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Castel-Gesta

Le Château des Verrières ou Maison du Verrier, Castel-Gesta pour les Monuments historiques, est une « villa castellisée Â» édifiée par Louis-Victor Gesta, peintre-verrier, à la fin du XIXe siècle, dans ce qui était alors le faubourg Arnaud-Bernard à Toulouse (actuel quartier des Chalets). Vestige d'une ancienne manufacture de vitraux, parmi les plus importantes de France, à la fois lieu d'exposition et résidence[1], il est situé 22 avenue Honoré-Serres et rue Godolin. Il est classé monument historique depuis le [2]. Cependant, après une histoire particulièrement agitée, l'édifice, objet d'une vaste escroquerie, est longtemps resté dans une situation particulièrement alarmante. Il a été depuis remarquablement restauré.

Château des Verrières
Image illustrative de l’article Castel-Gesta
Le Gastel-Gesta ou Château des Verrières en 2009.
Nom local Castel Gesta
Période ou style néogothique
Type château
Architecte Louis-Victor Gesta
Début construction 1860
Propriétaire initial Louis-Victor Gesta
Destination initiale Habitation, musée, manufacture
Propriétaire actuel copropriété privée
Protection Logo monument historique Classé MH (1991)
Coordonnées 43° 36′ 48″ nord, 1° 26′ 20″ est
Pays Drapeau de la France France
Région historique Occitanie
Région Occitanie
Département Haute-Garonne
Commune Toulouse
Géolocalisation sur la carte : Toulouse
(Voir situation sur carte : Toulouse)
Château des Verrières
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château des Verrières

Histoire

La manufacture et le bâtiment d'exposition

En 1862, Louis-Victor Gesta fit construire de nouveaux ateliers pour sa manufacture de vitraux, un four surmonté d'une haute cheminée sur un terrain appartenant à son beau-père, M. Naves, au faubourg Arnaud Bernard[2].

Le long du boulevard, Gesta fit édifier un bâtiment d'exposition sur deux niveaux, de type médiéval, où il présentait ses vitraux. Le reste de la parcelle était occupé par un grand parc.

Le succès des bâtiments et des vitraux fut considérable, surtout auprès des ecclésiastiques. En témoigne la Chronique religieuse du , qui ne tarit pas d'éloges.

La manufacture de vitraux Gesta fut une des plus importantes de France à la fin du XIXe siècle. Des milliers de vitraux Gesta furent produits au faubourg Arnaud Bernard, avant de partir décorer des églises partout en France, et à l'étranger.

Un grand parc clos par une enceinte fortifiée entourait les bâtiments. Des sculptures médiévales authentiques y étaient présentées[3].

Quelques années plus tard, dans le parc, Louis-Victor Gesta fit construire de nouveaux bâtiments, le château proprement dit. Deux salles d'exposition symétriques, l'une dite « la Chapelle Â» décorée de peintures murales réalisées par le peintre Joseph Angalières et surtout, au Sud la Salle des Illustres réalisée par son ami le peintre Bernard Bénézet qui célébrait les Toulousains que Gesta admirait. À l'extrémité de ces deux salles s'élevait le château (toiles marouflées du plafond, scènes murales)[2] .

Le Château des Verrières après Gesta

Louis-Victor Gesta mourut le , après avoir fait faillite, et ses héritiers ne parvinrent pas à s'entendre. Le château avait été vendu, et tous les biens mobiliers furent cédés.

En 1895, le maire de Toulouse, Honoré Serres, fit procéder à l'alignement de la rue du Faubourg-Arnaud-Bernard (qui devait plus tard porter son nom), condamnant le pavillon d'entrée des Verrières.

Propriété du négociant Bernard Bordes

Le château fut d'abord la propriété de Bernard Bordes, un négociant toulousain, puis de sa veuve qui le fit visiter notamment à la Société des Toulousains de Toulouse. L'œuvre de Bénézet, "véritable Salle des Illustres" eut un grand succès[4]. Les vitraux ont été déposés pour les protéger.

Propriété des Sœurs de la Charité de Saint Vincent-de-Paul

À partir de 1937, le château devint propriété des sœurs de la Charité de saint Vincent-de-Paul. Au début de la guerre, elles y hébergèrent des familles réfugiées du nord de la France. Par mesure de sécurité, des vitraux furent déposés (ils devaient l'être définitivement), tandis que des tranchées étaient creusées dans le parc, pour abriter les riverains dans le cadre de la défense passive. Un centre d'apprentissage de la couture fut créé pour les jeunes filles sans emploi. Pour des besoins d'éclairage, les peintures furent revêtues d'un badigeon.

Lycée professionnel

Les sœurs vendirent le château à l'État en 1956. Il devint le Lycée d'enseignement professionnel Hélène Boucher. À cette occasion, on lui adjoignit des escaliers extérieurs et rampes de fer.

Propriété de la Ville de Toulouse

Le , le château fut racheté par la Mairie de Toulouse qui y installa la classe d'orgue du Conservatoire supérieur national de musique, sous la direction de Xavier Darasse. Une partie du rez-de-chaussée était octroyée à l'association Les Arts renaissants.

Une école privée, l'European University, s'installa au premier étage. Le , la Maison du Verrier fut inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, avant d'être classée en totalité Monument historique par l'État, le .

À la mort de Xavier Darasse en 1992, la classe d'orgue quitta le château. L'école European University chercha en vain à le racheter. Restés inoccupés, les locaux furent victimes d'un incendie, dans la Salle des Illustres de Bénézet.

La Mairie de Toulouse autorisa alors la police nationale à occuper le château, qui devint lieu d'accueil pour les appelés du contingent effectuant leur service national dans la police.

Propriété de la SMESO

La SMESO, mutuelle étudiante, racheta ce château que la Ville trouvait « peu fonctionnel Â». Elle fit procéder à une surélévation des locaux sur le boulevard, pour installer ses bureaux.

Un nouveau propriétaire

En 2001, la SMESO vend les locaux à un promoteur qui souhaite le revendre. Une petite partie du parc est rachetée par la Mairie de Toulouse pour en faire un petit jardin public.

Bien que classé monument historique depuis 1991, le Castel Gesta est longtemps resté dans un état de délabrement alarmant.

Les Verrières au cœur d'une escroquerie sur le patrimoine historique[5]

Depuis quelques mois, le château était barricadé derrière des palissades et les riverains s'interrogeaient en vain sur son devenir.

Le Monde du révèle que la Maison des Verrières est depuis 2004 l'objet d'une vaste escroquerie au patrimoine historique et que le tribunal de grande instance de Libourne a ouvert une instruction depuis le .

Un architecte bordelais proposait ce monument, comme de nombreux autres châteaux et demeures historiques, à des investisseurs. L'investissement était constitué d'une somme relativement faible pour le foncier (en mauvais état) et de sommes plus importantes pour financer les travaux de réhabilitation (très importants) auxquels devait procéder le cabinet d'architecte. Le monument devait en effet être transformé en logements de standing, et le placement bénéficiait de la déduction fiscale au titre de la législation sur les monuments historiques.

Or les travaux n'ont jamais eu lieu, faute notamment d'autorisation, et l'argent a disparu. Sont donc lésés non seulement les investisseurs privés, mais aussi l'État. Et le château des Verrières, aux dires d'Olivier Poisson, inspecteur général des Monuments historiques « a subi des dommages irréparables Â»[6].

Restauration du bâtiment

Depuis 2014, l'édifice fait l'objet d'une campagne de restauration qui doit, dans un premier temps, permettre de rénover extérieurement le bâtiment et lui rendre son lustre d'antan. Les propriétaires prévoient ensuite un réaménagement intérieur et la réalisation d'un projet immobilier[7].

Description

De type néo-gothique, le château s'élève sur quatre niveaux ; il est doté de trois tourelles, dont deux en encorbellements et une tour d'escalier hexagonale ; fenêtres en ogives, balcon à baldaquin, tourelle en poivrière, gargouilles sur la façade sud...complètent le tableau médiéval. Des éléments de décor des XVe et XVIe siècles ont été remployés (sur la retombée des voûtes de la tourelle nord-est, dans les gargouilles saillantes, et dans le fronton couronnant la porte nord.

Notes et références

  1. Peyrusse et Mange 2009, p.
  2. « Maison des Verrières ou Castel-Gesta », notice no PA00094677, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Louis Peyrusse, Le temps des projets in Toulouse, les délices de l'imitation, Bruxelles, Mardaga, 1986, p. 142
  4. L'Auta, n° 23, juillet-août 1911 : " Visite au château des Verrières"
  5. Florence Evin et Claudia Courtois, Arnaque aux bâtiments historiques in Le Monde, 15/10/2009
  6. Florence Evin et Claudia Courtois, Arnaque aux bâtiments historiques in Le Monde (lire en ligne), 15/10/2009
  7. Sylvie Roux, « Toulouse. Les chalets. La maison du verrier enfin restaurée », La Dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Mange, « Histoire et identités toulousaines : le château des Verrières de Louis-Victor Gesta (1828-1894) », Toulouse, une métropole méridionale, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, coll. « Méridiennes », 2009, p. 1027-1033.
  • Louis Peyrusse et Christian Mange, « Les Verrières, le Moyen Âge retrouvé », Midi-Pyrénées Patrimoine, no 18, été 2009, p. 90-94.
  • Christian Maillebiau, Les Châteaux de Toulouse, Loubatières, 2000.
  • Christian Maillebiau: «Les Verrières, un château extraordinaire», L'Auta, Les Toulousains de Toulouse, janvier-.
  • Lise Enjalbert, « Un Château dans Toulouse : "Les Verrières" », Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, vol. 151, 16e série, tome X, 1989, p. 83-94.

Article connexe

Liens externes

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