Alpha-immunothérapie
L'alpha-immunothérapie, ou radio-immunothérapie alpha (parfois abrégé en TAT, pour Targeted Alpha Therapy), est une forme de radiothérapie dans laquelle des isotopes émetteurs alpha sont introduits dans l'organisme pour cibler des cellules malades (typiquement cancéreuses) via une association des radioisotopes avec un anticorps. Elle se rapproche de la radiothérapie métabolique, en ce sens que les radioisotopes sont injectés, et de l'immunothérapie, car des marqueurs immunitaires sont utilisés pour permettre le ciblage des cellules malades.
L'alpha-immunothérapie proprement dite est encore au stade expérimental. L'un des intérêts d'utiliser des émetteurs de rayonnement alpha plutôt que des émetteurs bêta, c'est leur extrême toxicité : les particules alpha ont un parcours dans la matière très court pour leur énergie, elles peuvent donc tuer les cellules avec lesquelles elles sont en contact sans endommager les cellules plus lointaines : leur efficacité biologique relative est très grande[1]. En revanche, cette toxicité exige que le radioisotope puisse cibler précisément les cellules à détruire, d'où l'importance de la vectorisation[2] : l'émetteur alpha est complexé par un ligand, celui-ci est lié à un anticorps qui cible d'une manière spécifique les cellules malades.
Divers isotopes sont considérés comme candidats potentiels pour des applications dans ce domaine : le bismuth 213 est testé dans des traitements contre le sida[3], l'astate 211[4] et le plomb 212[5] sont possiblement utilisables contre certains cancers. D'autres isotopes ont été étudiés, mais présentent des inconvénients pour l'instant insurmontables[6] : le bismuth 212 présente une demi-vie trop courte pour être facile d'utilisation (une heure), l'actinium 225 ne forme pas de liaison stable avec un ligand et il est donc difficilement vectorisable (c'est-à-dire qu'il ne peut être lié à un anticorps), la production de terbium 149 est limitée... Malgré ces inconvénients, un essai clinique avec de l'actinium 225 est lancé en 2015 pour des patients atteints de leucémie myéloïde aigüe[7]. Pour pallier le manque de ligands adéquats, des nanozéolites sont également utilisés avec des isotopes du radium (224Ra et 225Ra) pour pouvoir les lier à des peptides[8], en vue de les lier à des anticorps. Le thorium 227 est également étudié pour ce type d'applications[9], en dépit de sa demi-vie relativement longue pour de telles applications (environ 18 jours), car il libère 5 particules alpha au cours de sa chaîne de désintégration.
Références
- Éric Ansoborlo, Jean Aupiais et Nicolas Baglan, Mesure du rayonnement alpha : dossier de recommandations pour l'optimisation des mesures, Paris, Lavoisier, , 186 p. (ISBN 978-2-7430-1414-8, lire en ligne)
- Richard Zimmermann, La Médecine nucléaire : la radioactivité au service du diagnostic et de la thérapie, EDP Sciences, , 192 p. (ISBN 978-2-7598-0228-9, lire en ligne)
- (en) « Alpha-immunotherapy – a new option for the treatment of HIV infections? », sur http://ec.europa.eu (consulté le )
- « L’alpha-immunothérapie : une nouvelle génération de traitement anti-cancer | Culture sciences », sur www.culturesciences.fr (consulté le )
- Jérôme Hoff, « Le plomb 212 à l'essai contre le cancer », sur www.manip-info.com (consulté le )
- S. Supiot, F. Thillays, E. Rio et M.-A. Mahé, « Le point sur les avancées récentes de la radio-immunothérapie alpha », Cancer/Radiothérapie, vol. 11, , p. 252–259 (DOI 10.1016/j.canrad.2007.05.001, lire en ligne, consulté le )
- « Paper: Phase I Trial of Targeted Alpha-Particle Immunotherapy with Actinium-225 (225Ac)-Lintuzumab (Anti-CD33) and Low-Dose Cytarabine (LDAC) in Older Patients with Untreated Acute Myeloid Leukemia (AML) », sur ash.confex.com (consulté le )
- Edyta Leszczuk, A Piotrowska, P Koźmiński et Aleksander Bilewicz, « Substance P - nanozeolite labeled with 224Ra and 225Ra - new potential radiobioconjugate for internal alpha therapy », Theranostics Imaging and Therapy: An Action to Develop Novel Nanosized Systems for Imaging-Guided Drug Delivery, , p. 38 (lire en ligne, consulté le )
- Bayer AG, « The Power of Alpha – research magazine », sur www.research.bayer.com (consulté le )