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Art de la table coréen

L’art de la table corĂ©en et sa culture culinaire sont un systĂšme complexe de rĂšgles et de traditions qui diffĂšrent de celles des pays voisins car elles sont imprĂ©gnĂ©es par la culture et l’Histoire du pays. D’un point de vue sociologique, il s’agit de conventions qui sont partagĂ©es Ă  travers la sociĂ©tĂ© corĂ©enne et qui dictent la façon dont les repas sont prĂ©parĂ©s, prĂ©sentĂ©s et consommĂ©s.

Mettre la table

En fonction de la situation, la table corĂ©enne peut ĂȘtre dressĂ©e de diffĂ©rentes façons. Au quotidien les repas sont principalement composĂ©s de riz et de soupe servis individuellement et d’accompagnements placĂ©s au centre de la table Ă  portĂ©e de tous. Le nombre d’accompagnements est variable et peut aller jusqu’à douze. On dĂ©signera diffĂ©remment une table en fonction du nombre d’accompagnements servis. Ainsi on peut parler de “samcheopbansang” (trois plats), “ocheopbansang” (cinq plats), “chilcheopbansang” (sept plats), “gucheopbansang” (neuf plats) ou “shibisheopbansang” (douze plats).

Pour les festivitĂ©s, chaque cĂ©rĂ©monie est reprĂ©sentĂ©e par un plat spĂ©cifique. Pour les anniversaires on sert de la soupe d’algues, de la soupe aux gĂąteaux de riz pour le nouvel-an lunaire (Seollal) et pour Chuseok (aussi connu sous le nom du Thanksgiving corĂ©en) c’est le Songpyeon, un type de gĂąteau de riz, qui est Ă  l’honneur. Pour le solstice d’hiver la tradition est de cuisiner du riz et des haricots rouges dont les restes aprĂšs le repas sont rĂ©pandus autour du foyer et sur le pas de la porte pour Ă©loigner les mauvais esprits.

Une autre occasion de dresser une table dans la culture corĂ©enne est lors des cĂ©rĂ©monies d’hommages aux ancĂȘtres (ces cĂ©rĂ©monies ont principalement lieu Ă  Chuseok). Pour cette occasion la famille doit dresser la table appelĂ©e Jesa pour rĂ©aliser Charye, le rituel d’offre de nourriture aux ancĂȘtres. Pour montrer le respect les offrandes sont prĂ©sentĂ©es sur des plats surĂ©levĂ©s sur pieds. La nourriture offerte ne doit contenir ni ail, ni oignons, ni poireaux ou piment. Le poisson doit ĂȘtre prĂ©sentĂ© entier et il faut de l’alcool de riz prĂ©sent sur la table Ă©galement.

Les rĂšgles autour de la table

En CorĂ©e, les traditions en termes d’étiquette autour de la table sont profondĂ©ment inspirĂ©es par les prĂ©ceptes confucĂ©ens prĂŽnant la dĂ©fĂ©rence aux aĂźnĂ©s et de traiter la nourriture avec respect. Un exemple de rĂšgles appliquĂ©es aux cours des siĂšcles peut ĂȘtre observĂ© dans les Ă©crits retrouvĂ©s dans le temple Saso construit au XVIIIe siĂšcle : « peu importe Ă  quel point vous ĂȘtes occupĂ©, vous devez vous asseoir Ă  table dĂšs qu’elle est installĂ©e[1]. Ne permettez pas Ă  la nourriture de refroidir ou Ă  la poussiĂšre de se dĂ©poser sur le repas » ; « peu importe Ă  quel point vous ĂȘtes en colĂšre, ne laissez pas tomber votre cuillĂšre et vos baguettes et ne rĂąlez pas. MĂȘme si le riz ou la soupe sont chauds ne soufflez pas dessus, ne cognez pas contre le bol avec vos baguettes et ne faites pas de bruit en mangeant dans le bol avec votre cuillĂšre. » ; « aussi, aprĂšs avoir fini de manger reposez votre cuillĂšre de façon Ă  ce qu’elle ne dĂ©passe pas du rebord de la table car en la soulevant la cuillĂšre risquerait de tomber ».

Certaines de ces rĂšgles sont toujours respectĂ©es aujourd’hui, en voici quelques exemples :

  • Il ne faut pas se pencher trop au-dessus du bol de nourriture
  • En amenant la nourriture Ă  sa bouche, le faire en retrait du plat
  • Faire attention Ă  ne pas tremper ses manches dans les plats en se servant
  • Lors d’un dĂźner avec plusieurs convives, ne pas reposer ses couverts le premier et se lever avant les autres. Il faut reposer ses couverts dans son bol et lorsque plusieurs personnes ont fini leur repas on peut dĂ©poser les couverts sur la table et se lever avec le groupe.
  • On ne peut prendre ses couverts qu’une fois que l’aĂźnĂ© a pris les siens pour attaquer le repas.
  • Ne pas tenir les baguettes et la cuillĂšre dans la mĂȘme main
  • Ne pas boire la soupe Ă  mĂȘme le bol
  • Ne pas mettre la cuillĂšre profondĂ©ment dans sa bouche et ne pas mettre une cuillĂšre utilisĂ©e dans un plat oĂč plusieurs personnes se servent
  • Ne pas souffler sur le riz ou la soupe mĂȘme s’ils sont chauds et ne pas cogner le bol ou les plats avec les baguettes
  • Ne pas faire de bruit en mangeant

Histoire

La culture culinaire corĂ©enne a Ă©voluĂ© en suivant les courants historiques. Quand le Bouddhisme s’est imposĂ© durant la pĂ©riode dite des Trois Royaumes (Ier siĂšcle av. J.-C. - VIe siĂšcle) la consommation de viande a fortement baissĂ© sous l’influence des prĂ©ceptes religieux et le nombre de recettes Ă  base de lĂ©gumes a fortement augmentĂ©. Plus tard lors de l’ùre Joseon (1392 -1910) ce sont les dogmes confucianistes qui ayant pris beaucoup d’importance ont influĂ© sur les habitudes culinaires corĂ©ennes en voyant l’avĂšnement de l’utilisation des baguettes et de la cuillĂšre comme recommandĂ© dans les Ă©crits de Confucius. Mais le fait historique qui marqua durablement la cuisine corĂ©enne fut l’importation du piment au XVIIe siĂšcle et la crĂ©ation de la pĂąte de piment (Gochujang). C’est Ă  partir de cette pĂ©riode que la vaisselle et le dressage de la table ont pris une dimension plus artistique. En hiver on utilise des plats en cuivre alors que l’étĂ© on prĂ©fĂšre servir le repas dans les plats en porcelaine. DiffĂ©rentes tailles et formes de plats sont crĂ©Ă©s pour s’adapter Ă  chaque prĂ©paration. La disposition du couvert se codifie avec le bol de riz Ă  gauche, la soupe Ă  droite et tout Ă  droite les baguettes et la cuillĂšre. Les sauces sont placĂ©es au centre de la table et les plats et accompagnements tout autour. La forme et la couleur des ingrĂ©dients dans les plats ont aussi commencĂ© Ă  prendre une grande importance Ă  cette pĂ©riode-lĂ .

Symbolisme

Une autre des spĂ©cificitĂ©s de l’art de la table corĂ©en est l’importance de la symbolique exprimĂ©e Ă  travers les plats. Ainsi un des exemples les plus emblĂ©matiques est le Bibimbap qui consiste en un bol de riz agrĂ©mentĂ© de plusieurs lĂ©gumes, de viande, parfois d’un Ɠuf et assaisonnĂ© avec de la pĂąte de soja et de l’huile de sĂ©same. La prĂ©sentation du plat est extrĂȘmement importante car chaque Ă©lĂ©ment a sa propre symbolique. Suivant le concept corĂ©en de l’harmonie, chaque ingrĂ©dient reprĂ©sente une des cinq couleurs fondamentales dĂ©finies dans la notion appelĂ©e Eumyang plus connue sous son nom chinois de Yin et Yang. Le blanc, le jaune et le rouge sont des couleurs du Yin et le bleu et le noir sont les couleurs du Yang. Chaque couleur correspond Ă  une partie du corps sur laquelle elle a un effet bĂ©nĂ©fique. Le jaune pour l’estomac avec la carotte ou la courge favorisant la digestion, le vert ou le bleu pour le foie reprĂ©sentĂ© par les Ă©pinards ou   l’armoise, le blanc par l’ail ou les fleurs de campanule. La particularitĂ© de la couleur rouge est qu’en plus d’ĂȘtre liĂ©e au cƓur elle sert Ă©galement Ă  Ă©loigner le mauvais sort et le chagrin, elle est reprĂ©sentĂ©e par le piment ou le jujube. Enfin la couleur noire qui est liĂ©e aux reins est prĂ©sente Ă  travers les champignons, les algues ou les fougĂšres.

Notes

  1. À cette Ă©poque et encore parfois aujourd’hui la table Ă©tait dressĂ©e en cuisine sur une lĂ©gĂšre table basse en bois qui Ă©tait ensuite emmenĂ©e dans la salle Ă  manger.

Sources et références

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