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Apollo Guidance Computer

L'Apollo Guidance Computer (AGC) est l'ordinateur embarqué de navigation et de pilotage installé dans les vaisseaux spatiaux des missions Apollo. Il a été conçu par la société MIT Instrumentation Laboratory sous la direction de Charles Stark Draper avec le matériel de conception dirigée par Eldon C. Hall. La fabrication de l'ordinateur était confiée à la société Sperry tandis que la programmation était réalisée au MIT. C'est le premier ordinateur à avoir recours aux circuits intégrés (CI). Il y avait un AGC dans le module de commande et un autre dans le module lunaire Apollo. L'AGC a été utilisé en temps réel par l'astronaute-pilote pour recueillir et fournir des informations de vol, et pour le contrôle automatique de toutes les fonctions de navigation du vaisseau spatial.

Clavier et Ă©cran de l'AGC dans le module de commande.
Les principaux « codes verbes » et « codes noms » sont affichés dans le module de commande.

L'AGC est un ordinateur effectuant des traitements en temps rĂ©el. Il est multitâche (jusqu'Ă  6 tâches exĂ©cutĂ©es en parallèle). La mĂ©moire utilise des mots de 16 bits : elle est composĂ©e de 72 ko (36 864 mots) de mĂ©moire morte contenant l'ensemble des programmes ainsi que le système d'exploitation et de 4 ko (2 048 mots) de mĂ©moire vive (effaçable) utilisĂ©e par les traitements. Les deux types de mĂ©moire sont constituĂ©es de tores magnĂ©tiques : les programmes sont implantĂ©s dans l'ordinateur Ă  la fabrication. Le processeur est constituĂ© de plus de 5 000 portes NOR rĂ©alisĂ©es Ă  l'aide de circuits intĂ©grĂ©s. Il pèse environ 32 kg[1].

Lors de la mission Apollo 8, première satellisation autour de la Lune, la navigation est quasi autonome, à partir des données de la centrale inertielle et des mesures angulaires effectuées au sextant par l'équipage[note 1]. Les missions suivantes ont davantage fait appel à des mesures de vitesse et de positions calculées sur Terre puis relayées par des antennes au sol[note 2].

L'AGC au sein d'Apollo

Chaque vol à destination de la Lune (à l'exception d'Apollo 8, qui n'a pas pris de Module Lunaire dans sa mission en orbite lunaire) avait deux AGC, l'un dans le module de commande et l'autre dans le module lunaire. L'AGC dans le module de commande était le centre du système de guidage, de navigation et contrôle de l'engin (GNC).

Chaque mission lunaire avait Ă©galement deux autres ordinateurs :

  • Un calculateur de vol sur l'instrumentation d'anneau du lanceur Saturn V, appelĂ© le Launch Vehicle Digital Computer (LVDC) – ordinateur de sĂ©rie construit par IBM Federal Systems Division ;
  • Un ordinateur secondaire dans le module lunaire, dĂ©signĂ© Abort Guidance System (AGS), construit par TRW et destinĂ© Ă  ĂŞtre utilisĂ© en cas d'Ă©chec de la PGNCS (Primary Guidance, Navigation and Control System). L'AGS peut ĂŞtre utilisĂ© pour dĂ©coller de la Lune et assurer le rendez-vous avec le module de commande, mais pas pour l'atterrissage. Lorsqu'il est activĂ©, il dĂ©clenche automatiquement la sĂ©paration du module de remontĂ©e (AM, Ascent Module) du LEM de celui de descente (PDM, Powered Descent Module).

Fonctionnement interne

L'AGC a été conçu au Laboratoire Instrumentation MIT Stark sous la direction Charles Stark Draper, la conception matérielle étant dirigée par Eldon C. Hall. [1] Les premiers travaux d'architecture ont été réalisés par JH Laning Jr., Albert Hopkins, Ramon Alonso et Hugh Blair-Smith. Le matériel de vol a été fabriqué par Raytheon. Herb Thaler a également fait partie de l'équipe d'architecture.

L'ordinateur Apollo vol Ă©tait le premier Ă  utiliser des circuits intĂ©grĂ©s. Lors de la première version de la machine, ces circuits intĂ©grĂ©s comportaient environ 8 transistors chacun, formant une seule porte logique NON-OU Ă  3 entrĂ©es. Ainsi, la première version du circuit nĂ©cessitait 4 100 circuits intĂ©grĂ©s. La seconde version a utilisĂ© des circuits intĂ©grĂ©s amĂ©liorĂ©s qui comportaient deux portes logiques, permettant de rĂ©duire la taille du circuit Ă  2 800 puces. Les circuits intĂ©grĂ©s, de Fairchild Semiconductor, ont Ă©tĂ© mis en Ĺ“uvre en utilisant la technologie resistor-transistor logic (RTL). Ils Ă©taient connectĂ©s via wrapping (une technique permettant de connecter des plots via des câbles), et le câblage a ensuite Ă©tĂ© moulĂ© dans un plastique Ă©poxyde. L'utilisation d'un seul type de circuit intĂ©grĂ© (NON-OU Ă  3 entrĂ©es) a permis d'Ă©viter des problèmes qui sont survenus sur d'autres machines pionnières de l'utilisation des circuits intĂ©grĂ©s, comme l'ordinateur Minuteman orientation II, qui utilise un mĂ©lange de technologie diode-transistor et de logique Ă  diode.

L'ordinateur avait 2 048 mots de mĂ©moire centrale effaçable magnĂ©tique et 36 kilomots de mĂ©moire en lecture seule. Tous deux avaient des temps de cycle de 11,72 Âµs, soit 85 324 Hz. La longueur des mots en mĂ©moire Ă©tait de 16 bits : 15 bits de donnĂ©es et 1 bit de paritĂ©. En interne, le processeur travaillait sur 16 bits, comprenant 1 bit de dĂ©bordement et 1 bit de paritĂ©, Ă  une cadence de MHz. La reprĂ©sentation des entiers Ă©tait basĂ©e sur un complĂ©ment Ă  un.

Les sources des programmes ayant été utilisés pour Apollo 11 se trouvent sur GitHub[2].

Notes et références

Notes

  1. Mais à la suite d'une fausse manœuvre, les paramètres sont rechargés au clavier pour le retour.
  2. Les antennes du Manned Space Flight Network (en) (MSFN) et/ou du Deep Space Network (DSN).

Références

  1. (en) James E. Tomayko, Computers in Spaceflight: The NASA Experience, (lire en ligne), chap. 2 (« Computers On Board The Apollo Spacecraft ») (section « The Apollo guidance computer: Hardware »)
  2. « Original Apollo 11 Guidance Computer (AGC) source code for the command and lunar modules. », sur GitHub.com

Bibliographie

  • (en) David A. Mindell, Digital Apollo : Human and Machine in Spaceflight, Cambridge (Mass.), MIT Press, , 456 p. (ISBN 978-0-262-13497-2, BNF 41265777)
  • Moon Machines - 3. « L'ordinateur de navigation », un documentaire de Adam Finch, 2008. (extrait Youtube)
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