Art maya
L'art maya est considéré par certains comme étant le plus sophistiqué et le plus beau de toute l'Amérique précolombienne. Le style distinct de l'art maya qui se développe durant la période préclassique (1500 av. J.-C. à 250 apr. J.-C.), lors de l'Époque I et II, reçut les influences de la civilisation olmèque. D'autres civilisations mésoaméricaines, incluant Teotihuacan et les Toltèques, affectèrent l'art maya, qui atteignit son apogée durant la période de la civilisation classique ou Époque III (environ 200 à 900 apr. J.-C.). Les Mayas sont célèbres pour leur utilisation du jade, de l'obsidienne et du stuc.
Style et caractère
Quelques pièces de l'art maya sont de nature spirituelle, destinés à apaiser ou à s'attirer la faveur divine. La plupart des objets mayas qui sont parvenus jusqu'à nous sont d'origine funéraire ou rituelle. Les Mayas n'utilisaient pas d'outils métalliques ni de tour de potier ; cependant ils réussirent à créer des
700-850 apr. J.-C.
Lombards Museum
œuvres d'art hautement belles et détaillées. Souvent, l'art maya dépeint les divinités, les grands dirigeants, les héros légendaires, les scènes religieuses et la vie quotidienne occasionnellement. Le centre d'intérêt des œuvres d'art mayas se situe dans les figures humaines (que ce soit les divinités ou les mortels). Les animaux et les motifs stylisés sont destinés habituellement à décorer la poterie et d'autres objets. L'écriture maya, qui peut être considérée comme une forme d'art elle-même, apparaît sur la plupart des statues et des sculptures.
Formes d'art
L'art maya a de nombreuses formes, des minuscules pièces de jade sculpté aux gigantesques pyramides et stèles. La suprématie de la religion maya peut être discernée à travers toutes ces formes d'art. Beaucoup d'objets ont un propos spirituel ou religieux.
Céramique
La plupart du temps, les vases funéraires illustrent les épisodes mythiques qui ont l'inframonde pour cadre. Certaines images peintes sont à rapprocher de passages du Popol Vuh. On trouve fréquemment des scènes de cour où un haut personnage, assis sur son trône, reçoit l'hommage de sujets, accueille des guerriers, préside des sacrifices.
Encensoirs
L'encensement était une pratique religieuse courante chez les Mayas, comme dans de nombreuses autres sociétés mésoaméricaines. On a retrouvé des encensoirs (en espagnol 'incensario') dans des contextes très divers, qu'il s'agisse de temples ou de grottes. Les encensoirs en pierre sont rares. Les Mayas leur préfèrent des encensoirs en céramique, plus légers et plus mobiles. L'anthropologue Prudence M. Rice les divise en deux grandes catégories, selon qu'ils soient décorés ou non d'images.
Parmi les exemplaires à images, on compte plus de cent encensoirs particulièrement élaborés provenant des fouilles du Groupe de la Croix à Palenque. Leur nombre donne une idée de leur importance cérémonielle. Ils sont connus sous le nom d'encensoirs composés, car ils sont constitués de deux éléments : le piédestal et l'encensoir proprement dit. Ce dernier, de forme conique, était un petit récipient, dans lequel on brûlait du copal lors des rituels. D'une hauteur de 80 cm à 110 cm, les piédestaux ou porte-encensoir sont des cylindres creux sur lesquels sont fixées deux parties latérales de forme rectangulaire, appelées ailes. Leur décor est d'une grande richesse : une série d'éléments iconographiques est disposée verticalement. Le masque central, qui montre normalement le visage de l'un des dieux de la triade de Palenque, connus sous les noms de GI et G III. Le sujet le plus représenté est le soleil nocturne. D'autres piédestaux, moins nombreux, comportent des visages humains modelés de manière naturaliste, correspondant peut-être aux ancêtres de la dynastie de Palenque.
- Fragment d'encensoir représentant le dieu GIII.
- Porte-encensoir en provenance de Palenque.
- Porte-encensoir en provenance de Palenque.
Figurines
Des figurines en terre cuite existent dans le monde maya depuis le Préclassique. Au Classique récent se développe une tradition de figurines polychromes, dont un grand nombre provient de tombes sur l'île de Jaina près de la côte du Campeche. Retrouvées dans un contexte funéraire, elles sont généralement placées à la tête ou sur la poitrine du défunt[1]. Pour réaliser ces pièces, les Mayas ont eu recours à deux techniques. Ils ont commencé par façonner à la main des statuettes pleines. Afin de faire face à une demande croissante, ils ont ensuite réalisé des pièces creuses en série par moulage. Certaines de ces figurines sont des instruments de musique, sifflets ou ocarinas. En glissant de petites billes dans la partie creuse, on pouvait s'en servir également comme hochets. Les sujets sont variés, zoomorphes, anthropomorphes ou surnaturels. La gamme d'émotions et d'activités est bien plus variée que dans la sculpture monumentale. Guerriers, joueurs de balle, danseurs, chanteurs, femmes, vieillards, nains, sont saisis dans des attitudes réalistes de la vie quotidienne.
- Figurine-sifflet. L'embouchure du sifflet est visible à l'arrière.
- Tisserande
- Ivrogne
- Guerrier
- Couple
Sculpture
Sculpture sur pierre
On distingue la sculpture indépendante de la sculpture architecturale. La sculpture maya est généralement réalisée en bas-relief, mais elle peut être en ronde-bosse quand le matériau s'y prête.
Les premières sculptures monumentales apparaissent au Préclassique récent dans les Hautes-Terres sous forme de complexes stèle-autel sur les sites d'Izapa et de Kaminaljuyu. Sculptées en bas-relief, les stèles représentent des scènes mythologiques (Izapa) ou des figures probablement historiques. Les représentations humaines suivent certaines conventions : vue de profil et vision de face du torse. Les stèles sont accompagnées d '"autels" sculptés en forme de grenouilles.
Le Classique ancien voit les sites de la région du Peten prendre le relais des Hautes-Terres. Les stèles sculptées de personnages accompagnés d'inscriptions hiéroglyphiques et de dates en Compte long y sont le moyen de prédilection pour affirmer le pouvoir divin des souverains locaux dans un style où l'on reconnaît l'influence de la grande métropole du Mexique central, Teotihuacan. La stèle 29 de Tikal est la plus ancienne connue à ce jour. Le souverain est revêtu de la tenue de sa dignité et tient les insignes du pouvoir.
Le Classique récent voit de nombreux styles régionaux se développer. Les supports sont variés : linteaux, panneaux, marches d'escalier, trônes, montants de porte... La figure humaine prédomine.Le souverain est le centre du monde et le garant de l'ordre cosmique et se fait représenter comme tel. Il est mis en scène seul, ou en compagnie de membres de sa famille, de dignitaires ou de captifs. On utilisait majoritairement des matériaux locaux. La pierre la plus répandue est le calcaire, facile à extraire et à travailler, qui durcit ensuite. À Quirigua et Tonina, on disposait de grès, tandis qu'à Copan, on exploitait les qualités du tuf vert, tendre et malléable[2].
Bois
Le milieu tropical humide n'est pas propice à la conservation des objets en bois. Des milliers d'œuvres qui ont dû exister, il n'en subsiste qu'une poignée, dont une statue de nain en ronde-bosse originaire du Tabasco. Plusieurs linteaux en bois de sapotillier ont survécu à Tikal (temples II, III et IV, et Structure 10).
- Linteau 3 du Temple IV de Tikal
- Statue de nain.
Stuc
Le stuc, obtenu en mélangeant de l'eau et des gommes végétales avec du calcaire, est très apprécié pour la décoration des parois. Sa fabrication entraîne cependant une consommation importante de bois à brûler.
Le stuc est le mode d'expression de prédilection au Préclassique récent. Les façades sont décorées de grands masques en stuc qui flanquent les escaliers des édifices. À El Mirador, certains masques colossaux ont une largeur de 10 m et une hauteur de quelque 5 m. Les premiers ont été exhumés à Uaxactun dans les années 1920. Depuis lors, les découvertes se sont multipliées, sur les sites de Nakbe, Cerros, Lamanai ou encore Yaxuna.
À l'Époque classique, le stuc est largement utilisé pour la décoration sous forme de panneaux, de frises ou pour la décoration des crêtes faitières. Le stuc était appliqué sur une armature de mortier et de pierre.
Les artistes de Palenque excellaient en sculpture sur stuc. Ils ont tiré de ce matériau très plastique des œuvres d'un grand réalisme. Des portraits en stuc témoignent de leur intérêt pour la physionomie humaine, notamment le célèbre portrait du souverain K'inich Janaab' Pakal Ier et celui d'une femme, sans doute son épouse, retrouvés dans sa tombe, et sans doute arrachés d'une frise[3].
Jade
Les Mayas appréciaient le jade pour sa rareté et sa couleur verte qui évoque la végétation Il était associé à la fertilité, au dieu du maïs et à la résurrection. Les objets en jade étaient souvent transmis de génération en génération.
Parmi les objets les plus prestigieux figuraient les masques funéraires, composés de fines tesselles de jade (associées à des éléments de coquillages marins, d'obsidienne, d'hématite spéculaire ou de pyrite) collées sur une âme en bois, en pierre ou en stuc. Un des plus célèbres est le masque mortuaire du souverain de Palenque K'inich Janaab' Pakal, De tels masques funéraires ont été retrouvés dans des tombes sur d'autres sites, comme Calakmul, Dzibanché ou Tikal. La Sépulture 116, découverte dans le Temple I de Tikal, a livré un exceptionnel récipient en mosaïque de jade dont le couvercle représente la tête du défunt sous les traits du dieu du maïs.
La plus grosse sculpture en jade jamais retrouvée pèse 4,42 kg. Elle provient de Altun Ha[4]. De la simple perle à la statuette, il existe une grande variété d'artefacts travaillés en jade, principalement des bijoux (boucles d'oreille, colliers, pectoraux, bracelets, ornements de cheville) qui rehaussent le prestige royal, mais également diverses plaques.
Excentriques
Taillés dans le silex ou l'obsidienne, les excentriques sont une des formes les plus originales de l'art maya.
Bibliographie
- Claude-François Baudez, Les Mayas, Les Belles Lettres, (OCLC 300975564).
- Nikolai Grube, Les Mayas : Art et civilisation, Cologne, Könemann, , 480 p. (ISBN 978-3-8290-4244-4, BNF 37736840).
- (en) Mary Ellen Miller, Maya Art and architecture, Thames & Hudson, , 2e éd..
- (en) Prudence M. Rice, « Rethinking Classic Lowland Maya Pottery Censers », Ancient Mesoamerica, vol. 10, , p. 25-50.
- Dale M. Brown ed. Lost Civilizations: The Magnificent Maya. Alexandria, Virginia: Time-Life books, 1993.
- Carol Kaufmann. 2003. "Maya Masterwork". National Geographic December 2003: 70-77.
- Constantino Reyes-Valerio, "De Bonampak al Templo Mayor, Historia del Azul Maya en Mesoamerica", Siglo XXI Editores, 1993.
Références
- Grube 2004, p. 308
- Baudez 2004, p. 338
- Miller 2014, p. 111
- Baudez 2004, p. 102