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ApoxyomĂšne de Croatie

L’ApoxyomĂšne de Croatie (en croate: Hrvatski Apoksiomen) est une sculpture hellĂ©nistique en bronze, fondue au -IIe ou -Ier siĂšcle avant l'Ăšre commune, dĂ©couverte en 1996 au fond de la mer Adriatique, prĂšs de l'Ăźlot croate de Vele Orjule, au sud-est de l'Ăźle de LoĆĄinj (baie de Kvarner). Il reprĂ©sente un athlĂšte « ApoxyomĂ©nos », c'est-Ă -dire en train de gratter la sueur et la poussiĂšre de son corps avec le petit instrument incurvĂ© appelĂ© strigile.

ApoxyomĂšne de Croatie
Artiste
Inconnu
Date
Ie siĂšcle av. J.-C.
Type
Matériau
Hauteur
192 cm
Mouvement
Localisation
Coordonnées
44° 32â€Č 05″ N, 14° 28â€Č 01″ E
Carte

Une fois retirĂ© de la mer en 1999, l’ApoxyomĂšne de Croatie a Ă©tĂ© largement restaurĂ©. Il n'a pas Ă©tĂ© exposĂ© au public avant 2006. Il est le plus complet et le mieux conservĂ© des huit statues connues d'ApoxyomĂšne.

DĂ©couverte

L'ApoxyomÚne a été découvert en 1996 par un touriste belge, René Wouters, prÚs de l'ßlot de Vele Orjule, sur le fond sableux de la mer Adriatique, entre deux rochers, à une profondeur d'environ 45 mÚtres. René Wouters, grand plongeur sportif et photographe amateur qui visitait la Croatie et l'ßle de Loƥinj depuis plusieurs années, a découvert la statue par hasard au cours d'une de ses plongées[1] - [2] - [3]. Il en a informé le ministÚre croate de la Culture en 1998. Il était présent quand une équipe de plongeurs du ministÚre de la Culture et du musée archéologique de Zadar, la police spéciale et une entreprise de transport spécialisée ont retiré la statue du fond de la mer, le 27 avril 1999[4].

Reconstitution montrant la statue au moment de sa découverte.

Restauration

L'ApoxyomĂšne, une fois sorti de la mer, Ă©tait couvert d’organismes marins. Les scientifiques n'ont pas utilisĂ© d'agents chimiques pour les Ă©liminer : seuls des outils Ă  main mĂ©caniques de prĂ©cision (et des machines occasionnellement) ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans le processus de conservation, qui Ă©tait le premier du genre en Croatie. Les fissures et les brisures ont Ă©tĂ© rĂ©parĂ©s et une structure spĂ©cialement conçue pour supporter toute la statue de l'intĂ©rieur a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e[5].

Apparence et typologie

L'ApoxyomÚne de Croatie mesure 1,92 m de haut et repose sur une base en bronze originale de 10 cm de haut décorée d'ornements carrés et en croix gammées. Les historiens d'art Nenad Cambi, de Split, et le professeur Vincenzo Saladino, de l'Université de Florence, pensent que cette statue en bronze date du IIe ou du Ier siÚcle avant notre Úre[3]. L'auteur est inconnu, mais la beauté de la statue, ainsi que la qualité de la fonte, indiquent un artiste et un fondeur hautement qualifiés[6].

Une statue similaire, trouvĂ©e en 1896 Ă  ÉphĂšse, est conservĂ©e au Kunsthistorisches Museum de Vienne. L'ApoxyomĂšne de Croatie est diffĂ©rent du type de l'ApoxyomĂšne du Vatican de Lysippe, principalement parce que l'athlĂšte croate tient ses mains au niveau de la hanche et non de l'avant-bras. Un plus grand nombre de dĂ©couvertes fragmentaires de ce type montre la popularitĂ© de cette figure dans l'AntiquitĂ©. L'ApoxyomĂšne du Vatican a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© crĂ©Ă© comme une variation de style du thĂšme de Lysippe. Parmi les huit statues connues d'ApoxyomĂšne, la statue croate est la plus complĂšte et la mieux conservĂ©e[3] - [7].

Analyse

Des fragments de bois, des brindilles, quelques graines de fruits, des olives dénoyautées et des cerises, ainsi que le nid d'un petit rongeur ont été trouvés à l'intérieur de l'ApoxyomÚne. Une datation au radiocarbone des matériaux organiques trouvés à l'intérieur de la statue indique que la statue n'est pas tombée à la mer immédiatement aprÚs sa fabrication, mais selon les résultats, son immersion se situerait entre 20 av. J.-C. et 110 apr. J.-C.[5].

Une vaste recherche sous-marine sur une surface de 50 000 mĂštres carrĂ©s autour du lieu de la dĂ©couverte, Ă  l'aide de sondes robotiques et de dĂ©tecteurs de mĂ©taux, a rĂ©vĂ©lĂ© des fragments de la base en bronze de la statue, une barre d'ancrage en plomb et des restes d'amphores. Les dĂ©couvertes n'indiquant pas un naufrage, les chercheurs pensent que l'ApoxyomĂ©nos a Ă©tĂ© jetĂ© Ă  la mer par un navire marchand romain lors d'une tempĂȘte, mais la raison reste mystĂ©rieuse[5][8].

Au dĂ©but du IIe siĂšcle de notre Ăšre, cet ApoxyomĂšne Ă©tait dĂ©jĂ  considĂ©rĂ© comme une antiquitĂ©. Il Ă©tait peut-ĂȘtre en train d'ĂȘtre transportĂ© dans l'une des grandes villes de l'Adriatique septentrionale, telles qu'AquilĂ©e, Trieste, Ravenne, Pula ou Parentium. Une des premiĂšres villas romaines avec thermes dans la baie de Verige sur l'Ăźle de Veli Brijun fait Ă©galement partie des destinations possibles[3] - [5][8].

Depuis la dĂ©couverte, les archĂ©ologues sont divisĂ©s sur la question de savoir si le modĂšle Ă©tait gaucher ou droitier. Lors de la visite de l'exposition « Apoxyomenos Â» au Palazzo Medici Riccardi, le ministre italien de l'Éducation, Giuseppe Fioroni, a conclu que le modĂšle Ă©tait gaucher. Il a basĂ© ses observations sur le fait que les muscles de l'Ă©paule gauche du modĂšle sont plus dĂ©veloppĂ©s que ceux de droite[5].

L'archéologue croate Nenad Cambi a analysé le type de corps et les proportions de la statue et a conclu, sur la base du développement musculaire du haut du torse, qu'ils sont trÚs probablement ceux d'un lutteur[9].

Cambi a contestĂ© la classification et la dĂ©nomination de la sculpture. À son avis, « ApoxyomĂšne Â» n'est pas le nom le plus appropriĂ© pour cette statue, car le modĂšle est occupĂ© Ă  nettoyer l'instrument de grattage, et non son corps. À cet Ă©gard, cette statue est diffĂ©rente des autres, Ă  l’exception de celle de Vienne, dĂ©couverte en 1896. Selon lui, cette statue est aussi mal classĂ©e. Cambi soutient que le nom correct pour ce type de statue serait le « nettoyeur de strigile Â»[10].

Expositions

L'ApoxyomÚne exposé au Louvre.

AprĂšs des annĂ©es de dessalement et de restauration minutieuse, l'ApoxyomĂšne a Ă©tĂ© exposĂ© au musĂ©e archĂ©ologique de Zagreb du 18 mai au 17 septembre 2006. Du 1er octobre 2006 au 30 janvier 2007, il a Ă©tĂ© exposĂ© au Palazzo Medici Riccardi (Italie), oĂč il a Ă©tĂ© vu par environ 80 000 personnes augmentant considĂ©rablement le nombre de visites du Palais[11]. Au cours des deux annĂ©es suivantes, l'ApoxyomĂšne a Ă©tĂ© de nouveau exposĂ© au musĂ©e archĂ©ologique de Zagreb.

En 2007, l'ApoxyomÚne a reçu le prix du patrimoine culturel de l'Union européenne, Europa Nostra[3].

AprÚs son retour à Zagreb en 2007, l'ApoxyomÚne a été exposé dans de nombreux musées internationaux, notamment au British Museum à Londres et au J. Paul Getty Museum à Los Angeles :

  • 21 fĂ©vrier - 20 avril 2008, Osijek, MusĂ©e archĂ©ologique d'Osijek
  • 28 avril - 30 juin 2008, Rijeka, MusĂ©e maritime et d'histoire du littoral croate
  • 8 juillet - 1er dĂ©cembre 2008, Split, MusĂ©e ethnographique de Split
  • 31 mars - 7 septembre 2010, Zadar, MusĂ©e du verre antique
  • 15 septembre 2010 - 30 janvier 2011, Zagreb, Galerie Klovićevi Dvori
  • 3 mars - 30 mai 2011, MusĂ©e de la ville de Ljubljana, SlovĂ©nie
  • 2 fĂ©vrier - 4 novembre 2012, Zagreb, MusĂ©e Mimara[12]
  • 22 novembre 2012 - 25 fĂ©vrier 2013, Paris, MusĂ©e du Louvre.
  • TĂȘte de l'ApoxyomĂšne
    TĂȘte de l'ApoxyomĂšne
  • Torse
    Torse
  • Dos
    Dos
  • Pieds et ornements de la base
    Pieds et ornements de la base

Le musée de l'ApoxyomÚne

En février 2007, le Premier ministre croate, Ivo Sanader, avait plaidé en faveur du déplacement de l'ApoxyomÚne sur l'ßle de Loƥinj, prÚs de laquelle il a été retrouvé[13].

En octobre 2007, le Conseil du patrimoine culturel a décidé à l'unanimité que la statue serait transférée dans un tout nouveau musée de l'ApoxyomÚne, construit en complément du palais historique du Kvarner à Mali Loƥinj. Cette décision a été soutenue par le ministÚre de la Culture.

Depuis le 30 avril 2016, l'ApoxyomĂšne est donc conservĂ© au musĂ©e qui porte son nom, Ă  Mali LoĆĄinj. Selon les plans des architectes SaĆĄa Randić et Idis Turato, le musĂ©e fut construit de 2009 Ă  2016, pour un coĂ»t d'environ 20 millions de kuna (environ 2,6 millions d'euros)[14] - [15].

Notes

  1. (hr) « Preminuo nalaznik Apoksiomena, belgijski ronilac René Wouters », sur H-r-z.hr, Croatian Conservation Institute, (consulté le )
  2. Ante Rendić-Miočević, « Europa – Visit Croatia - Apoksiomen » [archive du ], sur Posta.hr, Croatian Post (consultĂ© le )
  3. « The Croatian Apoxyomenos », sur H-r-z.hr, Croatian Conservation Institute, (consulté le )
  4. « LoĆĄinjski Apoksiomen plijeni paĆŸnju u Los Angelesu », sur Radio.hrt.hr, Croatian Radiotelevision, (consultĂ© le )
  5. (hr) « Kip Apoksiomena izbačen s rimskog broda tijekom oluje », sur Min-kulture.hr, Croatian Ministry of Culture (consultĂ© le )
  6. (hr) Government of Croatia, « Odluka o davanju suglasnosti na Ugovor o osnivanju Muzeja Apoksiomena » [archive du ], (consulté le )
  7. « Zaƥto Loƥinj? | Apoksiomen », sur Visitlosinj.hr, (consulté le )
  8. Cambi 2007, p. 105–107.
  9. Cambi 2007, p. 98–99.
  10. Cambi 2007, p. 88, 95.
  11. (hr) « Ministar BiĆĄkupić otvorio izloĆŸbu "Hrvatski Apoksiomen" », sur Min-kulture.hr, Croatian Ministry of Culture, (consultĂ© le )
  12. (hr) « Hrvatski Apoksiomen » [archive du ], sur Mimara.hr, Mimara Museum (consulté le )
  13. (hr) « Premijer se jučer na Vladi zaloĆŸio da se remek-djelo antičke umjetnosti smjesti na otok u čijem je akvatoriju pronađeno », sur Novi list, (consultĂ© le )
  14. (hr) « Prije mira u muzeju, antički Apoksiomen mora 'odraditi' turneju od Londona do Los Angelesa », sur Jutarnji.hr, (consultĂ© le )
  15. (hr) HINA, « Turistički simbol LoĆĄinja: Muzej Apoksiomena bit će otvoren 30. travnja », Novi list,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Hrvatski Apoksiomen / Apoxyomenos croate, catalogue de l'exposition, (Ă©d.) M. Domijan, I. KarniĆĄ, Zagreb, 2006, deuxiĂšme Ă©dition rĂ©visĂ©e 2008
  • Apoxyomenos : l'athlĂšte de Croatie / Apoxyomenos: l'Atleta della Croazia, catalogue de l'exposition, (Ă©d.) Maurizio Michelucci, Florence, 2006

Liens externes

Articles connexes

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