Amahiguere Dolo
Amahiguere Dolo est un sculpteur malien dogon issu d’une famille noble d’agriculteurs. Il est né le à Gogoli[1], dans la commune de Sangha plus précisément et mourut le 21 Août 2022[2] des suites d’une maladie. Il travaillait le bois et ses œuvres s’inspiraient de la cosmogonie dogon[3]. Il a fait ses études à l'Institut National des Arts de Bamako. Nommé dans un musée, il démissionne pour se consacrer à la sculpture sur bois mort. Il vécut à Ségou[4] et y travaillait dans son atelier en bordure du fleuve Niger.
En 1988, il fait la connaissance du déjà célèbre peintre espagnol Miquel Barceló, venu chercher une nouvelle inspiration en Afrique. Rencontre décisive qui va faire basculer sa vie de fonctionnaire à l'occasion d'un voyage en pays Dogon où il emmène Barceló. C'est là que le peintre découvre les sculptures d'Amahiguere qu'il encourage à persévérer. Comment concilier un travail vital de création avec les tabous inhérents à sa communauté à laquelle Dolo reste très attaché ?
Loin de se laisser écraser par le poids des choses, Amahiguere les intègre à sa manière à sa démarche artistique.
Biographie
Amahiguéré Dolo est un natif de Gogoli dans la commune de sangha, un village historique situé sur les falaises du pays dogon. Il entame ses études primaires à Sangha en 1965. Après l’obtention du diplôme d’étude fondamentale (DEF), il entre à l’institut national de l’art (INA) d’où il sort quatre ans plus tard avec un diplôme d’art plastique. Après sa formation en 1982, il est muté à Gao à la direction régionale de la jeunesse, des sports, des arts et de la culture chargé du patrimoine culturel. Après dix ans de loyal service, il prend une retraite anticipée pour se consacrer à sa passion la sculpture.
Il s'est intéressé très vite à la sculpture, depuis l’âge de 10 ans, se souvient-il. Si la sculpture est essentiellement réservée aux forgerons, Amahiguéré issu d’une lignée d’agriculteurs, donc considéré comme de la caste des nobles, n’a pas résisté à la beauté de la sculpture et s’est laissé emporter. « J’ai eu la chance d’avoir un père qui avait pour ami un forgeron. Comme j’étais beaucoup attaché à mon père, il m’arrivait de le suivre à la forge chez son ami. Je le voyais tailler le bois et ça me séduisait, » confie celui qui va devenir l’un des plus grands sculpteurs du Mali.
Issu de la lignée des nobles, Amahiguéré ne pouvait pas sculpter comme il le souhaitait. Ainsi, il se cachera pour sculpter d’abord à l’aide de bois carbonisé puis s’est doté d’une herminette, outil indispensable pour sculpter. Il vendait ainsi ses créations aux touristes pour satisfaire ses petits besoins au point que ses parents le soupçonnaient de voler de l’argent. Et lorsque ses parents ont découvert qu’il faisait de la sculpture, ça été très mal perçu et il passa au conseil de discipline familiale. Et son père de lui dire : « Si toi, tu fais ça, qu’est-ce les forgerons vont devenir, eux qui vivent de ça ? Si tu ne l’arrêtes pas immédiatement, ils vont te tuer pour ça,» se souvient-il.
C’est ainsi qu’une fois à l’INA, il choisit la peinture au lieu de la sculpture.
De la fonction publique Ă SĂ©gou
Après sa retraite anticipée, ne pouvant pas aller au pays dogon à cause de son métier de sculpteur car étant de la caste noble, il s’installe à Ségou pour y pratiquer ce qui a toujours été pour lui une passion. Le choix de Ségou n’est pas fortuit : d’abord par souci de trouver un lieu où personne ne le connaissait et ensuite à cause de l’eau qui est un facteur essentiel de la cosmogonie dogon. En plus, sa matière de prédilection était le bois et ce n’est pas ce qui manquait à Ségou. Alors, commence une carrière de sculpteur. Pour les populations, c’est un forgeron et lui, leur répondait comme tel. Il passe sept ans à tailler le bois, mais rien comme revenu et la vie devenait difficile pour lui au point que ses collègues de la fonction publique se moquaient de lui. « Je cognais le bois et le bois était là , posé pêle-mêle dans la cour où j’habitais, » témoigne t-il.
La rencontre de la Française Martine, est le début d’une carrière internationale, c'est la visite d'une Française du nom de Martine au site touristique appelé « Nyeleni » qui changera les choses pour Amahiguéré. Elle découvre des collections qu’elle a toujours cherchées et partout en Afrique de l’Ouest sans succès durant 15 ans pour constituer le catalogue de la biennale de Dakar. Aussitôt, elle fait appel au photographe du musée de Bamako. Après deux jours de travail, le catalogue est fait et s’ouvre pour Amahiguéré la voie du succès. Le monde de la culture surtout occidentale a commencé à s’intéresser à lui.
Amahiguéré Dolo est le premier sculpteur africain à avoir ses œuvres dans le jardin des Tuileries. Pour Amahiguéré, la sculpture est le langage qui a fait triompher les dogons hors du continent.
Festival Ogobagna
Lorsque la Guinna Dogon a initié le festival culturel dogon, c’est Amahiguéré Dolo qui a donné le nom « Ogobagna » qui veut dire en langue dogon plat du Hogon (roi). Pour lui, le plat du Hogon est très symbolique chez les dogons, car le hogon ne se nourrit pas lui-même, mais c’est le peuple qui le nourrit. Ainsi, tout ce qui appartient au peuple dogon a sa part dans le ogobagna. Dans ce plat, continue t-il, tout ce qui est positif s’y trouve et tout le monde est égal autour du plat, nul n’est supérieur à l’autre. Il n'y a rien de plus social que ça, a t-il conclu.
Expositions
Expositions individuelles
- 2011, Espal, Le Mans[5]
- 2004 FIAC - Stand « Le Petit Jaunais »
- 2004 Salon Art Paris, salon d’art contemporain, stand Sergiane Cauwel, (Carrousel du Louvre, Paris). Exposition thématique : « Les Mains »
- 2003 Salon Art Paris, salon d’art contemporain, stand Sergiane Cauwel, (Carrousel du Louvre, Paris)[1]
- 2002 "Les Bois de foudre d'Amahiguere Dolo", Les mondes Dogon, centre culturel Abbaye de Daoulas (France)
- 2001 "Sculptures, L'Afrique en création", Musée des Beaux-Arts de Tourcoing (France)
Galerie Sergiane Cauwel, Lille (France)
Expositions de groupe
- 2002 5e édition du Dak'Art, 10e Biennale de Dakar (Sénégal)
- 2001 Mali Kow, Parc de la Villette à Paris, Muséum d'histoire naturelle à Lyon
- 1998 Centre culturel français, Bamako
- 1997 Musée de Bamako
Expositions permanentes
- Centre culturel de Thouars (France)
- Depuis 2004 : Installation permanente d'une sculpture mise en scène par Marc Jeanclos au Jardin des Tuileries, Paris (acquisition CNAC-DAP)[6].
Bibliographie
- 2000 Amahiguéré Dolo, Sculpteur, catalogue, Chapelle Jeanne d’arc, Thouars.
- 2001 Amahiguere Dolo, sculpteur par Olivier Céna, Les Carnets de la Création, L'Œil, Paris (ISBN 2-912415-13-6).
- 2001 Konaté, Dolo, Diabaté, Peintures, sculptures, installations, catalogue, ville d’Angers.
- 2002 Les Mondes dogon, sous la direction de Michel Le Bris et Moussa Konaté, Abbaye de Daoulas, Hoëbeke, Paris (ISBN 2-84230-138-2)
Notes et références
- « Amahiguere Dolo », sur amahiguere.blogspot.com/ (consulté le )
- « Hommage à Amahigueré Dolo » (consulté le )
- « Amahiguere Dolo, sculpteur », sur editionsdeloeil.com (consulté le )
- « Amahiguere Dolo », sur africultures.com (consulté le )
- « Amahiguere Dolo, Dogon du monde entier », sur lepoint.fr (consulté le )
- « Amahiguere Dolo », sur http://www.fondationblachere.org (consulté le )
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- (en) Bénézit
- (nl + en) RKDartists
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :