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Agouni Hamiche

Agouni Hamiche est un village de Grande Kabylie situé dans la commune de Makouda, wilaya de Tizi Ouzou en Algérie

Agouni Hamiche
Noms
Nom arabe algĂ©rien ŰŁÙ‚ÙˆÙ†ÙŠ Ű­Ù…ÙŠŰŽ
Nom amazigh âŽ°âŽłâ”“â”â”‰ ─⎰┎┉┛
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
RĂ©gion Kabylie
Wilaya Tizi Ouzou
DaĂŻra Makouda
Commune Makouda
Statut village
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 36° 47â€Č 08″ nord, 4° 03â€Č 46″ est
Localisation
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Agouni Hamiche
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Agouni Hamiche
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Agouni Hamiche

    GĂ©ographie

    Villages limitrophes de Agouni Hamiche
    Remblai Thala Bouzrou IbakoukĂšne
    Ichikar Agouni Hamiche Tarihant
    Ichikar Isthithen Tamiest


    Le douar de Makouda fait partie de la tribu ( Arch) des Ait Wagennun qui est dĂ©limitĂ© Ă  l’est par Ait-Jenad, au nord par Iflisen et Ait UmadaÉŁ, Ă  l’ouest par Ait Selgem, au sud par Ait Amrawa, Ayt Ɛeysi, Ayt Yiraten et au sud-est, de façon lointaine, par Ayt meqlaɛ d w’ Ayt yeǧǧer.

    Toutes ces rĂ©gions sont situĂ©es dans la Grande Kabylie, qui a comme chef lieu : Tizi-Ouzou (le « Mont des genets » en AlgĂ©rie). La Petite Kabylie s’étend, elle, vers l’est au-delĂ  de Ait-Jennad et de Ait-Idjjer.

    Le village d'Agouni Hamiche est une extension du village Istiten , un ancien village ou on a dĂ©couvert des artefacts archĂ©ologiques tĂ©moignant du passĂ© lointain du site a l'occasion de travaux de chantier ou d'agriculture au niveau des plaines de W’asif n Yestiten. Parmi elles, des stĂšles sur lesquelles figurent des reprĂ©sentations picturales mais aussi des pierres Ă©crites en Tifinagh comme celle retrouvĂ©e lors de travaux de labeur Ă  Taqerrabt au lieu-dit Lmerǧa n Laáž„waឍ.

    Le village d'Istiten («Stita en arabe », se reparti en plusieurs autres villages: Agouni Hammiche, Ichikar, Akaouj, Ifuzar. Ces deux derniers sont intégrés au territoire de la commune de Ait Aïssa Mimoun.

    Histoire

    Fondation

    Le village d'Agwni N Hemmic fut fondĂ© par deux hommes (Mess Hammic et Mess Larbi) venus du village Istiten. Ils se sont installĂ©s sur un terrain plat qui appartenait Ă  Hammic d’oĂč le nom du village qui demeure jusqu’à nos jours, Agouni Hamiche, qui signifie : le terrain ou le stade de Hammic. Ils y ont Ă©lu domicile avec leurs familles.

    À l'Ă©poque, les relations avec les autres villages Ă©taient tendues, Ă  cause notamment des frontiĂšres avec les villages de Tala Bouzrou (Tala N wezrou). La frontiĂšre entre Agouni Hamiche et Tala Bouzrou est en effet limitĂ©e par le cimetiĂšre de Sidi Eláž„adj Umbarek. La lĂ©gende rapporte que Sidi Eláž„adj Umbarek Ă©tait un Saint Homme trĂšs pieux ; il aurait accompli 7 fois le rite du pĂšlerinage Ă  la Mecque. RespectĂ© par les deux parties, il a pu ramener la paix entre les deux populations.

    Le village Ă©tait, durant cette longue pĂ©riode de confit, protĂ©gĂ© par les habitants du village Istiten. On ne connaĂźt pas exactement la date Ă  laquelle ces deux fondateurs, Mess Hammic et Mess Larbi, se sont installĂ©s Ă  cet endroit mais une estimation peut ĂȘtre faite assez facilement : ils ont dĂ» s’y installer avant l'arrivĂ©e des Turcs en Afrique du Nord.

    À titre de comparaison, le village Aqawej fut fondĂ© par Uqt'an avec ses sept enfants en raison des expĂ©ditions punitives de l’armĂ©e turque pour prĂ©lĂšvement des impĂŽts. Il se situe sur le sommet de la montagne des Ait AĂŻssa Mimoun. Le sommet de Aqawej fait face Ă  un autre sommet, celui de Rgawna. Tous deux font partie de la mĂȘme montagne ; ils sont sĂ©parĂ©s par le canyon (abrid ger iwjayen ou assif ger iwjayen) creusĂ© par l'Oued Sibaou ou « Asif n Amrawa »).

    Uqt'an en s’installant au village Aqawej a occupĂ© ce sommet, Ă  l’origine trĂšs boisĂ©, et s’en est servi comme place forte pour observer et anticiper les attaques des armĂ©es turques.

    Arrivée de renfort

    Mess Hammic et Mess Larbi ont assez rapidement Ă©tĂ© rejoints par Mess Ali, Mess M'Hand et Mess Akli qui venaient de la Petite Kabylie, plus exactement du village Elkseur prĂšs de Bejaia. Eux cherchaient refuge pour des raisons que personne - y compris les descendants de ces derniers - ne connaĂźt. En tout cas, ils ont constituĂ© un renfort apprĂ©ciable et ont contribuĂ© Ă  l’agrandissement du village. Celui-ci s'est Ă©largi, formĂ© par Ihemmicen, Ayt Larbi, Ayt Ali, Ayt Mhend et Ayt w Akli.

    Époque coloniale francaise

    Lors de la colonisation de l’AlgĂ©rie par la France, trois batailles, restĂ©es dans la mĂ©moire populaire, ont signĂ© la dĂ©faite de la basse Kabylie. La tradition orale les rapporte ainsi :

    • La bataille de Tawerga situĂ© sur les terres de Ait Selgem dans la rĂ©gion de Delys actuellement, oĂč le premier combattant mort au combat est « Mes Ali U Mhand ou Ider Ali » . Celui-ci est originaire du village Tigwnatin ou Ayt Ali. NĂ©anmoins l’armĂ©e coloniale a aussi subi des pertes, les volontaires Kabyles avaient fait des prisonniers Français (Imuraz) qui furent ramenĂ©s Ă  Agwni n’Attouc « le village Attouche ».
    • La bataille de Tizi n Tlata Ă  la frontiĂšre entre Tala Bouzrou, Tifra (Iflisen) et Boujimaɛ. Ce fut une dĂ©route des volontaires Kabyles en raison d’une trahison. L’armĂ©e coloniale avait Ă©tĂ© informĂ©e du lieu de l’embuscade, par SaĂŻd n’Ait Abdellah originaire de Iflissen. Il reste encore de nos jours des vestiges du muret construit par les volontaires Kabyles pour s’y abriter au cours de l’embuscade. De ces Ă©vĂšnements, la mĂ©moire collective de la rĂ©gion a retenu l'adage populaire : « Lukan Lmaɛna yer lqedd, Ayt abdela d isulas ».
    • La bataille de Tamda Ă  laquelle les Ait Kaci et leurs alliĂ©s notamment Iceɛuten (Tifra) auraient participĂ© trĂšs activement. De Icaɛuten ont participĂ© les trois frĂšres Eláž„adj Lunnas, Eláž„adj Muhand et Eláž„adj Omar. L’un est dĂ©cĂ©dĂ©, l’autre blessĂ© et l’un est revenu indemne. À partir de cette bataille l’armĂ©e coloniale a progressĂ© difficilement durant des annĂ©es avant que le denier bastion ne tombe c’est-Ă -dire Ayt Yiraten en 1871. Cette dĂ©faite est due aux agissements du nommĂ©: Hsen N y’ Aáč­áč­aren au profit de l'armĂ©e coloniale française, le jour de la fĂȘte de l’AĂŻd-El-Kebir ou la vigilance des villageois s'Ă©tait relĂąchĂ©e.

    Recomposition des noms de famille lors de l'Ă©tablissement du premier Ă©tat civil;

    À la suite de la colonisation de la Kabylie, l'administration coloniale a devisĂ© la quasi-totalitĂ© des familles en plusieurs branches en procĂ©dant Ă  la modification de leurs noms d’origine, dans un objectif de division mais aussi de crĂ©ation de conflits comme on l’a notĂ© dans l’histoire par la suite. C’était une rĂšgle appliquĂ©e Ă  toute l’AlgĂ©rie comme ce fut le cas pour le village d'Agouni Hamiche

    • Les Ihemmicen sont divisĂ©s en Hamouche et Hammiche,
    • Les Ayt ALI sont renommĂ©s Kasmi,
    • Les Ayt Mhend renommĂ©s Belhamidi,
    • Les Ayt W Akli nommĂ©s Djilali ; il ne reste personne de la famille Djilali (Akli a eu deux filles).

    Quant aux Ayt Larbi, ils ont été divisés en cinq branches familiales : Chafai, Chabni, Chabli, Arbouz et Arbouche.

    Tamyist, un village voisin et allié

    Les habitants du village d'Agouni Hamiche ont acceptĂ© la venue d’une importante population constituant un village alliĂ© ; le village Tamyist. Les habitants de Tamyist se sont installĂ©s au sud du village d'Agouni Hamiche sur le chemin de AzaÉŁr qui conduit aux terres agricoles fertiles de la vallĂ©e de Asif n Istiten.

    Les habitants de Tamyist sont originaires de Ayt Ddwala, plus exactement de la rĂ©gion de Akal Aberkan et du village Ayt Bu Yaáž„ya, un village constituĂ© essentiellement de Imrabឍen. Ils ont quittĂ© Ayt Bu Yaáž„ya Ă  la suite d'un conflit dont on ne connaĂźt pas les raisons exactes.

    Tamyist est devenu un village allié du village d'Agouni Hamiche.

    Aujourd’hui encore, les habitants de ce village font mine de rappeler aux citoyens d'Agouni Hamiche qu’ils doivent les respecter car ils sont leurs Imrabឍen (hommes de foi et de religion, c’est-Ă -dire ceux qui Ă©taient censĂ©s perpĂ©tuer les rites et us de la religion musulmane).

    Mais essentiellement, Ă  leur arrivĂ©e, les deux villages avaient le devoir de se protĂ©ger mutuellement. L’alliance entre les deux villages demeure et de nombreuses actions communes sont rĂ©guliĂšrement menĂ©es, telles que les volontariats ou Tiwiziwin ainsi que Timchret ou LuwziƐa (lors des fĂȘtes religieuses, le village tue un bƓuf ou des moutons et la viande est partagĂ©e entre tous les habitants des deux villages de façon Ă©quitable et surtout gratuitement pour les nĂ©cessiteux).

    Villages martyrs

    Les deux villages Agouni Hamiche et Tamyist ont jouĂ© un rĂŽle important dans la rĂ©gion et dans toute la Kabylie dans la prĂ©paration de l’insurrection armĂ©e durant la Guerre d'AlgĂ©rie . Avec Istiten, ce sont les trois villages qui ont donnĂ© un trĂšs grand nombre de martyrs durant la Guerre d’AlgĂ©rie. Le village d'Agouni Hamiche a donnĂ© 24 martyrs sur une population de 83 Ăąmes recensĂ©es Ă  l’indĂ©pendance en 1962.

    Parmi les maquisards morts au combat, il y a eu plusieurs cadres parmi les plus gradés de la région :

    • Le Capitaine Amar n Lbas (Amar Bessalah) ;
    • Son frĂšre SaĂŻd Bessalah qui fut le responsable de l’OS (organisation secrĂšte) et qui fut emprisonnĂ© durant les 7 ans qu’avait durĂ© la guerre d’AlgĂ©rie. AprĂšs son emprisonnement, il fut remplacĂ© par Kasmi Mohammed SaĂŻd dit Moustache.
    • Le Capitaine Ahmed Chafai dit Roger cadre de la Wilaya 4.
    • Le Lieutenant Mohammed SaĂŻd Kasmi dit Moustache cadre de la Wilaya 4.

    Ces deux derniers ont Ă©tĂ© les premiers cadres de la Wilaya III envoyĂ©s pour former la Wilaya IV par Krim Belkacem, chacun avec une compagnie de plus 124 hommes pour Ă©tendre la guerre aux zones pacifiĂ©es par l’armĂ©e française telles que Tablat et ses environs.

    • Le lieutenant Amar Kasmi ou Amar n Lunis et son oncle
    • Le Lieutenant SaĂŻd Kasmi ou SaĂŻd w Amar dit Lmarruk ce dernier est encore en vie en 2021 et est alors ĂągĂ© de 94 ans (il est nĂ© en 1927).

    Il y a Ă©galement eu des exilĂ©s Ă  Agouni Hamiche en 1948-1849 (Hammouche Mohammed SaĂŻd ou Muhsaɛid Muhand Ihemmicen) Ă  la suite d'une bataille qui a eu lieu entre les pro-Français et les rĂ©volutionnaires (bataille entre les Hammiches et le reste du village dont les Hamouches comme expliquĂ© plus haut). Il a Ă©tĂ© forcĂ© de quitter le village et l’AlgĂ©rie avec son Ă©pouse et ses enfants pour s’établir en France oĂč il a continuĂ© la lutte dans le cadre de la fĂ©dĂ©ration de France et par la suite comme membre de l’acadĂ©mie BerbĂšre de Vincennes Ă  Paris.

    N’ont survĂ©cu que trĂšs peu d’hommes et de femmes parmi ceux qui ont participĂ© directement Ă  la guerre de libĂ©ration.

    Il est important aussi de rappeler la lutte sur le plan culturel. DĂšs l’installation de l’armĂ©e coloniale Ă  Boujimaɛ, le plus haut gradĂ© de l’époque et ses goumiers ont convoquĂ© le poĂšte Muh n’Amar Umeziane connu dans toute la Kabylie sous le nom de Muh n Hand Awagnun. Ils lui ont proposĂ© Rebɛa Duru, soit 40 sous de l’époque ou « Rebɛin Sourdi , juste pour qu’il dĂ©clame ses poĂšmes. Il a immĂ©diatement compris que le militaire voulait Ă  travers ses poĂšmes connaitre le fonctionnement de la sociĂ©tĂ© kabyle et des Ayt Wagnun en particulier. En guise de rĂ©ponse il leur a composĂ© un poĂšme instantanĂ©ment et leur a rĂ©pondu :

    « Ay-d fka lwerd tmurti-w Fiáž„el ma megra taɛfart
    Am win yeĆŁĆŁagem-n aman
    Ɣer láž„ila mebla Tacert
    Ma skn-ÉŁ-as Nnbi u Rumi
    Awer Icafaɛ deg-i laxart »


    « Dans mon pays, poussent de nombreuses variétés de roses
    Ai-je besoin de moissonner (cueillir) des Ă©pines
    L’ennemi ressemble Ă  un seau trouĂ© Ă  remplir d’eau
    Rien ne peut rassasier son avidité
    S’ils croient que je donnerai les miens et ma religion
    Que le ProphĂšte n’intercĂšde pas pour moi le jour du Jugement dernier »

    Durant la révolution plusieurs poÚmes ont jalonné les exploits des hommes des deux villages. En voici un exemple :

    « Ɛahdem-t a tuzma ĆŁeryis
    Mi t-ĆŁewwet t-Myist
    Ewwet-n-ƣ ulin-d W’aman

    Wissen anwi i-zenzen lasel-is
    Idda du Frensis
    Labឍna tenza s-leqlam

    D tarbaɛt-ik Amar n Lunis
    Bu znad IĆŁiÉŁwis
    Ay ten-igezmen ĆŁileqam

    Laskar ÉŁli-n ÉŁef idis
    França t ងeƣƣeb arraw-is
    Imjuhad refden lalam »

    « Vous les belles femmes renoncez à vos parures.
    AprÚs ce qui est arrivée à Tamyist ;
    Des bombardements, des sources ont jaillis.

    Quelqu’un a trahi les siens :
    Il s’est ralliĂ© Ă  la France
    Avec un rapport manuscrit.

    C’est ton groupe oh Amr Lunis
    À la gñchette chantante
    Qui en a terrassé paquet.

    Les soldats furent étalés.
    La France compte ses enfants morts
    Pendant que les moudjahidin ont hissé le drapeau. »

    Population

    Le village d’Agouni Hamiche est peuplĂ© de 1000 habitants environ.

    Références

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