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Capitan (commedia dell'arte)

Le Capitan ou Matamore est un personnage type de la commedia dell'arte.

Abraham Bosse, Le Capitan.

Vantard et fanfaron mais lâche, le Capitan est une parodie de l’héroïsme militaire. Au XVIe siècle, les exploits militaires qu'avaient chantés les troubadours avaient cessé d'être appréciés du peuple. Les provinces conquises par les Espagnols étaient gouvernées avec fermeté et l’état d'esprit avait changé. La prise en charge des mercenaires pesait sur l'économie du pays. Aussi se moquait-on ouvertement des récits militaires et épiques, et le Capitan devint espagnol.

Le Capitan reprĂ©sente, dans la troupe, le soldat fanfaron et vient d'Espagne. Les soldats de Charles-Quint, qui se rĂ©pandirent dans toute l'Europe, en fournirent de nombreux modèles tant Ă  la comĂ©die Ă©crite qu'Ă  la comĂ©die improvisĂ©e. C'est Le Soldat fanfaron de Plaute rajeuni. Militaire, plein de galons, il symbolise le soldat qui vante ses exploits. Il porte un chapeau Ă  plume et une fraise, il est muni d’une Ă©pĂ©e et a une belle prestance. Il eut, aux XVIe et XVIIe siècles, une très grande vogue en Italie, en Espagne, en France et en Angleterre. Le théâtre se remplit, en Italie surtout (revanche des Italiens sur les soldats espagnols), de capitaines fanfarons et craintifs Ă  la fois, aux noms retentissants de « Matamores Â» (Matamore), « Fracassa Â» (Fracasse), « Spavento Â» (Ă©pouvante), « Rodomonte Â» (Rodomont), « Spezza-Monti Â» (Tranche-montagne), « Rinoceronte Â», « Scarabombardon Â». Des variĂ©tĂ©s consistant en lĂ©gères nuances dans les caractères s'introduisirent dans le type consacrĂ©, et il y eut le capitaine Cerimonia, très courtois envers les dames ; Giangurgolo (Jean Grand'gueule), issu de Calabre, amoureux, affamĂ© et vaniteux ; il Vappo, ou Smargiasso (Avaleur de charrettes), spadassin napolitain d’une extrĂŞme poltronnerie, relativement moderne ; Rogantino, qui appartient au peuple de Rome, lequel lui a donnĂ© un caractère analogue Ă  celui de son Marco Pepe.

Scaramouche et Fricasso (le capitan), gravure de Jacques Callot, vers 1621.

Scaramouche est apparenté au Capitan. Le rôle de celui-ci, indispensable dans les anciennes pièces italiennes, est particulièrement développé dans le Prigione d'Amore (1590) de Sforza Oddi. Une des formes sous lesquelles il passa d'Italie en France et en Espagne, est le Cocodrillo de la comédie Angelica de Fabrizio de Fornaris. On cite parmi les capitans les plus distingués de la scène italienne, Francesco Andreini, acteur de la troupe des Gelosi venue en France en 1577, qui adopta dans cet emploi le nom de « Capitan Spavento della Vall'Inferna ». On le retrouve en Allemagne, non sans originalité, sous les traits d'Horribilicribrifax de Gryphius.

Dans la comĂ©die française, les noms portĂ©s par les matamores ne furent pas moins formidables : « BriarĂ©e Â», « Brisemur Â», « Fierabras Â», etc. Ils n'en sont pas moins taillĂ©s sur le patron italien. Terrible dès le berceau, le matamore est capable de faire frissonner ceux qu'il regarde ; il change les citĂ©s en cimetières sur son passage, il terrifie et fait pâlir mĂŞme le Soleil et la Lune. D'autre part il est toujours sĂ»r de vaincre auprès des femmes. Quand il est dĂ©masquĂ©, il subit tous les outrages avec rĂ©signation. Le capitan se montre tel dans les comĂ©dies de Larivey, de Scarron, de Desmarets, d’Adrien de Montluc-Montesquiou, de Cyrano de Bergerac, de Rotrou, de Corneille et de Tristan L'Hermite (Le Parasite).

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