Accessoire de contrainte
Dans le contexte du bondage, un accessoire de contrainte est un accessoire qui permet de réduire la mobilité du corps d'une personne ou de lui interdire de se déplacer.
Les accessoires de contrainte sont nombreux et variés. Outre les cordes utilisées notamment par le kinbaku, le bondage japonais, d'autres accessoires sont également très présents. Sans chercher à être exhaustif, on peut citer les classiques corsets (qui peuvent être en fer dans ce contexte), les combinaisons de latex, les monogants, les camisoles (y compris les véritables camisoles psychiatriques de toile écrue), ou encore les minerves.
Parmi les accessoires qui entravent le déplacement on retrouve les sacs d'enfermement, les vacuum beds, les suspensions et les cages.
Création des accessoires
Les grands créateurs de vêtements prison furent John Willie, Eric Stanton et John Sutcliffe. Le fantasme est vecteur de l'art du bondage de la discipline festive et du SM. Et lorsque les dessinateurs, les photographes couchent leurs fantaisies sur papier. Ils génèrent, à leur tour, d'autres fantasmes, une autre inspiration. Les dessins de John Willie et d'Eric Stanton regorgent de femmes liées dans le dos, et l'on y voit même, déjà , des monogants.
Yürgen Boedt a publié dans Secret Magazine un article sur ce que l'on nomme forniphilie ou encore meuble humain. L'article est écrit par Jeff Gord[1] et les photos représentent des femmes attachées par des cordes ou des liens de cuir. Elles représentent une lampe, ou le dossier d'un fauteuil, la selle d'un tricycle, un parechoc de voiture, divers meubles ainsi que des sculptures artistiques[2].
En 1994, paraissait le premier numéro de la revue Maniac. Déjà Gilles Berquet y relatait ce que l'on nomme aujourd'hui forniphilie. Il nommait cela, « Les commodités de la femme ». Il commente divers dessins et photos. Un semainier, la femme y est enfermée. Le plateau supérieur est, pour la circonstance, transformé en carcan ainsi que les côtés supérieurs du meuble. La tête émerge du plateau supérieur. La tête supporte un lustre et une ampoule, et devient une lampe. Les bras sortent sur les côtés du semainier. L'un d'eux avec dans la main un plateau contenant une montre et des boutons de manchette. Et l'autre bras supporte des cravates au niveau du poignet. Le premier tiroir est ouvert laissant apparaître les seins de la femme, comme s'ils étaient de simples accessoires rangés dans le tiroir. Plus loin une femme parapluie, une autre femme lampe, une femme attachée dans un pot de fleur bondée par une plante grimpante. Enfin des photos de Gilles Berquet, inspirées par son maître John Willie. Photo ou le corps de la femme est enfermé dans une malle, laissant apparaître le visage et le bas des jambes[3].
L'héroïne de John Willie, Gwendoline est considérée comme l'icône du bondage. John Willie a publié la revue « Bizzare » On doit une réédition complète de cette revue au collectionneur et photographe Eric Kroll[4]. Dans Bizarre on retrouve toutes sortes de textes d'images offerts par des lecteurs. C'est un voyage dans l'imaginaire de l'artiste on y retrouve de nombreux dessins de John Willie. Quelques exemples :
- Une femme empaquetée comme un bonbon. Une ganse ferme le paquet autour du cou, un ruban enserre le sachet au niveau des chevilles « Fancy Dress Cracker[4] - [5] ». John Willie passe en revue les vêtements prison dans la société. Puis, un vêtement de cirque, un clown est entièrement enfermé dans son habit de scène, seul le visage apparaît[4] - [6].
- Une autre robe qu’il nomme « The Slug » : bras enfermés très contraints cagoule laissant apparaître la bouche et le nez[4] - [7].
- Tenue militaire contraignante, bras enfermés dans le dos et dans un coffre. Une autre veste celle d’un smoking les bras semblent être contraints dans le dos[4] - [8].
- Une camisole de cuir, certainement artisanale, vu l’époque[4] - [9].
Il affiche des combinaisons de cuir entièrement lacées le long des jambes intérieurement et extérieurement, ainsi que le long de bras. Comme au Japon, tout est question de laçage. En revanche, qu'il s'agisse de John Willie ou d'Eric Stanton, le ligotage n'est pas inspiré de l'art traditionnel japonais. Il n'est pas non plus l'objet principal de la contrainte.
- John Willie Revue Bizzare vĂŞtements prison.
- John Willie, Revue Bizzare.
- John Willie Revue Bizzare.
Typologie des accessoires
Cordes, ligotage
L'usage de la corde est commun dans le bondage. On nomme l'usage de la corde, le ligotage. Pendant la guerre avec le Japon les soldats américains ont assisté à des scènes de bondage japonais. Ce qui a suscité chez eux, un violent désir de reproduire du ligotage. Lorsqu'ils sont revenus en Occident, ils ont pratiqué un ligotage sauvage, sans les techniques du bondage japonais[10].
Corsets
Les corsets ne furent pas toujours l'accessoire élégant que l'on connait aujourd'hui. Et même aujourd'hui, le corset peut être utilisé comme accessoire de contrainte lorsqu'il est anormalement serré et enveloppant. Les corsets, très ouverts au temps d'Isabeau de Bavière, furent très ajustés à la fin du XVe siècle. Au point que le poète Olivier de la Marche intitula une pièce du Parement des dames d'honneur, « Le corset ou la cotte de chasteté » : « ... lye le corps. Et cotte et pièce entre-tient fermement[11] ».
À cette époque les corsets se lacent par derrière et la femme qui porte le corset ne peut pas l'ôter seule. « Pour faire un corps bien espagnolé, quelle géhenne les femmes ne souffrent-elles pas, guindées et sanglées avec de grosses coches sur les côtes jusques à la chaire vive. Oui, quelquefois à en mourir[12]. » On retrouve cette citation de Montaigne dans un livre publié à 880 exemplaires en 1933[13]. « On n'a pas de peine à le croire, non plus qu'au danger que ces cosses de bois - et le busc sur la poitrine faisait courir au fruit de la grossesse », poursuit F. Libron. « J'ai ouy parler, de quelques demoiselles, voirre en ay congnue, qui n'ont point faict difficulté de porter bustes aux despens du fruict qui estoit en leur ventre et pour ne perdre l'honneur d'avoir un corps gent »[14].
Les corsets ont été longtemps fabriqués en fer, ce qui rendait le port du corset contraignant et douloureux[15]. Certains sont exposés au musée de Cluny et au musée Carnavalet[16].
Sacs d'enfermement et variantes
En cuir, il s'agit d'une sorte de sac de couchage sanglé. On s'en sert généralement sur une table. Cette table peut être munie d'anses dans lesquelles on peut à nouveau passer des sangles de cuir, serrant plus fermement encore le sujet contraint. Les Anglais nomment ces sacs body-bag ou sleeping-bag. Ces sacs supportent généralement des anneaux qui permettent d'y passer des cordes pour serrer le sujet à volonté.
L'inflatable
Inflatable signifie « gonflable », terme jamais employé en français. C'est un sac de latex qui comporte deux enveloppes du même matériau. Le sac se gonfle entre les deux couches de latex et le sujet est prisonnier. Certains ont une forme de gros poisson, comme celui de Jonas, une grosse mama baleine. Selon Otto Rank, le désir de retour au ventre maternel constitue un élément typique du masochisme, et toujours selon Otto Rank le sujet cherche à retrouver au travers de son immobilisation la situation voluptueuse de l'immobilité intra-utérine[17]. Et donc le bondage et plus spécifiquement les sacs d'enfermement se rapportent bien à la recherche du ventre maternel donc parle Otto Rank. En dehors d'Otto Rank, Sándor Ferenczi évoque le désir de retour au ventre maternel[18] Dans l'inflatable, le sujet est, cependant, moins contraint que dans le sac de cuir. Contrairement au vacuum bed, l’inflatable doit être pratiqué sous surveillance, mais il n'est pas aussi dangereux que le vaccum bed.
Le vacuum bed
Deux draps de latex collés entre eux à l'extrémité des quatre côtés. Ils sont ensuite tendus sur un cadre. Le sujet se place entre les deux couches de latex. Un tube sort de sa bouche et transperce le latex. On fait le vide d'air. Le vide d'air peut tout arrêter, circulation du sang, respiration des pores de la peau, étranglement au niveau des artères, car le sujet n'est pas ligoté, mais pétrifié. Il est déconseillé de s'en servir sans expérience et sans une attention très particulière et constante.
Les barres d'Ă©cartement
Elles existent pour les chevilles pour maintenir les sujets jambes écartées de façon contraignante. Elles existent pour les poignets pour obliger le sujet à tendre les bras, d'autres ont les deux fonctions chevilles et poignets
Menottes
Les menottes de bondage sont des accessoires de contrainte conçus spécifiquement pour être utilisés dans les pratiques de bondage. Comparées aux menottes classiques, ce type de menotte est plus large et se porte aussi bien aux poignets qu'aux chevilles. Les menottes de bondage sont généralement fabriquées en cuir et sont souvent rembourrées en cuir souple ou en fausse fourrure. Les menottes de bondage peuvent être fixées aux poignets et / ou aux chevilles par un mécanisme de verrouillage, une boucle ou un velcro.
Suspensions
Harnais, cage de cuir (liens croisés en cuir, la cage suspendue fait que les liens se resserrent avec le poids du sujet.
Soie
Il existe quelques fétichistes de la soie et, souvent, des foulards de soie qui aiment se sentir impuissants, ligotés dans la soie. À travers cette immobilisation dans la soie, il cherche le cocon et donc le ventre maternel selon Otto Rank.
Camisoles, minerves, colliers BDSM
La camisole est recherchée par des amateurs de bondage confortable et ferme[19]. Les fétichistes du cuir ou du latex la préféreront dans ces matières. D'autres se rapprochant plus des fantasmes médicaux chercheront la vraie camisole psychiatrique en toile écrue.
La camisole qui s'achète sur les sites sous le nom de « Humane restraints ». Ces sites fournissent les hôpitaux psychiatriques et les prisons, pour les transports de prisonniers. Ils fabriquent des menottes doublées de cuirs solides, aussi solides que celles fabriquées en acier. Et qui ferment à clef[19].
Et plus de dix ans les sites « Human restraints » fournissent également les aficionados du bondage. Avec la minerve et le plâtre c'est tout l'univers psychiatrique et hospitalier de la souffrance qui est là , érotisé. Il existe des Hommes (hommes et femmes) qui recherchent l'immobilisation dans le plâtre, la leur ou celle de leur dominé. C'est univers du photographe Romain Slocombe[20] relaté dans le livre de Stéphan Lévy-Kuentz[21]
Notes et références
Source
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Bondage » (voir la liste des auteurs).
Notes et références
- Jeff Gord, interview en ligne
- Secret Magazine N°33
- Revue Maniac rédacteur en chef Gilles Berquet, comité de rédaction Jean-Pierre Bourgeron, Alexandre Dupouy.
- Bizarre par John Willie, avec le concours d'Eric Kroll, texte d'Eric Kroll, Ă©d. Taschen.
- Op. cit., p .15, N° 8.
- Op. cit., p. 51, N° 8.
- Op. cit., p. 21, N° 9.
- Op. cit., p. 22, N° 11.
- Op. cit., p. 54, N° 13.
- Photos en ligne, par Irving Klaw
- Olivier de la Marche Le Parement et le Triomphe des Dames d'Honneur" (1501)
- Montaigne Essais I, 40
- Le Corset l'art et les mœurs du XIIIe siècle au XXe siècle, F. Libron et H. Clousot - livre collector préfacé par Louis Barthou de l'Académie Française.
- Henri Estienne, L'Ă€pologie pour HĂ©rodote, 1556.
- ̺« Le corset à travers les âges », sur Wikisource
- Le Corset à travers les âges:Figures
- Otto Rank, Le traumatisme de la naissance, éd. Payot Petite bibliothèque, p. 54 (ISBN 2-228-89551-2)
- Sándor Ferenczi, Le développement de la réalité et ses stades
- Howard S. Becker, Outsider traduit par J.-P. Briand et J.-M. Chapoulie, p. 54, Éditions Métaillé
- Romain Slocombe Article en ligne par Romain Slocombe
- Stéphan Lévy-Kuentz, Femmes de plâtre, Essai sur l'art médical de Romain Slocombe.