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Algorithme de Selfridge-Conway

L'algorithme de Selfridge-Conway est un algorithme de découpe permettant un partage équitable sans jalousie d'un gùteau (en) entre trois partenaires[1]. Il est nommé selon John Selfridge et John Horton Conway. Selfridge l'a mis au point en 1960 et l'a communiqué à Richard Guy qui l'a amplement diffusé, mais John Selfridge ne l'a pas publié. Conway l'a découvert indépendamment en 1993, mais ne l'a jamais publié non plus. Néanmoins, le résultat leur est attribué dans beaucoup d'ouvrages[2]. Cette procédure a été le premier algorithme discret de découpe sans jalousie conçu pour trois partenaires, et a ouvert la voie à des procédures plus complexes pour n partenaires.

Une procĂ©dure est dite sans jalousie si chaque participant estime que (selon sa mesure) aucune autre personne n'a reçu plus que ce que lui-mĂȘme a reçu. Dans l'algorithme proposĂ©, le nombre maximum de dĂ©coupes est de cinq. Les morceaux ne sont pas toujours contigus.

Algorithme

DĂ©coupage de Selfridge et Conway.

Supposons l'existence de trois joueurs P1, P2 et P3. Lorsque la procédure donne un critÚre de décision, ce critÚre donne un choix optimal au joueur.

  1. P1 divise le gĂąteau en trois morceaux qu'il considĂšre de taille Ă©gale (selon sa mesure).
  2. Appelons A le plus gros morceau selon la mesure de P2.
  3. P2 coupe un peu de A pour le rendre de la mĂȘme taille (selon la mesure de P2) que le deuxiĂšme plus grand morceau. A est alors divisĂ© en : une part A1 et un rĂ©sidu A2. On laisse le rĂ©sidu A2 de cĂŽtĂ© pour le moment.
    • Si P2 pense que les deux plus grands morceaux sont maintenant Ă©gaux (de sorte qu'aucun ajustement supplĂ©mentaire n'est nĂ©cessaire), alors chaque joueur choisit une partie dans l'ordre P3, P2 et enfin P1.
  4. P3 choisit un morceau entre A1 et les deux autres morceaux.
  5. P2 choisit un morceau avec la limitation que si P3 n'a pas choisi A1, P2 doit le prendre.
  6. P1 prend le dernier morceau en laissant juste le résidu A2 à diviser.

Il reste donc à diviser A2. Le morceau A1 a été choisi par P2 ou par P3 ; appelons le joueur qui l'a choisi PA et l'autre joueur PB.

  1. PB découpe A2 en trois morceaux égaux.
  2. PA choisit un morceau de A2 - noté A21.
  3. P1 choisit un morceau de A2 - noté A22.
  4. PB prend le dernier morceau de A2 - noté A23.

Analyse

On peut alors montrer pourquoi cette procĂ©dure est sans jalousie. Pour cela, il faut dĂ©montrer que chaque joueur estime qu'aucun autre joueur n'a reçu plus que ce qu'il a lui-mĂȘme reçu. Sans perte de gĂ©nĂ©ralitĂ©, on peut Ă©crire (voir l'illustration ci-dessus):

  • PA reçoit : A1 + A21.
  • PB reçoit : B + A23.
  • P1 reçoit : C + A22.

Dans l'analyse qui suit "plus grand" signifie "plus grand selon le joueur" :

  • PA reçoit A1 + A21. Pour lui, A1 ≄ B et A1 ≄ C. Et il considĂšre que son choix A21 est le plus grand morceau de A2. Ainsi, aucun autre joueur n'a reçu plus que ce lui : A1 + A21 ≄ B + A23, C + A22.
  • PB reçoit B + A23. Pour lui, B ≄ A1 et B ≄ C puisqu'il a choisi B. De plus, c'est lui qui a dĂ©coupĂ© A2 en trois morceaux, tous  Ă©gaux selon lui. Donc B + A23 ≄ A1 + A21, C + A22.
  • P1 reçoit C + A22. Pour lui, C ≄ A1 et C = B.
    • P1 estime que PB ne reçoit plus que lui. En effet, P1 a choisi son morceau de A2 avant de PB, donc A22 ≄ A23 selon lui. En d'autres termes : C + A22 ≄ B + A23.
    • P1 estime que PA ne reçoit pas non plus plus que lui. En effet, pour P1, C est Ă©gal Ă  A puisqu'il a dĂ©coupĂ© le gĂąteau au premier tour. Comme A = A1 + A2 = A1 + (A21 + A22 + A23), C ≄ A1 + A21. (Ainsi, mĂȘme si PA avait pris A2 en entier et que P1 n'avait pas reçu A22, P1 ne serait pas jaloux de PA.) En d'autres termes: C + A22 ≄ A1 + A21.

Généralisations

Si la seule contrainte est d'avoir une dĂ©coupe sans jalousie pour une partie du gĂąteau, seule la premiĂšre partie de l'algorithme de Selfridge-Conway  est nĂ©cessaire :

  • P1 divise le gĂąteau en trois morceaux Ă©gaux pour lui ;
  • P2 redĂ©coupe au plus un morceau afin qu'il y ait deux morceaux de mĂȘme taille pour lui ;
  • P3 prend un morceau, puis P2, et enfin P1.

Cela garantit qu'il n'y a aucune jalousie et, en outre, chaque partenaire reçoit une valeur d'au moins 1/4 du total (puisque le nombre total de morceaux est de 4).

Cet algorithme peut ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă  4 partenaires de la façon suivante[3] :

  • P1 dĂ©coupe le gĂąteau en 5 morceaux Ă©gaux pour lui ;
  • P2 redĂ©coupe au plus 2 morceaux, de maniĂšre qu'il existe alors 3 morceaux Ă©gaux pour lui ;
  • P3 redĂ©coupe au plus 1 morceau, de maniĂšre qu'il existe alors 2 morceaux de mĂȘme taille pour lui ;
  • P4 prend un morceau, puis P3, puis P2, et enfin P1.

Cela garantit qu'il n'y a pas de jalousie et, en outre, que chaque partenaire reçoit une valeur d'au moins 1/8 du total (puisque le nombre total de morceaux est de 8).

Par induction, la procĂ©dure peut ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  n partenaires, le premier divisant le gĂąteau en morceaux Ă©gaux et les partenaires continuent en les redĂ©coupant. La division qui en dĂ©coule est sans jalousie et chaque partenaire reçoit une valeur d'au moins du total.

La mĂȘme procĂ©dure peut ĂȘtre appliquĂ©e sur les restes. En faisant ainsi un nombre infini de fois, le gĂąteau tout entier est dĂ©coupĂ© sans jalousie[4]. Un raffinement de cet algorithme infini donne une variante finie de division sans jalousie : l'algorithme de Brams-Taylor (en).

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Selfridge–Conway procedure » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Jack Robertson et William Webb, Cake-Cutting Algorithms : Be Fair If You Can, Natick, MA, A. K. Peters, , 177 p. (ISBN 978-1-56881-076-8), p. 13-14.
  2. (en) Steven J. Brams et Alan D. Taylor, Fair Division : From Cake-Cutting to Dispute Resolution, Cambridge University Press, , 272 p. (ISBN 978-0-521-55644-6, présentation en ligne), p. 116-120.
  3. Brams et Taylor 1996, p. 131-137.
  4. Brams et Taylor 1996, p. 137.
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