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Abu Salabikh

Abu Salabikh (AbĆ« áčąalābÄ«áž«) est un site archĂ©ologique de la MĂ©sopotamie antique, correspondant Ă  une petite ville de l’époque des Dynasties archaĂŻques (DA, IIIe millĂ©naire av. J.-C.) dont le nom n’est pas connu avec certitude : on avance le plus souvent Eresh, mais ce peut Ă©galement ĂȘtre Kesh.

Abu áčąalabikh
Image illustrative de l’article Abu Salabikh
Localisation d'Abu Salabikh et des sites principaux de Mésopotamie méridionale du IIIe millénaire av. J.-C..
Localisation
Pays Drapeau de l'Irak Irak
Gouvernorat Al-Qadisiyya
CoordonnĂ©es 32° 16â€Č nord, 45° 05â€Č est
GĂ©olocalisation sur la carte : Irak
(Voir situation sur carte : Irak)
Abu áčąalabikh
Abu áčąalabikh
Histoire
PĂ©riode d'Uruk c. 3400-2900 av. J.-C.
PĂ©riode des dynasties archaĂŻques c. 2900-2350 av. J.-C.

Fouilles

Le site a Ă©tĂ© fouillĂ© dans les annĂ©es 1960 par l’Institut oriental de Chicago, qui ont notamment dĂ©couvert un lot de plus de 500 tablettes. De nouvelles fouilles sont entreprises par Nicholas Postgate de 1975 Ă  1989, cherchant Ă  reconstituer la vie des habitants de cette petite citĂ©, grĂące Ă  l’archĂ©ologie (quelques textes ont Ă©galement Ă©tĂ© mis au jour).

Urbanisme et architecture

Le site est divisé en quatre tells, dont le plus ancien, situé au sud-ouest, est peuplé à la période d'Uruk (Uruk mound)[1].

Le tell principal, s’étendant sur 12 hectares, est le lieu de l’habitat de la pĂ©riode des dynasties archaĂŻques, encadrĂ© par un mur dĂ©fensif de prĂšs de 1 400 mĂštres de long, ceignant une surface de 10 hectares. Il est possible que la ville construite au dĂ©but du DA soit issue d’un projet planifiĂ©, car elle semble prĂ©senter Ă  l’origine un plan gĂ©omĂ©trique. L’Euphrate bordait sans doute le tell principal Ă  cette Ă©poque, et le changement de son cours a pu motiver l’abandon du site Ă  la fin du IIIe millĂ©naire av. J.-C.

L’urbanisme d’Abu Salabikh est caractĂ©risĂ© par de grandes maisons, collĂ©es les unes aux autres, entre lesquelles sont tracĂ©es de petites rues, quelques axes principaux partant des portes de la citĂ© servant d’artĂšres majeures pour la circulation dans la ville. Un espace de 4 hectares (une vingtaine de maisons) a Ă©tĂ© scrupuleusement fouillĂ©. Les bĂątiments fouillĂ©s sont des maisons en grande majoritĂ©, aucun autre type d’établissement n’a Ă©tĂ© identifiĂ© avec certitude : un temple devait ĂȘtre situĂ© au sud du tell, lĂ  oĂč ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es les archives dans les annĂ©es 1960, et peut-ĂȘtre un autre bĂątiment administratif au nord. Les rĂ©sidences, qui occupent la majoritĂ© de l’espace du tell principal (peut-ĂȘtre jusqu’à 90 % du bĂąti), sont organisĂ©es autour d’un espace central, desservant gĂ©nĂ©ralement deux piĂšces puis de plus petites salles. Elles mesurent en moyenne 343 m2.

Des tombes Ă©taient situĂ©es sous les maisons. Ce sont de simples fosses, mais le matĂ©riel qu’elles renfermaient prĂ©sente une situation de diversitĂ© sociale notable, mĂȘme si la majoritĂ© sont celles de personnes riches, ayant livrĂ© de nombreux objets de valeur. Certaines sont individuelles, d’autres collectives.

Une aire comprenant de nombreux fours Ă  cĂ©ramique est situĂ©e Ă  l’extrĂ©mitĂ© nord de la citĂ©, avec de nombreuses empreintes de sceaux semblant indiquer que les artisans travaillaient pour une institution ; d’autres fours du mĂȘme type ayant Ă©tĂ© mis au jour hors des murailles. Il semble qu’un palais de la fin du DA se trouve sur le tell sud.

Une brique au nom du roi Amar-Sßn de la troisiÚme dynastie d'Ur, sans contexte stratigraphique, a été mise au jour sur le site. Il n'y a pas de trace d'occupation postérieure, le site étant trÚs érodé. Mais une inscription mise au jour dans un sondage porte le nom du Bit-Yakin, confédération chaldéenne de la premiÚre moitié du Ier millénaire av. J.-C. qui est implantée dans la région[2].

Tablettes

Les archives retrouvĂ©es Ă  Abu Salabikh sont surtout des textes scolaires, mais aussi littĂ©raires, avec des listes lexicales, pour une poignĂ©e de textes administratifs. On trouve des hymnes, des recueils de proverbes, ainsi que le plus ancien exemplaire des Instructions de Shuruppak, un texte de « sagesse » sumĂ©rienne. Les textes mythologiques sont trop fragmentaires ou obscurs pour ĂȘtre bien compris.

Ces tablettes sont Ă  peu prĂšs contemporaines de celle retrouvĂ©e Ă  Fara (Shuruppak), soit au DA IIIa (c. 2600-2500 av. J.-C.). Mais alors que celles de ce dernier site sont rĂ©digĂ©es dans un contexte sumĂ©rien, les textes d’Abu Salabikh, tĂ©moignent d’une rĂ©gion peuplĂ©e de plus de SĂ©mites, des « Akkadiens » avant Akkad donc. Sur les noms de personnes, 40 % sont akkadiens. Mais les textes sont rĂ©digĂ©s en sumĂ©rien. Abu Salabikh se situe manifestement dans l'aire d'influence du royaume de Kish (la « civilisation de Kish Â» selon les propositions d'I. Gelb), la plus importante puissance politique de la partie nord de la Basse MĂ©sopotamie Ă  cette Ă©poque, peut-ĂȘtre mĂȘme fait-elle partie de cet État. Les textes d’Abu Salabikh prĂ©sentent Ă©galement des similitudes avec ceux d’Ebla, plus tardives, ce qui montre la proximitĂ© existant entre les populations sĂ©mites du Proche-Orient des Dynasties archaĂŻques.

Bibliographie

  • (en) John N. Postgate, « Abu Salabikh », dans Eric M. Meyers (dir.), Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Ancient Near East, Volume 1, Oxford et New York, 1997, p. 9-10
  • (en) Robert D. Biggs, Inscriptions from Tell Abu Salabikh, Chicago, 1974
  • (de) Manfred Krebernik, « Die Texte aus Fāra und Tell Abu áčąalābÄ«áž« », dans Joseph Bauer, Robert K. Englund et Manfred Krebernik, Mesopotamien: SpĂ€turuk-Zeit und FrĂŒhdynastische Zeit, 1998, p. 235-427

Lien interne

Notes et références

  1. (en) S. Pollock, M. Pope et C. Coursey, « Household Production at the Uruk Mound, Abu Salabikh, Iraq », dans American Journal of Archaeology 100/4, 1996, p. 683-698
  2. Cité par (en) Sami Said Ahmed, Southern Mesopotamia in the time of Ashurbanipal, La Haye-Paris, 1968, p. 25 n. 25.
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