Autoportrait au chapeau
L'Autoportrait au chapeau est un tableau réalisé par Paul Gauguin à la suite de son voyage à Tahiti en 1892.
Artiste | |
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Date | |
Type | |
Technique |
huile sur toile |
Dimensions (H Ă L) |
45 Ă 38 cm |
Format |
Ćuvre sur toile |
Propriétaire | |
No dâinventaire |
RF 1966 7 |
Localisation |
MusĂ©e dâOrsay, Paris (France) |
L'artiste se représente dans son atelier parisien.
Description
Au premier plan, nous retrouvons le peintre vĂȘtu de noir et habillĂ© dâun chapeau. Il sâagit dâun cadrage coupĂ© Ă la poitrine. Il est sĂ»rement assis. Les Ă©paules ouvertes vers sa droite, la tĂȘte tournĂ©e vers sa gauche, de trois quarts. Il semble regarder le spectateur : sa position rĂ©vĂšle lâopposition entre ses Ă©paules et sa tĂȘte. Le corps est dirigĂ© vers la droite symbolisant le temps futur alors que son visage paraĂźt regarder son passĂ©, ici reprĂ©sentĂ© par les objets rapportĂ©s de Tahiti (tableau de Manao Tupapau et parĂ©o).
Au deuxiĂšme plan, la poutre jaune apparaĂźt en Ă©vidence et dans la lumiĂšre. Elle est la ligne de tension qui sĂ©pare le tableau en deux. Ă gauche du peintre, on trouve le passĂ© marquĂ© par des Ă©vĂ©nements, des objets. Ă sa droite, il s'agit d'un espace (triangle vert) rendu impalpable puisquâil ne peut prĂ©voir les prochains Ă©vĂ©nements de sa vie. Cette poutre dessine une arĂȘte radicale entre passĂ© et prĂ©sent-futur.
Ă sa gauche, on note la prĂ©sence dâune nappe bleue Ă motifs floraux recouvrant la table : câest en rĂ©alitĂ© un parĂ©o.
Au troisiÚme plan nous retrouvons Manao Tupapau : tableau emblématique qui est le portrait de son amante à Tahiti.
Analyse
En abordant la composition de lâAutoportrait au chapeau, on ressent la forte prĂ©sence des lignes diagonales (poutre, inclinaison des Ă©paules) qui indiquent une organisation oblique. Ces deux droites se croisent perpendiculairement et illustrent lâĂ©tat dâesprit de lâartiste. Celui-ci souhaite aller vers lâavenir mais semble enclin Ă une certaine nostalgie. Son visage est tournĂ© du cĂŽtĂ© de ses objets de Tahiti. En effet le tableau de lâarriĂšre-scĂšne Manao Tupapau est une de ses Ćuvres rĂ©alisĂ© en 1892 lors de son sĂ©jour Ă Tahiti. Il le considĂšre comme le plus reprĂ©sentatif de lâaspect exotique et le meilleur de ses tableaux rĂ©alisĂ©s sur cette Ăźle. Le parĂ©o couvrant la table au second plan est le mĂȘme qui recouvre le lit dans Manao Tupapau : une mise en abyme qui sâapparente donc Ă un lien spatio-temporel Ă©vident. Gauguin ne peut sâempĂȘcher de sâattacher Ă ce quâil a vĂ©cu lĂ -bas. Son passĂ© est totalement fondu dans le prĂ©sent.
Paul Gauguin fait part de sa position dâhomme sensible et fragile face Ă la fois Ă ce quâil a vĂ©cu et Ă ce qui lâattend maintenant. Le futur lâattend mais il se laisse vite rattraper par la nostalgie dâun passĂ© proche. Son corps est tournĂ© vers la lumiĂšre Ă sa droite. Nul ne sait ce que lâavenir lui rĂ©serve : il faut lâaffronter. Et pourtant son visage, son esprit sont tournĂ©s vers ce quâil a vĂ©cu, ce quâil a dĂ©fendu. Son voyage Ă Tahiti marque une partie de sa vie : le colonialisme lâhorrifie. Il entame alors une lutte, Ă sa façon pour que ce flĂ©au nâanĂ©antisse pas toutes les coutumes polynĂ©siennes. Câest dans sa peinture quâil dĂ©sire faire hommage aux arts polynĂ©siens en sâinspirant de leurs motifs.
Câest un homme Ă©galement fascinĂ© par les vahinĂ©s ou femmes de PolynĂ©sie. Leur physique diffĂ©rent des normes occidentales suscite chez le peintre lâidĂ©e de ce quâa dĂ» ĂȘtre la femme originelle, lâĂve primitive. Il admire leur naturel, sans aucun artifice superflu. Par lĂ , il remet en cause le monde occidental, qui de son point de vue, avec la forte industrialisation, se dĂ©shumanise. Tout homme se pose la question de son origine, ainsi en sâaventurant sur Tahiti, le peintre semble rechercher son identitĂ©, son origine. Pour lui, la femme incarnĂ©e en ces Ăve tahitiennes semblerait ĂȘtre lâorigine du monde. Courbet sâintĂ©resse dâailleurs dĂ©jĂ Ă cette question en 1866 avec son Origine du monde. L'origine du monde pour Gauguin Ă©tait un monde sain. Ainsi idĂ©alisant Tahiti comme terre originelle, il dĂ©fend cette contrĂ©e pour ses valeurs plus saines que celles quâil connaĂźt en Europe. En sâinstallant dans un village lĂ -bas, il souhaite rentrer en harmonie avec leur mode de vie.
Par consĂ©quent, on observe dans son style pictural, une Ă©puration, une simplification formelle insufflĂ©e par les arts mÄori, mais qui naturellement aussi dĂ©coule du dĂ©pouillement dâartifice dans le mode de vie des PolynĂ©siens.
Tout en Ă©tant un portrait psychologique, Gauguin essaie de faire partager son expĂ©rience Ă travers les formes et les couleurs rapportĂ©es dans ses tableaux. Il cherche Ă faire sentir et voir les choses les plus simples. Il dit de prendre le temps de dĂ©velopper ses sens, ne pas les perdre, car sinon on se dĂ©shumanise. LâOccidental engloutit les choses qui lui sont donnĂ©es, le PolynĂ©sien va Ă la rencontre de ses choses, les apprivoise. LâOccidental se cache derriĂšre diverses parures. Le PolynĂ©sien nâa rien a cacher, il sâassume toujours en harmonie avec son environnement.
Gauguin montre le combat de sa vie, ce en quoi il croit. Il se battra dâailleurs jusquâĂ la fin de sa vie pour dĂ©fendre la cause des PolynĂ©siens.
Liens externes
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