Canon eucharistique
Le Canon eucharistique est dans les Églises d'Orient — Églises orthodoxes et Églises catholiques de rite byzantin — une longue prière constitutive de l'anaphore qui accompagne le sacrifice eucharistique lors de la Divine Liturgie.
Dans la Liturgie de Saint Jacques, les composantes de l'anaphore sont :
- le Sanctus ;
- le Canon eucharistique ;
- l'Épiclèse ;
- L'hymne à Théotokos ;
- l'Axion Estin.
Texte du canon eucharistique
PRÊTRE : Être Suprême, Maître, Seigneur, Dieu, Père tout-puissant et adorable ! Il est vraiment digne, juste et convenable à l’excellence infinie de ta sainteté, de te louer, de te chanter, de te bénir, de t’adorer, de te remercier, de te glorifier, toi le seul réellement Dieu ; de t’offrir cette adoration spirituelle d’un cœur brisé de contrition et avec un esprit humilié.
Car c’est toi qui nous as fait la grâce de connaître ta vérité. Qui donc serait capable de parler de ta puissance, de faire entendre toutes les louanges, ou de raconter toutes les merveilles que tu fis au cours des âges ?
Ô Maître de l’univers, Seigneur du ciel et de la terre, et de toute créature visible ou invisible ; toi qui sièges sur le trône de gloire et qui sondes les abîmes ; toi qui es sans commencement, invisible, incompréhensible, indescriptible, immuable ; Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, Grand Dieu et Sauveur, objet de notre espérance.
Lui qui est l’image de ta bonté, le Sceau de ta fidèle empreinte, celui qui te révèle, toi le Père, en sa propre personne ; Verbe vivant, vrai Dieu, Sagesse d’avant les siècles, Vie, Sanctification, Puissance, Lumière véritable.
Par lui s’est manifesté l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité, le Don de l’adoption, le gage de l’héritage à venir, les prémices des biens éternels, la Force vivifiante, la Source de la sanctification, par qui toute créature raisonnable et toute Puissance immatérielle, fortifiées en lui, t’adorent et font monter vers toi la glorification perpétuelle.
Car tous les êtres te servent. Tu es loué par les Anges, les Archanges, les Trônes, les Dominations, les Principautés, les Vertus, les Puissances et les Chérubins aux yeux multiples. Devant toi se tient le cercle des Séraphins aux six ailes, dont deux leur voilent le visage, deux les pieds, tandis qu’ils volent des deux autres, criant l’un à l’autre, de leurs bouchent infatigables, des louanges sans fin.
Chantant, criant, clamant l’hymne de victoire et disant :
CHĹ’UR : Saint, Saint, Saint, le Seigneur Sabaoth. Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire (IsaĂŻe, 6:3) Hosanna au plus haut des cieux ! BĂ©ni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! (Mt 21, 9)(Matthieu, 21:9)
PRÊTRE : Nous aussi, pécheurs, avec ces bienheureuses Puissances, Seigneur ami des hommes, nous nous écrions et nous disons : Tu es Saint, vraiment, tu es très Saint, et il n’est pas de mesure à l’excellence infinie de ta sainteté. Tu es juste dans toutes tes œuvres, car c’est avec équité et juste jugement que tu as tout fait pour nous.
Ayant façonné l’homme en prenant du limon de la terre, et l’ayant honoré de ton image, ô Dieu, tu l’as placé au paradis de délices, lui promettant, s’il observait tes préceptes, la vie immortelle et la jouissance des biens éternels. Mais il ne t’a pas écouté, toi son vrai Dieu, son Créateur, et, séduit par la ruse du serpent, il s’est donné la mort par ses propres péchés. Alors, dans ton juste jugement, mon Dieu, tu l’as banni du Paradis pour le placer en ce monde, et tu l’as fait retourner à cette terre d’où tu l’avais pris, tout en disposant pour lui le salut par une seconde naissance, en ton Christ lui-même.
Car tu n’as pas rejeté pour toujours la créature que tu avais façonnée, ô Dieu de bonté, ni oublié l’ouvrage de tes mains, mais tu l’as visité de différentes manières, dans la tendresse de ton cœur : tu as envoyé les prophètes, tu as opéré des merveilles puissantes par tes saints qui, de génération en génération, furent agréables à tes yeux. Tu nous as parlé par la bouche de tes serviteurs les prophètes, qui nous ont annoncé le salut à venir. Tu nous as donné le secours de la Loi. Tu as préposé les anges à notre garde.
Mais lorsque vint la plénitude des temps, tu nous as parlé par ton propre Fils, par qui aussi tu as fait l’univers. Lui qui est la splendeur de ta gloire et l’empreinte de ta Personne, lui qui porte toute chose par sa parole puissante, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à toi, Dieu et Père, mais lui, le Dieu d’avant les siècles, il est apparu sur terre, il a vécu parmi les hommes, il a pris chair de la Sainte Vierge, il s’est anéanti lui-même, prenant la condition d’un esclave, devenant conforme à notre corps de misère pour nous rendre conformes à l’image de sa gloire.
Et puisque le péché, par la faute d’un homme, était entré dans le monde, et par le péché, la mort, il a plu à ton Fils unique, celui qui est dans ton sein, toi Dieu et Père, de naître de la femme, la Sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, de naître sous la Loi, condamnant le péché dans sa propre chair, afin que ceux qui étaient morts en Adam fussent rendus à la vie en lui, ton Christ.
Ayant résidé dans ce monde et donné ses préceptes salutaires, nous détournant des errements de l’idolâtrie, il nous a amenés à te connaître, toi vrai Dieu et Père, et nous a acquis pour lui-même comme un peuple choisi, un sacerdoce royal, une race sainte. Nous ayant purifiés dans l’eau et sanctifiés par l’Esprit Saint, il s’est livré lui-même comme rançon à la mort, dans laquelle nous étions retenus, vendus au péché.
Descendu par la croix au séjour des morts, afin de parfaire en lui toutes choses, il a dissipé les angoisses de la mort. Ressuscité le troisième jour, il a frayé à toute chair la voie de la résurrection d’entre les morts, car il n’était pas possible que l’Auteur de la vie fût soumis à la corruption. Il est devenu prémices de ceux qui se sont endormis, premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier de tout. Et monté aux cieux, il s’est assis à la droite de ta grandeur, au plus haut des cieux, lui qui viendra rendre à chacun selon ses œuvres.
Il nous a laissé aussi de sa Passion salvatrice ce mémorial que nous avons préparé selon ses préceptes. Car, sur le point d’aller à la mort volontaire, à jamais mémorable et vivifiante, la nuit où il se livra lui-même pour la vie du monde, ayant pris du pain dans ses mains saintes et immaculées, l’ayant élevé pour te le présenter, à toi Dieu et Père, ayant rendu grâce, l’ayant béni, consacré, rompu, il le donna à ses saints disciples et apôtres en disant : Prenez, mangez, ceci est mon Corps, rompu pour vous, pour la rémission des péchés.
Références
- Texte du canon eucharistique de Saint Basile.
- SergueĂŻ Rachmaninov : Liturgie de saint Jean Chrysostome : Nous te chantons. Canon eucharistique.