Ada Tepe
Ada Tepe est une colline de la chaîne des Rhodopes située à 4 km de Kroumovgrad dans le Sud de la Bulgarie. Sa richesse en or a été exploitée dès l'âge du bronze. Il s'agit d'électrum, un alliage d'or et d'argent dont la proportion est ici de 3:1 et qui est seulement contaminé par des traces d'arsenic. La montagne en elle-même est essentiellement formée par des sédiments du Maastrichtien (66 à 72 millions d'années) reposant sur des orthogneiss âgés d'un peu plus de 300 millions d'années[1].
Ada Tepe | ||
Vue de la colline. | ||
GĂ©ographie | ||
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Altitude | 475 m | |
Massif | Rhodopes | |
Coordonnées | 41° 26′ 22″ nord, 25° 39′ 17″ est | |
Administration | ||
Pays | Bulgarie | |
Oblast | Kardjali | |
Obština | Kroumovgrad | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Bulgarie
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L'or
La présence de l'or sur la colline Ada Tepe est estimée à une valeur d'1 milliard d'euros. Une mine fut construite pour extraire du minerai.
Le gisement
L'importance du gisement d'or d'Ada Tepe est estimée à 6,15 Mt de minerai avec 4,6 grammes d'or par tonne. Sa formation est liée à l'orogenèse alpine et à celle des Rhodopes. Dans ce secteur, cette phase a été suivie par une autre phase de relâchement de la compression et d'extension associée à du volcanisme, il y a 35,0 ± 0,2 millions d'années. C'est à cette époque que l'or s'est déposé dans des roches sédimentaires lors du soulèvement d'un dôme métamorphique avec une minéralisation épithermale (dans une eau chaude et à faible profondeur) de type basse sulfidation. La cristallisation s'est produite entre 200 et 250 m sous la surface, voire moins, à une température proche de 180 à 200 °C dans une eau bouillante. Le dépôt s'étend sur une longueur de 600 m et une largeur de 300 à 350 m. L'or s'est rassemblé dans un corps tabulaire pratiquement horizontal juste au-dessus de la faille de décollement ainsi que dans des failles verticales[1] - [2]. C'est une localisation un peu inhabituelle car les gisements d'or primaires sont généralement liés à des roches magmatiques[3].
La mine
À l'issue de travaux de prospections, le gouvernement bulgare a accordé une concession d'exploitation en novembre 2011 à Balkan Mineral and Mining, une filiale de Dundee Corporation (en), pour ouvrir une mine à ciel ouvert. L'investissement nécessaire est évalué à 130 millions de dollars sur neuf ans pour un sous-sol contenant du minerai pour une valeur estimée à 1 milliard d'euros. Une partie de la population locale s'est toutefois opposée à ce projet en raison de l'absence d'une politique de développement durable et de la crainte d'une contamination par des cyanures de la Krumovitsa (en) et donc de l'eau potable pour la ville et l'irrigation des champs[4].
Le site archéologique
Des recherches archéologiques de sauvetage ont été menées dans le cadre d'une éventuelle exploitation minière. Elles ont d'abord porté sur un petit sanctuaire thrace de 2001 à 2006 puis sur les traces d'exploitation de l'or à partir de 2005. Les recherches ont révélé que le site a été exploité dès l'âge de bronze (env. 1500 av. J.-C.), ce qui en fait la plus ancienne mine d'or en Europe, et que l'exploitation a duré jusqu'à l'âge de fer (fin vers -1000 ou -700). Le site d'extraction correspond à la partie supérieure de la colline. Sur le flanc est, pratiquée à ciel ouvert, elle a pris des dimensions industrielles, comme le montrent les tas de gravats s'empilant sur plus de 10 mètres. Les autres flancs présentent aussi des signes d'exploitation, mais de taille plus réduite avec en particulier des galeries ouvertes sur le côté sud-ouest. Un village a été construit au sommet de la colline avec un mur de fortification en pierre. Malgré la grande teneur en or du terrain environnant, le village ne semble pas avoir profité de cette richesse. Les vestiges retrouvés incluent également des outils en pierre et des poteries de la fin de l'âge du bronze[5].
Alors que la Thrace antique est réputée pour la richesse en or de ses trésors (trésor de Valchitran (en), trésor de Panagjurište (it)), il s'agit du premier site découvert pouvant constituer une source éventuelle de cet or[6].
MĂ©thode ancestrale
Les archéologues ont essayé de reconstituer la méthode utilisée pour extraire le minerai. En chauffant le filon de quartz au feu pendant 24 heures, ils l'ont rendu plus cassant et l'ont ensuite broyé en une farine fine qu'ils ont lavée avec de l'eau. Ils ont ainsi obtenu 30 g d'or à partir de 350 kg de minerai[7].
Références
- (en) Peter Marchev, Brad S. Singer, Danko Jelev, Sean Hasson, Robert Moritz, Nikolay Bonev, "The Ada Tepe deposit: a sediment-hosted, detachment fault-controlled, low-sulfidation gold deposit in the Eastern Rhodopes, SE Bulgaria", Schweizerische Mineralogische und Petrographische Mitteilungen 84, 59–78, 2004.
- Isabelle Lapointe, "Environnements sédimentaires aurifères en terrain de haut grade métamorphique: le cas des bassins sédimentaires d'Opinaca-Némiscau, Baie-James", Rapport du projet CONSOREM 2007-07, pages 3-4, 2008.
- Anton Vos, "Ada Tepe, une énigme qui vaut de l’or", Campus no 101, pages 32-33, université de Genève, décembre 2010-janvier 2011.
- Tanya Mangalakova, « Bulgarie : la fièvre de l'or menace les Rhodopes », Le courrier des Balkans, le 29 novembre 2005 et « Bulgarie : la fièvre de l'or ronge les Rhodopes », le 30 janvier 2012.
- (en) Hristo Popov, « Ada Tepe and the Secrets of Ancient Mining », publication of the National institute of archaeology and museum (Bulgarian academy of sciences) / Balkan Mineral and Mining, 44 pages, 2012.
- (de) Hristo Popov, Albrecht Jockenhövel, « An der Peripherie Mykenes? – Goldbergbau der Späten Bronzezeit und Älteren Eisenzeit auf dem Ada Tepe (Stadt Krumovgrad) in den östlichen Rhodopen (Bulgarien) », workshop du 8-10 mars 2010 à l'université de Munster.
- Radio Bulgaria, « Ada tépé et les secrets des antiques mines bulgares », le 26 janvier 2012.