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American TabloĂŻd

American Tabloïd est un roman policier de James Ellroy, paru en 1995. Il est le premier volet de la trilogie Underworld USA —, le second étant American Death Trip (The Cold Six Thousand) et le troisième Underworld USA (Blood's a Rover).

American TabloĂŻd
Auteur James Ellroy
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Roman policier historique
Version originale
Langue Anglais américain
Titre American Tabloid
Éditeur Alfred A. Knopf
Lieu de parution New York
Date de parution
ISBN 0-679-40391-4
Version française
Traducteur Freddy Michalski
Éditeur Rivages
Collection Rivages-Thriller
Lieu de parution Paris
Date de parution 1995
Nombre de pages 743
ISBN 2-86930-907-4
Chronologie
SĂ©rie Underworld USA

Dans ce premier volet comptant quelque 800 pages et allant du au (date de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy à Dallas), Ellroy nous dévoile les coulisses du pouvoir à travers les destins croisés de trois hommes : Pete Bondurant, Kemper Cathcart Boyd et Ward Junior Littell. Tous trois, entretenant des liens divers avec la mafia, Jimmy Hoffa des Teamsters, la famille Kennedy, la CIA, le FBI et son légendaire patron John Edgar Hoover, mettent en lumière de façon inattendue la corruption régnant à cette époque aux États-Unis, la poursuite des intérêts de ces différents groupes ou individus (à noter, par exemple, le récurrent : « Le grand Pete cherche une femme. Expérience du chantage souhaitée. ») ainsi que les liens troubles qui unissaient ces différentes parties. Nous y (re)découvrons aussi l'échec de l'épisode de la baie des Cochons et nous voyons, en creux, se dessiner l'attentat contre John F. Kennedy.

À l'instar des autres volumes de la trilogie (dont le dernier a paru en France en ), la noirceur est au rendez vous. Personne n'est épargné, de JFK à la CIA, des grands parrains de la mafia au FBI… Toute cette période de l'histoire américaine est dépeinte comme un champ de bataille, une lutte permanente d'influences, un gros gâteau moisi où tout est permis. Le tout apparaît comme un reflet maléfique des valeurs morales, puritaines et bienfaitrices que l'on a coutume d'attacher aux « happy days » des années 1950-60 américaines. Volontiers accentués, déformés voire carrément inventés, les faits dépeints dans American Tabloïd — qui reste avant tout un roman — ont pour principal mérite de mettre KO la vision manichéenne d'une époque. Bien que l'auteur ait toujours entretenu l'ambigüité quant à la part de vérité et de fiction, ce livre ne se veut pas exclusivement le fruit d'une enquête et ne se fonde pas systématiquement sur des preuves.

La part du réalisme

Même si l'imagination romanesque d'Ellroy est assez débridée, le canevas général de American Tabloïd respecte globalement les faits historiques. Les liens entre Kennedy et la mafia via Sinatra, ses problèmes de dos qui empêchaient JFK d'avoir des relations sexuelles trop longues, le financement de l'épisode baie des Cochons par la vente de drogue ou le revirement de Castro ne sont que quelques exemples de faits avérés même si l'auteur prend la liberté d'y mêler ses personnages.

Sommaire

Partie I, Extorsions, Novembre - DĂ©cembre 1958

« Extorsions » ne couvre que 26 jours, prĂ©sente les trois personnages principaux, et Ă©tablit leurs relations, leurs histoires, et leurs trajectoires. 

Pete Bondurant est un ancien flic du DĂ©partement du Sheriff du ComtĂ© de Los Angeles. C’est une brute, qui a Ă©tĂ© virĂ©e de la police après le dĂ©cès d’un prĂ©venu qu’il a battu Ă  mort. Il travaille pour le milliardaire Howard Hughes. Pete Bondurant monte de minables affaires d’extorsion de fonds et de chantage Ă  la petite semaine. Pete Bondurant est Ă©galement un exĂ©cuteur de basses Ĺ“uvres de Jimmy Hoffa, le PrĂ©sident du Syndicat des Camionneurs. Ce dernier le charge de faire « disparaitre » les tĂ©moins dans une affaire de fraude immobilière sur laquelle enquĂŞte  le ComitĂ© McClellan dont un des membres les plus virulents est Robert Kennedy.  

Kemper Boyd est un agent du FBI, originaire du sud des États-Unis. Il est issu d’une famille riche qui a Ă©tĂ© ruinĂ©e par la crise de 1929. C’est un homme ambitieux qui se damnerait pour la richesse et le pouvoir. C’est un homme multiple d’abord agent du FBI, il deviendra agent double  quand J. Edgar Hoover le chargera d’infiltrer les Kennedy. Il deviendra agent triple quand il sera recrutĂ© par la CIA pour participer Ă  l'organisation de l’invasion de Cuba. Il deviendra agent quadruple quand il sera engagĂ© par la mafia pour organiser l’assassinat de Fidel Castro.

Ward J. Littell est également un agent du FBI. C’est un ami de Kemper Boyd son ancien partenaire et mentor. Bien qu’affecté à la surveillance des activités du Parti Communiste Américain, sa haine mêlée de respect du crime organisé le pousse à postuler en vain à une place au Programme des Grands Criminels du FBI.

Chacun des trois protagonistes (Boyd et Littell pour J. Edgar Hoover, Bondurant pour Jimmy Hoffa) monte un traquenard visant Ă  salir la rĂ©putation du sĂ©nateur John F. Kennedy en l'impliquant dans une relation sexuelle avec une call-girl. La mise sur Ă©coute est un succès, mais la famille Kennedy, lorsqu’elle dĂ©couvre que le journal Ă  scandale « L’indiscret » d'Howard Hughes s’apprĂŞte Ă  publier les relevĂ©s des Ă©coutes, empĂŞche la publication du tabloĂŻd. Ă€ l’instigation de Hoover, Kemper Boyd se rapproche de John Kennedy et de son frère cadet Robert Kennedy. InfiltrĂ© auprès de la famille Kennedy, il a pour mission d’informer le Directeur du FBI sur l’activitĂ© du ComitĂ© McClellan, dont Robert Kennedy est membre. Ce comitĂ© enquĂŞte sur les activitĂ©s du crime organisĂ© et la collusion d’intĂ©rĂŞts entre la Teamster’s Union, le syndicat des camionneurs de Jimmy Hoffa, et la mafia. Mais très vite Kemper Boyd se lie d’amitiĂ© avec John Kennedy. Bien qu’il n’apprĂ©cie guère Bobby Kennedy qui se mĂ©fie de lui, Kemper Boyd va très vite se dĂ©tourner de sa mission et sincèrement s’associer Ă  la destinĂ©e des Kennedy qui, avec leur richesse et leurs privilèges, incarnent tout ce Ă  quoi Kemper Boyd rĂŞve. Ward J. Littell, Ă  travers Kemper Boyd qu’il informe, se retrouve liĂ© lui aussi aux Kennedy. Il partage avec Bobby Kennedy une haine viscĂ©rale pour le crime organisĂ©. 

Partie II, Collusion, Janvier 1959 - Janvier 1961

La partie « Collusion » s'ouvre le avec le renversement à Cuba du gouvernement de Fulgencio Batista par le révolutionnaire Fidel Castro. Les trois protagonistes commencent à interagir à des degrés divers : Pete Bondurant et Kemper Boyd deviennent tous deux agents de la CIA. Kemper Boyd, dans le même temps, continue de tisser des liens avec la famille Kennedy en travaillant à la campagne présidentielle de JFK. Avec la CIA, la mafia (qui cherchent à récupérer ses casinos de La Havane nationalisés par Fidel Castro) et les réfugiés cubains d'extrême droite, Pete Bondurant et Kemper Boyd travaillent au renversement du nouveau régime communiste de Cuba, à l’assassinat du leader cubain et à l’invasion de l’ile. Ward J. Littell est de plus en plus mécontent du travail de surveillance des activités communistes américaines dans lesquelles J. Edgar Hoover le cantonne au FBI. Il entame de sa propre initiative une enquête sur le crime organisé. La majeure partie des informations qu’il récolte sont anonymement transmises à Bobby Kennedy par Kemper Boyd. Grâce à une série d’écoutes illégales, Ward J. Littell découvre que la Caisse de retraite de l’Union des Camionneurs de Jimmy Hoffa est utilisée par des mafieux pour attribuer des prêts usuraires à d’autres mafieux et qu’elle finance ainsi des activités criminelles. Ward J. Littell découvre que la comptabilité occulte de cette caisse est tenue par Jules Schiffrin, un petit mafieux de Lake Geneva dans le Wisconsin. Ward J. Littell va contraindre Jack Ruby à chercher l’emplacement de la maison de Schiffrin. Mais Jack Ruby avertit Pete Bondurant des intentions de Ward J. Littell, et à la demande de Kemper Boyd, qui craint de voir dévoiler l’opération cubaine, Ward J. Littell est tabassé par Pete Bondurant. Remis de son passage à tabac, Littell est viré du FBI par Hoover qui fait révoquer sa pension et, en l’inscrivant sur la liste noire des sympathisants communistes, le grille auprès de tous les barreaux des États-Unis. Ward J. Littell repère finalement la maison de Schiffrin, la cambriole et dérobe lui-même les livres de compte. Il parvient à en déchiffrer le code et se rend compte que Joseph Kennedy, le père de JFK, prête depuis des années des millions de dollars à la caisse ce qui fait de lui le principal usurier de la mafia. John Kennedy est élu président. Son frère Bobby va devenir, après l’investiture, General Attorney (Ministre de la Justice). Kemper Boyd, à qui Ward J. Littell a appris le rôle de Joseph Kennedy dans le financement de la caisse, tente, en vain d’obtenir un emploi pour Littell dans l’administration Kennedy. John F. Kennedy est investi président des États-Unis.

Partie III, Cochons, FĂ©vrier - Novembre 1961

Pour la CIA, Kemper Boyd et Pete Bondurant travaillent Ă  l’organisation d’un camp Ă  Blessington en Floride. Des exilĂ©s cubains anticastristes y sont regroupĂ©s, armĂ©s et formĂ©s en vue d’une invasion militaire de Cuba. Les exilĂ©s sont recrutĂ©s par la «Tiger Kab», une compagnie de taxi de Miami dĂ©tenue par Jimmy Hoffa et qui emploie exclusivement des rĂ©fugiĂ©s cubains anticastristes. La CIA installe Ă©galement une « klaverne » du Ku Klux Klan pour tenir les « ploucs locaux » Ă©loignĂ©s des affaires du camp. Carlos Marcello, parrain de la mafia de la Nouvelle-OrlĂ©ans fournit de l’hĂ©roĂŻne, dont la revente permet le financement du camp. Bobby Kennedy, devenu Ministre de la Justice, poursuit sa croisade contre le crime organisĂ©. N’étant pas au courant de l’implication de Carlos Marcello dans le plan de la CIA, il le fait expulser vers le Guatemala (le lieu de naissance qui figure sur ses documents d’identitĂ© falsifiĂ©s). Pete Bondurant va faire Ă©chapper Carlos Marcello des mains de la police dès son atterrissage et l’installer dans une planque Ă  Guatemala City. Kemper Boyd recommande Ă  Carlos Marcello de recruter Ward J. Littell comme avocat pour contester son extradition. Ward J. Littell se prĂ©sente Ă  Carlos Marcello et Ă  Pete Bondurant dans leur planque. Il prĂŞte allĂ©geance Ă  Carlos Marcello dont il devient l’avocat et, en signe de soumission, lui remet les livres de la caisse (sans avouer qu’il les avait volĂ©s) expurgĂ©s des pages contenant les informations sur Joseph Kennedy qu’il conserve. Kemper Boyd, qui travaille dĂ©jĂ  dans un groupe de travail sur les droits civiques pour Robert Kennedy, se voit confier une mission par le PrĂ©sident Kennedy qui ignore ses liens avec la CIA. Il lui demande d'Ă©valuer l’état de prĂ©paration des exilĂ©s cubains du camp de Blessington et les chances de rĂ©ussite du plan d’invasion de Cuba. Après un simulacre de visite, naturellement Kemper Boyd recommande au prĂ©sident d'autoriser la mission, et assure Ă  Kennedy qu’un succès Ă  Cuba lui garantirait sa rĂ©Ă©lection. L'opĂ©ration de la Baie de Cochons est lancĂ©e, mais Kennedy, au milieu de l'opĂ©ration d’invasion, hĂ©site et refuse de fournir l’appui aĂ©rien nĂ©cessaire. L'invasion est un cuisant Ă©chec et une humiliation pour Kennedy et toutes les parties concernĂ©es : la CIA, la mafia, Pete Bondurant et Kemper Boyd. La nuit-mĂŞme de l’invasion ratĂ©e, Kemper Boyd est blessĂ© de plusieurs balles dans une opĂ©ration annexe visant Ă  discrĂ©diter Fidel Castro dans de prĂ©tendus trafics d’hĂ©roĂŻne en Floride. 

Partie IV, HĂ©roĂŻne, DĂ©cembre 1961 - Septembre 1963

Grâce Ă  la clientèle de Carlos Marcello, Ward J. Littell est devenu un vĂ©ritable « avocat de la pègre ». Ă€ son tour, Jimmy Hoffa l'engage. Tout confirme que Bobby Kennedy est devenu son adversaire principal. Leur haine partagĂ©e des Kennedy rapproche Ward J. Littell et J. Edgar Hoover qui se rĂ©concilient. Ce dernier le recommande Ă  Howard Hughes qui l'engage. Après le fiasco de la Baie des Cochons, Kemper Boyd et Pete Bondurant proposent Ă  la mafia d’organiser une tentative d'assassinat sur Fidel Castro. La mafia refuse. Boyd et Bondurant soupçonnent la mafia de soutenir Ă  prĂ©sent Fidel Castro avec qui elle serait entrĂ©e en nĂ©gociation. Furieux, ils dĂ©cident de se refaire de leurs pertes suite Ă  l’échec de l’invasion en volant une livraison de plusieurs millions de dollars d’hĂ©roĂŻne expĂ©diĂ©e par Fidel Castro Ă  la mafia. Dans le mĂŞme temps, Ward J. Littell et Pete Bondurant avec l’assentiment de J. Edgar Hoover mettent en place une opĂ©ration de chantage sexuel sur le PrĂ©sident Kennedy.  Ils font plusieurs enregistrements de John F. Kennedy en compagnie d’une femme Barb Jahelka, une danseuse qu’ils ont recrutĂ© pour sĂ©duire et compromettre JFK. Kemper Boyd, qui malgrĂ© le fiasco de la Baie des Cochons est restĂ© fidèle Ă  JFK est furieux lorsqu'il dĂ©couvre cette machination. Quand il rencontre Pete Bondurant pour obtenir des explications, ce dernier lui fait passer un enregistrement dans lequel JFK dĂ©nigre Kemper Boyd, son arrivisme qu'il trouve ridicule et son caractère envieux vis-Ă -vis de la famille Kennedy. Ironiquement c’est au mĂŞme moment que Bobby Kennedy apprend que Kemper Boyd travaille pour la CIA. Il vire Kemper Boyd du Ministère de la Justice, rompant tous les liens qui lie ce dernier entretenaient avec les Kennedy. Kemper Boyd devient un ennemi mortel de la famille Kennedy. La mafia finit par dĂ©couvrir que Kemper Boyd et Pete Bondurant sont les auteurs du vol de l'hĂ©roĂŻne que leur a vendu Fidel Castro. Kemper Boyd accepte le prix que fixe la mafia pour les absoudre du vol et Ă©chapper Ă  la mort : tuer le prĂ©sident Kennedy.

Partie V, Contrat, Septembre - Novembre 1963

Kemper Boyd, Pete Bondurant et Ward J. Littell prĂ©parent l’assassinat du PrĂ©sident Kennedy prĂ©vu au cours d'une parade motorisĂ©e Ă  Miami. Ils mettent en place tout le nĂ©cessaire pour faire porter le chapeau Ă  des gauchistes. Sans ĂŞtre complètement explicite, Ward J. Littell informe J. Edgar Hoover de l’opĂ©ration. L'attitude Ă©vasive de J. Edgar Hoover laisse supposer qu’une autre tentative d'assassinat est en prĂ©paration et qu’elle aura lieu quelques jours plus tard Ă  Dallas. Les trois hommes rĂ©alisent qu'ils sont manipulĂ©s et que leurs prĂ©paratifs ont pour objectif de dĂ©tourner d'Ă©ventuels soupçons du vĂ©ritable attentat prĂ©vu Ă  Dallas. Ils commencent Ă  nettoyer leurs prĂ©paratifs et Ă  effacer leurs traces Ă  Miami. Kemper Boyd restitue la drogue Ă  la mafia qui ne l'absout pas pour autant. Ward J. Littell rend visite Ă  Bobby Kennedy. Il  lui remet les preuves de la collusion de son père avec la mafia. Son intention est de se venger personnellement de Bobby Kennedy « le Pur » et lui dĂ©montrant l'implication mafieuse de son père Joseph Kennedy. Il veut aussi lui donner les motifs de l’assassinat Ă  venir de son frère : Les menaces que fait peser l'administration Kennedy sur le crime organisĂ©. Kemper Boyd retourne au Mississippi et essaie sans succès d'alerter la Maison Blanche, le Ministère de la Justice, les services secrets et le FBI de Dallas de l'imminence de l'attentat. Ward J. Littell retrouve Kemper Boyd Ă  son hĂ´tel et le tue sur commande de la mafia. Pete Bondurant, qui a quittĂ© Miami pour Dallas, retrouve Barb Jahelka (la danseuse qu’il a poussĂ© dans les bras du PrĂ©sident avant qu’elle devienne sa maĂ®tresse). Il l’épouse. Plusieurs membres de la mafia convergent vers Dallas ce pour assister au « spectacle ». Le livre se termine Ă  12 h 30, alors que le cortège prĂ©sidentiel traverse Dealey Plaza. Pete Bondurant, attablĂ© dans un club de Commerce Street oĂą danse sa femme, ferme les yeux et attend les coups de feu et les cris.

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