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Arthur Bell Nicholls

Arthur Bell Nicholls (né à Killead le - mort le ) est le vicaire (curate) du révérend Patrick Brontë, le père de la célèbre famille littéraire des Brontë, qui donne plusieurs des plus grands écrivains de la Grande-Bretagne au XIXe siècle.

Arthur Bell Nicholls
Portrait d'Arthur Bell Nicholls, à l'époque de son mariage avec Charlotte Brontë, en 1854
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  87 ans)
Formation
Activité
Père
Unknown son Nichols (d)
Conjoint
Titre honorifique
Révérend (en)

En 1854, il épouse Charlotte Brontë, l'auteur de Jane Eyre, en dépit de l'opposition longtemps manifestée par Patrick Brontë et après avoir essuyé au moins un refus de Charlotte.

Biographie

Premières années

Né à Killead (comté d'Antrim, en Irlande) le 6 janvier 1819, Arthur Bell Nicholls est l'un des dix enfants d'un fermier presbytérien irlandais du nom de William Nichols (ou Nicholls), et de son épouse Margaret Bell, qui appartient, elle, à l'église anglicane. En 1825, Arthur et son frère Alan sont envoyés à la Royal Free School de Banagher, dirigée par leur oncle Alan Bell. Arthur Bell Nicholls est ensuite admis comme pensionnaire au Trinity College de Dublin, le 4 juillet 1836, pour n'en sortir avec son diplôme en poche qu'en février 1844[1].

Vicaire Ă  Haworth

Il est alors ordonnĂ© diacre Ă  Lichfield le 18 mai 1845, et devient le vicaire de Patrick BrontĂ« Ă  partir de juin 1845. Charlotte BrontĂ« en dit alors : « il semble ĂŞtre un jeune homme respectable, qui lit fort bien, et qui, je l'espère, donnera satisfaction Â»[1].

C'est un homme qui montre une certaine raideur, mais que l'on voit visiter les pauvres de la paroisse pratiquement tous les après-midi. Cependant, lorsqu'en 1847 il mène campagne pour que les femmes de Haworth cessent de faire sécher leur linge dans le cimetière, Charlotte note tristement que, lorsqu'il prend quelques vacances en Irlande, bien des paroissiens souhaitent qu'il ne revienne pas. Il s'attache peu à peu à Charlotte (auteur à cette époque de Jane Eyre), qui entretient parfois avec lui une correspondance amicale[1].

Mariage avec Charlotte Brontë

Photographie présumée de Charlotte Brontë, en 1854, l'année de son mariage.

En 1852, le 13 décembre, tremblant de la tête aux pieds, il demande la main de Charlotte, que Patrick Brontë, aussitôt averti, lui refuse avec violence[1], indigné qu'un pauvre pasteur irlandais puisse prétendre à la main de sa célèbre fille[2]. Il envisage alors en janvier 1853 de partir comme missionnaire dans les colonies d'Australie, à Sydney, Melbourne ou Adelaide ; mais Charlotte lui laisse entendre qu'elle n'est pas totalement insensible à sa passion. Exilé pendant plusieurs mois dans une autre paroisse, il finit par revenir à Haworth pour quelques visites, d'abord clandestines[1].

Peu à peu, en effet, Charlotte se laisse gagner et l'opposition de Patrick Brontë cède à un certain respect pour tant de constance. Fin février 1854, Patrick Brontë donne son accord à la correspondance et aux visites du prétendant[3]. Le mariage de Mr Nicholls et de Charlotte a lieu le 29 juin 1854. Cependant, Patrick Brontë, chez qui demeure une certaine réticence à l'égard d'Arthur, n'assiste pas au mariage dans sa propre église, et c'est Miss Margaret Wooler, l'ancienne maîtresse d'école de Charlotte, Emily et Anne à Roe Head, qui conduit Charlotte à l'autel[3].

Après la mort de Charlotte Brontë, le 31 mars 1855, Arthur Bell Nicholls demeure à Haworth pendant six ans, pour aider et assister Patrick Brontë, jusqu'à la mort de celui-ci le 7 juin 1861.

Retour en Irlande

La maison de Arthur Bell Nicholls Ă  Banagher de nos jours.

Arthur Nicholls s'en retourne alors dans son Irlande natale, à Banagher[N 1], dans le comté d'Offaly, où il a une maison appelée Hill House, et connue aujourd'hui sous le nom de Charlotte's Way.

Le 25 août 1864, il épouse une cousine, Mary Bell, part avec elle en voyage de noces au pays de Galles, et quitte l'église.

Il meurt en 1906 à l'âge de 88 ans. Après sa mort, Mary Bell Nicholls, à court d'argent, vend à la Brontë Society de nombreux souvenirs de la famille Brontë que Arthur avait précieusement gardés, dont le tableau de Branwell Brontë représentant les trois sœurs qui était resté plié en quatre au-dessus d'une armoire[4].

Personnalité et relation avec Charlotte Brontë

La personnalitĂ© de Arthur Bell Nicholls donne lieu Ă  des apprĂ©ciations diverses : Ellen Nussey, l'amie de Charlotte BrontĂ«, l'accuse d'ĂŞtre « un mauvais homme, qui a Ă©tĂ© la mort de (ma) chère Charlotte Â» (« that wicked man who was the death of dear Charlotte Â»)[5]. Patrick BrontĂ« s'oppose autant qu'il le peut au mariage, convaincu que Arthur Bell Nicholls ne mĂ©rite pas sa fille. D'autres, tels Elizabeth Gaskell le jugent bigot et rigide[6]. Mais, ajoute-t-elle, « [Miss BrontĂ«] n'aurait jamais pu ĂŞtre heureuse qu'avec un homme exigeant, rigide, lĂ©galiste et passionnĂ© Â» (« [Miss BrontĂ«] would never have been happy but with an exacting, rigid, law-giving, passionate man Â»)[7].

MĂŞme les deux meilleures amies de Charlotte BrontĂ« sont partagĂ©es : si Ellen Nussey est hostile Ă  Arthur Bell Nicholls, et dĂ©sapprouve la correspondance entre Charlotte et Arthur Ă  la suite du refus de dĂ©cembre 1852, Mary Taylor, elle, reproche Ă  Ellen Nussey de faire pression sur Charlotte pour qu'elle « renonce Ă  son propre choix sur un sujet d'une telle importance Â» (give up her choice in a matter so important)[3].

Cependant, le mariage paraît réussir ; les deux servantes du presbytère, Tabitha Aykroyd et Martha Brown, pensent que Charlotte est heureuse et sont tout à fait certaines que Arthur Bell Nicholls, lui, l'est[5].

Il est probable que Charlotte Brontë éprouve tout d'abord des sentiments ambivalents, ne serait-ce que parce qu'elle renonce à la liberté dont elle a bénéficié ; elle écrit à son ami Ellen Nussey pendant son voyage de noces :

« Je pense que ces femmes mariées qui poussent sans discernement leurs connaissances à se marier ... sont fort à blâmer. Pour ma part ... je peux seulement dire avec une sincérité et un sens plus profonds, ce que j'ai toujours dit en théorie : Attendons la volonté de Dieu. En vérité, en vérité Nell, c'est une chose étrange et solennelle et périlleuse pour une femme que de devenir une épouse. Le sort de l'homme est bien, bien différent. »

« I think those married women who indiscriminatingly urge their acquaintance to marry — much to blame. For my part — I can only say with deeper sincerity and fuller significance — what I have always said in theory — Wait God's will. Indeed — indeed Nell — it is a strange and solemn and perilous thing for a woman to become a wife. Man's lot is far — far different[8]. »

Cependant, leur relation s'approfondit rapidement et, le 26 dĂ©cembre 1854, elle peut Ă©crire : « il est mon cher garçon (my dear boy), bien certainement, et il m'est plus cher aujourd'hui qu'il ne l'Ă©tait il y a six mois[1]. Â»

Annexes

La tombe de Arthur Bell Nicholls Ă  Banagher (Ă  droite).

Notes

  1. Arthur Bell Nicholls est déjà revenu à Banagher en 1854, lors de son voyage de noces avec Charlotte Brontë

Références

  1. Charlotte Brontë, Margaret Smith, The Letters of Charlotte Brontë: 1852-1855, Oxford University Press, 2004, pages xxxv à xxxix
  2. Ann Dinsdale, Simon Warner, Brontë Parsonage Museum, The Brontës at Haworth, Frances Lincoln Ltd, 2006, page 37.
  3. Juliet Barker, The Brontës, 1995, pages 710 à 713, 715-716, 725-726, 729-730, 732, 735-736, 746, 748, 755, 758-759
  4. Harold Orel, The Brontës, University of Iowa Press, 1997, page 190.
  5. Marie Campbell, Strange World of the Brontes, Sigma Leisure, 2001, page 12
  6. Harold Orel, The Brontës, University of Iowa Press, 1997, page 232
  7. Helene Moglen, Charlotte Brontë: the self conceived, University of Wisconsin Press, 1984, pages 232 et 233
  8. Helene Moglen, Charlotte Brontë: the self conceived, University of Wisconsin Press, 1984, page 235

Bibliographie

  • (en) Ann Dinsdale, Simon Warner, BrontĂ« Parsonage Museum, The BrontĂ«s at Haworth, Frances Lincoln Ltd, , 160 p. (ISBN 978-0-7112-2572-5)
  • (en) Helene Moglen, Charlotte BrontĂ« : the self conceived, University of Wisconsin Press, , 256 p. (ISBN 978-0-299-10144-2)
  • (en) Charlotte BrontĂ«, Margaret Smith, The Letters of Charlotte BrontĂ«: 1852-1855, Oxford University Press, , 444 p. (ISBN 9780198185994)
  • (en) Juliet Barker, The BrontĂ«s, Londres, Weidenfeld & Nicolson, puis PhĹ“nix Giants, , 1002 p. (ISBN 978-1-85799-069-0)

Articles connexes

Liens externes

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