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Bataille d'Ouessant (1781)

La bataille d'Ouessant, connue aussi sous l'expression de deuxième bataille d'Ouessant se déroule le . C'est un combat mineur de la guerre d'Amérique qui se déroule après la victoire franco-américaine décisive de Yorktown. Il oppose une escadre française escortant un convoi sous les ordres du comte de Guichen à une force britannique commandée par Richard Kempenfelt chargé de l'intercepter.

Deuxième bataille d'Ouessant
Informations générales
Date
Lieu Golfe de Gascogne, Ă  150 km au sud-ouest de l'Ă®le d'Ouessant
Issue Victoire britannique
Forces en présence
19 vaisseaux de ligne, 110 transports12 vaisseaux de ligne
Pertes
21 transports capturĂ©s, 1 062 soldats et 548 marins capturĂ©sFaibles

Guerre Franco-Anglaise

La mission de Guichen

Depuis l'Ă©tĂ© 1781, le ministère de la marine prĂ©pare l'envoi d'un gros convoi de matĂ©riel, de munitions, de vivres, de soldats d'artillerie et de 5 vaisseaux de lignes en renfort Ă  l'escadre du comte de Grasse qui guerroie aux Antilles. Pour plus de sĂ»retĂ©, on dĂ©cide de lui donner une escorte supplĂ©mentaire aux ordres du comte de Guichen, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es navales. Il appareille de Brest le . Guichen dispose d'une force de 12 vaisseaux et une frĂ©gate pour rallier, Ă  Cadix, l'armada espagnole. S'y ajoutent 2 vaisseaux qui partent pour les Indes orientales soutenir l'escadre de Suffren. Avec les 5 vaisseaux destinĂ©s aux Antilles c'est donc une puissante escorte de 19 bâtiments de guerre qui doit accompagner ce convoi de plus de 100 voiles jusqu'en dehors des points habituels des croisières anglaises, c'est-Ă -dire Ă  la sortie du golfe de Gascogne[1].

L'interception du convoi

Le , Ă  cinquante lieues environ au sud de l'Ă®le d'Ouessant, le convoi, que Guichen a laissĂ© imprudemment Ă  six milles sur ses arrières, est repĂ©rĂ© par temps brumeux et mer agitĂ©e, par les 12 vaisseaux anglais de Richard Kempenfelt qui patrouillent Ă  sa recherche[2]. Compte tenu du rapport de force qui lui est très dĂ©favorable, Kempenfelt devrait rester Ă  distance[1]. Cependant, il observe que l'escorte française est très en avant du convoi et sous le vent par rapport Ă  lui. Il en conclut aussitĂ´t que cette configuration lui laisse le temps d'intercepter les navires marchands avant que l'escorte n'ait le temps de rĂ©agir[1]. L'escadre anglaise attaque donc les transports alors que Guichen, gĂŞnĂ© de plus par le mauvais temps, ne peut que faire le signal de sauve-qui-peut au convoi en virant de bord[3]. Dans les navires de transports, c'est la panique : Kempenfelt en capture 24, porteurs de plus de 1 000 hommes et de grandes quantitĂ©s de matĂ©riel, les autres rĂ©ussissant Ă  s'enfuir un peu partout vers la cĂ´te, notamment Ă  Royan[3].

L'escadre anglaise est chassĂ©e pendant deux jours, sans pouvoir ĂŞtre rejointe Ă  cause des vents contraires. Le Triomphant (80 canons), commandĂ© par Vaudreuil, et L'Actif (74), du capitaine Macarty-Macteigne, seuls en position de secourir le convoi, engagent un combat assez violent, mais vain, avec le HMS Edgard (74)[3]. Kempenfelt, prĂ©occupĂ© surtout de mettre ses prises en sĂ»retĂ©, se dĂ©robe vers le nord et ne peut ĂŞtre rejoint[3]. Pour Guichen les problèmes ne sont cependant pas terminĂ©s. Alors qu'il continue Ă  croiser dans l'Atlantique dans l'espoir de rallier quelques bâtiments Ă©pars, il est assailli, dans la nuit du 25 au par un terrible coup de vent[4]. Le Bretagne (100 canons), vaisseau amiral, et la Couronne (80), souffrent beaucoup[3]. Guichen doit se rĂ©soudre Ă  rentrer sur Brest pour rĂ©parer les avaries. De son cĂ´tĂ©, Kempenfelt dĂ©tache un navire rapide afin de prĂ©venir l'amiral Hood de l'arrivĂ©e de ce qui reste du renfort français[1] : deux vaisseaux de ligne et quelques transports qui poursuivent leur mission vers les Antilles.

Des conséquences réduites

Cet engagement participe de l'active guerre des convois à laquelle se livrent la France et l'Angleterre depuis le déclenchement du conflit en Amérique. Guichen, qui passe pour un bon manœuvrier, avait été jusque-là un chef heureux dans l'exécution de ses missions. C'est sa seule véritable défaite pendant la guerre[2] - [5]. Elle gêne fortement de Grasse qui est privé pendant quelque temps du ravitaillement attendu, mais ne remet pas en cause la victoire franco-américaine, acquise déjà depuis plusieurs mois. Guichen, qui prend sur lui toute la responsabilité de ce lourd échec, offre sa démission au roi, mais celui-ci lui renouvelle sa confiance et lui donne à escorter, cette fois avec succès, un nouveau convoi au début de 1782. Il poursuit ensuite la guerre aux côtés des Espagnols[5].

Notes et références

  1. Le Moing 2011, p. 338.
  2. Taillemite 2002, p. 230.
  3. Lacour-Gayet 1905, p. 377-378
  4. Prosper Levot, Biographie bretonne, Vannes, Cauderan, , 983 p. (lire en ligne), p. 862-865
  5. Vergé-Franceschi 2002, p. 710

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, coll. « Dictionnaires », , 537 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 978-2847340082) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 9782357430778) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d’Histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • Olivier Chaline (dir.), Philippe Bonnichon (dir.) et Charles-Philippe de Vergennes (dir.), Les marines de la Guerre d'IndĂ©pendance amĂ©ricaine (1763-1783) : L'instrument naval, t. 1, Paris, PUPS, , 453 p. (ISBN 978-2-84050-890-8).
  • Olivier Chaline (dir.), Philippe Bonnichon (dir.) et Charles-Philippe de Vergennes (dir.), Les marines de la Guerre d'IndĂ©pendance amĂ©ricaine (1763-1783) : L'opĂ©rationnel naval, t. 2, Paris, PUPS, , 457 p. (ISBN 979-10-231-0585-8).
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, Paris, HonorĂ© Champion, , 719 p. (BNF 30709972, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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