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Barrages chinois sur le MĂ©kong

La Chine construit à la fin du XXe siÚcle et au début du XXIe de nombreux barrages sur le cours supérieur du Mékong.

Le barrage de Huangdeng en construction en 2011.
Le barrage de Huangdeng en construction en 2011.

Cette construction a de multiples causes (énergétiques, économiques, territoriales régionales, géopolitiques) et comporte de nombreuses conséquences (hydrologiques, écologiques, humaines).

Raisons de la construction

Carte du bassin du MĂ©kong.
Carte du bassin du MĂ©kong.

Impact politique

La construction de ces barrages donne un moyen de pression important sur les membres de la commission du MĂ©kong (le Laos, le Cambodge, la ThaĂŻlande, la Birmanie et le Vietnam). La Chine contrĂŽle 95 % du fleuve et sa source se situe sur son territoire. Il y a dĂ©jĂ  six barrages sur le territoire chinois et de nombreux sont en construction. Cela leur permet d'avoir un nouvel argument de persuasion s'il y a conflit avec un autre pays. La superpuissance rĂ©gionale a assis son autoritĂ© sur le dossier grĂące Ă  un nouveau forum rĂ©gional, appelĂ© (LMC). « Une grande partie des bĂ©nĂ©fices sera rĂ©coltĂ©e par les intĂ©rĂȘts financiers et commerciaux impliquĂ©s et ce sont les communautĂ©s le long du fleuve qui seront affectĂ©es », ajoute Maureen Harris.

En 2016, la Chine a permis au Vietnam d'attĂ©nuer les effets d'une grave sĂ©cheresse en ouvrant les vannes. La Chine a offert Ă  ses voisins des investissements le long du MĂ©kong et des prĂȘts Ă  taux faibles.

Environnement

Le barrage a une utilitĂ© sur le plan Ă©cologique, d'aprĂšs la Chine. Les Chinois utilisent plus d'Ă©nergie verte et se lancent dans le dĂ©veloppement durable. La Chine a bien besoin de l'Ă©nergie verte car pour le moment, c'est le pays le plus pollueur au monde. Il y a aussi l'hydro-Ă©lectricitĂ© qui pourrait peut-ĂȘtre ĂȘtre recueillie mais cela est trĂšs controversĂ©. Cela peut leur permettre de rĂ©duire la pollution dans leur pays mais a d'autres consĂ©quences pour les pays situĂ©s en Asie du Sud-Est.

Besoins du pays

En effet, en tant que premiĂšre puissance Ă©conomique mondiale, les besoins de la Chine en Ă©lectricitĂ© sont extrĂȘmement importants et les moyens actuels ne suffisent pas Ă  satisfaire la demande. Les autoritĂ©s chinoises cherchent Ă  exploiter le potentiel du MĂ©kong Ă  l'aide de la crĂ©ation des barrages hydroĂ©lectriques.

Une fois tous les barrages achevés, la Chine devrait accéder à une puissance hydroélectrique considérable.

Description des aménagements réalisés

Les barrages chinois sur le Mékong sont à l'origine de problÚmes géopolitiques de plus en plus importants. Les conséquences environnementales, économiques et sociales sont grandissantes.

Il y a plusieurs barrages sur le fleuve du MĂ©kong. La portion chinoise reprĂ©sente 2 130 kilomĂštres, soit prĂšs de la moitiĂ© de la longueur totale du fleuve. Ce sont majoritairement des barrages hydroĂ©lectriques.

Il y a six barrages déjà construits (Manwan, Dachaoshan, Jinghong, Xiaowan, Gongguoqiao (en), Nuozhadu), deux en construction (Huangdeng et Miaowei (en)) et deux en projets (Galanba et Mengsong).

Tableau des caractéristiques des barrages chinois sur le Mékong[1] :

Manwan Dachaoshan Jinghong Xiaowan Gongguoqiao (en) Nuozhadu Galanba Mengsong
Tailles (M) 126 m 118 m 118 m 300 m 130 m 254 m 60,5 m 65 m
DĂ©but de construction 1986 1993 2003 2002 2008 2006 projet projet
Fin de construction 2007 2003 2009 2009 2012 2013 projet projet
Nombre d'hectares submergĂ©s 415 826 510 3 712 343 4 508 12 58
Population dĂ©placĂ©e 3 513 6 100 2 264 32 737 4 596 23 826 58 230
CapacitĂ© installĂ©e (MW) 1 550 1 350 1 750 4 200 900 5 850 150 600
Production annuelle (MWH) 7 805 000 7 021 000 8 059 000 18 990 000 4 060 000 23 777 000 780 000 3 380 000

Ces barrages ont été demandés et financés par la Chine. Ils ont coûté plusieurs milliards de dollars.

Tous ces barrages sont en gĂ©nĂ©ral Ă©quipĂ©s de centrales hydroĂ©lectriques. D'oĂč, la premiĂšre Ă©nergie renouvelable dans le monde. L'Ă©nergie produite dĂ©pend du dĂ©bit de l'eau et de la hauteur de la chute. Ces centrales hydroĂ©lectriques sont quasiment automatisĂ©es et sont surveillĂ©es de trĂšs prĂšs pour Ă©viter une dĂ©faillance[2].

Les trois premiers barrages chinois sur le MĂ©kong ont Ă©tĂ© construits entre 1992 et 2008. Ceux-ci ont une petite capacitĂ© de stockage d'eau (2,9 milliards de m3). Alors que le rĂ©servoir de Xiaowan fait 15 milliards de m3 et devrait se remplir d'ici 10 Ă  15 ans. Ce barrage est l'un des plus hauts barrages du monde, et aussi le quatriĂšme Ă  ĂȘtre construit au Yunnan sur le cours du MĂ©kong.

Cependant, le plus grand rĂ©servoir se trouve en contrebas de Xiaowan, Ă  Nuozhadu oĂč l'on trouve un rĂ©servoir d'environ 22 milliards de m3 d'eau[2].

Conséquences économiques

Les rendements des pĂȘcheries ont baissĂ© depuis une dizaine d'annĂ©es. Le barrage est un obstacle Ă  la migration des poissons et a donc de graves consĂ©quences, par exemple les poissons migrateurs dans les pĂȘcheries voient leur nombre diminuer. « Les cultivateurs voient leurs rĂ©coltes diminuer de façon dramatique, certains doivent changer de mĂ©tier », raconte Franck Vogel, reporter photographe[3].

La pĂȘche n'est pas le seul exemple, la riziculture est aussi touchĂ©e : « Les rendements ont baissĂ© d’environ 15 % depuis une dizaine d’annĂ©es. Sur 90 espĂšces de riz, une trentaine sont menacĂ©es par ces changements ».

Conséquences sociales

On estime à 472 millions le nombre de personnes qui ont été ou seront affecté par la construction de ces nouveaux ouvrages[4].

La disparition des habitants au sein de leurs villes

Un des plus gros problĂšmes vient du fait que les habitants ont Ă©tĂ© contraints de dĂ©mĂ©nager. Ainsi, la Chine a dĂ» dĂ©placer plus de 10 000 habitats situĂ©s sur les berges du MĂ©kong pour que les barrages hydroĂ©lectriques puissent ĂȘtre construits. Cela reprĂ©sente environ 80 000 personnes[2]. Mais ces habitants (vivants autrefois de la pĂȘche et de l'agriculture) ne s'habituent pas Ă  leur nouveau mode de vie qui les oblige Ă  changer de mĂ©tier. Il arrive que d'anciens agriculteurs repartent travailler sur des terres ne leur appartenant pas[5].

Conséquences sur l'alimentation des populations

De plus les barrages ont d'importantes conséquences sur l'alimentation des populations.

La pĂȘche

Les barrages bloquent plus de 160 espÚces de poissons migrateurs qui remontaient la riviÚre du Mékong pour se reproduire. Les quantités de poissons qui diminueront probablement à l'avenir, amÚneraient certainement une crise alimentaire.

Aujourd’hui, la population rurale vivant de la pĂȘche est estimĂ©e Ă  12 millions de foyers, et la capture totale est d’environ 2,2 millions de tonnes par an, faisant de la pĂȘche une activitĂ© qui emploie de nombreuses personnes.

L'agriculture

La majorité (80 %) de la population implantée autour des barrages du Mékong vit de l'agriculture et notamment de la riziculture. En effet, 10 millions d'hectares sont consacrés à la culture de ce féculent principal voire unique aliment de base des habitants du bassin du Mékong[6].

Dans ces zones rurales, les habitants dont l'alimentation est essentiellement composée de riz et poissons consomment en moyenne moins de 2 500 kcal par jour[7]. La baisse de la production de ces aliments pourrait rapidement conduire à des situations de sous-nutrition (moins de 2100 kcal consommé par jour).

Conséquences géopolitiques

ProblĂšmes

Les barrages hydrauliques chinois provoquent des conflits géopolitiques entre les différents pays dans lequel traverse le fleuve du Mékong.

En effet, ce fleuve prend sa source de Chine avant de traverser la Birmanie, le Laos, la ThaĂŻlande, le Cambodge et le Vietnam et se jeter dans la mer de Chine. Ainsi, la Chine possĂšde un bon moyen de pression. Selon l'expert en politique Ă©trangĂšre, Thitinan Pongsudhirak, les pays d'Asie et du Sud-Est ne peuvent tenir tĂȘte Ă  la Chine sur le plan gĂ©opolitique.

On remarque que les barrages chinois crĂ©ent des impacts sur les pays voisins, autant Ă©conomiques (pĂȘche, ...), sociaux (dĂ©placements de populations, ...), Ă©cologiques (dĂ©rĂšglement de la faune et de la flore, etc.) que territoriaux (inondations, ...).

Solutions

MalgrĂ© ces problĂšmes, la Chine offre Ă  ses voisins des investissements le long du MĂ©kong et des prĂȘts Ă  taux rĂ©duits. Mais, comme l'explique Maureen Harris[8], les pays voisins pensent que la Chine cherche surtout Ă  mettre en avant ses propres intĂ©rĂȘts plutĂŽt qu'instaurer une vĂ©ritable coopĂ©ration.

La Commission du Mékong (Mekong River Commission[9]), qui réunit le Cambodge, le Laos, La Thaïlande et le Vietnam, est chargée d'organiser la gestion du fleuve du Mékong afin de conserver une bonne ambiance entre les pays. Cependant la Chine et la Birmanie n'en font point partie. Selon Bastien Affeltranger et Frédéric Lasserre[10], ce serait une stratégie de la Chine pour ne pas perdre les bénéfices que lui apporte le Mékong.

La Commission du MĂ©kong a dĂ©jĂ  accusĂ© la Chine de retenir de l'eau, causant des chutes de niveau d'eau. Mais elle justifia cette action comme une prĂ©vision face Ă  la sĂ©cheresse. Des amĂ©liorations doivent ĂȘtre prĂ©vues en vue d'une meilleure utilisation du MĂ©kong pour permettre une coopĂ©ration entre les diffĂ©rents États. Sans une dĂ©cision de la Chine, ces amĂ©liorations sont difficilement rĂ©alisables.

Notes et références

  1. Yann Roche, « Le point de vue chinois sur les enjeux des barrages chinois sur le MĂ©kong », L’Espace Politique. Revue en ligne de gĂ©ographie politique et de gĂ©opolitique, DĂ©partement de gĂ©ographie de l'universitĂ© de Reims Champagne-Ardenne, no 24,‎ (ISSN 1958-5500, rĂ©sumĂ©, lire en ligne).
  2. « Les conséquences dramatiques des barrages sur le Mékong », sur www.ihsnews.net (consulté le ).
  3. Patrick J. Dugan, Chris Barlow, Angelo A. Agostinho et Eric Baran, « Fish Migration, Dams, and Loss of Ecosystem Services in the Mekong Basin », Ambio, vol. 39, no 4,‎ , p. 344–348 (ISSN 0044-7447, PMID 20799685, PMCID PMC3357701, DOI 10.1007/s13280-010-0036-1, lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. « Ces grands barrages hydroĂ©lectriques controversĂ©s », Eco(lo),‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. « PlanĂšte GĂ©o. Alerte sur le MĂ©kong », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. « CERES », sur www.environnement.ens.fr (consulté le ).
  7. (en) « Home », sur Food and Agriculture Organization of the United Nations (consulté le ).
  8. Inquiétudes pour le Mékong menacé par les barrages chinois, 8 janvier 2018 sur Le Point.
  9. Mekong River Commission.
  10. La gestion par bassin versant : du principe Ă©cologique Ă  la contrainte politique – le cas du MĂ©kong, FrĂ©dĂ©ric Lasserre.
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