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Bryologie

La bryologie (du grec bruon, mousse) est une branche de la botanique consacrée à l'étude des bryophytes (vulgairement dénommées mousses) qui regroupent :

  1. les mousses au sens strict
  2. les anthocérotes
  3. les hépatiques
Une bryologue de terrain avec petite loupe à main (x 10 et x 20) attachée autour du cou, matériel indispensable pour la détermination.

On distingue la bryologie génétique qui se pratique exclusivement en laboratoire, de la bryologie de terrain.

Le bryologue est généralement un botaniste qui a choisi de se spécialiser en bryologie.

Histoire

Connues et utilisées depuis la nuit des temps, les bryophytes ne font l'objet d'une attention particulière que depuis la fin du XVIIIe siècle qui voit l'étude des mousses devenir un passe-temps des gens aisés ou des naturalistes[1]. Le seul ouvrage consacré exclusivement aux mousses avant étant l'Historia muscorum de Dillenius publié en 1741[2]. Au cours des siècles précédents, les bryophytes, comme les autres cryptogames (taxon désormais non valide comprenant les algues, les lichens, les fougères), sont en effet peu étudiées compte tenu de leur petitesse, de leur organe reproducteur non visible et du peu d'avantages que l'Homme arrive à en tirer[3]. Groupe mal connu et souvent négligé lors des inventaires naturalistes, l'étude de la bryoflore n'intéresse pas les botanistes : les flores locales qui vulgarisent la bryologie ne se développent qu'au XIXe siècle[1].

Johannes Hedwig, « père de la bryologie Â», clarifie le système reproducteur des mousses (Fundamentum historiae naturalist muscorum) grâce au dĂ©veloppement de la microscopie optique et dresse la première taxonomie en 1782, en en faisant un ensemble vĂ©ritablement naturel, subdivisĂ© en Musci frondosi (Mousses) et Musci hepatici (HĂ©patiques)[4]. En 1789, Jussieu propose une classification naturelle dans son Genera plantarum, et est le premier Ă  utiliser le terme de mousse pour reprĂ©senter cet ensemble qu'il classe dans les « plantes sans fleurs » avec les Fungi (champignons), Algae (algues) et Filices (fougères)[3]. Le terme Bryophyte est inventĂ© en 1864 par le botaniste allemand Alexander Braun qui accole deux mots grecs, bryo signifiant mousse et phytos qui signifie plante[5]. Son confrère Schimper, principal auteur du Bryologia europaea publiĂ© entre 1835 et 1856[6], ouvrage de rĂ©fĂ©rence pour la nomenclature des espèces, les classe en 1879 dans un groupe spĂ©cifique au sein du règne vĂ©gĂ©tal[7].

En France, le botaniste Pierre Tranquille Husnot fonde en 1874 la Revue Bryologique, premier périodique consacré aux bryophytes. Les études bryologiques couvrent actuellement différents domaines : floristique (étude de la bryoflore), utilisation des outils moléculaires et de la génétique des populations, approche écologique (mousses comme bioindicateurs)…[8].

Alors qu'elles font partie du patrimoine naturel qui génère des services écosystémiques et que même dans les lieux où le recouvrement muscinal est faible, la bryodiversité est importante, les bryophytes sont encore négligées par le grand public, la bryologie ne bénéficiant que d'une diffusion confidentielle[9].

Recherche

Les recherches incluent leur systématique, l'étude des mousses en tant que bioindicateur, le séquençage de l'ADN, et leur interdépendance avec d'autres espèces végétales ou animales.

C'est ainsi que l'on a par exemple découvert le régime carnivore de certaines espèces de mousses.

Les classifications phylogénétiques récentes intègrent les bryophytes dans le taxon monophylétique des Embryophytes, plantes terrestres comprenant les « cryptogames » (Bryophytes et Ptéridophytes)[3].

La systématique phylogénétique suggère que les bryophytes qui ont colonisé la terre ferme représentent le lien entre un groupe d'algues évoluées, les Characées et les plantes vasculaires[10]. Elle a permis de constater également que les bryophytes forment un groupe paraphylétique (la monophylie ou la polyphylie de ce taxon a longtemps été discutée[11]), abandonné par les cladistes mais conservé comme grade évolutif par les systématiciens évolutionnistes. Il comporte trois phylums, les Marchantiophytes (hépatiques), les Bryophytes s.s. (mousse, sphaigne) et les Anthocérotophytes (anthocérotes)[12].

L'Université de Bonn en Allemagne est un important centre de recherche en bryologie.

Notes et références

  1. Jean-Louis De Sloover, Anne-Marie Bogaert-Damin, Les Muscinées du XVIe au XIXe siècle dans les collections de la Bibliothèque universitaire Moretus Plantin, Presses universitaires de Namur, (lire en ligne), p. 22.
  2. Jean-Louis De Sloover, Anne-Marie Bogaert-Damin, Les Muscinées du XVIe au XIXe siècle dans les collections de la Bibliothèque universitaire Moretus Plantin, Presses universitaires de Namur, , p. 103.
  3. Jean Vallade, L'œil de lynx des microscopistes. La sexualité végétale : l'apport des micrographes depuis le XVIIe siècle, Éditions universitaires de Dijon, , p. 111.
  4. J. Hedwig, Theoria generationis et fructificationis plantarum cryptogamarum Linnæi, Pétersbourg, 1784, p. 52 sqq
  5. (en) Anupama Krishna, Botany for Degree Students. Bryophyta, S. Chand Publishing, , p. 12.
  6. Wilhelm Philipp Schimper, Philipp Bruch et Th. Gümbel, Bryologia europaea, Stuttgart 1836–55, 6 volumes avec 640 planches + supplément, Stuttgart 1864–66, avec 40 planches
  7. (en) N. S. Parihar, An Introduction to Embryophyta, Central Book Depot, , p. 4.
  8. Denis Lamy, « Vers une histoire de la bryologie en France », Bulletin mycologique et botanique Dauphiné-Savoie, no 182,‎ , p. 9.
  9. Guide de balades à la découverte de la biodiversité végétale régionale, Conservatoire et jardin botaniques de Genève, , p. 7.
  10. G. Decoq. 2006. Bref aperçu de la systématique phylogénique des hépatiques, anthocérotes et mousses. In Lamy, D., Decocq, G., Boudier, P., Chavoutier, J., Bardat, J., Hugonnot, V., & Rausch de Trautenberg, C. (eds), Bulletin Mycologique et Botanique Dauphiné-Savoie Spécial Bryophytes, p. 11– 16
  11. (en) A. Jonathan Shaw, Bernard Goffinet, Bryophyte Biology, Cambridge University Press, , p. 135.
  12. (en) K.S. Renzaglia, J.C Villareal & R.J. Duff. 2008. New insights into morphology, anatomy and systematics of hornworts, in : Goffinet, B., & Shaw, A.J. (eds), Bryophyte Biology, Cambridge University Press, p. 139–171

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Antoine Risso, Bryologie d'Europe, Hachette, 2014

Vidéographie

  • [Initiation Ă  la bryologie de terrain avec Philippe De Zuttere ], VidĂ©o de la fondation bryologique Philippe De Zuttere ; film de vulgarisation, Tango VidĂ©o; disponible sur YouTube, par Benoit Huc
  • [Les bryophytes, ces plantes secrètes qui nous entourent ], VidĂ©o de la fondation bryologique Philippe De Zuttere ; film de vulgarisation, Tango VidĂ©o ; disponible sur YouTube
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