Alice Massat
Alice Massat est une psychanalyste et une écrivaine française, née le à Saint-Maur-des-Fossés[1] (Val-de-Marne).
Naissance | |
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Université Paris-VIII, Ecole psychanalytique de Sainte-Anne, Association lacanienne internationale |
Activité |
Psychanalyste, Écrivaine |
Membre de |
L'instance lacanienne |
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Premiers travaux universitaires
Dans La transfiguration du banal : une philosophie de l'art, Arthur Danto imagine des œuvres d’art contemporain fictives afin d’exemplifier ses théories philosophiques sur l’art. Comment, en réalisant ces œuvres de manière concrète, les mêmes théories se trouvent-elles modifiées, voire invalidées ? La question de la fiction et de la vérité appliquée au domaine esthétique constituera pour Alice Massat l’enjeu de ce premier travail universitaire. C’est à partir du texte fondateur de l’art conceptuel américain, Art after philosophy, rédigé par l’artiste Joseph Kosuth, texte anti-hégélien mais qui revendique une filiation avec la logique du Tractatus de Wittgenstein, que s’est élaboré le projet de cette recherche.
Ce travail universitaire aborde plusieurs thèmes qui se trouveront repris de manière plus ou moins allusives dans les travaux romanesques ultérieurs d’Alice Massat.
Et c’est après la découverte, pour cette étude, des domaines de la philosophie analytique anglo-saxonne et de leurs questionnements sur le langage, qu’Alice Massat s’orientera de manière plus engagée vers la psychanalyse et l’enseignement de Jacques Lacan.
Articles, essais
- Etourdir Dora, in Il faut lire Dora, Ă©ditions de l'Association lacanienne internationale
- Le succès de l'imposture, essai de psychopathologie, éditions Odile Jacob
S'inspirant d’abord de figures d'imposteurs notoires, Alice Massat explore dans cet essai les moyens et les stratagèmes de l'imposture. Elle s’appuie par la suite sur plusieurs exemples qui montrent et démontrent le besoin humain et commun de jouer avec ces procédés, à commencer par les arts sous leurs diverses formes. Loin d'en faire une dénonciation, cet essai de psychopathologie propose une lecture analytique de l’imposture. Une deuxième partie plus théorique en propose une interprétation à partir de notions lacaniennes.
- Assassiner l'image, in La passion Artaud, La célibataire n°29
- La connaissance du ravisseur, in Les ficelles de la clinique, La revue lacanienne n°16
- Deuil et palinodie, in Michel Deguy, exercices de contrariété, éditions Hermann
- La trahison des images, à propos de René Magritte, in Le mal de la jeunesse, La revue lacanienne n°18
- Ce qu'il y sait, in L'Insu que sait de l'une bévue s'aile à mourre, Étude du Séminaire XXVI de Jacques Lacan, éditions de l'Association lacanienne internationale
- L'œil de la lettre, in Bernard Noël, L'expérience extérieure, éditions Hermann
- Fautrier, l'objection, in Du refus de savoir, La revue lacanienne n°20
- Ravir, in (et co-dir) Que fait la folie à l'écriture?, Journal Français de Psychiatrie n°48
- L'identité médiatique de l'écrivain, in Le marché des identités, La revue lacanienne n°21
Romans
- Le ministère de l'intérieur, roman, éditions Denoël et Folio
Le style est classique pour des descriptions crues, sans métaphore, là où il est courant d’en trouver d’habitude. La structure du livre met en place des jeux d’alternance entre une narration spontanée, parfois parodique, et des exposés réalistes et licencieux. Pourtant la juxtaposition, dans la deuxième partie du livre, entre des scènes sexuelles décrites sans fioritures et des évocations alimentaires aux tournures repoussantes sous-entendent d’autres allusions plus dissonantes encore que celles qui y sont décrites et qui vont à l’encontre du désir, de l’appétit, voire de l’amour. Il semblerait que cela soit le sujet de ce livre parfois rebutant, même si drôle a sa manière, mais qui transpose les questions habituelles de la transgression et du désir sur le traitement de thèmes comme la saturation, le dégoût, les jeux d’attraction et de répulsion et les investigations sur les limites et leur franchissement.
- Les forces de l'ordre, roman, éditions Denoël
Étudiante en logique, la jeune Esther Lamarck relate de manière appliquée tout ce qui l’anime. Son analyse obsédée des moindres mouvements ou des inhibitions qui commandent ses choix (les « forces de l’ordre ») la conduisent à se faire elle-même l’objet de ses observations pour raconter sa vie à la troisième personne. Mais la logique a ses limites, surtout quand il s’agit de se confronter aux effets du désir, voire à ceux de l’amour. Ces narrations et leur tournures tranquillement comiques, rendues par une tentative de méthode raisonnée attribuée à des domaines qui justement échappent au sens commun, composent une tentative d’envisager la passion comme une affaire de logique. Ce qui conduira Esther à finalement déjouer ce complot fomenté par elle-même contre elle-même, pour devenir enfin le sujet de ce qui lui arrive. On retrouve avec ce roman le sujet de prédilection de l'auteur, celui de l'écriture du je en tant qu'imposture[2].
- Le code civil, roman, éditions Denoël
Ce n'est pas un livre de droit, mais il s'agit tout de même d'un code à déchiffrer, ici trop caricatural pour ne pas être trompeur, sur le faux, la fiction ou les faux-semblants du milieu littéraire médiatique de la fin du XXe siècle. Une satire écrite en faux alexandrins, pour une remise en perspective par le biais d'une simple et fallacieuse innocence. L'écriture est assez différente des autres livres de cet auteur, mais on retrouve ici ses thèmes de prédilection, très caricaturés et souvent drôles, sur le milieu littéraire parisien de la fin de XXe siècle (les jeux de séductions, les faussaires ou les impostures). On remarquera aussi la cadence et les rythmes de cet écrit, qui, même si le style reste oral, est constitué de phrases de douze pieds pour la plupart, comme des alexandrins qui n'auraient rien à faire ici.
- Premier rôle, roman, éditions Denoël
Après trois romans consacrés à des questions organiques, subjectives ou parodiques dans leur rapports aux limites et aux lois, comme leurs titres le laissent entendre, celui-ci, plus romanesque, aborde la question du double. Les deux petites filles qui s’y disputent un « premier rôle » vis-à -vis d’un troisième regard, invisible et parfois persécuteur, se servent de leur rivalité pour affirmer ce qui les distingue. Ce qui les identifie l’une à l’autre et provoque si souvent le sentiment d’imposture éprouvé par la narratrice se trouve ici décrit sans complaisance, et se révèle utile pour soutenir, une fois surmontés, les enjeux devenus ludiques dans les relations avec l’autre — l’autre du même sexe.
- Les quatre éborgnés, roman, éditions Joëlle Losfeld
Après le duel rival abordé par son précédent roman, Alice Massat dédouble l’affaire pour une joute au carré que racontent ces quatre éborgnés et leurs manigances plus ou moins lucides, plus ou moins louches. Comment se dégager des rouages d’un mécanisme ? En commençant probablement par s’en reconnaître prisonnier, car si la liberté a bonne réputation, elle n’est jamais si évidente. On la voit couramment bafouée sans que les intéressés ne paraissent en pâtir eux-mêmes, volontairement asservis. Y trouvent-ils leur compte? Ce n’est pas le cas de Lune, l’héroïne de ce petit livre dont les différents personnages, à la limite de la caricature comme souvent avec Alice Massat, ont tissé toutes sortes de toiles à la texture plus ou moins lâche, plus ou moins resserrée. Ce sera tout l’art de Lune de parvenir à s’en tirer, l’air de rien et sans faire d’histoires, juste un petit conte[3].
Références bibliographiques
- Le ministère de l'intérieur, roman, Denoël, 1999 (ISBN 2207248364), Folio, 2001 (ISBN 207041695X)
- Les forces de l'ordre, roman, Denoël, 2002 (ISBN 2207250555)
- Le code civil, roman, Denoël, 2003 (ISBN 2207253619)
- Premier rôle, roman, Denoël, 2008 (ISBN 9782207255780)
- Etourdir Dora, in Il faut lire Dora, Ă©ditions de l'Association lacanienne internationale, 2011
- Les quatre éborgnés, roman, Joëlle Losfeld, 2013 (ISBN 9782072472978)
- Le succès de l'imposture, Odile Jacob, 2013 (ISBN 9782738129109)
- Assassiner l'image, in La passion Artaud, La célibataire n°29, EDK, 2014
- La connaissance du ravisseur, in Les ficelles de la clinique, La revue lacanienne n°16, Erès, 2015
- Deuil et palinodie, in Michel Deguy, exercices de contrariété, Hermann, 2017
- La trahison des images, à propos de René Magritte, in Le mal de la jeunesse, La revue lacanienne n°18, Erès, 2017
- Ce qu'il y sait, in L'Insu que sait de l'une bévue s'aile à mourre, Étude du Séminaire XXVI de Jacques Lacan, éditions de l'Association lacanienne internationale, 2018
- L'œil de la lettre, in Bernard Noël, L'expérience extérieure, Hermann, 2018 (ISBN 9782705695835)
- Fautrier, l'objection, in Du refus de savoir, La revue lacanienne n°20, Erès, 2019
- Ravir, in (et co-dir) Que fait la folie à l'écriture?, Journal Français de Psychiatrie n°48, Erès, 2020
- L'identité médiatique de l'écrivain, in Le marché des identités, La revue lacanienne n°21, Erès, 2020
Références
- Léon-Marc LEVY, « Alice Massat », sur www.lacauselitteraire.fr (consulté le )
- « Alice Massat les Forces de l'ordre », sur artpress, (consulté le )
- « En trompe-l'oeil », sur Livres Hebdo (consulté le )