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Biosorption

La biosorption est un processus physico-chimique naturel et passif (c'est-à-dire qu'il ne requiert pas d'énergie), agissant chez certaines espÚces de bactéries, champignons, plantes ou animaux (dans un organe particulier souvent), leur permettant de bioconcentrer passivement certains métaux, radionucléides, minéraux ou molécules organiques toxiques[1].

Le polluant ou contaminant se lie à la structure cellulaire de tout ou partie de l'organisme et est ainsi durant un certain temps inerté et retiré de l'environnement.

Stricto sensu, ce processus est passif et fait intervenir le niveau cellulaire, mais chez certains animaux filtreurs, il peut ĂȘtre accĂ©lĂ©rĂ© par la mise en circulation active de l'eau (chez les bivalves ou les Ă©ponges par exemple).

Enjeux

C'est un mĂ©canisme important de dĂ©toxication de certains Ă©cosystĂšmes et de certains organismes. tout comme les phĂ©nomĂšnes de bioturbation auxquels il peut participer, il doit ĂȘtre pris en compte dans l'analyse des cycles biogĂ©ochimiques et en particulier des mĂ©taux et mĂ©talloĂŻdes toxiques.

Des chercheurs et industriels espÚrent pouvoir ainsi trouver une solution économique de substitution aux moyens classiques de dépollution, en utilisant la biomasse de certaines espÚces (dites « biosorbantes ») faciles à élever, cultiver ou reproduire pour la dépollution de sites contaminés. Une autre solution passe par le biomimétisme.

Histoire du concept

L'idée d'utiliser la biomasse comme un moyen de décontamination et restauration de l'environnement est explorée au moins depuis le début des années 1900, quand Arden et Lockett ont découvert que plusieurs types de cultures de bactéries vivantes étaient capables de récupérer l'azote et le phosphore d'eaux usées brutes quand il a été mélangé dans un bassin d'aération[2] - [3]. Cette découverte faut à l'origine du procédé d'épuration par boues activées encore largement utilisé dans le monde entier par les stations d'épuration des eaux usées, domestiques, agricoles ou industrielles.

Il a fallu attendre la fin des annĂ©es 1970 pour que les scientifiques explorent aussi l'intĂ©rĂȘt de la phytoremĂ©diation puis de la fongoremĂ©diation et de la sĂ©questration dans la biomasse morte, qui ont ouvert de nouvelles pistes de recherche dans le champ de la bioaccumulation et de la biosorption[4].

Utilisations pour l'environnement

Les polluants physicochimiques en circulation dans l'environnement interagissent constamment avec les systÚmes biologiques. Une fois dans l'environnement, la plupart d'entre eux (ceux qui sont aérotransportés ou solubles dans l'eau notamment) sont trÚs difficiles à contrÎler ou récupérer avant qu'ils n'aient largement diffusé dans l'écosystÚme et pénétré de nombreux organismes pour lesquels ils ont des effets délétÚres (toxiques, mutagÚnes, cancérigÚnes, perturbateurs endocriniens, etc.).

Parmi les polluants les plus toxiques et problĂ©matiques figurent les mĂ©taux lourds (plomb, mercure et cadmium par exemple) et certains mĂ©talloĂŻdes (arsenic par exemple), des radionuclĂ©ides (notamment issus d'essais nuclĂ©aires ou d'accidents nuclĂ©aires), mais aussi les pesticides et divers composĂ©s organiques ou organomĂ©talliques trĂšs toxiques ou Ă©cotoxiques, mĂȘme Ă  trĂšs faibles doses pour certains d'entre eux.

Il existe des mĂ©thodes pour extraire de l'eau ou de l'air certains de ces toxiques (filtration sur charbon activĂ© par exemple), mais elles sont coĂ»teuses, lentes, difficiles Ă  mettre en Ɠuvre Ă  grande Ă©chelle ou parfois trop peu efficaces[5]. Cependant, un important corpus de recherches a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  ce sujet, et il a Ă©tĂ© constatĂ© qu'une grande variĂ©tĂ© de dĂ©chets couramment jetĂ©s ont des propriĂ©tĂ©s sorbantes intĂ©ressantes (ex. : coquilles d'Ɠufs, os, tourbe[6]. De mĂȘme pour les champignons, certaines algues, les levures ou encore les Ă©pluchures de carottes[7] qui - adĂ©quatement utilisĂ©s - pourraient contribuer Ă  efficacement Ă©liminer les ions mĂ©talliques toxiques d'une eau contaminĂ©e, dont le mercure qui sous forme ionique est encore plus toxique que sous forme mĂ©tallique (le mercure rĂ©agit facilement dans l'environnement pour former des composĂ©s hautement nocifs comme le monomĂ©thylmercure). En outre, l'adsorption par de la biomasse ou de la nĂ©cromasse ou des produits bioproduits (coquilles par exemple) s'ils sont biosorbant, pourrait aussi retirer de l'eau ou de l'air d'autres produits toxiques et Ă©cotoxiques tels que l'arsenic, le plomb, le cadmium, le cobalt, le chrome, ainsi que l'uranium ou d'autres radionuclĂ©ides [4] - [8] ; la biosorption pouvant alors ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une technique de filtrage Ă©cologique et d'ingĂ©nierie environnementale.

Le monde (dont pays en dĂ©veloppement) pourrait peut-ĂȘtre ainsi bĂ©nĂ©ficier de processus de dĂ©contamination et filtration plus efficients, et mieux Ă©liminer de l'environnement certains polluants nocifs crĂ©Ă©s par des procĂ©dĂ©s industriels et d'autres activitĂ©s humaines (actuelles ou historiques).

Limites

Parmi les limites Ă  l'utilisation de biosorbants :

  • l'organisme ne dĂ©truit pas le polluant, mais le bioaccumule ; s'il meurt, il devient alors lui-mĂȘme une source potentielle de relargage de contaminant, qu'il faut ensuite gĂ©rer.
    Dans le cas des moules, une partie des contaminants (métaux lourds par exemple), est stockée dans la coquille, ce qui le rendra plus facile à manipuler, transporter, stocker... ;
  • quand la fenĂȘtre de tolĂ©rance de l'organisme face Ă  la pollution ou aux conditions du milieu est dĂ©passĂ©e, il peut mourir ou son activitĂ© biosorbante peut ĂȘtre inhibĂ©e.

Références

  1. Volesky B., Biosorption of Heavy Metals, 1990, Floride, CRC Press (ISBN 0849349176).
  2. Sawyer, Clair N. (February 1965). "Milestones in the Development of the Activated Sludge Process". Water Pollution Control Federation 37 (2): 151–162. JSTOR 25035231
  3. Alleman, James E.; Prakasam, T.B.S. (May 1983). "Reflections on Seven Decades of Activated Sludge History". Water Pollution Control Federation 55 (5): 436–443. JSTOR 25041901
  4. Lesmana, Sisca O. ; Febriana, Novie ; Soetaredjo, Felycia E. ; Sunarso, Jaka ; Ismadji, Suryadi (avril 2009), Studies on potential applications of biomass for the separation of heavy metals from water and wastewater, Biochemical Engineering Journal 44 (1): 19–41. DOI 10.1016/j.bej.2008.12.009
  5. Ahalya, N. ; Ramachandra, T.V. ; Kanamadi, R.D. (décembre 2003), Biosorption of Heavy Metals, Research Journal of Chemistry and Environment 7 (4).
  6. Schildmeyer, A. ; Wolcott, M. ; Bender, D. (2009), Investigation of the Temperature-Dependent Mechanical Behavior of a Polypropylene-Pine Composite, J. Mater. Civ. Eng. 21 (9): 460–6. DOI 10.1061/(ASCE)0899-1561(2009)21:9(460)
  7. Bhatti, Haq N. ; Nasir, Abdul W. ; Hanif, Muhammad A. (avril 2010), Efficacy of Daucus carota L. waste biomass for the removal of chromium from aqueous solutions, Desalination 253 (1–3): 78–87. DOI 10.1016/j.desal.2009.11.02
  8. VelĂĄsquez L., Dussan J. (aoĂ»t 2009) Biosorption and bioaccumulation of heavy metals on dead and living biomass of Bacillus sphaericus, J. Hazard. Mater. 167 (1-3): 713–6.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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