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Attente de Dieu

Attente de Dieu est un recueil de lettres écrites par Simone Weil de janvier à au Père Joseph-Marie Perrin, O. P. La philosophe y explicite sa position par rapport à l’Église, son attachement pour elle et son refus de compter parmi les convertis.

Attente de Dieu
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Résumé

Lettres

Simone Weil y explique pourquoi elle ne peut demander le baptême : "S'il était concevable qu'on se damne en obéissant à Dieu et qu'on se sauve en lui désobéissant, je choisirais quand même l'obéissance" (page 18); sa vocation, telle qu'elle la sent, est d'être en contact avec tous les milieux humains. L’Église se présente, en tant que corps social, comme un refuge défendant ses valeurs à la manière des patriotismes; comme tout corps social, elle entraîne ses membres dans un système de valeurs qui les coupe du reste de l'humanité.

Lettres d'adieux

  • "Autobiographie spirituelle": dans cette lettre datĂ©e du , Simone Weil dresse le bilan de son parcours spirituel. ÉlevĂ©e dans une famille agnostique, elle est naturellement portĂ©e aux questionnement mĂ©taphysique. Ă€ 14 ans, en pleine crise, elle obtient la certitude intime qui ne la quittera plus dès lors que la vĂ©ritĂ© est accessible si l'intention et l'effort de connaĂ®tre sont assez forts: "n'importe quel ĂŞtre humain, mĂŞme si ses facultĂ©s naturelles sont presque nulles, pĂ©nètre dans ce royaume de la vĂ©ritĂ© rĂ©servĂ©e au gĂ©nie, si seulement il dĂ©sire la vĂ©ritĂ© et fait perpĂ©tuellement un effort d'attention pour l'atteindre" (page 39). Cette Ă©ducation se fait lentement, avec la dĂ©couverte du "Notre père" en grec ancien ou celle de la Bhagavad-Gita, mais aussi par la confrontation au "malheur" par l'expĂ©rience de l'usine et par le contrĂ´le des collectivitĂ©s, État comme Église, sur les forces de l'intelligence. L'exercice de l'intelligence est Ă©minemment individuel, et se rapproche, dans la religion, de la mystique.
  • La lettre du explicite l'autobiographie spirituelle. Une des causes du "malheur" est la tendance naturelle de l'homme Ă  faire du mal Ă  celui qu'il sent faible; si Simone Weil a pu se livrer au père Perrin, c'est parce qu'elle sentait en lui la capacitĂ© surnaturelle Ă  contrer cette tendance. L'autobiographie doit ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un exemple de "foi implicite". La foi, en effet, ne doit pas ĂŞtre nĂ©cessairement explicite, Simone Weil apparaissant comme une catholique hors de l'Église catholique, dès lors qu'ĂŞtre catholique, c'est "n'ĂŞtre reliĂ© par un fil Ă  rien qui soit crĂ©Ă©, sinon la totalitĂ© de la crĂ©ation" (page 80).

Exposés

  • "RĂ©flexions sur le bon usage des Ă©tudes scolaires en vue de l'amour de Dieu": les exercices scolaires n'ont d'autre but que de forger l'attention de l'ĂŞtre humain en formation. Cet effort d'attention est Ă  l'origine du dĂ©sir de vĂ©ritĂ© et ne diffère pas essentiellement de l'acte de la prière. L'Ă©tude doit donc ĂŞtre une "prĂ©paration Ă  la vie spirituelle" (page 91).
  • "L'amour de Dieu et le malheur": la douleur et la souffrance (d'ĂŞtre quittĂ© par exemple) sont partie intĂ©grante d'une relation vitale et, Ă  ce titre, sont du domaine divin. Le malheur est au-delĂ : il est le règne de l'absolue nĂ©cessitĂ© sur l'homme, qui "se dĂ©bat comme un papillon qu'on Ă©pingle vivant sur un album" (page 120). L'homme soumis au malheur pourtant doit savoir que mĂŞme Ă©loignĂ© infiniment du domaine spirituel, c'est l'orientation vers Dieu qui pourra le sauver.
  • "Formes de l'amour implicite de Dieu": ce texte de 90 pages dĂ©veloppe les diffĂ©rents modes de l'amour de Dieu:
    • amour du prochain: la relation la plus naturelle est d'abuser de son pouvoir dès que l'on en a, de mĂ©priser le plus faible que soi : "les hommes qui ne sont pas animĂ©s par la pure charitĂ© sont des rouages dans l'ordre du monde Ă  la manière de la matière inerte" (page 145). L'ordre de la sociĂ©tĂ© s'y est conformĂ© Ă  toutes les formes de mendicitĂ© et le fait pĂ©nal. La justice, qui refuse de profiter de son statut de supĂ©rioritĂ© est donc une vertu sur-naturelle. C'est le sens de l'amour du prochain de l'Évangile ou du tribunal du Livre des morts Ă©gyptien.
    • amour de l'ordre du monde : Dieu n'a pas crĂ©Ă© le monde par expansion de soi, mais par retrait de soi (thĂ©ologie nĂ©gative) ; de mĂŞme, l'homme doit perdre l'illusion d'ĂŞtre Ă  l'origine de l'ordre du monde, Ă  l'exemple des pratiques stoĂŻciennes, et renoncer Ă  sa volontĂ© propre, car le beau, comme le dit Kant, est la seule finalitĂ© sans fin. Le beau se recherche dans l'ordre du monde : dans tous les amours humains, dans le travail, les accomplissements de la science et de l'art, etc.
    • amour des pratiques religieuses : les cultes et prières des religions instituĂ©es sont des dĂ©veloppements de la pratique fondamentale de dire le nom de Dieu. Ils introduisent Ă  l'effort patient d'attention et Ă  l'impersonnalitĂ© de la vĂ©ritĂ© recherchĂ©e.
    • amitiĂ© : l'amitiĂ© vraie est le respect absolu de l'autonomie de l'autre. Toute idĂ©e de fusion doit ĂŞtre Ă©cartĂ©e.

Tous ces modes de l'amour de Dieu ne sont pas l'apanage de l’Église catholique. Ils sont une voie à la fois universelle et nécessaire de la connaissance de Dieu, sous peine de connaître Dieu dans l'irréalité.

  • "Ă€ propos du "Pater" (paraphrase du Notre Père dans le texte grec)
  • "Les trois fils de NoĂ© et l'histoire de la civilisation mĂ©diterranĂ©enne" : la civilisation mĂ©diterranĂ©enne est Ă  la confluence des descendants de Cham (l'Égypte et le culte d'Osiris), de Japhet (les Grecs) et de Sem (IsraĂ«l).

Concepts mis en avant

  • Le malheur: dĂ©couvert au cours de l'expĂ©rience de S Weil dans l'usine, c'est le stade oĂą la souffrance et la nĂ©cessitĂ© physique prennent le contrĂ´le de l'âme de l'homme qui les subissait. DĂ©sormais, sa vie s'apparente Ă  son malheur et nulle perspective spirituelle ne s'offrira Ă  lui. "Il est Ă©tonnant que Dieu ait donnĂ© au malheur la puissance de saisir l'âme elle-mĂŞme des innocents et de s'en emparer en maĂ®tre souverain" (page 101).
  • Effort d'attention et dĂ©sir de vĂ©ritĂ©: la pensĂ©e religieuse de S. Weil est tout entière tournĂ©e vers la dĂ©marche individuelle de la recherche de la vĂ©ritĂ© et non par exemple la description de l’Église ou de Dieu. La concentration en est la qualitĂ© fondamentale, que l'on retrouve dans l'attention de l'Ă©lève Ă  un problème Ă  rĂ©soudre, dans l'effort intellectuel de l'Ă©tudiant ou dans la mĂ©ditation de l'orant sur les mots qu'il rĂ©cite.
  • La foi implicite et la foi explicite: la foi implicite est la recherche de Dieu dont chacun sur terre est capable. Simone Weil insiste fortement sur la possibilitĂ© individuelle de vivre dans la grâce, c'est-Ă -dire de manière surnaturelle, quand bien mĂŞme une Ă©glise ou l’Église (catholique) ne l'aurait pas admis en son sein.

Éditions

Plaque commémorative pour Simone Weil au 3 rue du Bourbonnais à Vichy, où la philosophe a passé l'été 1940.
  • 1re Ă©d. Paris, La Colombe, Éd. du Vieux Colombier, 1950, 344 p.
  • RĂ©Ă©dition, Paris, Fayard, 1966.
  • Nouvelle rĂ©Ă©dition, PrĂ©face de Christiane RancĂ©, Paris, Albin Michel, 2016.

Références

    Annexes

    Liens externes

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