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Art asturien

Pour situer l'Art asturien il suffit de prendre deux références, l'une spatiale (la péninsule ibérique adjacente à la mer cantabrique, libérée de l'occupation musulmane) et l'autre temporelle (de la fin du VIIIe siècle jusqu'au début du Xe siècle).

Mais si on veut le définir un peu plus, on doit exposer certaines de ses caractéristiques, comme :

  • le dĂ©sir de rappeler les gloires du royaume wisigoth de Tolède, dont les rois des Asturies se considĂ©raient les hĂ©ritiers ;
  • la relation intime avec le pouvoir royal : on a aussi appelĂ© cet art « l'art de la monarchie asturienne Â» ;
  • la prĂ©dominance de l'architecture, fondamentalement voĂ»tĂ©e, sur les autres arts.

L'orfèvrerie asturienne

L'orfèvrerie qui nous est parvenue, toujours à caractère religieux, nous offre le panorama authentique de cet art splendide.

La Croix de la Victoire

La Croix de Los Angeles, qu'Alphonse II le Chaste (791-835) a offert en l’an 808 à la cathédrale d'Oviedo, porte une inscription menaçante : « quiconque oserait me l'enlever d'où ma libre volonté d’en faire don, qu’il soit foudroyé par un rayon divin ». C'est un reliquaire sous forme de croix grecque, qui rappelle les prototypes hispano-gothiques ou carolingiens, avec un disque dans le centre ; l'âme de bois est plaquée d'or, rehaussé de cabochons et de camées antiques.

Plus grande, élégante et somptueuse est la Croix de la Victoire, faite par le roi Alphonse III le Grand (866-910), en l’an 908. De structure semblable à la précédente, elle s'en distingue par l'emploi d'émaux. Cette technique (d'origine byzantine à travers des influences mozarabes), a été postérieurement utilisée pour le Coffret aux Agates, du roi Fruela II en l’an 910 et offert à la Cathédrale d'Oviedo. Il s'agit d'un coffret en bois, avec des onyx, des émaux rouges et bleus et des pierres précieuses, qui forment des représentations abstraites évoquant un luxe barbare qui se rattache à la tradition wisigothe, encore plus directement que l'architecture.

Un autre Coffret, celui de la cathédrale d'Astorga utilise aussi cette technique et les motifs de la Croix de la Victoire, bien qu'on ait préféré à cette occasion l'argent doré, avec des représentations d'anges, l'Agneau divin, et le Tétramorphe, entre des motifs végétaux.

Voir Le trésor de la Càmara Santa.

L'Architecture religieuse

Santianes de Pravia

Dans l'architecture on souligne les points suivants :

  • les pierres de taille, la maçonnerie et la brique dans les parois, rĂ©servant les pierres de taille pour les coins et les Ă©lĂ©ments de renforcement.
  • l'arc en demi-point, cintrĂ© ou non, et la toiture en arrondi, renforcĂ©e au moyen d'arcs.
  • la paroi composĂ©e, arcatures aveugles Ă  l'intĂ©rieur et en Ă©trier ou butĂ©es Ă  l'extĂ©rieur.
  • la dĂ©coration intĂ©rieure avec des fresques aux thĂ©matiques diverses.
  • les bases dĂ©corĂ©es, les bois sculptĂ©s et les chapiteaux enrichis, tout cela pour rehausser les colonnes.
  • dans les bâtiments religieux et de manière prĂ©dominante, le plan basilical Ă  trois nefs (sĂ©parĂ©es par des arcatures sur les piliers) et tĂŞte tripartite, avec des absides de plans rectangulaire, la centrale Ă©tant la plus vaste.
  • dans la partie supĂ©rieure de l'abside centrale, un espace ouvert Ă  l'extĂ©rieur par une fenĂŞtre sans communication interne, dont la fonction n'a pas pu ĂŞtre dĂ©finie, bien qu'elle puisse ĂŞtre une simple ressource plastique pour maintenir l'harmonie des volumes extĂ©rieurs de l’église.

On distingue trois périodes :

  • La pĂ©riode pre-Ramiro (791-835)
  • La pĂ©riode de Ramiro (842-850)
  • La pĂ©riode post-Ramiro (850-910)

La période Pré-Ramirense

On se réfère ici à la période comprise entre 791 et 835, correspondant au règne Alphonse II le Chaste qui essaya d'imiter le royaume wisigoth de Tolède, depuis sa capitale d'Oviedo. Ce roi construisit la Cámara Santa, seul reste de l'enceinte palatiale. C’est un petit bâtiment en deux parties : la première, voûtée, est destinée à garder des reliques, et la seconds, l'oratoire, a été modifiée à l’époque romane, quand on a ajouté la voûte.

San Julián de los Prados, la nef et les fresques

Il a aussi fait construire près de la capitale, l'église San Julián de los Prados, ou el Santullano, église qui présente clairement définis les caractères propres de ce style :

  • Elle est de plan basilical, Ă  trois nefs sĂ©parĂ©es par des piliers carrĂ©s soutenant des arcs en demi-point. Elle prĂ©sente un transept d'une hauteur remarquable, et le jubĂ©, qui sĂ©pare la partie rĂ©servĂ©e au clergĂ© du reste de l’église, peut rappeler l'organisation d'un arc de triomphe.
  • Il se dĂ©tache de cette Ă©glise une magnificence et une originalitĂ© qui s’écartent des modèles wisigoths. Mais sans doute, ce qui attire le plus, c’est le dĂ©cor pictural : des fresques dans trois corps superposĂ©s, avec dĂ©coration architectonique qui marque une claire influence romaine.
  • Il s'agirait plutĂ´t d'une Ă©glise monastique et non palatiale, bien qu'on rĂ©serve pour le roi une tribune dans le transept.

Appartiennent aussi à cette période les églises de San Tirso et de Santa María de Bendones.

La période de Ramiro

Avec Ramiro Ier (842-850), l'art asturien atteint son apogée, malgré la brièveté de ce règne. Les constructions représentant le mieux cette période sont celles du Monte Naranco.

L’église de Santa María del Naranco, est considérée comme la salle du trône ou l’Aule Regia du roi Ramiro (bien que l'absence d'une abside pour placer le trône complique cette utilisation). C’était sa résidence suburbaine, et comme telle, elle fut restaurée, à partir de sa réutilisation comme église rurale, après le transfert de la capitale du royaume à León, en 913.

  • L'Ă©tage infĂ©rieur est une salle couverte, sans fenĂŞtres, divisĂ©e en trois : la pièce centrale pour la garde et les servitudes, la seconde comme chapelle royale privĂ©e, et la troisième pour les bains.
  • L'Ă©tage supĂ©rieur, auquel on accède par des escaliers extĂ©rieurs, est un grand salon rectangulaire, ouvert Ă  ses extrĂ©mitĂ©s par une triple arcade. La dĂ©coration est d'influence nettement nordique ou germanique, avec des arcs très cintrĂ©s et des moulures taillĂ©es en imitant des Ĺ“uvres de bois ou d’orfèvrerie.
San Miguel de Lillo

L’église San Miguel de Lillo, était l'église palatiale de Ramiro Ier, comme en témoigne sa décoration sculptée. Elle conservait un morceau de la Sainte Croix, la relique la plus sacrée de l'ancien trésor wisigoth.

  • Ses caractĂ©ristiques principales sont les parties voĂ»tĂ©es, la lĂ©gèretĂ© des supports et la tribune destinĂ©e au monarque.
  • Elle possĂ©dait trois nefs, mais on conserve seulement le porche avec deux espaces et le premier tronçon des nefs.
  • On doit souligner les jambages des portes, qui incluent probablement une reprĂ©sentation du monarque lui-mĂŞme, et dont le dĂ©cor annonce la pĂ©riode romane.

L’église Santa Cristina de Lena, peut-être d'origine wisigothe, fut réformée par Ramiro Ier. Sa caractéristique principale est son jubé, formée par trois arcs de pierre reposant sur quatre colonnes de marbre, avec des éléments wisigoths, qui séparait le presbytère de la nef principale.

Les caractéristiques des constructions que l’on vient d'énumérer font que quelques auteurs parlent de "préroman" ou de "proto-roman" ; mais bien que les formes et solutions architecturales paraissent le confirmer, il semble que ce qui est authentiquement roman en Espagne a puisé à des sources différentes.

La période Post-Ramirense

On inclut ici la période du règne d’Alphonse III le Grand, (866–910) qui a connu des influences directes de la période wisigothe, étant donné le contact avec les constructions antérieures, dû à l'avance chrétienne et au repli musulman. Certains auteurs parlent pourtant d’une stagnation ou d'un isolement de l'art asturien.

San Salvador de ValdediĂłs

L’église de San Salvador de Valdediós, est une église à trois nefs, à triple toiture, avec des chapelles voûtées au-dessus des absides rectangulaires et un porche latéral ajouté postérieurement, ce qui est devenu une constante dans l'architecture hispanique. Dans les fenêtres à claustras, on remarque des dessins rappelant ceux des chaînes des couronnes du trésor de Guarrazar.

L’église de San Adriano du Tuñón possédait une structure à trois nefs, séparées par des piliers, porche tripartite et des chapelles dans les extrémités des nefs latérales. Cette église est celle qui s’écarte plus des traditions de l'art asturien classique.

Appartiennent aussi à cette période les églises de San Salvador Priesca, de Santiago de Gobiendes et de San Pedro de Nora.

Voir aussi

Articles connexes

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