Affaire Alcatel
Lâaffaire Alcatel est un scandale qui a bouleversĂ© profondĂ©ment la politique du Costa Rica, dĂšs son Ă©clatement en et a conduit en prison un ancien prĂ©sident, Miguel Ăngel RodrĂguez EcheverrĂa. Un autre ancien prĂ©sident, JosĂ© MarĂa Figueres, a Ă©galement dĂ» dĂ©missionner de son poste de Directeur gĂ©nĂ©ral du Forum Ă©conomique mondial, plus connu comme Forum de Davos.
Historique
Contrat avec la firme Alcatel pour moderniser la téléphonie cellulaire
Vers la fin des annĂ©es 1990, le Costa Rica est confrontĂ© au dĂ©fi dâadopter la technologie GSM pour les tĂ©lĂ©communications sans fil. Le monopole des tĂ©lĂ©communications est dĂ©tenu par lâInstitut Costaricien dâĂlectricitĂ© (es) (ICE), une entreprise d'Ă©tat[1]. ICE avait des difficultĂ©s Ă fournir Ă ses clients les lignes GSM. Le , lâICE signe un contrat avec la compagnie française Alcatel, afin dâinstaller 400 000 lignes GSM. Le contrat sâĂ©leve Ă prĂšs de 419 millions de dollars US.
En , le journal costaricien La NaciĂłn publie des informations concernant lâoctroi du contrat selon lesquelles Alcatel aurait versĂ© des pots-de-vin Ă des entrepreneurs et des personnalitĂ©s politique nationale pour remporter le contrat. L'argent a Ă©tĂ© versĂ© par lâintermĂ©diaire dâun rĂ©seau d'entreprises. Ces transferts dâargent Ă©taient le point de dĂ©part des accusations formulĂ©es par le Fiscal General[2].
Les autoritĂ©s accusaient le vice-prĂ©sident et directeur commercial dâAlcatel pour l'AmĂ©rique latine, Christian Sapsizian Auvignon, et son prĂ©sident d'Alcatel au Costa Rica, Edgar Valverde Acosta d'avoir planifiĂ©, recherchĂ©, offert et livrĂ© des pots-de-vin Ă des fonctionnaires prenant part Ă la dĂ©cision[3].
Les paiements auraient Ă©tĂ© faits de maniĂšre indirecte. Les procureurs ont expliquĂ© que pour justifier les transferts, Alcatel avait utilisĂ© les services de Luis AdriĂĄn QuirĂłs Carmona (dont la sĆur est mariĂ©e Ă Valverde Acosta). Un total de quatre contrats a Ă©tĂ© signĂ© avec la sociĂ©tĂ© Servicios Notariales Q. C. qui appartenait Ă la femme de QuirĂłs Carmona. Selon les procureurs, Alcatel a payĂ© Ă Servicios Notariales Q. C. 14,7 millions de dollars entre et [4]. Selon des documents judiciaires dĂ©posĂ©s auprĂšs de la Cour de la finance criminelle, l'argent a ensuite Ă©tĂ© rĂ©parti entre les diffĂ©rents responsables[5].
ProcĂšs et condamnations au Costa Rica et aux Ătats-Unis
Selon les documents dâaccusation dĂ©posĂ©s auprĂšs du Tribunal Penal de Hacienda, l'argent a commencĂ© Ă ĂȘtre rĂ©parti entre les diffĂ©rents responsables de l'approbation du contrat des lignes tĂ©lĂ©phoniques. L'acte d'accusation spĂ©cifiait Ă quelles dates, comment et par qui l'argent est parvenu aux agents publics.
Parmi les bĂ©nĂ©ficiaires des commissions figuraient lâancien prĂ©sident de la RĂ©publique, Miguel Angel RodrĂguez[6], le conseiller de lâICE Joaquin Alberto Fernandez Vargas et Eliseo Garcia, ancien prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de la Caisse de sĂ©curitĂ© sociale (CCSS), ainsi que Guido Sibaja Fonseca et Rodrigo Soto MĂ©ndez, anciens fonctionnaires de lâICE. Barrios. QuirĂłs Guardia et Valverde sont dĂ©signĂ©s par le procureur gĂ©nĂ©ral comme les gens chargĂ©s dâoffrir les pots-de vin.
Entre lâĂ©clatement du scandale en 2004 et l'acte dâaccusation en , trois des 14 accusĂ©s ont nĂ©gociĂ© avec la Couronne afin de recevoir des sentences moins sĂ©vĂšres.
Hernan Bravo Trejos (ancien membre du conseil d'administration du ICE), Marlen Sibaja Fonseca et Miguel Barrios Leonel Arce ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă trois ans de prison avec sursis. Bravo a admis avoir reçu 1 million de dollars en pots de vin en Ă©change de l'approbation du contrat de 400 000 lignes cellulaires. Il a acceptĂ© de rembourser ce montant dĂ©composĂ© en 875 000 $ pour l'Ătat et 218 000 $ pour lâICE. Barrios a Ă©tĂ© reconnu coupable de corruption aggravĂ©e[7]. Il a restituĂ© 100 000 dollars Ă lâĂ©tat ainsi quâune voiture d'une valeur de 16 millions de colons (monnaie du Costa Rica).
Marlen Sibaja a Ă©tĂ© reconnue coupable de deux simulations de fraude. Dans son cas il nâa pas eu action civile. Un autre accusĂ©, JosĂ© Antonio Lobo Solera, nâa pas Ă©tĂ© accusĂ© en raison de sa collaboration avec les autoritĂ©s[8].
Le , des neuf accusés, un a été acquitté. La liste des condamnations s'établit comme suit :
- lâancien prĂ©sident Miguel Angel Rodriguez a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă cinq ans de prison pour corruption et 12 ans et l'interdiction d'exercer une fonction publique[9] ;
- JoaquĂn FernĂĄndez, ancien conseil de l'ICE, est condamnĂ© Ă cinq ans de prison pour corruption aggravĂ©e. Il lui est interdit dâoccuper un emploi public pendant 12 ans ;
- Guido Sibaja est condamnĂ© Ă 15 ans de prison pour trois chefs d'accusation de corruption aggravĂ©e. Il lui est interdit dâoccuper un emploi public pendant 12 ans ;
- Eduardo Fonseca, fonctionnaire de lâICE est condamnĂ© Ă deux ans de prison pour enrichissement illicite. Il lui est interdit dâoccuper un emploi public pendant 12 ans ;
- Eliseo Vargas est condamnĂ© Ă deux ans de prison pour enrichissement illicite. Il lui est interdit dâoccuper un emploi public pendant 12 ans ;
- Edgar Valverde, ancien directeur-général d'Alcatel au Costa Rica, accusé d'offrir des paiements au nom de la société française est condamné à 15 ans de prison pour quatre chefs d'accusation de corruption ;
- Adrian Luis Quirós, avocat à QC Services de notaire, qui s'est occupé des paiements est condamné à 15 ans pour corruption ;
- Alfonso Guardia, homme d'affaires accusé d'offrir des pots de vin à des fonctionnaires publics et d'aider dans le transfert de l'argent est condamné à 10 ans pour corruption ;
- Rodrigo MĂ©ndez, fonctionnaire de lâICE n'est pas condamnĂ©, le dĂ©lit pour lequel il Ă©tait poursuivi Ă©tant prescrit[10] ;
- Christian Sapsizian Auvignon, ancien vice-prĂ©sident d'Alcatel pour l'AmĂ©rique latine n'a pas Ă©tĂ© accusĂ© au Costa Rica. Cependant, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă Miami oĂč il a avouĂ© avoir payĂ© des pots de vin. Il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 30 mois de prison pour conspiration en vue de payer des pots-de vin au Costa Rica, en Ă©change de lâobtention un contrat tĂ©lĂ©phonie GSM pour son entreprise[11].
Alcatel a dĂ» payer un total de US$ 137 millions dâamendes Ă la SEC (Securities and Exchange Commission) afin dâĂ©viter un procĂšs pĂ©nal aux Ătats-Unis. La firme qui Ă©tait cotĂ©e en bourse aux Ătats-Unis a plaidĂ© coupable dâavoir payĂ© un total de US $ 48 millions afin dâempocher des contrats en AmĂ©rique Latine et en Asie. Alcatel a acceptĂ© de payer 45 millions de dollars pour rĂ©gler des accusations de la SEC, ainsi que de payer 92 millions de dollars supplĂ©mentaires pour rĂ©gler des accusations criminelles qui auraient pu ĂȘtre portĂ©es par le ministĂšre de la Justice des Ătats-Unis[12].
Références
- « Corruption : Alcatel, mis en cause au Costa Rica, porte plainte », Challenges,â (lire en ligne)
- Resumen del caso Alcatel (en espagnol)
- L'ex-patron d'Alcatel au Costa Rica dénonce des pressions
- Corruption : Alcatel, mis en cause au Costa Rica, porte plainte
- Alcatel-Lucent attaqué par le Costa Rica dans une affaire de corruption
- Mandat d'arrĂȘt international contre le nÂș1 de l'OEA, accusĂ© de corruption au Costa Rica
- Corruption/Costa Rica: Alcatel paiera
- Resumen del caso Alcatel (en espagnol)
- Costa Rica: l'ex-président Rodriguez condamné à 5 ans prison pour avoir reçu des pots-de-vin d'Alcatel
- Penas impuestas en Costa Rica a acusados en juicio a ex-presidente RodrĂguez,780f28bf4199f210VgnVCM20000099f154d0RCRD.html
- Resumen del caso Alcatel
- Alcatel-Lucent pays US fine on corruption charges (en anglais)