Bruxelles-Midi, l'urbanisme du sacrifice et des bouts de ficelle

Sur fond de crise du logement et de surproduction de bureaux, cette enquête dévoile comment le sort du quartier de la gare de Bruxelles-Midi s’est joué, avec l'arrivée du TGV, dans un combat opposant des investisseurs privés, la société nationale des chemins de fer et les autorités publiques[1]. Au détriment des habitants, expropriés au terme de procédures particulièrement lentes et injustes. L'ouvrage a été écrit à partir d’expériences vécues, de récits et témoignages d’habitants, d’interviews de différents intervenants du dossier, ainsi que d’abondantes archives écrites et audiovisuelles. Chacun des 12 chapitres qui le composent propose une approche thématique, s’intéressant particulièrement à un aspect du dossier[2].

Le récit, s'étalant sur une période qui correspond aux 20 premières années d'existence de la Région de Bruxelles-Capitale, « dresse un bilan critique des politiques d’aménagement réalisées sur le territoire bruxellois depuis 1989[3] » et questionne plus particulièrement les deux leitmotiv qui ont présidé à ces politiques : la « revitalisation des quartiers » et « l'internationalisation de la ville ».

Décrit par plusieurs critiques comme un « thriller urbanistique[4] », il est considéré comme un livre d'investigation concernant le domaine de l'urbanisme politique[5]. Très fouillé, l'ouvrage contient des paragraphes qui « frisent un peu la technique de haute voltige pour le lecteur peu averti (procédure des PPAS en tête) mais l’ensemble n’en demeure pas moins très accessible[6] ». Il est recommandé aux lecteurs s’intéressant à l’histoire de Bruxelles, l’urbanisme, l’architecture, la planification, la politique, la privatisation des services publics, le droit urbain, la sociologie, l’histoire des luttes urbaines…[2]

Mettant en cause la gestion publique du réaménagement du quartier de la gare de Bruxelles-Midi et paru juste avant les élections régionales de 2009, l'ouvrage « suscite d’abord un vif intérêt médiatique[7] ». Mais le quotidien qui avait obtenu la primeur et publié une longue interview de l'auteur[8] ainsi que les bonnes feuilles du livre, retire celles-ci de son site quelques heures à peine après publication[9]. En cause : des passages considérés comme « révisionnistes[9] par certains mandataires politiques[7] ». Le livre ne fera néanmoins l'objet d'aucune poursuite judiciaire, et d'autres médias belges en parleront à nouveau mais après la fin de la campagne électorale.

Gwenaël Breës est journaliste et vidéaste. Il est notamment l'auteur du livre L'affront national : le nouveau visage de l'extrême droite en Belgique (1991)[10] et a participé aux ouvrages collectifs L'Europe en chemise brune (1992)[11] et Des tambours sur l’oreille d’un sourd (2006)[12]. Il a publié de nombreux articles ayant trait aux questions urbaines à Bruxelles.

Au milieu des années 2000, il habite le quartier du Midi et fait partie du Comité du quartier Midi qui regroupe les habitants et commerçants du quartier. Pour son action en faveur des habitants, le Comité du quartier Midi s'est vu attribuer en 2008 le prix Régine Orfinger-Karlin de la Ligue des droits de l'homme[13] ainsi que la palme d'Inter-Environnement Bruxelles[14].

Gwenaël Breës a également réalisé en 2008, Dans 10 jours ou dans 10 ans…, un film documentaire sur le même sujet[15].

Peu après la publication de Bruxelles-Midi, l’urbanisme du sacrifice et des bouts de ficelle, il devient président d'Inter-Environnement Bruxelles[16].

• (fr) (nl) Revue de presse sur le site officiel du livre