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Affaire Plame-Wilson

L'affaire Plame-Wilson ou controverse Cooper-Miller-Novak est un scandale politique américain qui met en cause l'administration du président des États-Unis George W. Bush. Cette affaire débute le 14 juillet 2003 avec la divulgation de l'identité d'un agent secret de la Central Intelligence Agency, Valerie Plame, épouse d'un ambassadeur américain, Joseph C. Wilson, qui avait démenti la vente d'uranium par le Niger à l'Irak, mettant en difficulté le président Bush et son entourage professionnel.

Valerie Plame.

Cette affaire implique trois journalistes américains, Matthew Cooper (en), Judith Miller et Robert Novak. Elle secoue le monde journalistique aux États-Unis en 2005, car la Cour suprême des États-Unis a indirectement obligé des journalistes à violer la confidentialité de leurs sources.

Chronologie

  • : Ă  la demande de la CIA, un ancien ambassadeur, Joseph C. Wilson, est envoyĂ© au Niger pour enquĂŞter sur un Ă©ventuel trafic de matĂ©riau nuclĂ©aire avec l'Irak. Il s'agissait de prouver que l'Irak de Saddam Hussein avait bien essayĂ© de se procurer de l'uranium pour construire une arme nuclĂ©aire. Après enquĂŞte, Joe Wilson n'a rien trouvĂ© confirmant cette allĂ©gation. Pire, il a prouvĂ© que les documents sur lesquels se fondait l'administration Bush Ă©taient des faux (voir Scandale du Nigergate).
  • , lors de son discours sur l'Ă©tat de l'Union, le prĂ©sident Bush fait rĂ©fĂ©rence au Niger pour dĂ©fendre son plan de renversement du gouvernement de Saddam Hussein.
  • : dĂ©but de l'« OpĂ©ration LibertĂ© irakienne » visant Ă  exĂ©cuter ce plan.
  • : prise de Bagdad.
  • : Joseph C. Wilson, dans le New York Times, dĂ©clare : « Si mes informations ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme inexactes, je comprends (je serais alors intĂ©ressĂ© de savoir pourquoi). Si, cependant, mes informations ont Ă©tĂ© ignorĂ©es parce qu'elles ne correspondaient pas Ă  des idĂ©es prĂ©conçues sur l'Irak, alors on peut lĂ©gitimement faire valoir que nous sommes entrĂ©s en guerre sous de faux prĂ©textes »[1].
  • : plusieurs journalistes divulguent progressivement l'identitĂ© de son Ă©pouse. Cooper travaille pour Time Magazine et Judith Miller pour le journal The New York Times, alors que Robert Novak tient une chronique publiĂ©e par diffĂ©rents journaux. Dans l'une de ses chroniques, Robert Novak rĂ©vèle que Joe Wilson, un ancien ambassadeur qui s'est opposĂ© publiquement Ă  la guerre en Irak, a pour Ă©pouse un agent secret de la CIA, Valerie Plame. C'est la première fois que la couverture de celle-ci est ainsi « grillĂ©e ». Par la suite, Cooper et Miller enquĂŞtent sur l'agent, mais seul Cooper publie quelques lignes sur elle, sans toutefois la nommer. Plusieurs journalistes estiment que la publication du nom est destinĂ©e « Ă  discrĂ©diter ou Ă  punir le mari de Plame »[2].
  • : ouverture d'une enquĂŞte par le procureur spĂ©cial Patrick Fitzgerald sur l'affaire des « fuites » de la CIA (CIA leak), qui constitue un crime fĂ©dĂ©ral.
  • Après une enquĂŞte effectuĂ©e par le DĂ©partement de la Justice des États-Unis, le juge fĂ©dĂ©ral Patrick Fitzgerald exige, sous peine d'emprisonnement, que Cooper et Miller rĂ©vèlent leurs sources. Ils refusent, invoquant le premier amendement Ă  la Constitution des États-Unis qui assure la libertĂ© de la presse et le secret professionnel.
  • Les deux journalistes ont demandĂ© Ă  la Cour suprĂŞme des États-Unis de bloquer cette requĂŞte, mais celle-ci rejeta la demande, donnant raison au juge. Des deux journalistes, seul Cooper a suffisamment de matĂ©riau pour satisfaire la curiositĂ© de la Cour. Pour cette raison, elle impose des sanctions Ă  l'encontre de l'employeur de Cooper, Time Inc., lequel se soumet et remet Ă  la Cour les informations demandĂ©es. Curieusement, la Cour fĂ©dĂ©rale n'a pas fait comparaĂ®tre Robert Novak, qui a pourtant publiĂ© l'information-clĂ©. Plusieurs personnes spĂ©culent qu'il collabore avec la justice amĂ©ricaine.
  • : Ă  la suite du refus de dĂ©voiler le nom de sa source, Judith Miller est mise sous les verrous par le juge Thomas Hogan[3]. Le , la journaliste sort de prison[4]. Sa source l'a en effet autorisĂ©e Ă  divulguer son identitĂ©. Il s'agit, rĂ©vèle alors le New York Times, de Lewis Libby (Scooter), le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du vice-prĂ©sident Dick Cheney. Lundi , le New York Times publie un article dans lequel on apprend que Lewis Libby avait appris la vĂ©ritable identitĂ© de Valerie Plame de Dick Cheney, alors vice-prĂ©sident des États-Unis.
  • : mis en cause, le chef de cabinet de Dick Cheney, Lewis « Scooter » Libby, dĂ©missionne. Il a Ă©tĂ© inculpĂ©, entre autres, pour avoir menti Ă  la justice.
  • : le prĂ©sident George W. Bush est mis en cause personnellement pour la divulgation d'informations secret-dĂ©fense. Le procureur a en effet remis Ă  la Cour fĂ©dĂ©rale du district de Columbia une rĂ©ponse Ă©crite, rendue publique jeudi . En , M. Libby aurait fait « fuiter » des informations Ă  plusieurs journalistes afin de tenter de sauver la crĂ©dibilitĂ© des justifications avancĂ©es par l'administration Bush pour renverser Saddam Hussein. Dick Cheney aurait dit Ă  son chef de cabinet que le prĂ©sident l'avait « spĂ©cifiquement autorisĂ© Ă  rĂ©vĂ©ler certaines informations ». M. Libby a alors contactĂ© la journaliste Judith Miller du New York Times pour lui expliquer que Saddam Hussein poursuivait « activement » sa quĂŞte d'uranium et de bombe atomique selon un rapport rĂ©cemment rĂ©digĂ© par la CIA en . Il nie cependant ĂŞtre celui qui a livrĂ© l'identitĂ© de l'agent Valerie Plame, un crime selon les termes d'une loi sur la protection des agents secrets de 1982.
  • : Karl Rove apprend qu'aucune accusation ne sera retenue contre lui.
  • : Robert Novak dĂ©voile que Karl Rove Ă©tait une de ses sources.
  • - : la première source de Robert Novak Ă©tait en rĂ©alitĂ© Richard Lee Armitage, l'ex-secrĂ©taire d'État adjoint amĂ©ricain.
  • : Lewis Libby est reconnu coupable de quatre des cinq chefs d'accusation qui pesaient contre lui.
  • : Valerie Plame, mettant fin Ă  quatre annĂ©es de silence, a dĂ©clarĂ© Ă  des membres du Congrès que certains hauts responsables de la prĂ©sidence et du dĂ©partement d'État avaient divulguĂ© son identitĂ© « de manière irrĂ©flĂ©chie et sans vergogne » pour discrĂ©diter son mari diplomate.
  • : le juge Reggie Walton, chargĂ© de l'affaire au tribunal fĂ©dĂ©ral de Washington, a condamnĂ© Lewis Libby Ă  deux ans et demi de prison et 250 000 dollars d'amende.

Analyse

Des journalistes voient cet événement comme une attaque contre la Constitution des États-Unis, et anticipent qu'une pléthore de demandes similaires seront effectuées, faisant en sorte que de moins en moins de journalistes pourront invoquer le secret professionnel pour cacher l'identité de leurs informateurs, ce qui pourrait mener, par exemple, à moins de dénonciations. C'est ainsi qu'à la suite de la décision du Time de divulguer les notes de son journaliste au procureur, plusieurs journalistes de ce journal se sont plaints auprès de leur hiérarchie du fait que plusieurs de leurs sources anonymes refusent maintenant de parler.

De l'autre côté, la justice américaine souhaite augmenter le secret sur l'identité des agents secrets travaillant pour le compte des États-Unis. Certaines révélations faites par des journalistes dans les années passées ont, semble-t-il, mené au départ ou à la mort d'agents. Cependant, la plupart des agents démasqués l'ont été par des traîtres travaillant à l'intérieur de différentes agences américaines, tels que Robert Hanssen et Aldrich Ames.

Beaucoup de rumeurs courent depuis le début de l'affaire sur le nom de l'informateur de Novak. Le nom le plus fréquemment cité est celui de Karl Rove, le conseiller spécial du président George W. Bush. L'avocat de Rove a déclaré que son client « n'a jamais sciemment diffusé des informations classées secrètes ». Le « sciemment » laissant dubitatives plusieurs personnes, un sénateur démocrate a demandé que Karl Rove démente officiellement être celui qui a divulgué le rôle de Valerie Plame.

Le , Matt Cooper révèle, dans le Time, que c'est bien Karl Rove qui lui a dit, lors d'une conversation téléphonique le , que la femme de Joe Wilson travaillait pour la CIA. Il a eu la confirmation de cela par Lewis Libby, le secrétaire général du vice-président Dick Cheney.

Les suites

Lewis Libby fit face Ă  cinq chefs d'accusation :

Le , il est reconnu coupable de quatre des cinq chefs d'accusation. Le , il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  deux ans et demi de prison et 250 000 dollars d'amende.

Le , le président Georges W. Bush utilise son droit de grâce pour faire libérer Lewis Libby[5].

Le , le président Donald Trump accorde un "full pardon" à Lewis Libby[6].

Notes et références

  1. (en) What I Didn't Find in Africa - The New York Times, 6 juillet 2003
  2. (fr) Pour Time, le respect de la justice coule de sources - Libération, 1er juillet 2005
  3. (fr) Judith Miller en prison - Le Devoir, 7 juillet 2005
  4. (fr) La journaliste Judith Miller libérée - RFI, 30 septembre 2005
  5. Le monde.fr, avec AFP et Reuters, « Lewis Libby, partiellement gracié par George Bush, n'ira pas en prison », sur www.lemonde.fr, (consulté le )
  6. (en-US) Peter Baker et Maggie Haberman, « Trump Plans to Pardon Scooter Libby for Perjury in C.I.A. Leak Case », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )

Sources

  • « George Bush mis en cause pour la divulgation d'informations secret-dĂ©fense », Le Monde,

Annexes

Articles connexes

Au cinéma

Liens externes

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