Accueil🇫🇷Chercher

Anton Walter

Gabriel Anton Walter (Neuhausen auf den Fildern, – Vienne, ) est un facteur de pianos autrichien. Le Grove Dictionary of Music and musicians le décrit comme « le plus célèbre fabricant viennois de piano de son temps »[1].

Anton Walter
Anton Walter. Peinture à l'huile de Friedrich Gauermann, 1825 (Vienne, Musée d'Histoire de l'art de Vienne).
Autres informations
Instrument

Biographie

Walter naĂ®t Ă  Neuhausen auf den Fildern en Allemagne[2]. L'acte de mariage avec une veuve nommĂ©e Anna Elisabeth Schöffstoss, en 1780 indique qu'il avait dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Vienne Ă  cette Ă©poque[3]. Les plus anciens instruments sont datĂ©s de cette annĂ©e-lĂ [2].

Son commerce de piano Ă©tait de toute Ă©vidence un succès. En 1790, il reçoit le statut de constructeur et fabricant d'instruments de la chambre ImpĂ©riale et Royale[2]. En 1800, il emploie environ 20 ouvriers[2]. La mĂŞme annĂ©e, il est rejoint dans l'entreprise par son beau-fils Joseph Schöffstoss : les pianos sont Ă©tiquetĂ©s « Anton Walter und Sohn » (« fils »)[2]. Le plus tardif des pianos d'Anton Walter encore existant est datĂ© de 1825 ; Anton Walter meurt l'annĂ©e suivante[2].

Donat Schöfftos, gendre d'Anton Walter, est également facteur de pianoforte.

Pianos de Walter

Un piano-forte d'Anton Walter (Vienne, c.1810) – Berlin, Musikinstrumentenmuseum.

Les instruments de Walter sont classĂ©s au sein de l'Ă©cole de conception des pianos, dite « viennoise ». Cette Ă©cole est nĂ©e avec Johann Andreas Stein, dont la fabrique de pianos Ă©tait Ă  Augsbourg[2]. Dans des instruments viennois, la tĂŞte du marteau est plus proche du joueur que de la charnière et le marteau fait Ă  la hausse lors de sa courte extrĂ©mitĂ© opposĂ©e est accrochĂ© Ă  un crochet. Comme tous les pianos, ceux de l'Ă©cole viennoise ont Ă©tĂ©, de loin, d'une construction plus lĂ©gère que les instruments modernes et avaient une sonoritĂ© très particulière ; voir piano-forte.

Walter a amĂ©liorĂ© la conception mĂ©canique de Stein, en ajoutant Ă  l'action une case de retour, ce qui a pris le marteau sur sa descente, l'empĂŞchant de rebondir vers le haut et vers le bas dans le jeu animĂ©[2]. Cette innovation a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e par d'autres facteurs viennois du temps de Walter et reste la norme du piano moderne[2]. Son importance est illustrĂ©e par l'observation de Robert Palmieri, Ă  savoir qu'une copie moderne des pianos de Stein comprend gĂ©nĂ©ralement une case de retour, mĂŞme si elle n'est pas historiquement authentique sur ces instruments[4].

La carrière de Walter s'Ă©tend sur plusieurs dĂ©cennies, et ses instruments ont Ă©voluĂ© avec le temps, avec la construction toujours plus lourde, le piano a commencĂ© son passage de la norme classique de l'ère lĂ©gère, vers son incarnation moderne beaucoup plus lourde, rĂ©alisĂ©e vers 1870. Il semble que Walter ait Ă©tĂ© distancĂ© par ses concurrents (notamment Conrad Graf, qui a construit des instruments beaucoup plus lourds) et ait connu un moindre succès par rapport Ă  la concurrence des fabricants, durant les dernières annĂ©es de sa carrière. Il est mort Ă  Vienne, âgĂ© de 74 ans.

L'instrument de Mozart

Le Walter de Mozart, visible dans le hall principal de la Tanzmeisterhaus, où la famille Mozart a vécu à Salzbourg après 1773. L'emplacement – où se trouve maintenant un musée Mozart – n'est pas historique : Mozart ayant gardé l'instrument dans sa ville d'adoption, Vienne.

Wolfgang Amadeus Mozart a achetĂ© un piano Walter vers 1782[2] et l'a employĂ© dans l'une des phases les plus importantes de sa carrière, la composition et la crĂ©ation de ses concertos pour piano de la maturitĂ©. Bien qu'il subsiste aujourd'hui (conservĂ© dans la maison familiale de la famille Mozart Ă  Salzbourg), cet instrument ne tĂ©moigne pas Ă  lui seul de la pratique d'interprĂ©tation de Mozart car il a Ă©tĂ© modifiĂ© par Walter en 1800, neuf ans après la mort du compositeur[2]. L'on ignore si Mozart pouvait lever les Ă©touffoirs lors de la lecture Ă  l'aide d'une genouillère (l'Ă©quivalent moderne de la pĂ©dale) ou a dĂ» faire usage d'un arrĂŞt de la main au clavier, ce qui nĂ©cessite une main libre. Un instrument Walter de Nuremberg, datĂ© de 1790 par Kottick et Lucktenberg, utilise un arrĂŞt de la main[5] - [alpha 1].

Pianos Walter survivants

Pianoforte de 1790 - Palais du Recteur Ă  Dubrovnik.
Piano-forte de Paul McNulty, basé sur un instrument historique par Walter & Sohn, 1805.

Incomplète, la liste suivante met l'accent sur les instruments visibles par le public.

  • 1780 – Burgenländische Landesmuseum, Eisenstadt, Autriche[8]
  • dĂ©but des annĂ©es 1780 – L'instrument de Mozart, aujourd'hui conservĂ© dans la maison natale du compositeur Ă  Salzbourg[9]
  • 1789 – MusĂ©e des instruments de musique de PoznaĹ„, en Pologne (partie de la collection du MusĂ©e national de Poznan)[10]
  • 1790 – Palais du Recteur, Dubrovnik
  • c.1790 – Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg (mentionnĂ© ci-dessus dans la discussion sur un arrĂŞt de la main). L'instrument est plaquĂ© en noyer. Le musĂ©e possède d'autres instruments de Walter, dont un très semblable Ă  celui de Mozart[5]
  • c.1800 – Musikinstrumenten-Museum, Berlin[11]
  • 1798 – Villa Cicogna Mozzoni, Italie
  • c.1800 – Collection Finchcocks, Goudhurst (Kent), en Angleterre. Un très petit piano carrĂ© portable par Walter & Sohn. Chaque note a une seule corde, contrairement Ă  l'habitude, oĂą deux ou trois sont utilisĂ©es, comme dans la plupart des pianos, mĂŞme du temps de Walter. La gamme est ut–fa3. Kottick et Lucktenberg dĂ©crireny son ton comme ayant une sorte de « cloche de qualitĂ© qui ne manque pas de charme »[12]
  • c.1808-1810 – MusĂ©e des instruments de musique Ă  Hamamatsu (Japon). Ce pianoforte comporte 6 octaves de Fa Ă  fa. MontĂ© sur 5 pieds de section carrĂ©e, il est dĂ©corĂ© de cuivre et de dorures. L'instrument comportant trois cordes par touche, il a 3 genouillères permettant de dĂ©placer latĂ©ralement les marteaux pour jouer une corde au choix ou plusieurs ensemble pour changer le timbre sonore.
  • c.1810 – Landesmuseum WĂĽrttemberg Ă  Stuttgart. Cet instrument a 6 octaves ½ de gamme, une octave et demie de plus que la norme (fa–fa) de l'Ă©poque de Mozart. Il est dĂ©corĂ© avec des « cariatides dorĂ©es et des grilles d'Ă©vent et mĂ©daillons en cuivre »[13]
  • 1820 – Maison Bach (Eisenach). Un piano carrĂ© fait par Johann Schieve et Walter & Sohn[14]
  • 1820-1825 – MusĂ©e d'Histoire de l'art de Vienne. Une peinture par Wilhelm August Rieder semble montrer Franz Schubert jouer sur cet instrument[15]
  • 1820-1830 – MusĂ©e national de Prague. Un piano a six pĂ©dales dĂ©crit par Kottick et Lucktenberg « accrocheur ... un Ă©lĂ©gant et harmonieux de l'exemple de la plus belle piano de l'Ă©poque »[16]
  • sans date – MusĂ©e de la Musique, Paris[17]

Copies modernes de piano de Walter

De nos jours, des fortepianos ont Ă©tĂ© construits par un certain nombre de facteurs Ă  des fins d'interprĂ©tation de la musique historiquement informĂ©e, du XVIIIe siècle et du dĂ©but du XIXe siècle. Ă€ cette fin les instruments d'Anton Walter ont Ă©tĂ© importants, car ils servent de modèle pour les instruments construits, entre autres, par Philip Belt, Chris Maene, Paul McNulty, Paul Poletti et Rodney Regier[18] - [19] - [20] - [21] - [22].

Enregistrements

  • Paul Badura-Skoda, Musica Florea. Wolfgang Amadeus Mozart. Piano concertos K.271, K.414. Walter (Paul McNulty).
  • Kristian Bezuidenhout. Wolfgang Amadeus Mozart. Keyboard Music Vol.2 Walter (Paul McNulty).
  • Robert Levin, Academy of Ancient Music, Christopher Hogwood. Wolfgang Amadeus Mozart. Piano Concertos Nos. 15 & 26. Mozart Walter fortepiano
  • Nikolaus Harnoncourt, Rudolf Buchbinder. Wolfgang Amadeus Mozart. Piano Concertos No. 23 & 25. Walter (Paul McNulty).
  • Andreas Staier. Joseph Haydn. Sonatas and Variations. Walter (Christopher Clarke).
  • Alexei Lubimov and his colleagues. Ludwig van Beethoven. Complete piano sonatas. Stein, Walter, Graf, Buchholtz (Paul McNulty).
  • Viviana Sofronitsky, Warsaw Chamber Opera Orchestra. Wolfgang Amadeus Mozart. Complete Mozart works for keyboard instrument and orchestra (11 CD box). Walter (Paul McNulty).

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anton Walter » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. La question qui vient d’être décrite fait l’objet d’une vive controverse. Pour la position d'arrêt de la main, voir [6], pour les leviers de genou, voir [7]

Références

  1. (en) « Walter, (Gabriel) Anton », sur Grove Music Online (DOI 10.1093/gmo/9781561592630.article.29863, consulté le )
  2. Grove 2001.
  3. Latcham, Michael (1997) "Mozart and the pianos of Gabriel Anton Walter." Early Music 25(3):383–400.
  4. Palmieri 2003, p. 13.
  5. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 125.
  6. Latcham (1997).
  7. Eva Badura-Skoda (2000).
  8. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 1.
  9. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 2.
  10. (en) « National Museum in Poznań », sur mnp.art.pl.
  11. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 15, 18.
  12. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 224.
  13. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 130.
  14. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 86.
  15. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 15.
  16. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 41.
  17. Kottick et Lucktenberg 1997, p. 60.
  18. « Walter Pedal Piano - Philip Belt », sur zhi.net (consulté le )
  19. « Pianoforte Anton Walter », sur www.chrismaene.be (consulté le )
  20. « Walter piano », sur Paul McNulty fortepianos (consulté le )
  21. « Paul Poletti - Construction and Restoration of Historical Pianos », sur polettipiano.com (consulté le )
  22. « Inside the Maine barn where an MIT-grad recreates 18th-century pianos for today’s master musicians », sur Boston.com Real Estate, (consulté le )

Sources

  • (en) Michael Latcham, « Mozart and the pianos of Gabriel Anton Walter », Early Music, vol. 25, no 3,‎ , p. 383–400 (ISSN 0306-1078, DOI 10.1093/earlyj/XXV.3.383, lire en ligne)
  • (en) Edward Kottick et George Lucktenberg, Early Keyboard Instruments in European Museums, Bloomington, Indiana University Press, , xxviii-276 (ISBN 978-0-253-33239-4, OCLC 901224517, prĂ©sentation en ligne)
  • (en) Eva Badura-Skoda, « The Anton Walter fortepiano—Mozart's beloved concert instrument: A response to Michael Latcham », Early Music, vol. 28, no 3,‎ , p. 469–473
  • (en) Michael Latcham, « Walter, Anton », dans Grove Music Online, Oxford University Press, Inscription nĂ©cessaire
  • (en) Robert Palmieri et Margaret W. Palmieri, Encyclopedia of the piano, New York/Londres, Routledge, coll. « Encyclopedia of keyboard instruments » (no 1), (1re Ă©d. 1994), 576 p. (ISBN 978-0-415-93796-2, OCLC 59287739, BNF 40051455)
  • (en) Rita Steblin, « Anton Walter's Difficult Early Years in Vienna: New Documents, 1772–1779 », dans Journal of the American Musical Instrument Society; vol. 33. 2007, p. 41–75

Article connexe

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.