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Bataille de Maâmora (1515)

La bataille de Maâmora est une bataille opposant le Royaume wattasside à l'Empire portugais, du au . Dans l'historiographie portugaise elle est qualifiée de « désastre de Maâmora ». L'armée marocaine démantèle la forteresse portugaise.

Bataille de Maâmora
Informations générales
Date -
Lieu Maâmora
Issue Victoire marocaine
Commandants
• Moulay Nacer• António de Noroña
Forces en présence
30 000 fantassins
3 000 cavaliers[L 1]
8 000 hommes
200 navires[L 2]
Pertes
Inconnues~ 4 000 morts
Plusieurs prisonniers
~ 100 navires perdus[L 3]
~ 400 canons[1]

Maroc portugais

Contexte et préparatifs

En 1515, le roi de Portugal Manuel Ier, prend conscience de la nécessité de construire une forteresse à l'embouchure de l'Oued Sebou pour relier ces colonies du nord à ceux sud du littoral marocain[L 2]. Deux expéditions avaient déjà été menées dans la région en 1507 et 1514[L 1].

Carte des possessions portugaises au Maroc.

Le , sous le commandement d'AntĂłnio de Noroña, une flotte de 200 navires transportant 8 000 hommes part depuis Lisbonne en direction de Maâmora. L'expĂ©dition qui est Ă  la fois militaire et coloniale compte aussi des centaines d'artisans et colons[L 2]. Le , la flotte atteint l'embouchure de l'Oued Sebou, et y n'entre que le lendemain. Le dĂ©barquement se fait sans rencontrer de rĂ©sistance[L 2], et les Portugais Ă©lèvent rapidement un château de bois prĂ©fabriquĂ©. Ils commencent ensuite la construction des murailles de la forteresse Ă  partir du [L 1]. Toutefois, l'emplacement initial oĂą devait se trouver la forteresse n'est pas respectĂ©, car inadaptĂ© pour les Portugais. La construction du fort s'est donc fait plus près de l'embouchure car il y avait des sources d'eau, et un meilleur endroit pour dĂ©barquer. Cependant, le nouvel emplacement choisi est situĂ© près d'une colline, ce qui rend la place portugaise vulnĂ©rable en cas d'attaque[L 3].

Le sultan marocain Mohammed al-BurtuqâlĂ® envoie alors son frère Moulay Nacer, gouverneur de Meknès, Ă  la tĂŞte d'une armĂ©e nombreuse. Celui-ci mobilise 30 000 fantassins et 3 000 cavaliers[L 1], et amène avec lui initialement six pièces de canon[L 2].

DĂ©roulement

Le , Moulay Nacer tente de surprendre les Portugais en envoyant sa cavalerie Ă  l'assaut, mais l'attaque est repoussĂ©e. Lorsque AntĂłnio de Noroña, chef d'expĂ©dition, apprend que l'artillerie amenĂ©e par Moulay Nacer se trouve Ă  proximitĂ© de Maâmora, et qu'elle est gardĂ©e par un petit groupe de soldats marocains, il dĂ©cide de contre-attaquer[L 2]. Un dĂ©tachement de 1 200 Portugais est envoyĂ© sur les lieux, et s'empare des six pièces de canon marocains, facilitĂ© par la nĂ©gligence des soldats wattassides[L 4].

Le détachement portugais tente alors d'amener cette artillerie à leur camp, lorsque les Marocains s'aperçoivent de l'absence de leur canons. Ils se mettent alors à la poursuite des Portugais, qui marchent initialement en bon ordre. Cependant, le nombre important de Marocains à leur poursuite finit par provoquer la panique parmi les Portugais. La colonne portugaise finit par se rompre, certains soldats tentent de prendre la fuite, tandis que d'autres jettent leurs armes après avoir entendu certains soldats marocains d'origine andalouse ou renégats leur promettre en espagnol que s'ils se rendent aucun mal ne leur sera fait. De nombreux soldats sont tués lors de l'affrontement et plusieurs portugais sont fait prisonniers dont une quinzaine d'officiers [L 4].

L'armée marocaine établit donc son camp sur la colline à proximité de la forteresse portugaise. Position avantageuse, Moulay Nacer y installe plusieurs pièces d'artillerie pour bombarder la place portugaise. Tandis que d'autres canons sont installés à l'entrée de l'Oued Sebou[L 3]. La stratégique marocaine étant d'isoler et couper les communications entre les Portugais et leur flotte, les privant ainsi de provisions et d'une couverture[L 1]. Un navire portugais tente alors de franchir le fleuve et forcer ce blocus en essayant de bombarder les batteries ennemies, mais il finit par être couler par l'artillerie marocaine[L 3].

Cette stratĂ©gie va se rĂ©vĂ©ler efficace. La situation va rapidement devenir compliquer pour les Portugais qui manquent de vivres et munitions, tandis que le nombre de malades et tuĂ©s ne fait qu'augmenter[L 4]. De plus, l'atmosphère au sein du camp portugais ne fait que se dĂ©grader. Les commandants de l'armada et de la forteresse s'accusant mutuellement des erreurs de localisation du fort. Le , AntĂłnio de Noroña dĂ©cide d'Ă©vacuer la place. Cette Ă©vacuation se fait cependant dans la prĂ©cipitation. De nombreux Portugais sont tuĂ©s Ă  terre lors des opĂ©rations d'embarquement, tandis que beaucoup de navires ancrĂ©s dans le fleuve ne peuvent manĹ“uvrer correctement car la marĂ©e est basse. De nombreux navires se sont Ă©chouĂ©s ou coulĂ©s, provoquant de lourdes pertes portugaises, soit environ 4 000 morts et 100 navires perdus [L 3].

Cette dĂ©faite brise les ambitions de conquĂŞtes du roi Manuel Ier au Maroc. Les Marocains s'emparent d'un important butin et repĂŞchent plus de 400 canons du fleuve[1].

Léon l'Africain qui était présent et accompagnait Moulay Nacer, commente la déroute portugaise[1] :

« Les navires ont été brûlés, et l'artillerie est allée au fond, avec un si grand massacre de chrétiens que la mer a été teinte en rouge pendant l'espace de trois jours. »

Conséquences

La défaite de Maâmora met un grand frein à la politique de construction de forts sur la côte marocaine. Elle fait aussi un grand effet chez les Marocains, et donne un nouveau souffle au djihad contre les chrétiens. Mohammed al-Burtuqâlî utilisera notamment l'artillerie capturée à Maâmora pour le siège d'Assilah l'année suivante[1].

Sources

Notes

    Sources bibliographiques

    Références

    1. (pt) Frederico Mendes Paula, « O Desastre da Mamora », Histórias de Portugal em Marrocos,

    Annexes

    Bibliographie

    Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

    Francophone

    • SociĂ©tĂ© historique algĂ©rienne, Revue africaine : journal des travaux de la SociĂ©tĂ© historique algĂ©rienne, Alger, Adolphe Jourdan et Jules Carbonel, , 506 p. (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    • Samir Raoui, « Casbah de Mahdiya : une fortification espagnole au cĹ“ur de l'Atlantique » (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

    Lusophone

    • (pt) DamiĂŁo de GĂłis, CrĂłnica do FelicĂ­ssimo Rei D. Manuel, Lisbonne (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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