Affaire Édouard Mazé
Édouard Mazé (1924-1950) est un ouvrier, vraisemblablement né au Relecq-Kerhuon dans le Finistère, où sont nés ses deux frères aînés. Il était manœuvre chez Sainrapt et Brice, et militant CGT. Il fut tué à l'âge de 26 ans par les forces de l'ordre d’une balle en pleine tête lors d'une manifestation réunissant ouvriers du bâtiment, dockers et classe ouvrière, le à Brest.
Biographie
Fils du cheminot résistant Ernest Mazé (1896-1979) et de la couturière Marie Lamour, Édouard Mazé est le benjamin d’une fratrie de 3 frères, avec Pierre (1921-2005), l’aîné, et Ernest (1923-2020), syndicaliste, communiste et résistant, le cadet.
Contexte
Ce drame intervient dans une période de grèves pour de meilleurs salaires débutées en février 1950 dans les usines de Renault-Billancourt, puis s'étendant à d'autres secteurs, ainsi que dans les entreprises publiques et les ports où a lieu en particulier la grève des dockers de 1949-1950 en France.
La situation se dégrade, notamment à Brest où 8000 travailleurs sont employés à la reconstruction de la ville. À la suite d'incidents, la CGT décrète la grève générale le et en fin d'après-midi, les gendarmes tirent sur des manifestants, touchant mortellement l'un d'eux, Édouard Mazé, 26 ans[1], au 7 de la rue Kerabecam.
Retentissement
Les obsèques ont lieu le [2]. Un cortège de plus de 5 000 personnes[1] accompagne les proches de l'ouvrier sur la tombe duquel figure l'épitaphe « Mort pour le pain, la paix et la liberté ». La mort du syndicaliste a motivé pour une part la démission, le , de l'abbé Pierre du MRP dont il était l'un des députés[3].
L'enquête lancée à la suite de ce drame — au cours duquel un autre militant, Pierre Cauzien, est grièvement blessé[4] — a abouti à un non-lieu, le coupable n'ayant pu être identifié « avec certitude »[1].
Les événements ayant conduit à la mort de Édouard Mazé ont inspiré le cinéaste René Vautier qui y a consacré son film Un homme est mort (film disparu[5]) ainsi que le groupe de chansonniers bretons Les Goristes qui a sorti une chanson nommée Le , Edouard Mazé[6] et dédiée à « Edouard Mazé et Pierre Cauzien et tous les autres ».
Hommages
Bibliographie
- Un homme est mort, bande dessinée de Kris et Étienne Davodeau, Futuropolis, 2006[7]. Le titre reprend le poème d’Éluard[5] de 1945 intitulé « Gabriel Péri », et qui commence ainsi :
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
…
Ce poème, le cinéaste René Vautier, appelé pour filmer les obsèques d’Edouard Mazet, l’utilisera comme voix off pour pallier l’absence de sonorisation de son film, en remplaçant dans le texte « Gabriel Péri » par « Edouard Mazé ».
Filmographie
- Un homme est mort, un long métrage d'animation de Olivier Cossu de 2017 basé sur la bande dessinée d'Étienne Davodeau
Place et plaque de rue
La mémoire d'Édouard Mazé est honorée à Brest par une place à son nom[8] et une stèle.
Une rue du nom d´Édouard Mazé est inaugurée le (en même temps qu´une rue Jules Génovesi) à Saint-Denis[9].
- Place Edouard Mazé, Brest. Plaque à sa mémoire, posée par la CGT.
- La rue Edouard Mazet à Saint-Denis.
Notes et références
- Michel Pigenet, « Février-mai 1950, le rebond des grèves en France », L'Humanité Dimanche, no 696, 20-27 février 2020, p. 77-81.
- « Les ouvriers ont assisté en tenue de travail cet après-midi aux obsèques de leur camarade Edouard Mazé », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Patrimoine. Hommage à Édouard Mazé, tué par balle », sur letelegramme.fr.
- « Obsèques de Pierre Cauzien. L'adieu à une figure », sur letelegramme.fr, 16 avril 2009.
- Fiche sur film-documentaire
- Site goristes
- Régis Delanoë, « Édouard Mazé, un homme est mort », sur 20 Minutes, .
- « Avril 1950, mort dEdouard Mazé : son frère Pierre témoigne », sur letelegramme.fr, .
- « Notice descriptive », sur archives.ville-saint-denis.fr (consulté le ).