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Angakkuq

L’angakkuq (pluriel angakkuit, Inuktitut : ᐊᖓᑩᑯᖅ[1] - [2] ; Inuvialuktun : angatkuq ; groenlandais : angakkoq[3], pl. angakkut[4]) est la figure intellectuelle et spirituelle parmi les Inuit qui correspond Ă  un homme-mĂ©decine. Les autres cultures autochtones d'Alaska ont toujours eu des mĂ©diateurs spirituels similaires, bien que la religion autochtone de l'Alaska ait de nombreuses formes et variantes.

Angakkuq dans le Dictionnaire Infernal, Ă©dition 1863.

RÎle dans la société inuit

Les femmes comme les hommes peuvent devenir un angakoq[5], bien que ce soit plus rare pour les femmes. Le processus pour devenir un angakoq a beaucoup variĂ©. Le fils d'un angakoq actuel pourrait ĂȘtre formĂ© par son pĂšre pour le devenir Ă©galement. Alternativement, un jeune homme ou une jeune femme qui a dĂ©montrĂ© une prĂ©dilection ou un pouvoir qui les distingue des autres pourrait ĂȘtre formĂ© par un mentor expĂ©rimentĂ©. Il existe Ă©galement des cas d'angakuit affirmant avoir Ă©tĂ© appelĂ©s au rĂŽle par le biais de rĂȘves ou de visions[6]. Les orphelins maltraitĂ©s ou les personnes ayant survĂ©cu Ă  des temps difficiles pourraient Ă©galement devenir des angakuit avec l'aide de l'esprit de leurs proches dĂ©cĂ©dĂ©s[2].

La formation pour devenir un angakoq consistait en une acculturation aux rites et aux rĂŽles nĂ©cessaires au poste, ainsi qu’en un enseignement dans la langue spĂ©ciale de l’angakuit[7], qui consistait en grande partie en un vocabulaire archaĂŻque et une tradition orale partagĂ©s Ă  travers une grande partie de la langue. Zones arctiques occupĂ©es par les Inuits. Au cours de leur formation, les angakoq auraient Ă©galement un guide familier ou spirituel qui ne serait visible que par eux[6]. Ce guide, appelĂ© tuurngaq, leur donnait parfois des pouvoirs extraordinaires. Des histoires inuites racontent que les agakuit pouvaient courir aussi vite que le caribou ou voler, avec l'aide de leur tuurngaq. Selon certaines traditions, les angakoq seraient soit poignardĂ©s soit blessĂ©s par balle, sans aucune blessure en raison de l'intervention de leur tuurngaw, prouvant ainsi leur pouvoir[2].

Jusqu'Ă  ce qu'une orientation ou une assistance spirituelle soit nĂ©cessaire, un angakoq menait une vie normale pour un Inuit et participait Ă  la sociĂ©tĂ© en tant que personne normale. Mais lorsque la maladie devait ĂȘtre guĂ©rie ou que la divination des causes de divers malheurs Ă©tait nĂ©cessaire, on faisait appel Ă  l'angakoq[6]. Les services d'un angakuit pourraient Ă©galement ĂȘtre nĂ©cessaires pour interprĂ©ter les rĂȘves[2]. S'ils Ă©taient appelĂ©s Ă  exĂ©cuter des actions qui aidaient tout le village, le travail Ă©tait gĂ©nĂ©ralement effectuĂ© librement. Mais s'ils Ă©taient appelĂ©s Ă  aider une personne ou une famille, ils seraient gĂ©nĂ©ralement rĂ©munĂ©rĂ©s pour leurs efforts[6].

Parmi les Inuits, il existe des notions comparables aux lois :

  • tirigusuusiit, choses Ă  Ă©viter
  • maligait, choses Ă  suivre
  • piqujait, choses Ă  faire

Si ces trois lois ne sont pas obĂ©ies, l'angakoq peut alors avoir besoin d'intervenir auprĂšs de la partie contrevenante afin d'Ă©viter toute consĂ©quence prĂ©judiciable pour la personne ou le groupe[8]. Enfreindre ces lois ou tabous Ă©tait considĂ©rĂ© comme une cause de malchance, comme des intempĂ©ries, des accidents ou des chasses infructueuses. Afin de dĂ©terminer la cause d'un tel malheur, les angakuit entreprenaient un voyage guidĂ© par l'esprit Ă  l'extĂ©rieur de leur corps. Ils dĂ©couvraient la cause du malheur lors de ce voyage. Une fois revenus du voyage, les angakoq interrogeaient les personnes impliquĂ©es dans la situation et, persuadĂ©s qu'ils savaient dĂ©jĂ  qui Ă©tait responsable, les personnes interrogĂ©es confessaient souvent. Cette confession pouvait Ă  elle seule ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la solution au problĂšme, ou des actes de pĂ©nitence tels que le nettoyage des pots d'urine ou l'Ă©change de femmes pourraient s'avĂ©rer nĂ©cessaires[6].

Les angakkuit des Inuits du centre participent Ă  une cĂ©rĂ©monie annuelle visant Ă  apaiser la figure mythologique de Sedna, la femme de la mer. Les Inuits croyaient que Sedna s'Ă©tait mise en colĂšre lorsque ses tabous avaient Ă©tĂ© brisĂ©s et que le seul moyen de l'apaiser Ă©tait qu'un angakoq se rende en esprit du monde souterrain oĂč elle vivait, Adlivun, et lui lisse les cheveux. Selon le mythe, cela Ă©tait d'une grande aide pour Sedna car elle manquait de doigts. L'angakoq pourrait alors mendier la clĂ©mence de la dĂ©esse ou se disputer avec elle pour s'assurer que son peuple ne mourrait pas de faim. Les Inuits croyaient ainsi que sa plaidoirie et ses excuses au nom de son peuple permettraient aux animaux de rentrer et aux chasseurs de rĂ©ussir. À leur retour de ce voyage spirituel, les communautĂ©s dans lesquelles le rite Ă©tait pratiquĂ© effectuaient des confessions communes, puis des cĂ©lĂ©brations[6].

Lectures complémentaires

Voir aussi

Références

  1. Asuilaak Living Dictionary
  2. « Dreams and Angakkunngurniq : Becoming an Angakkuq », Francophone Association of Nunavut (consulté le )
  3. Often previously transliterated angekok.
  4. EncyclopĂŠdia Britannica
  5. Dagmar Freuchen, Peter Freuchen's Adventures in the Arctic, New York, Messner, , p. 136
  6. (en) Bastian, Dawn E. et Mitchell, Judy K., Handbook of Native American Mythology, Santa Barbara, California, ABC-CLIO, , 47–49 p. (ISBN 978-1-85109-533-9)
  7. Dagmar Freuchen, Peter Freuchen's Adventures in the Arctic, New York, Messner, , p. 132
  8. « Tirigusuusiit and Maligait » (version du 14 novembre 2007 sur Internet Archive)
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