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BĂ©atus Zumstein

Béatus (Beat) Zumstein est un artiste suisse né en 1927. Installé à Paris en 1952, il explore obstinément une voie picturale très personnelle, de l’expressionnisme au néo-cubisme, au tachisme, et à l’abstraction géométrique. Solitaire et intransigeant, ce grand contempteur des modes de son époque multiplie les expositions, mais aussi les sorties fracassantes et les inimitiés. Il meurt le à Péry, dans le Jura suisse. Depuis cette date, aucune de ses œuvres n’a été montré au public, ni en Suisse, ni en France[1].

BĂ©at Zumstein
Biographie
Naissance

Berne
Décès
(Ă  57 ans)
PĂ©ry
Nationalité
Suisse
Formation
Gewerbschule, Berne, Suisse, Teknikum, Biel, Suisse
Activité
Peinture, sculpture, gravure
Période d'activité
1945 - 1984
Conjoint
Colette Zumstein
Enfant
Autres informations
Domaine
Art
Genre artistique
Site web

Biographie

Béatus Zumstein naît le à Berne. Comme beaucoup d’artistes suisses, il se forme à l’école des Arts et métiers, comme graphiste et sculpteur. À partir de 1948, ses expositions, très remarquées, présentent des sculptures en taille directe, et des gravures sur bois qu’on compare alors à celles de Gauguin ou d’Edvard Munch. En 1951, il décide de s’installer et de faire carrière à Paris, comme peintre cette fois.

Il se revendique alors « artiste figuratif » ; mais de plus en plus sa peinture se peuple d’éléments abstraits. En 1960 il se décrit comme peintre et aquarelliste « abstrait avec une forte influence réaliste ». De fait, on est frappé par la logique sereine de l’évolution du peintre, creusant obstinément un motif, une technique, un agencement de couleurs, puis l’abandonnant pour une toute nouvelle aventure.

Dans les années 1970, Beat change son nom en « Beatus », le bienheureux. Au plan artistique, c’est assez vrai ; au plan personnel beaucoup moins. Beat a pu trouver à Paris des amis fidèles et des enthousiastes de sa peinture ; ses collègues l’envient pour sa capacité à entrer par la fenêtre quand on lui montre la porte, et à obtenir régulièrement des expositions. Mais son caractère belliqueux et intransigeant lui fait de solides ennemis, tout comme son mépris affiché des tendances à la mode autour de 1968.

Anarchisant, Beat est en guerre contre l’Institution, et multiplie les provocations désastreuses : conservateurs attrapés par le col, œuvres décrochées, voire mises en pièces. Dès lors Paris montre sa face impitoyable et se referme comme un piège : les expositions se font rares, on l’expulse de son atelier, et un soir devant un bistrot un ivrogne le laisse pour mort sur le pavé. Beat disparait en 1984 en Suisse, d’un accident vasculaire cérébral, séquelle probable de cette agression[1].

Depuis lors, aucune de ses œuvres n'est plus exposée, et son nom n'est plus cité que dans de rares références[2].

RĂ©ception critique, articles de presse, catalogues

  • Der Bund, le : « Beat Zumstein expose actuellement une sĂ©rie d’aquarelles qui sont capables de captiver par leur particularitĂ©. Le traitement audacieux des motifs, les motifs eux-mĂŞmes – ici un chantier, lĂ  un bâtiment, un Ă©tang gelĂ©, une crĂŞte rocheuse encaissĂ©e -, la sĂ©curitĂ© dans la ligne et dans la coloration, tout ceci produit harmonieusement des effets d’un charme dĂ©coratif insolite. »
Beatus Zumstein "L'Ile aux Scorpions" 1961
  • WAZ[3], le : L’un des secrets de la personnalitĂ© du peintre Zumstein est qu’il rĂ©ussit ces choses sans que son art n’apparaisse « artificiel ». Les images parlent au public, elles attirent le spectateur vers elles et en elles-mĂŞmes, de sorte que le spectateur participe aux Ă©vĂ©nements picturaux. L’âme du tableau saute aux yeux du spectateur, il appartient Ă  l’œuvre d’art et doit finalement former une unitĂ© avec elle, explique Zumstein.
  • Catalogue[4] de l’exposition Beat Zumstein, au MusĂ©e des Beaux-Arts de Berne, du au , introduction de Hugo Wagner, directeur : « Avec cette exposition, le Kunstmuseum offre l'hospitalitĂ© Ă  un peintre qui s'est affirmĂ© dans la ville des innombrables artistes, crĂ©ateurs et galeries d'art, malgrĂ© toutes les difficultĂ©s. Entièrement livrĂ© Ă  lui-mĂŞme, parfois soutenu par quelques collectionneurs français, Beat Zumstein travaille sans relâche Ă  une Ĺ“uvre qui se caractĂ©rise par un dĂ©veloppement uniforme et organique. Faisant davantage confiance Ă  son instinct qu'Ă  l'expĂ©rience et au matĂ©riau, il a très tĂ´t trouvĂ© - il travaillait comme sculpteur Ă  l'Ă©poque - une certitude dans le dessin et le rythme, qui se reflĂ©tait dans l’expressionnisme de ses gravures polychromes sur bois, ainsi que dans ses peintures exĂ©cutĂ©es selon diverses techniques. L'homme et - plus encore - le grand paysage ont dĂ©terminĂ© l'art de Zumstein dès le dĂ©but. Qu'un tableau soit identifiable au sens figuratif, ou qu'il se soit dĂ©tachĂ© de son modèle, c'est gĂ©nĂ©ralement la conversion d'impressions visuelles, d'images de la mĂ©moire, dont les rythmes et les harmonies de couleurs sont ramenĂ©s au prĂ©sent et redeviennent ainsi rĂ©alitĂ©. »
  • Der Bund, le [5] : « En fin de compte, les peintures de Zumstein deviennent des jeux de couleurs abstraits dans lesquels l’humeur des couleurs, la proportion des surfaces et la structure de la peinture sont les sources de tension les plus importantes. Rarement une Ă©volution aussi harmonieuse, on pourrait presque dire organique – vers une abstraction complète – peut ĂŞtre poursuivie dans la peinture. »
    "Grottes et cascades" 1964, Beatus Zumstein
  • Berner Tagblatt, le [6] : « Le caractère expressif prend le pas sur la ressemblance avec la nature, les relations de rythme et de mesure deviennent dĂ©terminantes. Le dessin gagne en structure, la peinture en rythme. Les couleurs et les valeurs de luminositĂ© prennent forme, se diffĂ©renciant les unes des autres, non seulement en termes de tension ; dans de nombreuses images, le champ de la peinture est orientĂ©, le trait prĂ©dominant est la diagonale (comme la pluie dans le vent). Qu'une image soit reconnaissable au sens naturaliste, seulement imaginable ou mĂŞme pas : le spectateur ressent la mĂŞme immersion calme dans le rythme et le mouvement du monde que devant les gravures sur bois. »
  • Pierre Restany, texte du catalogue de l’exposition Beat Zumstein, Galerie Knut Gunther, Paris, : « Ce dont tĂ©moigne largement Beat Zumstein, c’est d’un acharnement Ă  survivre, farouche et obstinĂ©, dans un monde de l’art qui n’a que faire de ce genre d’anachronisme sociologique, fort en gueule, romantique attardĂ©, forcenĂ© de l’abstraction lyrique. Le moins que l’on puisse dire en termes vernaculaires de « mĂ©tier », est que ce militant de l’expressionnisme abstrait dĂ©pense un capital d’énergie hors du commun Ă  se construire un anti-destin, ou plutĂ´t une anti-carrière. Que faire, quand on peint et travaille Ă  contre-courant, en dehors des circuits de la mode et du front ouvert de l’avant-garde expĂ©rimentale, et qu’on est singulièrement dĂ©sarmĂ© devant les puissances d’argent ? Ce solitaire refuse la rĂ©signation et le repliement sur soi dans l’ombre de son atelier. Il frappe Ă  toutes les portes, elles se ferment. Il insiste, tape sur la table, met les pieds dans le plat. Bref il ennuie tout le monde, et bien vite dans le village de l’art parisien une Ă©tiquette se colle Ă  son nom. Il est l’exaltĂ©, le gĂŞneur, l’empĂŞcheur de danser en rond. On l’évite, et cela ne fait que redoubler sa fureur. (…) Il est toujours très difficile de rompre le cercle enchantĂ© du silence que l’on a tressĂ©, volontairement ou non, avec une belle constance, pendant toute une vie d’artiste. Est-ce que l’aurĂ©ole nĂ©gative de gĂŞneur patentĂ© qui s’attache Ă  Zumstein ne fera pas Ă©cran, est-ce qu’enfin les gens qui peuvent ou qui doivent voir cette peinture se dĂ©cideront Ă  ouvrir les yeux (et le cĹ“ur) devant les toiles qui leur sont prĂ©sentĂ©es ? Tout le problème est lĂ . »
  • L'HumanitĂ© du [7] : « Pour moi, dĂ©clare Zumstein, la question n’est pas de savoir vendre ou non Ă  l’État, car mes Ĺ“uvres iraient alors dans les rĂ©serves. Alors Ă  quoi bon ? Le marchĂ© lui-mĂŞme fabrique ses « vedettes ». Par quel mystère la plupart des artistes devraient-ils camper leur vie durant sur les terrains vagues de l’ombre, alors que d’autres ont droit, parfois très vite, Ă  la bĂ©nĂ©diction des autoritĂ©s marchandes et officielles ? (…) [Zumstein] rĂ©pète qu’il ne travaille pas pour lui, qu’il souhaite voir ses toiles aller prendre l’air ailleurs « Stocker pendant dix ans, pendant vingt ans, ça va encore, ensuite on en crève » (…) Devant l’impossibilitĂ© de montrer ses tableaux, ses gravures ou ses sculptures, Beatus Zumstein, camarade imprĂ©cateur, ouvre volontiers la porte de son atelier aux curieux. »

Expositions

  • Berne, Kunsthalle, Weihnachtsausstellung bernischer Maler, Bildhauer und Architekten, –
  • Berne, Kunsthalle, Weihnachtsausstellung bernischer Maler, Bildhauer und Architekten, –
  • Berne, Anliker-Keller, Gerechtigkeitstrasse, Beatus Zumstein, gravures, sculptures, du 5 au
  • Davos, Schweizer Kunst der Gegenwart (exposition collective), –
  • Zurich, Galerie Palette, Beat Zumstein, du au
  • Berne, Anliker-Keller, Gerechtigkeitstrasse, Beatus Zumstein, gravures, sculptures, du 2 au
  • Thun, Weinachts-Kunst-Austellung im Thunerhof, du au
  • Paris, Fondation suisse de la CitĂ© Universitaire, Beat Zumstein, gravures, sculptures, du au
  • Paris, (Salon) de la Jeune Sculpture, IVe Exposition, jardins du MusĂ©e Rodin, du au
  • MĂĽlheim an der Ruhr, Stadtischen Kunstkabinett, Beat Zumstein, juillet-
  • Bensberg, Beat Zumstein, du au
  • Solingen, Beat Zumstein, du au
  • Köln, Neue Galerie am Funkhaus, Beat Zumstein, du au dĂ©but
  • Puteaux, Galerie Camille Renault, Beat Zumstein, du 17 au
  • Paris, LĂ©gation de Suisse, Exposition des peintres et sculpteurs suisses de la section de Paris, Exposition collective, du 8 au
  • Paris, Knoll International, 1960, 1962
  • Berne, Kunstmuseum, Beat Zumstein, rĂ©trospective, du au
  • Paris, Knoll International, 1969
  • Jouy-en Josas, Campus d’H.E.C, 1970
  • Aarau, Les Suisses de Paris, exposition collective, mi-mars - mi-
  • Paris, Galerie Knut GĂĽnther, Beatus Zumstein, du 1er au
  • Paris, Galerie Jean-Gilbert Jozon, Beatus Zumstein, du au
  • Paris, Galerie de Nesle, Beatus Zumstein, du 8 fĂ©vrier au 2 mars 1978
  • Berne, Galerie Scapa, Beat Zumstein, du au

Collections publiques

  • Suisse, Berne, Kunstmuseum : Die Gasse, Gravure polychrome sur bois, 1950 - KĂĽstenlandschaft, huile sur toile, 1953 - Pierre-Pertuis I, tempera, 1963 - Paysage/Karstreise, tempera, 1963 - Die Kathedrale von Rouen, dessin, 1949
  • Suisse, Thun, Kunstmuseum[8] : Marabu, sculpture, calcaire, taille directe, 1949 - Der Blinde, Gravure polychrome sur bois, 1951 -
  • France, Centre national des arts plastiques : Punta san Vigilio, aquarelle, 1968 - Sierra Morena, tempera, 1973

Notes et références

  1. , Beatus Zumstein, itinéraire d'un peintre libre, biographie et catalogue raisonné.
  2. , Benezit Dictionary of Artists, article "Zumstein, Beatus".
  3. (gsw-CH) « Aus der Errinerung wuchsen Bilder », Westdeutsche Allgemeine Zeitung,‎
  4. Centre Pompidou, Bibliothèque Kandinsky, Catalogue de l'exposition "Beat Zumstein", 1967, cote : ZUM 1967 BERN
  5. (gsw-CH) « Rétrospective Beat Zumstein au Kunstmuseum », Der Bund,‎
  6. (gsw-CH) « Rétrospective Beat Zumstein au Kunstmuseum », Berner Zeitung,‎
  7. Lucien Curzi, Sur le pavé de l’art, visite à l’atelier de Beatus Zumstein, L’Humanité, le
  8. , site du Kunstmuseum Thun

Lien externe

François Nemer : Beatus Zumstein, itinéraire d'un peintre libre, catalogue raisonné, biographie

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