Accueil🇫🇷Chercher

Calorimetric Electron Telescope

Calorimetric Electron Telescope plus connu sous son acronyme CALET est un observatoire spatial développé par le Japon et installé en 2015 à bord de la Station spatiale internationale. Cet instrument analyse les rayons cosmiques et le rayonnement gamma à haute énergie avec comme objectif principal l'identification des éventuelles signatures de la matière noire.

Contexte

La matière noire constitue théoriquement environ 24 % de la masse de l'Univers. Son existence, déduite indirectement de l'observation de la vitesse de rotation des galaxies, n'a pas encore pu être directement prouvée (elle n'émet pas de rayonnement) et ses caractéristiques restent inconnues. Une des théories concernant la nature de la matière noire est que celle-ci est constituée de WIMPS (Weakly Interacting Particles). Ces particules auraient la propriété de se dissocier en générant des positrons et des rayons gamma présentant des caractéristiques spécifiques[1] - [2].

Objectifs

L'instrument CALET doit analyser les rayons cosmiques et le rayonnement gamma à haute énergie, en mesurer les propriétés spectrales, localiser leurs sources et tenter de vérifier par ce biais une des théories concernant la matière noire. Les objectifs de l'expérience sont les suivants[1] - [2] :

  • Analyser globalement les rayons cosmiques chargĂ©s Ă  très haute Ă©nergie en particulier dĂ©terminer les mĂ©canismes d'accĂ©lĂ©ration des rayons cosmiques primaires, identifier les sources de ces rayons, amĂ©liorer notre connaissance des interactions entre les rayons cosmiques primaires et le milieu intergalactique.
  • Mesurer avec une grande prĂ©cision le spectre des Ă©lectrons prĂ©sents dans le rayonnement cosmique et ayant une Ă©nergie comprise entre 1 GeV et 20 TeV. L'instrument dispose d'une bonne capacitĂ© Ă  distinguer les Ă©lectrons des protons (> 100000). Leur localisation pourrait permettre d'identifier les sources des Ă©lectrons ayant une Ă©nergie proche du TeV. En effet on sait que les Ă©lectrons dans cette partie du spectre Ă©nergĂ©tique ne peuvent provenir que de sources relativement proches (moins de 1000 parsecs) et relativement rĂ©centes (100 000 ans) car les Ă©lectrons issus de sources plus lointaines perdent leur Ă©nergie. Le nombre de sources d'Ă©lectrons rĂ©pondre Ă  cette contrainte est limitĂ© (Vela, Monogem, Dentelles du Cygne, etc.). Pour les Ă©lectrons ayant une Ă©nergie infĂ©rieure au TeV, l'instrument devrait permettre d'amĂ©liorer de manière significative la connaissance de la distribution spectrale et angulaire et Ă©ventuellement permettre de prĂ©ciser la nature des sources.
  • Identifier la signature Ă©ventuelle des WIMPS, une des particules candidates pour la matière noire, en dĂ©tectant les caractĂ©ristiques des produits de leur dĂ©composition en positrons et rayons gamma. L'instrument pourra Ă©galement dĂ©tecter les sous-produits de la particule KK (Kaluza-Klein) rĂ©sultant d'une thĂ©orie alternative.
  • PrĂ©ciser le spectre des rayons cosmiques gĂ©nĂ©rĂ©s par l'activitĂ© solaire,
  • Contribuer Ă  la dĂ©tection et Ă  la mesure des caractĂ©ristiques des sursauts gamma assurĂ©e principalement par les observatoires spatiaux Swift et Fermi.

Caractéristiques techniques

Schéma du détecteur de rayons cosmiques.
Les différents composants de l'expérience d'astrophysique CALET

CALET est constitué de l'observatoire de rayons cosmiques proprement dit (CAL), d'un détecteur de sursauts gamma (CGBM CALET Gamma-Ray Burst Monitor), d'un viseur d'étoiles (ASC Advanced Stellar Compass) pour identifier de manière précise l'orientation des instruments et localiser dans le ciel les sources détectées par les deux instruments et d'un boitier de contrôle. La station spatiale fournit l'énergie électrique, la liaison informatique avec les installations au sol et le circuit permettant le contrôle thermique de l'instrument. L'instrument a une masse de 650 kg et une taille de 1;85 x 0,8 x 1 mètre. Il a besoin au maximum de 650 watts et transfère les données avec un débit compris entre 35 et 600 kilobits par seconde[3].

DĂ©tecteur de rayons cosmiques

Le détecteur de rayons cosmiques est l'instrument principal de CALET. C'est un bloc cubique de 0,7 mètre de côté dont la taille a dû être réduite par rapport aux spécifications initiales (1,2 x 1,2 mètre) pour rester compatible avec le format standard des palettes utilisées à bord de la station spatiale. Cette modification a réduit la taille du champ observé de 0,7 à 0,12 m².stéradian soit une diminution d'une facteur de 5,8 des événements observés. Néanmoins le prolongement de la durée de l'expérience (5 ans au lieu de 2 ans) a compensé en partie cette réduction. Le détecteur comprend trois sous-ensembles superposés[4] :

  • Le dĂ©tecteur CHD (Charge Detector) mesure la charge Ă©lectrique des particules jusqu'Ă  la masse atomique de 40. Il est constituĂ© deux couches constituĂ©e chacune de 14 scintillateurs plastique mesurant 45 x 3,2 x 1 cm. Les deux couches s'entrecroisent.
  • Le trajectographe IMC (Imaging Calorimeter) dĂ©tecte l'angle sous lequel arrive la particule (la position de la source dans le ciel) et identifie les particules. Il est constituĂ© de sept feuilles de tungstène absorbantes et de 16 couches de dĂ©tecteurs chacune composĂ© de 448 scintillateurs en forme de fibre (44,8 x 0,1 x 0,1 cm) avec 1 couche de dĂ©tecteur placĂ©e de manière orthogonale par rapport Ă  la prĂ©cĂ©dente.
  • Le calorimètre TASC (Total Absorption Calorimeter) mesure l'Ă©nergie des particules.

DĂ©tecteur de sursauts gammas

Le détecteur de sursauts gamma CGBM est permet d'identifier les événements dont l'énergie est comprise entre quelques keV jusqu'à TeV avec une résolution temporelle de 62;5 ms et une résolution spectrale de 3 % à 10 GeV. Il comprend deux composants[5] :

  • Le dĂ©tecteur SGM (Soft Gamma-ray Monitor) analyse le rayonnement 100 Ă  20000 keV utilise un scintillateur unique 102 x 76 mm Ă  base de germanate de bismuth
  • Le dĂ©tecteur HXM (Hard X-ray Monitor) analyse le rayonnement 7 Ă  1000 keV avec un scintillateur double Ă  base de bromure de lanthane LaBr3 de 66 x 79 cm et de 12,7 mm d'Ă©paisseur.

Mise en Ĺ“uvre

Position de l'expérience CALET sur la plateforme JEM-EF du module japonais Kibo de la Station spatiale internationale

CALET est un projet développé par 22 instituts de recherche japonais placés sous la responsabilité scientifique du laboratoire Torii rattaché à l'Université Waseda, une des principales universités de Tokyo (Japon). Plusieurs laboratoires italiens et américains participent également à la conception de l'instrument. Le développement est supervisé par l'agence spatiale japonaise (JAXA). Le projet est entré en phase de développement en 2010 après avoir été évalué par un comité scientifique japonais chargé de sélectionner les expériences japonaises embarquées à bord du module japonais Kibo de la Station spatiale internationale. Le 19 août 2015 l'instrument est placé en orbite à bord du cargo spatial HTV-5. Cinq jours plus tard il est amarré à la Station spatiale internationale. Le 25 août, l'instrument est transféré à l'aide du bras robotisé japonais JEMRMS depuis la soute externe du cargo spatial jusqu'à la plateforme extérieure du module japonais Kibo (Kibo EF) dédiée aux expériences scientifiques. Il est fixé sur cette plateforme ) l'emplacement 9 face au zénit et les circuits électriques, informatiques et de contrôle thermique sont activés. Le 22 octobre 2015 CALET effectue les premières détections de rayons cosmiques dans une gamme d'énergie de l'ordre du TeV[5] - [3].

Références et notes

  1. (en) « CALorimetric Electron Telescope (CALET) », sur JAXA ISS KIBO, JAXA,
  2. (en) Laboratoire Torii, « CALET > Goals », sur CALET, Université Waseda (consulté le )
  3. (en) Patric Blau, « CALET – Calorimetric Electron Telescope », sur spaceflight101.com (consulté le )
  4. (en) Laboratoire Torii, « CALET > Instrument », sur CALET, Université Waseda (consulté le )
  5. (en) « ISS - CALET », sur EO Portal, Agence spatiale européenne (consulté le ).

Bibliographie

  • (en) Shoji Torii « The CALorimetric Electron Telescope (CALET): High Energy stroparticle Physics Observatory on the International Space Station » () (DOI 10.1117/12.2055947, lire en ligne) [PDF]
    —The 34th International Cosmic Ray Conference, 30 July- 6 August, 2015 (lire en ligne)
  • (en) H. Motz et al., « CALET's sensitivity to Dark Matter annihilation in the galactic halo », Journal of Cosmology and Astroparticle Physics, vol. 2015,‎

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.