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C'est la sardine qui a bouché le port de Marseille

« C'est la sardine qui a bouché le port de Marseille » est une expression populaire française datant du XVIIIe siècle. Elle signifie, en parlant d'une histoire, qu'elle est estimée comme une galéjade, une exagération, une histoire à dormir debout. En fait, l'expression est basée sur une histoire vraie, mais dont une coquille typographique a fait une farce.

Carte postale humoristique : la sardine sortie du port par le pont transbordeur.

Fait historique

En 1779, le vicomte de Barras, officier commandant le régiment français d'infanterie de Marine de Pondichéry qui avait été capturé par les Britanniques l'année précédente, était libéré en vertu d'un accord d'échanges de prisonniers, et rapatrié sur un cartel, navire (probablement un marchand de l'Île de France, actuelle Île Maurice) affrété spécialement pour l'échange de prisonniers et bénéficiant d'un statut protégé selon les lois de la guerre de l'époque.

Portrait d'Antoine de Sartine par Joseph Boze, 1787.
Musée Lambinet, Versailles.

Le bateau sur lequel il embarqua avait pour nom le Sartine, avec un « t » et non un « d ». Le navire portait le nom d'Antoine de Sartine (1729-1801), qui était à ce moment-là le ministre de la Marine de Louis XVI. Après dix mois de navigation, le navire put ainsi arriver au large du Cap Saint-Vincent, la pointe sud-ouest du Portugal se dirigeant dans l'embouchure conduisant au détroit de Gibraltar et à la Méditerranée.

Le , le vaisseau de ligne britannique HMS Romney intercepta le Sartine et, à cause d'un malentendu, ouvrit le feu sur lui, tuant son capitaine et deux hommes d'équipage. C'est le second Marc Lazare Roubaud (1744-1812) qui prit le commandement du navire. La situation clarifiée après que le Romney eut envoyé un canot à bord du Sartine pour en vérifier le statut, ce dernier poursuivit sa route vers Marseille. À l'entrée du port, une erreur de navigation l'envoya sur des rochers et il finit par couler dans le chenal de l'entrée du Vieux-port de Marseille, ce qui en empêcha pendant un certain temps l'accès et la sortie à tout autre navire. D'après les mémoires de Barras, c'est Georges-René Pléville Le Pelley, commandant du port et de la marine de Marseille, qui dégage le port en treuillant à quai la frégate[Note 1].

Dans les arts

En 1973, le chanteur, musicien et poète Léo Ferré fait directement référence à cette expression dans le morceau Il n'y a plus rien, paru sur l'album du même nom.

Voir aussi

Ouvrages anciens

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Paul Barras, MĂ©moires de Barras, membre du Directoire : Ancien rĂ©gime-RĂ©volution, vol. I, Paris, Hachette, 1895-1896, 464 p. (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Sources

  • Seuls les morts ne reviennent jamais : Les pionniers de la guillotine sĂŞche en Guyane Française sous le Directoire de Philippe de Ladebat, Éditions AmalthĂ©e.
  • Les mĂ©saventures du vaisseau Le Sartine aux Indes Orientales (1776-1780)[1]

Notes et références

Notes

  1. « mai 1780 : Dès que notre vaisseau fut réparé, nous quittâmes Cadix et prîmes la direction de Marseille. Nous échouâmes à l'entrée du port par la maladresse d'un remplaçant du capitaine Dallés, tué sous le cap Saint-Vincent. M. de Pléville, commandant du port et de la marine, plein d'activité, quoiqu'il eût une jambe de bois, parvint par des manœuvres qui lui étaient familières, à remorquer notre vaisseau sur le quai. (in Mémoires de Barras, membre du Directoire : Ancien régime-Révolution, p. 24-25) »

Références

  1. « Les mésaventures du vaisseau Le Sartine aux Indes Orientales (...) », sur histoire-genealogie.com (consulté le ).
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