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Briqueterie (quartier de Yaoundé)

Ekoudou, dit La Briqueterie est un quartier de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. C'est un quartier administratif, un quartier historique et le lieu d'une chefferie administrative. La spécificité de ce quartier est sa population majoritairement composée de communautés musulmanes haoussas.

Briqueterie (quartier de Yaoundé)
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Situation et délimitation

Le quartier Ekoudou, dit Briqueterie se trouve dans la zone nord-ouest de la ville de YaoundĂ©. C'est l'un des dix-huit quartiers de la commune de YaoundĂ© II. Il est limitĂ© au Nord par le quartier Tsinga, au sud par la riviĂšre Abyedaga qui marque la frontiĂšre avec le quartier Messa, et Ă  l’Est et au Nord-Est par la riviĂšre Eko Zog. Le quartier couvre une superficie de 71 hectares[1]. Il a toujours Ă©tĂ© un lieu de peuplement de communautĂ©s migrantes, en tĂȘte desquelles les Haoussa, qui sont suivis des Kanouri et des Bamoun. NĂ©anmoins, on retrouve Ă©galement, de façon marginale des Bamileke, des Peuls.

Le quartier de la Briqueterie aurait connu[1]plusieurs dénominations dans la langue ewondo : Ekudu, Meban, Ekozog, et enfin le patronyme Elig Fuda Mekengo. Les appellations Ebé Birig puis Birig Asi (manufacture de briques, devenu briqueterie). Cette derniÚre dénomination est liée à l'implantation d'un établissement industriel de fabrication de briques en terre cuite pendant la période coloniale allemande.

Historique

Origines

La Briqueterie figure parmi les plus anciens quartiers de la ville de YaoundĂ©, fondĂ©e dans sa forme moderne en 1889 par les colonisateurs allemands en lieu et place de villages ewondos. DĂšs sa crĂ©ation, ce quartier a Ă©tĂ© un lieu d’installation de populations non-autochtones et non-ewondo[2]. Aujourd'hui, il rassemble des populations haoussa, bamileke, peule et ewondo. Administrativement, le nom du quartier est Ekoudou. Cette appellation aurait trois significations: d'abord lieu de tamis (en rĂ©fĂ©rence aux femmes qui venaient tamiser les noix de palme pour en extraire de l'huile), ensuite jachĂšre (parce que le site aurait Ă©tĂ© couvert dĂ©boisement et de terre en assolement) et enfin fin l'exode ( qui fait allusion au dĂ©sir des populations migrantes de recouvrer enfin une vie sĂ©dentaire, Ekoudou symboliserait alors une implantation stabilisĂ©e, une volontĂ© de marquer la fin d'un Ă©pisode migratoire[3]. Toutefois, les populations dĂ©signent l'ensemble du quartier sous le nom de Briqueterie, selon une pratique courante Ă  YaoundĂ©, qui est le thĂ©Ăątre d'une sorte de querelle des noms de lieux[4]. Ainsi pour un mĂȘme espace, il existe souvent une appellation administrative et une autre d'usage.

1895, installation d’une usine de brique allemande

En 1895, le Major Hans Dominik, chef du poste militaire de YaoundĂ©, installe une usine de briques sur la rive droite de la riviĂšre AbierguĂ©, qui sĂ©pare aujourd’hui la Briqueterie du quartier Messa. Cette usine et ses productions ont pour objectif de fournir les matĂ©riaux nĂ©cessaires Ă  la construction des premiers bĂątiments de la ville coloniale[5]. L’usine produisait 600 briques de terre cuites par jour, ainsi que des tuiles[6]. Le lieu de son implantation prend le nom de Briqueterie.

1936, installation des communautés haoussas

En 1936, les politiques de gestions urbaines coloniales amĂšnent les colonisateurs français Ă  installer dans ce quartier une importante communautĂ© haoussa aprĂšs que celle-ci ait Ă©tĂ© expulsĂ©e pour des raisons d’amĂ©nagement d’un autre quartier de la ville[7]. Cette installation ne se fait pas sans heurts. Essomba Sebastien, chef de quartier Ă  YaoundĂ©, revendiquant cet espace pour lui-mĂȘme et pour les communautĂ©s ewondos. S’ensuit alors une longue bataille judiciaire de plusieurs annĂ©es devant les juridictions coloniales compĂ©tentes, portĂ©e par le chef de la communautĂ© haoussa Malam Ibrahim et Alhadji Koramou, un commerçant haoussa[8]. Le 24 mars 1959, la justice prononce une dĂ©cision en faveur de la communautĂ© haoussa qui met fin Ă  cette revendication[9]. DĂšs lors la communautĂ© s’établit Ă  la Briqueterie sans crainte d’une nouvelle Ă©viction.

CrĂ©ation d’une chefferie administrative Ă  la briqueterie

En 1993, le chef de la communautĂ© haoussa de la Briqueterie, Ahmadou Ousman Maikoko entreprend les dĂ©marches auprĂšs de Gilbert AndzĂ© Tsoungui, alors vice-premier ministre du Cameroun chargĂ© de l’Administration Territoriale, afin d’obtenir une reconnaissance officielle de l’existence ancienne d’une chefferie traditionnelle des haoussas de la briqueterie. Les dĂ©marches aboutissent en 1993 et est crĂ©Ă© par arrĂȘtĂ© ministĂ©riel une chefferie haoussa qui devient la chefferie de groupement d’Ekoudou[10]. C’est une chefferie de 2e degrĂ© c’est-Ă -dire qui couvre au moins deux chefferies du troisiĂšme degrĂ© et dont le territoire ne peut aller au-delĂ  des limites d'arrondissements[11].

Monuments

La mosquée du milieu

La mosquĂ©e du milieu est construite en 1936, c’est alors la premiĂšre mosquĂ©e de la ville de YaoundĂ©[12]. Cette date correspond Ă  l’annĂ©e d’installation de la communautĂ© haoussa Ă  la Briqueterie. Elle fut construite en face de la premiĂšre « chefferie » ou palais[13]. Elle a Ă©tĂ© rĂ©novĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 2000 pour prendre sa forme actuelle.

La mosquée centrale de Yaoundé

La mosquĂ©e centrale est situĂ©e sur l’unique colline du quartier Briqueterie (haute de 764m). Au moment de sa construction entre 1952 et 1955, sous la supervision de l'architecte français J.M. Bucaille, elle est la deuxiĂšme mosquĂ©e de la Briqueterie[14]. Elle fut construite grĂące Ă  des financements partagĂ©s entre la communautĂ© musulmane 50%, la communautĂ© urbaine 30% et l’administration coloniale 20%[15].

En 2007, le bĂątiment d’origine fut dĂ©truit pour laisser place Ă  une nouvelle architecture. Cette nouvelle construction fut entreprise par Alhadji Garba Nabara[16], un riche homme d’affaires haoussa et fils d’Alhadji Tanko, un des premiers habitants du quartier, assistĂ© par l’État du Cameroun et celui de la Turquie. Elle est inaugurĂ©e le 20 novembre 2015 par le premier ministre PhilĂ©mon Yang, reprĂ©sentant personnel de Paul Biya, prĂ©sident de la rĂ©publique[17]. Aujourd’hui, elle est dirigĂ©e par un double collĂšge d’imams. Les cinq priĂšres quotidiennes sont dirigĂ©es par le 1er collĂšge qui est composĂ© de quatre imams. Les priĂšres du vendredi et des jours de fĂȘte sont dirigĂ©es par le second collĂšge composĂ© de deux imams[18].

Bibliographie

  • Jean-Marie Essono, YaoundĂ©. Une ville, une histoire. 1888-2004. EncyclopĂ©die des mĂ©moires d’Ongola Ewondo, la ville aux ‘’Mille collines’’, YaoundĂ©, Éditions Asuzoa, 2016, 658 p.
  • Philippe Laburthe-Tolra, Les seigneurs de la forĂȘt. Essai sur le passĂ© historique, l’organisation sociale et les normes Ă©thiques des anciens BĂ©ti du Cameroun, Paris, Publications de la Sorbonne, 1981, 490 p.
  • Louis Ngongo, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, Tome 1, Paris, Berger-Levrault, 1987, 239 p.

Références

  1. Jean-Marie Essono, YaoundĂ©. Une ville, une histoire. 1888-2004. EncyclopĂ©die des mĂ©moires d’Ongola Ewondo, la ville aux ‘’Mille collines’’ YaoundĂ©, Editions Asuzoa,, 2016, p. 450.
  2. AndrĂ© Fraqueville, Les immigrĂ©s du quartier de « la Briqueterie » Ă  YaoundĂ© (Cameroun), YaoundĂ©, Éditions de l’Office de la recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (O.R.S.T.O.M.)1972, p. 571.
  3. Jean-Marie Essono, YaoundĂ©. Une ville, une histoire. 1888-2004. EncyclopĂ©die des mĂ©moires d’Ongola Ewondo, la ville aux ‘’Mille collines’’ YaoundĂ©, Editions Asuzoa,, 2016, p. 461.
  4. Athanase Bopda, «Yaoundé dans la construction nationale au Cameroun : territoire urbain et intégration », ThÚse de doctorat en Géographie, Paris, Université Paris 1- Panthéon Sorbonne, 1997, p. 44-45.
  5. Engelbert Mveng, Histoire du Cameroun, tome 2, Yaoundé, CEPER, 1981, p. 51.
  6. Philippe  Laburthe-Tolra, Les seigneurs de la forĂȘt. Essai sur le passĂ© historique, l’organisation sociale et les normes Ă©thiques des anciens BĂ©ti du Cameroun, Paris, Publications de la Sorbonne, 1981, p. 417.
  7. AndrĂ© Franqueville, YaoundĂ©Ì : construire une capitale, Paris, Éditions de l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer, Paris, 1984, p.34-35.
  8. Voir arrĂȘt N° 20 du 24 mars 1959 de la chambre d’homologation de YaoundĂ©.
  9. Ibidem.
  10. ArrĂȘtĂ© N° 71 du 05 mars 1993 du ministĂšre de l’Administration Territoriale du Cameroun.
  11. Voir décret présidentiel No 77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles.
  12. Souley Mane, « MosquĂ©es et argent au Cameroun : cas de la ville de YaoundĂ© » dans Souley Mane (dir.), MosquĂ©es et sociĂ©tĂ© au Cameroun. D’hier Ă  aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, Émergences africaines, 2018, p. 17-23.
  13. Souley Mane, « MosquĂ©es et argent au Cameroun : cas de la ville de YaoundĂ© » dans Souley Mane (dir.), MosquĂ©es et sociĂ©tĂ© au Cameroun. D’hier Ă  aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, Émergences africaines, 2018, p. 23.
  14. Souley Mane, « MosquĂ©es et argent au Cameroun : cas de la ville de YaoundĂ© » dans Souley Mane (dir.), MosquĂ©es et sociĂ©tĂ© au Cameroun. D’hier Ă  aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, Émergences africaines, 2018, p. 24-25.
  15. Nicolas Thierry Onomo, « islam et implantation des mosquées dans la ville de Yaoundé (1936-1997) », Mémoire de master, Université de Yaoundé I, Yaoundé, 2010, p. 72-73.
  16. Souley Mane, « MosquĂ©es et argent au Cameroun : cas de la ville de YaoundĂ© » dans Souley Mane (dir.), MosquĂ©es et sociĂ©tĂ© au Cameroun. D’hier Ă  aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, Émergences africaines, 2018, p. 25.
  17. Patrick Dongo, « La mosquĂ©e centrale rĂ©novĂ©e de la Briqueterie inaugurĂ©e par le PM offre dĂ©sormais 4000 places », Camer.info.net, 2015, en ligne. URL:  https://www.cameroon-info.net/article/cameroun-religion-la-mosquee-centrale-renovee-de-la-briqueterie-inauguree-par-le-pm-offre-251787.html.
  18. Nicolas Thierry Onomo, « islam et implantation des mosquées dans la ville de Yaoundé (1936-1997) », Mémoire de master, 2010, p. 72-73.
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