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Alexandre Tytus Kulisiewicz

Alexandre Tytus Kulisiewicz, né à Cracovie, est un journaliste polonais devenu chanteur et collecteur de témoignages musicaux dans le camp de concentration de Sachsenhausen et après en avoir réchappé.

Aleksander Tytus Kulisiewicz
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  63 ans)
Cracovie
SĂ©pulture
Cimetière de Salwator (en)
Nationalité
Activités
Autres informations
Lieu de détention
Site web
Distinctions
MĂ©daille des combattants contre le fascisme
Victime de persécution par le régime Nazi (d)

Biographie

Jeunesse et emprisonnement[1]

Alexandre Kulisiewicz est né à Cracovie. Sa mère Isabelle était professeur de musique et jouait du piano et du violon de Hongrie. Alexandre a appris le violon mais il a dû abandonner à cause d’une grave électrocution. Après la mort précoce de sa mère, le jeune homme de dix-sept ans vit avec son père, un professeur de Gymnastique à Karwin en Silésie.

Après l’obtention de son baccalauréat, Kulisiewicz rejoint, comme siffleur, un ensemble étudiant et réalise des tournées en Hongrie, Roumanie et Bulgarie. Avec un cirque, où il assiste un clown dénommé Max Winkler, il va jusqu’à Vienne.

Dans la Pologne occupée par l’Allemagne, Kulisiewicz étudie le droit et gagne sa vie comme journaliste. Il exerce, à ce moment, au sein du Polnischen Demokratischen Jugendbundes (ZMPD). En réaction à l’un de ses articles intitulé « Heil Butter ! – Genug Hitler » - Vive le beurre ! – Assez d’Hitler, il est arrêté en octobre 1939, à 21 ans et envoyé par la Gestapo au camp de concentration de Sachsenhausen.

Il devint rapidement célèbre comme chanteur[2] et fit connaissance avec le compositeur Rosebury d'Arguto, détenu comme lui. Grâce à sa mémoire extraordinaire, de nombreux co-détenus lui confient leurs poésies et chansons que Kulisiewicz apprend par cœur[3]. Kulisiewicz écrit lui-même 50 chants de camp, 130 poésies et met en musique 13 textes d’autres auteurs.

Il survit à la détention et après sa libération en 1945, entame la retranscription de ces chants. Hospitalisé à Cracovie, il dicte à une infirmière 716 pages de chants en quatre langues.

Après-guerre

Après la guerre, Kulisiewicz deviendra internationalement cĂ©lèbre en tant qu’interprète[4] de mĂ©lodies issues des camps de concentration ( « le chanteur de l’enfer »). Ses reprĂ©sentations visaient Ă  ne pas lisser la duretĂ© des mĂ©lodies afin de s’approcher au mieux de la manière dont elles Ă©taient chantĂ©es dans les baraques des camps, en risquant la mort.  Parfois vĂŞtu d’une tenue de prisonnier, Kulisiewicz chantait avec une voix cassante, sans Ă©gards pour l’harmonie.

Ses reprĂ©sentations bousculaient le public, faisant un peu revivre ses compagnons morts en dĂ©tention. La mĂ©lodie la plus connue de son rĂ©pertoire, que Kulisiewicz interprĂ©tait Ă  chacun de ses concerts, est la Chanson juive des morts, JĂĽdische Todessang  Ă©crite par le compositeur assassinĂ© Rosebery d’Arguto.

Pour gagner sa vie, Kulisiewicz travaillait comme correspondant et rédacteur pour différents journaux polonais.

Par des voyages Ă  travers la Pologne et diffĂ©rents pays d’Europe de l’Est, il rencontra d’autres survivants[5], ce qui lui permit de rĂ©unir un important fonds d’archives. Sur des microfilms, avec 52 000 mètres de bandes-son, 800 dossiers, il documenta l’histoire de 600 mĂ©lodies composĂ©es par des dĂ©tenus polonais des camps de concentration et 200 mĂ©lodies de dĂ©tenus d’autres pays. Les archives comprennent aussi des dessins, aquarelles, reproductions de sculptures et poĂ©sies issues de 21 camps de concentration.

Les premières apparitions de Kulisiewicz en Europe de l’Ouest se déroulèrent au théâtre de Bologne. Avec le chansonnier Peter Rohland, il chanta également à Stuttgart et Munich. Des tournées l’amenèrent jusqu’aux États-Unis.

En 1964, il fut accueilli par l’Académie des Beaux-Arts de Berlin (qui devint ensuite l’Académie des Beaux-Arts de la RDA). En 1967, il fut accueilli au festival de la chanson engagée de Waldeck, au château Waldeck. Il chanta également aux journées internationales de la chanson d’Essen. Sa vie fit l’objet d’un film en Tchécoslovaquie, d’un ouvrage illustré au Japon.

Dans la Pologne communiste, il ne connut qu’un faible retentissement. Seules quelques chansons traditionnelles polonaises firent l’objet d’enregistrements sous l’égide de la radio d’État. Peu avant sa mort, un enregistrement de mĂ©lodies des camps de concentration fut publiĂ©.           

Les dernières années

En vieillissant, Alexandre Kulisiewicz souffrit de diabète, ce qui le rendit dépendant de son fils Krysztof Kulisiewicz et de son infirmière Anna Urbas. Sa dernière visite en Allemagne eut lieu en août 1981, pour le festival Bardentreffen de Nuremberg.

Alexandre Kulisiewicz dĂ©cĂ©da le 12 mars 1982 Ă  Cracovie et fut enterrĂ© au cimetière Salwatorfriedhof, au pied du Wavel.  

Citations

« J’ai survécu à l’époque nazie, mais je n’ai jamais quitté les camps de concentration »

« Il Ă©tait devant nous. Et on avait le sentiment que ce que nous faisons lĂ , c’était un artisanat d’art assez maigres, avec des prĂ©tentions extrĂŞmes. Mais avec cet homme, il ne s’agissait plus d’art, plus d’un tĂ©moignage ; on se rendait compte, soudainement, que contrairement Ă  ce que nous Ă©crivions et chantons, cet homme avait dĂ©jĂ  vĂ©cu toutes les Ă©preuves » Hanns Dieter HĂĽsch, cabarettiste, Ă©crivain, comĂ©dien, auteur de chansons.    

Fonds d'archives

Les archives d’Alexandre Kulisiewicz ont été acquises et sont conservées depuis 1992[6] au United States Holocaust Memorial Museum (USHMM)

Distinctions

En 1965, la mĂ©daille de la RDA pour les combattants du fascisme fut dĂ©cernĂ©e Ă  Alexandre Kulisiewicz      

Disques

  • Il canzoniere internazionale dei ribelli. Edizioni Discografiche DNG (LP), Turin 1965.
  • Canti dei Lager, di esilio e di prigiona. Raccolti et annotati a cura di Sergio Liberovici. I Dischi dei Solo (LP), Mailand 1966.
  • Lieder aus der Hölle. Da Camera Song (LP, SM 96011), Heidelberg 1981.
  • Alex singt polnische Volkslieder. Da Camera Song (LP, SM 95018), Heidelberg 1968.
  • Chants de la dĂ©portation. Le Chant du Monde (LP, LDX 74552), Paris 1975.
  • Songs from the Depths of Hell. Folkways Records (LP, FSS 37700), New York 1979.
  • Sadly Whisper the Leaves of the Willow: Polish Partisan and Folk Songs. Folkways Records (LP, FSS 37340), New York 1980.
  • PieĹ›ni obozowe. Z hitlerowskich obozĂłw koncentracynich. Polskie Nagrania muza (LP, SX 1715), Warschau 1981.

Ouvrages sur Alexander Kulisiewicz

  • Aleksander Kulisiewicz, Adresse: Sachsenhausen. Literarische Momentaufnahmen aus dem KZ, Bleicher-Verlag 1997, (ISBN 3-88350-731-8)
  • Stephan Rögner: Ein Pole widmete sein Leben dem antifaschistischen Kampf. In: folkmagazin. Zeitschrift fĂĽr Folk Song Kabarett, Jg. 9 (1982), Nr. 1–2, S. 3 ff.
  • Andrea Baaske: „Lieder aus der Hölle.“ Die musikalische Rezeption des Aleksander Kulisiewicz in der bundesdeutschen Folkbewegung. Magisterarbeit, Freiburg i. Br. 1996
  • Wieland Ulrichs: Konzentrationslager und ihre Lieder. In: Politisches Lernen, Jg. 2003, H. 1–2, S. 123–137
  • Aleksander Kulisiewicz, Adresse: Sachsenhausen. Literarische Momentaufnahmen aus dem KZ, Bleicher-Verlag 1997, (ISBN 3-88350-731-8)

Liens externes

Notes et références

  1. « « Genug Hitler ! Heil Butter ! » : Aleksander Tytus Kulisiewicz, un saltimbanque face aux nazis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « « Les cadavres puent et toi aussi » : Aleksander Kulisiewicz, chanteur rebelle du camp de Sachsenhausen », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « « Chante nos chansons, dis au monde cette horreur » : la mémoire prodigieuse d’Aleksander Kulisiewicz au service des déportés », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Aleksander Kulisiewicz et son « encyclopédie » des compositeurs maudits », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « « Je t’écoute… » : Aleksander Kulisiewicz, l’archiviste des chants des survivants des camps nazis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Aleksander Kulisiewicz collection, 1939-1986 - Collections Search - United States Holocaust Memorial Museum », sur collections.ushmm.org (consulté le )
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