 87, 1948 p. 1[lire en ligne]
  • Les Maudits,Le Goéland 96, 1950 p. 3 [lire en ligne]
  • Chants pour la statue, Bruxelles, 1948[19]
  • Les Éphémères, chanson (imp. par l'auteur, à 3 exemplaires, s.d.) [20]
  • Novembre : chanson, La Flûte enchantée, cahier no 3-4, MCMLIV, p. 51-52, 1955
  • Vrai Départ, La Flûte enchantée, cahier no 5, MCMLV, p. 81 1955
  • Le Trésor, La Flûte enchantée, cahier no 8, MCMLVI, p. 137 1956
  • Paroles de la statue, Poètes mourants et Temples près de la mer, Huit siècles de poésie féminine, époque moderne, de Jeanine Moulin, Seghers, 1976, p. 285[21]
  • , La Flûte enchantée, préface d'Alexis Curvers, Verviers, 1988[22]

Bibliographie

  • Robert Sabatier, Histoire de la Poésie française, vol. 3, Albin Michel, 1988, p. 455.
  • Liliane Wouters et Alain Bosquet, La Poésie francophone de Belgique (1903-1926), Bruxelles, Traces, 1992[23].
  • Jeanine Moulin, Huit siècles de poésie féminine, Epoque moderne, Seghers, 1963, p. 16, 285 .
  • Anne-Marie Kegels, À la mémoire de Catherine Fauln (poème), French Women Poets of Nine Centuries : The Distaff and the Pen, The Johns Hopkins University Press, 2008, p. 1028, 1029, [lire en ligne].
  • Catherine Faulnova, 'Časopis pro moderní filologii, Volumes 49-52, 1967 p. 224.

Notes et références

  1. Jean-Marie de Saint-Ideuc, ‘Lettre du Centième Numéro’, in Le Goéland, Feuille de poésie et d’art, no 100, seizième année, avril-mai-juin 1951, p. 4
  2. Mercure de France, 1949 p. 135
  3. Frédéric Kiesel, Grande poésie féminine : Catherine Fauln, Marie- Claire d'Orbaix, in Revue Générale, 124e année, no 10 (oct. 1988), p. 97
  4. Jeanine Moulin, Huit siècles de poésie féminine, Époque moderne, Seghers, 1963, p. 16 et 285
  5. Théophile Briant, ‘Universalité de la Poésie’, ‘à Catherine Fauln’, in Le Goéland No 86, avril-mai 1948, p. 1.
  6. Catherine Gravet, Alexis Curvers et La Flûte enchantée (1952-1962). Vie et mort d'une revue. Essai prosopographique. Société des Bibliophiles Belges Séant à Mons, 2015 : « née en quelque sorte d'une triple rencontre intellectuelle et poétique entre Curvers, Muselli et Catherine Fauln, poétesse qui se donnera la mort au Mexique en mars 1951, alors que le projet de fonder une revue est sur les rails ».
  7. Almanach des lettres, Editions de flore et la Gazette des lettres, 1950 p. 187.
  8. Acte de décès consulté dans les archives familiales Jensen-De Geynst.
  9. Photographie de Catherine Fauln tenant dans ses bras un jeune faon, confiée à l'auteur par Théophile Briant pour l'aider à rédiger son article et jointe ensuite à celui-ci.
  10. Le prix Catherine-Fauln fut décerné à trois reprises : en 1951 à Gustave Rio, en 1953 à Gilbert Lamireau et Frédéric Du Puy et en 1954 à Charles Astruc
  11. Le Goéland, Numéro 89, novembre - décembre 1948 p. 4.
  12. Dix années d'acquisitions, 1979-1989: Bibliothèque royale de Belgique, 1991
  13. Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, Volumes 73-74, L'Académie, 1995 p. 224-225
  14. Faly Stachak, Écrire, un plaisir à la portée de tous - 350 techniques d’écriture créative, Eyrolles, 2004, p. 22
  15. Lallemand (École de Chaouilley), Structure répétitive et poésie 2, Enrichir une structure syntaxique
  16. Mes trésors... in : Etonnants écrivains, Les plumes se délient à Charles Brochen ! (Blog du collège Charles Brochen de Pontrieux, France).
  17. Daniel Briolet, Poésie, quelle pédagogie? Éditions Arts-culture-loisirs, 1983 p. 276
  18. Gérard Clavreuil, Comment écrire un poème d’amour, Balland 1988 p. 155, 214
  19. Compte-rendu in: Le Goeland 89, 1948 p. 6.
  20. Reproduit dans Culture française, vol. 11-12, 1962, p. 34.
  21. Ces trois poèmes sont repris dans Poétesses d'expression française (du Moyen Âge au XXe siècle) [lire en ligne]
  22. « Archives et Musée de la littérature, Centre de documentation et de recherche sur le patrimoine littéraire, théâtral et éditorial de la Belgique francophone. »
  23. Table des matières de La Poésie francophone de Belgique (1903-1926)
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