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Affaire Pechiney-Triangle

L'affaire Pechiney-Triangle est un scandale politico-financier de la fin des années 1980. Il s'agit d'un délit d'initiés à propos d'une offre publique d'achat du groupe français Pechiney, alors nationalisé, sur la société américaine Triangle, alors que Michel Rocard était Premier ministre. Une partie du dossier, révélé par le journalisme d'investigation, a ensuite fait l'objet d'une instruction judiciaire. Plusieurs personnalités politiques et du monde des affaires ont écopé de peines de prison.

Description

En novembre 1988, la société nationalisée française Pechiney annonce une offre publique d'achat sur la société américaine Triangle, cotée à New York. Pechiney était particulièrement intéressée par la filiale de Triangle, American National Can (ANC), spécialiste de l’emballage.

Dans les jours qui précèdent l'annonce officielle de l'offre publique d'achat, le volume moyen d'échange du titre Triangle passe de 3 500 à 200 000 titres par jour. L'action Triangle s'envole de 10 à 56 USD[1]. Pechiney doit donc finalement racheter Triangle à un prix beaucoup plus élevé que prévu[2]. Le bénéfice réalisé par les auteurs de cette spéculation est estimé (après revente de leurs actions) à environ 48 millions de francs français (7,3 millions d'euros, ou 9 millions de dollars américains)[2].

La SEC, autorité de contrôle des marchés boursiers, remarque ces mouvements inhabituels, retrace l'origine des ordres d'achat et avertit la Commission des opérations de bourse française.

Une procédure judiciaire est alors mise en route. Pechiney est alors une société nationalisée, et des hommes politiques étaient au courant de l’opération, qui avait été annoncée en grande pompe dans la presse. L'instruction met en évidence que certains d'entre eux et de leurs relations figurent parmi les acquéreurs de titres Triangle. Dans la mesure où ils ont bénéficié d'informations confidentielles sur l'OPA, les faits répondent à la qualification de délit d'initié.

Neuf personnes sont inculpées, parmi lesquelles :

À l'examen de la presse avec le logiciel Alceste, le sociologue Pierre Lascoumes distingue 3 périodes médiatiques dans cette affaire : de 1988 à 1989, période de révélation des faits, les niveaux politiques et économiques sont les plus impliqués, et on parle de scandale ou d'affaire d'État. De 1990 à 1992, la dimension politique disparaît et laisse la place à la reconstitution des faits et aux aspects judiciaires, la gravité de l'affaire faiblissant. En 1993, période du procès, la dimension politique revient, mais il n'est plus question de scandale, et l'enquête et l'économie restent les sujets principaux. Dans l'ensemble, le traitement de cette affaire par la presse est extrêmement diversifié, chaque support d'information modifiant son approche en fonction de l'actualité. La seule tendance est que le registre du scandale laisse progressivement la place au registre d'une affaire[4].

Chronologie

Notes et références

  1. Gilles Gaetner, « Scandale Pechiney: le rapport vérité », L'Express,‎ (lire en ligne[archive du ], consulté le )
  2. Gilles Sengès, « L'affaire Pechiney-Triangle devant la justice », Les Échos,‎ (lire en ligne[archive du ], consulté le )
  3. L'Expansion, oct. 2007, p. 140
  4. Pierre Lascoumes, « Des cris au silence médiatique : les limites de la scandalisation », Éthique publique, vol. 18, no 2,‎ (DOI , lire en ligne[archive du ], consulté le )

Liens externes

Bibliographie