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Assemblée populaire des peuples de Oaxaca

L'Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO, en espagnol Asamblea Popular de los Pueblos de Oaxaca) est une coalition d'organisations syndicales, sociales, politiques et de communautés indigènes. Qui s'est formée le 27 juin 2006 à la suite de la tentative de délogement des autorités de l'État de Oaxaca de la place principale de la ville de Oaxaca de Juárez qu'ils occupaient selon eux pacifiquement depuis le .

L'objectif de l'APPO est la mise en place d'une démocratie du peuple participative au niveau des institutions locales. La condition sine qua non de l'arrêt de l'insurrection d'Oaxaca (en cours au 21 décembre) est d'obtenir la démission d'Ulises Ruiz Ortiz, gouverneur de l'État de Oaxaca, motivée en particulier sur la base d'accusations de malversations[1], en vue d'appuyer la campagne de Roberto Madrazo Pintado du Partido Revolucionario Institucional à l'élection présidentielle de 2006[2]. L'APPO est candidate à l'exercice d'un pouvoir de type nouveau, basé sur un programme de réforme et sur des forces armées concurrentes de l'État en place (voir la section revendications).

Quant aux méthodes d'action, aucune n'est exclue, et historiquement l'APPO s'est engagée dans des manifestations et occupations pacifiques et le boycottage de la fête traditionnelle du Lunes del Cerro (Guelaguetza), car organisée et financée par le gouvernement de l'État. Certains de ses membres ont cependant participé, pendant la période insurrectionnelle de l'État de Oaxaca et sa répression, à des incendies de bâtiments publics, des luttes contre les forces de l'ordre.

Le 10 avril 2008, 70 000 intĂ©grants de la section 22 du syndicat SNTE se sont mis en grève. Ils ont organisĂ© des marches dans tout l'État pour exiger de leur direction nationale le lancement d'une convocation sans conditions pour le renouvellement de son comitĂ© rĂ©gional (section 22 = Oaxaca). Des rĂ©clamations ont Ă©tĂ© Ă©mises contre la section 59 avec laquelle la section 22 est en conflit. Plus d'1,3 million d'Ă©lèves de 14 000 Ă©tablissements n'ont pas eu de cours[3] - [4].

Composition

Dépassant le cadre d'une grève d'enseignants de la section 22 du syndicat SNTE, la coalition s'est formée à partir de 365 associations de base parmi lesquelles des syndicats, des groupes de paysans et d'indigènes, ainsi que des mouvements de femmes[3].

Parmi les organisations composantes, on trouve entre autres :

  1. Consejo IndĂ­gena del Pueblo de Oaxaca-Ricardo Flores MagĂłn (CIPO-RFM)
  2. Comité de Defensa de los Derechos del Pueblo (CODEP)
  3. Front populaire révolutionnaire (FPR)
  4. Organisation indigène pour la défense des droits de l'homme à Oaxaca (OIDHO)
  5. Movimiento Unificada de Lucha Trici Independientes (MULTRI)
  6. XANICA
  7. Oaxaca Nueva Ciudadania

La coordination de l'ensemble étant assurée par des réunions mensuelles dans la capitale.

Revendications

  • En congrès, les rĂ©solutions dĂ©cidĂ©es par l'APPO concernent notamment la reconnaissance des droits des communautĂ©s indigènes Ă  l'autonomie (en violation de la Constitution de 1917) l'Ă©galitĂ© des sexes au pays des machos, la reprĂ©sentation politique, l'opposition au nĂ©olibĂ©ralisme et au Plan Puebla-Panamá (projet de l'ancien prĂ©sident Vicente Fox), la demande Ă  un programme d'enseignement alternatif, ainsi que la mise en place de mĂ©dias gĂ©rĂ©s collectivement.
  • Le manifeste du 15 septembre 2006 de l'APPO appelle Ă  la mise en place d'une « force organisĂ©e du peuple qui apporte des solutions Ă  ses demandes, qui veille Ă  ce que la fonction publique s'exerce dans la transparence en respectant toutes les populations, et qui impulse une dĂ©mocratie du peuple apportant une vĂ©ritable participation populaire dans la prise des dĂ©cisions ».

Critiques

  • L'organisation a Ă©tĂ© sĂ©vèrement critiquĂ©e au sein du Mexique pour ses mĂ©thodes violentes, spĂ©cialement dans le blocage de la ville d'Oaxaca de Juárez, qui a virtuellement arrĂŞtĂ© toute l'activitĂ© Ă©conomique de la ville lui causant des pertes pour plus de 450 millions de dollars. Lors du dĂ©logement des effectifs de l'APPO de la part de la Police fĂ©dĂ©rale, des manifestants ont incendiĂ© plusieurs monuments et bâtiments publics, dont certains faisaient partie de la Liste du patrimoine mondial. Les vandales et les pilleurs n'ayant rien Ă  voir avec une revendication politique honorable profitèrent des Ă©vĂ©nements pour mettre Ă  sac une grande partie de la ville au grand dam de la population.
  • L'APPO s'est caractĂ©risĂ©e par des luttes de pouvoir intestines.
  • L'APPO a aussi empĂŞchĂ© la rĂ©alisation du festival de la Guelaguetza (qui signifie en zapotèque Ă©change rĂ©ciproque de cadeaux et de services) ou fiestas del Lunes del Cerro, devenue avec le temps et le tourisme de masse une manifestation commerciale et une source de revenus mais aussi de rivalitĂ©s entre communautĂ©s villageoises, cette fĂŞte qui remonte au XVIe siècle est donnĂ©e en hommage Ă  la ville d'Oaxaca et consiste en la rĂ©union de reprĂ©sentants des sept rĂ©gions traditionnelles soit Valles centrales, la Sierra Juarez, la Cañada, Tuxtepec, la Mixteca, la Costa et isthme de Tehuantepec de l'État d'Oaxaca. Lorsque la commĂ©moration du dĂ©cès du premier prĂ©sident indigène du pays, Benito Juárez, tombe un lundi 18, la fĂŞte est reportĂ©e d'une semaine par respect pour lui.
  • Le fait que des Ă©trangers soient intervenus dans des affaires concernant un des États mexicains a Ă©tĂ© très mal perçu dans le pays et a sans doute desservi la cause de l'APPO.
  • La lutte menĂ©e par la section 22 du SNTE contre le gouverneur membre du PRI a momentanĂ©ment affaibli ce parti membre de l'internationale socialiste et discrĂ©ditĂ© une partie importante de la gauche aux yeux de la population, celle-ci pouvant voter pour les dĂ©mocrates chrĂ©tiens du PAN, qui lui promettent plus de sĂ©curitĂ© et de garanties pour les personnes et les biens.
  • Les parents d'Ă©lèves ont Ă©mis des critiques Ă  l'encontre des professeurs affiliĂ©s au SNTE dont le statut est particulièrement privilĂ©giĂ©, par exemple trois mois de salaire de primes par an (aguinaldo) alors que la Loi FĂ©dĂ©rale sur le Travail dans son article 85 n'en prĂ©voit que quinze ainsi que trois mois de vacances payĂ©es alors que la mĂŞme loi dans son article 76 ne prĂ©voit que six jours. 1,3 million d'Ă©lèves ont Ă©tĂ© privĂ©s de cours durant plus de six mois. Les parents qui le purent envoyèrent leurs enfants dans les Ă©coles des États voisins[5].

Notes et références

  1. « Gobierno de Ulises Ruiz, entre los más corruptos », sur imagendelgolfo.com.mx via Wikiwix (consulté le ).
  2. (es) « Cesan al edil de Zaachila tras frustrado desalojo de profesores », sur unam.mx (consulté le ).
  3. (en) Q&A: Crisis in Oaxaca - BBC News, 31 octobre 2006
  4. el Universal, MĂ©xico, 10 avril 2008 et presse d'Oaxaca mĂŞme jour
  5. La Cronica de Hoy et Noticias Vanguardia

Bibliographie

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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