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Anne-Marie Audouyn de Pompéry

Anne-Marie Audouyn de PompĂ©ry (son nom de jeune fille Ă©tait Anne-Marie Audouyn du Cosquer), nĂ©e le Ă  Quimper, morte le Ă  Soissons (Aisne), est une Ă©pistolière française, surnommĂ© la « SĂ©vignĂ© cornouaillaise Â».

Anne-Marie Audouyn de Pompéry
Portrait d'Anne-Marie Audouyn de Pompéry (alors âgée de 28 ans)
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  58 ans)
Soissons
Nationalité
Activité
Enfant
Louis-Charles de Pompéry (d)

Biographie

Fille de Guillaume François Audouin, nĂ© en Ă  Quimper et de Louise Élisabeth Taupin, nĂ©e en 1739, elle se marie le Ă  Quimper avec François Hyacinthe de PompĂ©ry, seigneur de Salsogne, vicomte de Couvrelles, veuf et sans enfant[1], qui occupa la charge de lieutenant dans la marĂ©chaussĂ©e Ă  Quimper Ă  la fin des annĂ©es 1770, dont elle eut trois enfants : Louis Charles Hyacinthe de PompĂ©ry (1787-1854), Antoine de PompĂ©ry (1795-1873), qui fut maire de Ciry-Salsogne et Marie-Victoire-Alexandrine de PompĂ©ry (1799-1855). Elle est la grand-mère de ThĂ©ophile de PompĂ©ry (1814-1880), homme politique français, et d'Édouard de PompĂ©ry (1812-1895), journaliste politique et essayiste ; elle Ă©tait aussi la cousine du cĂ©lèbre mĂ©decin LaĂ«nnec qu'elle reçut maintes fois au château de Couvrelles oĂą il venait « se dĂ©lasser de ses travaux et satisfaire son amour pour la chasse Â»[2].

Elle estime son Ă©poux, mais ne l'aime pas vraiment. Il « ne rĂ©pondait pas Ă  l'idĂ©al qu'elle s'Ă©tait fait d'un mari »[3]. Ses pensĂ©es se tournent vers son cousin, Augustin Audouyn de Kergus[4] avocat Ă  Hennebont, avec qui elle va Ă©changer une correspondance fournie[5]. Entre 1792 et 1805, sĹ“ur d'Ă©migrĂ©s et femme d'aristocrate, fuyant la tourmente rĂ©volutionnaire, elle se rĂ©fugie Ă  Pont-l'AbbĂ© (Finistère) dans sa propriĂ©tĂ© du SĂ©quer[6] oĂą elle mène une vie de campagnarde : « Ma lettre sentira peut-ĂŞtre le boudin : j'en ai fait cet après-midi. Ma truie ne m'a donnĂ© que quatre petits, mais ils sont vaillants et jolis comme des amours Â»[7].

En 1793, elle est un moment emprisonnĂ©e Ă  Quimper : le , elle Ă©crit Ă  son cousin de Kergus : « On nous permet d'Ă©crire, pourvu que nos lettres passent Ă  la surveillance Â» et, après avoir brièvement racontĂ© qu'elle arrose ses chaĂ®nes de ses tristes larmes, elle ajouta aussitĂ´t : « Je n'ai pas encore rempli vos bouts rimĂ©s d'un bout Ă  l'autre, j'en ai seulement extrait les huit premiers vers. Je tâcherai de tirer quelque parti des autres rimes Â». MĂŞme en prison, Anne-Marie Audouyn de PompĂ©ry consacrait son temps Ă  des jeux d'esprit. Mieux valait se livrer Ă  ces innocentes distractions que de conspirer[8] !

« Bonne musicienne sur son piano-forte, gloire de son salon de Quimper, poĂ©tesse naĂŻve en bouts rimĂ©s, Ă©pistolière d'une saveur admirable, Mme de PompĂ©ry, mariĂ©e Ă  un lieutenant de la marĂ©chaussĂ©e qui savait menuiser une estrade de théâtre, moucher la chandelle, tailler et peintre les dĂ©cors pour le jeu des charades, vĂ©cut humblement »[3]. « Le soir, entre chien et loup, (...), je me mets Ă  mon piano, ce qui amuse beaucoup mes enfants. L'un me demande une marche, l'autre une gavotte ; je les satisfaits tour Ă  tour autant que je le puis. (...) Quand la chandelle est allumĂ©e et tout le monde rassemblĂ©, nous jouons au nain jaune, jeu charmant. Après souper, mon mari nous lit quelques ouvrages intĂ©ressants. Je tricote pendant la lecture. Cela nous mène jusqu'Ă  dix heures »[7].

« Je devais ĂŞtre samedi Ă  Quimper. Un ouragan et un dĂ©luge de 24 heures nous ont forcĂ© de rester au SĂ©quer, et le pis de l'aventure, c'est qu'ayant envoyĂ© tous mes gens la veille, meubles et bagages et comestibles, nous avons pensĂ© manquer de vivres. (...) Le samedi soir, le fidèle Scoarnec nous a pourtant apportĂ© des sardines et du pain ; il Ă©tait temps, nous n'avions plus rien du tout. Detaille a fricassĂ© le poisson, Mlle de Casanbon a lavĂ© les Ă©cuelles et j'ai mis le couvert sur un petit bout de tabler qui nous Ă©tait restĂ©. N'ayant pour toute ressource d'amusement que ma voix et ma quenouille, j'ai chantĂ© en filant »[7]. Ă€ partir de 1805, Anne-Marie Audouyn de PompĂ©ry rĂ©unissait autour d’elle, au château de Couvrelles, parents et amis, embellissant sa vie « par les plaisirs de l'esprit et les ressources qu’offre la musique. Les jours de naissance y Ă©taient fĂŞtĂ©s. Les charades, les proverbes, les concerts et les petits jeux, la danse et les promenades dans le parc, mille distractions dont la maĂ®tresse du logis Ă©tait l’âme, rendaient agrĂ©able le sĂ©jour de Couvrelles »[2].

Épistolière et musicienne de talent, elle correspond avec Jean-Jacques Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre. Ses lettres, rassemblées en deux volumes, sont publiées en 1884 par un de ses petits-fils Armand de Pompéry. À la manière de Madame de Sévigné, elle laisse un témoignage sur la vie et les mœurs de son époque.

Ĺ’uvres

  • Ă€ mon cher cousin... une femme en Bretagne Ă  la fin du XVIIIe siècle (correspondance de Mme de Pompery avec son cousin de Kergus de 1783 Ă  1805. Ces lettres sont l'occasion pour elle de faire partager sa passion pour la musique et la littĂ©rature. Érudite, musicienne et Ă©pistolière, elle livre un tĂ©moignage sur la naissance des temps modernes et la vie Ă  Quimper et Ă  Pont-l'AbbĂ© Ă  la fin du XVIIIe siècle. Suivie des Lettres du Soissonnais), Paris : Éditions du Layeur, 2008 [ (ISBN 978-2-911468-58-2)]
  • Un Coin de Bretagne pendant la RĂ©volution (correspondance avec son cousin et Bernardin de Saint-Pierre), Paris, Lemerre, 1884 (livre publiĂ© par son cousin Édouard de PompĂ©ry en 1884)[9]. Lors de la parution de cet ouvrage, le journal Le Figaro Ă©crit : « Ces lettres, qui comprennent le temps Ă©coulĂ© depuis 1799 jusqu'en 1818, sont pleines de grâce et de dĂ©licatesse : c'est un coin presque inconnu de la province au XVIIIe siècle qu'elles nous montrent en nous faisant connaĂ®tre une femme qui rĂ©sume par sa personne, ses affections, ses tendances, cette Ă©poque vraiment française par son esprit, par son art »[10].

Notes et références

  1. François Hyacinthe de Pompéry, vicomte de Couvrelles, lieutenant-colonel et chevalier de Saint-Louis, marié d'abord avec Marie Corentine du Marhallac'h, décédée en 1784, devint en 1805 propriétaire du château de Couvrelles et développa la culture de la betterave à sucre dans le Soissonnais, voir http://www.cir-couvrelles.fr/L-histoire-du-chateau-de
  2. Maxime de Sars, Couvrelles, La Siège et Epritel", Centre international de Rencontres, cité par L’histoire du château de Couvrelles depuis 1800, http://www.cir-couvrelles.fr/L-histoire-du-chateau-de
  3. Claire Géniaux, Femmes d'hier : Anne-Marie de Pompéry, revue La Femme de France no 614 du 13 février 1927, page 22, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5519491g/f23.image.r=Audouyn%20de%20Pomp%C3%A9ry.langFR
  4. Augustin Raphaël Audouyn de Kergus, né en 1745 à Hennebont (fils de François Clément Audouyn de Villéon, avocat et sénéchal d'Hennebont, et de Françoise Pétronille Le Baron), il fut avocat, puis juge de paix
  5. « skoluhelarvro.org/culture-bret… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  6. http://fr.topic-topos.com/maison-de-madame-de-pompery-pont-l-abbe
  7. Anne-Marie Audouyn de Pompéry, Lettres à M. de Kergus, cité par Claire Géniaux, Femmes d'hier : Anne-Marie de Pompéry, revue La Femme de France no 614 du 13 février 1927, page 22, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5519491g/f23.image.r=Audouyn%20de%20Pomp%C3%A9ry.langFR
  8. Journal Gil Blas no 1723 du 6 août 1884, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75161871/f3.zoom.r=Anne%20Marie%20Audouyn%20de%20Pomp%C3%A9rry.langEN
  9. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr (consulté le ).
  10. Journal Le Figaro n° du 9 juillet 1884, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2789905/f6.image.r=Anne%20Marie%20Audouyn%20de%20Pomp%C3%A9rry.langFR

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