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Bulle du carbone

La bulle du carbone est une perte massive de la valeur des investissements dans les combustibles fossiles à la suite des accords et mesures, à l'échelle mondiale, visant à limiter le réchauffement climatique. Ce concept a été diffusé par le think tank Carbon tracker situé à Londres.

ReprĂ©sentation de la bulle du carbone : l'utilisation des rĂ©serves connues d'Ă©nergies fossiles Ă©mettrait 2 795 milliards de tonnes de Dioxyde de carbone (CO2), alors que la limite de 565 milliards de tonnes ne devrait pas ĂŞtre franchie pour espĂ©rer limiter le rĂ©chauffement climatique Ă  2 °C (Carbon Tracker Initiative, 2013).

Un rĂ©chauffement limitĂ© Ă  +1,5 °C par rapport au climat prĂ©industriel, par exemple, ne concède Ă  l'humanitĂ© qu'une allocation de 886 milliards de tonnes de dioxyde de carbone Ă  Ă©mettre entre les annĂ©es 2000 et 2050, soit l'utilisation de seulement 20 Ă  25 % des rĂ©serves connues de combustibles fossiles (sans parler de celles restant Ă  dĂ©couvrir), le reste devant rester sous terre.

Description

Les industries fossiles ont valorisĂ© en bourse des rĂ©serves qui, selon l'Accord de Paris sur le climat, ne devraient pas ĂŞtre extraites et utilisĂ©es[1]. D'un point de vue financier, cela signifie que les rĂ©serves restantes sont des actifs vouĂ©s Ă  perdre toute valeur, reprĂ©sentant environ 28 000 milliards de dollars. Cette perte de valeur serait en quelque sorte Ă©quivalente Ă  l'Ă©clatement d'une immense bulle Ă©conomique, d'oĂą le choix de l'expression « bulle du carbone ».

Il s'agit d'un des aspects du risque carbone. Par ailleurs, en plus des raisons éthiques et légales, la bulle du carbone est une des motivations avancées pour le désinvestissement des énergies fossiles[2].

Historique

En 2008, le climatologue James Hansen et ses collaborateurs de la NASA publient un article scientifique montrant que, si l'on veut prĂ©server les conditions qui ont permis le dĂ©veloppement de la civilisation, la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère devrait ĂŞtre rĂ©duite Ă  350 parties par million (ppm) au maximum[3] (la moyenne Ă©tait de 400 ppm en 2015[4]).

En 2009, un article publiĂ© par Malte Meinshausen et ses collaborateurs dans la revue scientifique Nature analyse qu'il ne faut pas Ă©mettre plus de 1 000 gigatonnes de CO2 entre 2000 et 2050 pour avoir 75 % de chances de limiter le rĂ©chauffement climatique Ă  2 °C[5]. Cela est considĂ©rĂ© comme une avancĂ©e importante, dans la mesure oĂą c'est la première fois que le problème climatique est posĂ© sous forme de « budget carbone Â» Ă  ne pas dĂ©passer[1].

Cette publication est suivie du rapport Carbone non exploitable : les marchĂ©s financiers portent-ils une bulle carbone de l'initiatve Carbon Tracker, relayĂ© notamment par Bill McKibben[1] - [6]. Ce rapport met en Ă©vidence que les rĂ©serves connues d'Ă©nergies fossiles correspondent Ă  l'Ă©mission de 2 795 milliards de tonnes de CO2.

En décembre 2020, cinq ans après l'Accord de Paris sur le climat, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, déclare qu'« Il est grand temps [...] de rendre obligatoire la divulgation des risques financiers liés au climat et d’intégrer l’objectif de neutralité carbone dans toutes les politiques et décisions économiques et budgétaires. Les banques doivent adapter leurs prêts à l’objectif mondial de zéro émission nette et les propriétaires et gestionnaires d’actifs doivent [décarboner] leurs portefeuilles[7]. »

Notes et références

  1. Article « Histoire de la bulle carbone Â», La revue durable, numĂ©ro 55 (intitulĂ© « LibĂ©rons-nous des Ă©nergies fossiles ! »), aoĂ»t 2015, pages 36-39.
  2. (en) « Profitability: Deflating the carbon bubble », sur Heinrich-Böll-Stiftung (consulté le ).
  3. (en) James Hansen, Makiko Sato, Pushker Kharecha, David Beerling, Robert Berner, Valerie Masson-Delmotte, Mark Pagani, Maureen Raymo, Dana Royer et James Zachos, « Target Atmospheric CO2: Where Should Humanity Aim? », The Open Atmospheric Science Journal, volume 2, pages 217-231, 2008. C'est cette limite qui est à l'origine du nom de l'organisation 350.org.
  4. « Les Ă©missions de CO2 sont toujours trop Ă©levĂ©es Â», Le temps, lundi 14 novembre 2016 (page consultĂ©e le 14 novembre 2016).
  5. (en) Malte Meinshausen, Nicolai Meinshausen, William Hare, Sarah Raper, Katja Frieler, Reto Knutti, David Frame and Myles Allen, « Greenhouse-gas emission targets for limiting global warming to 2 °C Â», Nature, volume 458, pages 1158-1163, 2009.
  6. (en) Carbon Tracker Initiative, Unburnable Carbon : Are the world’s financial markets carrying a carbon bubble?, (lire en ligne [PDF])
  7. António Guterres, secrétaire général de l’ONU, « Atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 : l’urgence absolue », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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