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Affaire Cahouët

L’affaire CahouĂ«t est une escroquerie qui impliqua en 1777 la reine Marie-Antoinette.

Portrait de Marie-Antoinette (1777), victime indirecte des intrigues de Victoire Cahouët de Villers

Les protagonistes

Le Chùteau de Villers, acheté par Pierre Louis René Cahouët en 1763 qui rajoute le nom de sa nouvelle terre à son patronyme

L’instigatrice de cette affaire est Victoire Wallard, Ă©pouse de Pierre Louis RenĂ© CahouĂ«t de Villers, premier commis des bureaux de la guerre, issu d'une famille de la haute-bourgeoisie de Saumur[1]. Victoire gagna l'amitiĂ© de l'AbbĂ© Terray, qui fit nommer son mari trĂ©sorier-gĂ©nĂ©ral de la maison du Roi. Les Ă©poux CahouĂ«t menaient grand train et Victoire ne reculait devant aucun moyen pour se procurer de l’argent. Cette derniĂšre est l'auteur de plusieurs escroqueries et manigances qui vont ĂȘtre Ă  l'origine d'un scandale auquel le nom de la reine Marie-Antoinette va ĂȘtre mĂȘlĂ©.

L’affaire

Quelques annĂ©es avant l’affaire du collier, Victoire CahouĂ«t de Villers, intrigante galante et Ă©tourdie, s'est servie du nom de Marie-Antoinette pour duper et escroquer des sommes importantes Ă  ceux qui croyaient Ă  son influence. Selon Henriette Campan, Mme CahouĂ«t de Villers voulait se faire passer, aux yeux de ses amis de Paris, comme Ă©tant en faveur Ă  la Cour, oĂč ne l'appelait pas sa naissance. Pendant les derniĂšres annĂ©es de la vie de Louis XV, elle avait dĂ©jĂ  trouvĂ© le moyen d'obtenir des sommes Ă©levĂ©es en se faisant passer pour ĂȘtre la maĂźtresse du Roi. Elle venait rĂ©guliĂšrement Ă  Versailles et s'y tenait cachĂ©e dans une chambre d'hĂŽtel ; faisant croire aux dupes qu'elle Ă©tait appelĂ©e Ă  la Cour pour des motifs secrets. AprĂšs la mort de Louis XV, cette femme forma le projet d'arriver jusqu'Ă  la jeune Reine. Elle prit pour amant Gabriel de Saint-Charles, intendant des finances du Roi, dont le privilĂšge Ă©tait d'avoir accĂšs, le dimanche, Ă  la chambre de Marie-Antoinette. Victoire se vantait d’avoir de frĂ©quentes audiences de la Reine et pour faire croire cela, elle se procura chez son amant des piĂšces signĂ©es par la Reine qu'elle s'appliqua alors Ă  imiter. Ainsi Mme CahouĂ«t de Villers contracta des emprunts au nom de Marie-Antoinette et contrefit son Ă©criture Ă  deux reprises en 1777.

Elle avait imitĂ© la signature de la reine une premiĂšre fois pour se procurer des vĂȘtements chez Rose Bertin, la cĂ©lĂšbre modiste. La Reine l'apprend et lui pardonne. Par la suite, Victoire parvint mĂȘme Ă  se faire Ă©crire par Marie-Antoinette qui, par son intermĂ©diaire, se procurait Ă  Paris des objets de fantaisie. Ainsi, Mme CahouĂ«t de Villers a Ă©tĂ© chargĂ©e de diffĂ©rentes petites affaires et commissions pour la Reine. Sous prĂ©texte de vouloir exĂ©cuter plus fidĂšlement les commissions dont elle Ă©tait chargĂ©e, Victoire montrait ces lettres aux marchands, ainsi, dans beaucoup de maisons, elle se fit passer comme jouissant d'une faveur particuliĂšre Ă  la Cour.

L'Ă©pouse CahouĂ«t va rĂ©cidiver en fabriquant une nouvelle lettre signĂ©e Marie-Antoinette au moyen de laquelle elle put emprunter 200 000 livres au fermier gĂ©nĂ©ral Loiseau de BĂ©ranger. Ce dernier exprima le dĂ©sir de recevoir un mot de la Reine pour ĂȘtre certain que la somme demandĂ©e lui Ă©tait bien destinĂ©e. Mme CahouĂ«t de Villers lui objecta que tel n'Ă©tait pas l'usage et qu'il devrait se contenter d'un signe de tĂȘte que lui ferait Marie-Antoinette en guise de confirmation. Victoire raconta Ă  la Reine que, le dimanche suivant, deux dames de la Cour devaient assister Ă  la messe au chĂąteau, coiffĂ©es d’une maniĂšre extravagante ; elle serait heureuse de connaĂźtre, par tel mouvement de tĂȘte, l’impression produite sur Sa MajestĂ©. En mĂȘme temps, ces deux personnes furent informĂ©es du dĂ©sir de la Reine de pouvoir juger de l‘effet produit sur elles par certaine coiffure nouvelle dont le dessin leur Ă©tait remis. Au jour dit, Mme CahouĂ«t de Villers se rend Ă  la chapelle, oĂč elle se place Ă  cĂŽtĂ© de Loiseau de BĂ©renger. Quand la Reine arrive, elle cherche du regard les deux dames qui lui ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©es puis les ayant vues, elle porte les yeux vers Mme CahouĂ«t de Villers, lui sourit et fait de la tĂȘte un signe d‘approbation que Loiseau de BĂ©renger prend pour lui. Ce dernier, dĂ©sormais convaincu remet la somme demandĂ©e le jour mĂȘme Ă  Mme CahouĂ«t de Villers qui garda le tout pour elle. Mais l’escroquerie parvint aux oreilles des Ministres.

L'incarcération

La Bastille, oĂč fut incarcĂ©rĂ©e Victoire CahouĂ«t de Villers

La reine Ă©tant mĂȘlĂ©e Ă  l’affaire, les ministres du roi, en particulier le comte de Maurepas qui craint que son neveu d'Aiguillon soit impliquĂ© dans la machination, rejettent l'Ă©ventualitĂ© d'un procĂšs[2]. Il est alors dĂ©cidĂ© d'enfermer sans jugement les Ă©poux CahouĂ«t Ă  la Bastille, ne pouvant distinguer alors si le mari et la femme ou celle-ci seulement Ă©taient coupables. Louis XVI signa une lettre de cachet contresignĂ© par le secrĂ©taire d’État Amelot. Le , Madame CahouĂ«t de Villers fut enfermĂ©e dans la tour du ComtĂ©, et son Ă©poux dans la tour du TrĂ©sor. Ce dernier fut libĂ©rĂ© le , sur les preuves qu'il n'avait en aucune façon pris part aux menĂ©es de sa femme. AprĂšs sa libĂ©ration, il fut chargĂ© de rembourser discrĂštement les dettes de son Ă©pouse, ce qui le mit dans une situation financiĂšre difficile.

Victoire, mĂȘme en prison, continua ses manigances. Le banquier de la Fosse, Ă  qui elle devait prĂšs de 120 000 livres, se prĂ©senta pour voir sa dĂ©bitrice qui se prĂ©tendit malade et incapable de le recevoir. Le banquier fut autorisĂ© Ă  revenir la visiter cinq jours plus tard mais il n'a pu obtenir le rĂšglement de sa dette. Son mari qui , Ă  Versailles (il rĂ©sidait rue de l'Orangerie[3]), jouissait d‘un poste honnĂȘte & lucratif, refusa de venir Ă  son secours. Il ne voulut plus entendre parler d‘une femme qui l‘avait compromis et exposĂ© au danger de perdre sa place.

Le , le Roi ordonna la mise en libertĂ© de la dĂ©tenue, ce qui signifiait qu'elle devait ĂȘtre conduite au couvent des Filles de la Croix pour y rester jusqu’à nouvel avis. Cette ordre s'explique par la dĂ©gradation progressive de la santĂ© de Victoire Ă  la Bastille. Elle en sortit le seulement aprĂšs 1 an, 5 mois et 8 jours d'incarcĂ©ration[4]. Elle fut remise Ă  la supĂ©rieure de la communautĂ© sous le nom de Mme de Noyans. De lĂ , elle passa dans le couvent des Filles de Saint-Thomas mais cette nouvelle existence ne convenait pas Ă  son humeur enjouĂ©e. Elle se mit Ă  dĂ©pĂ©rir et ne tarda pas Ă  mourir, rĂ©pĂ©tant sans cesse « Cette Bastille m'a tuĂ©e ».

Regards de contemporains

« J'avoue que j'Ă©tais inquiĂšte, et que s'il eĂ»t fallu recommencer ce que j'avais fait, je me serai retirĂ©e les mains nettes de cette affaire. Par un singulier pressentiment, je pensai Ă  Madame CahouĂ«t de Villers, qui avait Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  une dĂ©tention perpĂ©tuelle, pour s'ĂȘtre mĂȘlĂ©e des affaires d'argent de Marie-Antoinette. »

— Jeanne de Valois-Saint-RĂ©my, MĂ©moires de la Comtesse de Valois de Lamotte, p.262

« Dans la recherche de toutes les menĂ©es de Mme CahouĂ«t de Villers, il s'est trouvĂ© beaucoup d'autres intrigues oĂč nombre de gens fort connus seraient compromis si le jugement final de cette criminelle Ă©tait prononcĂ© par les tribunaux ordinaires. »

— Mercy-Argenteau Ă  l'impĂ©ratrice Marie-ThĂ©rĂšse, mĂšre de Marie-Antoinette, le 16 avril 1777

Annexes

Contrairement à l'affaire du Collier, trÚs peu d'ouvrages évoquent l'affaire Cahouët. Les ouvrages cités font seulement référence à cette affaire en donnant plus ou moins de détails.

  • Charpentier, La Bastille dĂ©voilĂ©e ou Recueil de piĂšces authentiques pour servir Ă  son histoire (1789), volume 5, pages 2 Ă  5
  • (Auteur inconnu), Journal des rĂ©volutions de l’Europe en 1789 et 1790, tome 11, pages 130 Ă  133
  • Louis Hastier, La vĂ©ritĂ© sur l'affaire du collier (1955), ouvrage fournissant beaucoup de dĂ©tails sur l'affaire CahouĂ«t
  • Jeanne de Valois-Saint-RĂ©my, MĂ©moires de la Comtesse de Valois de Lamotte, Ă©crits par elle-mĂȘme, pages 262 et 263

Dans le tome 7 des enquĂȘtes de Nicolas le Floch, intitulĂ© "Le cadavre anglais", le commissaire crĂ©Ă© par Jean-François Parot enquĂȘte sur les escroqueries de Mme Cahuet de Villers. Ce roman policier a Ă©tĂ© adaptĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision par France 2 (Ă©pisode 11 saison 6). Mme Cahuet de Villers y est jouĂ©e par AgnĂšs Soral.

Références

  1. Gustave (1863-1923) Auteur du texte Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siÚcle. VIII. Bus-Cas. - 1909 / par C. d'E.-A. [Chaix d'Est-Ange], 1903-1929 (lire en ligne)
  2. « villers-en-arthies », sur villers-en-arthies.pagesperso-orange.fr (consulté le )
  3. « Les seigneurs de Villers en Arthies du XIVe au XVIIIe siÚcle (1996) » (consulté le )
  4. « biblisem.net », sur www.biblisem.net (consulté le )

Articles connexes

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