Abron (peuple)
Les Abron sont une population d'Afrique de l'Ouest, vivant principalement au Ghana d'où ils sont originaires, ainsi que dans l'est de la Côte d'Ivoire, dans le département de Tanda et de Transua.
Ghana | 1 185 000 |
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CĂ´te d'Ivoire | 186 000 |
Population totale | 1 371 000 |
Langues | abron |
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Religions | Christianisme, religions traditionnelles |
Ethnies liées | Akans |
Ils font partie du grand groupe des Akans.
Ethnonymie
Selon les sources et le contexte, on observe plusieurs formes : Abrong, Abrons, Bono, Boron, Brong, Bron, Doma, Dom, Tchaman[1].
Langue
Ils parlent l'abron, une langue kwa[2].
Histoire
Les Abron viennent du Sud-Est du Ghana, précisément d'Akouamou[3]. ils ont migré à la suite de conflits de succession au trône[4]. Au XVe siècle les Abrons (Bron) arrivent à Bondoukou qui était occupé par les Koulangos. Aussitôt, les Abrons étant des vrais guerriers vont s'imposer pour former le royaume de Bondoukou et diriger ainsi toute la région. Les Koulangos se retranchent à Bouna, tandis que les Brons ou Abrons occupent Bondoukou et ses alentours, Tanda et ses alentours, etc.
Le peuple Bron ou Abron livre des batailles pour délimiter son nouveau territoire et asseoir sa suprématie. Il livre des combats contre les Agny Andoh et bien d'autres. avec le roi légendaire Adou Bini[5].
La nomenclature en pays Bron ou Abron n'est pas fortuit. Ainsi, Adjiman ou Adjoumani, qui signifie le conquérant des pays ou des nations, désigne un puissant et vaillant guerrier.
Une fois sur le territoire ivoirien, plusieurs chefs se succèdent : NANAN TAN DATE, NANAN ADJIMAN KOUAKOU, NANAN POKOU WARE, ainsi que Nana koffi Yeboua qui meurt en 1992[6]. Son arrivée au pouvoir s'était faite dans un moment de crise, car son oncle avait eu une aventure amoureuse avec la plus jeune des femmes du roi, la famille de Nanan Koffi Yeboua était donc mal vue par les anciens du peuple. Aussi, pour laver l'affront causé par son oncle qui aurait dû être le nouveau roi, Nanan Koffi Yeboua demande aux anciens de lui faire confiance, donc de prendre les rênes du pouvoir pour relever et repositionner le peuple affaibli par les guerres et montrer aussi une bonne image de sa famille. Cela lui est accordé, et il devient l'un des rois les plus puissants et prestigieux du royaume Bron ou Abron.
La famille s’agrandissant, on assiste à l'augmentation des familles royales donc des princes, ce qui cause parfois des problèmes de succession. Aussi l'un des camps royaux accuse l'autre d'égarer à chaque fois certains attributs royaux lors du règne ou lors de la re-expédition du trône dans l'autre camp qui doit posséder le trône. À la mort du roi Nanan Koffi Yeboua, un conflit du succession se pose : les enfants du roi Nanan Koffi Yeboua refusent de donner les attributs de chef de leur père, réclamant ainsi le trône. Or, en pays Abron ou Bron, le régime adopté est le matriarcat ou régime matrilinéaire : seuls les enfants des sœurs et des tantes du roi peuvent succéder au roi.
Ainsi, le pouvoir s'endort de 1992 jusqu'en 2010, où l'on constate la manipulation de certains élus et cadres qui à cause de leur parti politique sèment la confusion ou tentent de manipuler l’opinion publique. Cependant Nanan ADJIMAN.
Culture
La culture Abron (Bron) est très riche, et est considérée comme l'une des mieux organisées de la Côte d'Ivoire.
La culture Bron est caractérisée principalement par la fête de l'igname qui marque le début de la nouvelle année. Lors de cette fête les chefs de familles offrent des sacrifices aux mânes, aux ancêtres, aux dieux (des eaux, des cultures, etc.), de les avoir protégés, de leur avoir donné la santé, l'abondance (dans la culture), la richesse, etc. Ils offrent les prémices de la nouvelle igname, de la boisson ("gin"), ainsi que l'immolation des animaux comme poulets, moutons ou bœuf, en fonction des moyens de la famille. Après cette cérémonie, les anciens sont autorisés à consommer ce nouveau tubercule.
En dehors de la fête des ignames, la tenue vestimentaire consiste au port du pagne aussi bien par les hommes que par les femmes, sans débardeur ni chemise sous le pagne, contrairement aux autres Akans qui portent des habits sous le pagne et des parures ou chaines en or.
La littérature abron est essentiellement orale, constituée de contes, de paraboles et de proverbes.
Quelques proverbes abrons :
- Il faut se garder de donner un coup de poing sur le crâne de celui dans la bouche de qui on a son doigt.
- Quand on a rien à offrir à sa belle-mère, il faut se garder de la voler.
- Nul ne gémit à la place de celui qui déracine un palmier.[7]
La danse abron, l'adowa, représente la Côte d'Ivoire sur l'échiquier international. Très expressive mais hermétique pour le grand public, elle est exécutée au son du tambour qui donne la conduite à suivre. Au pays Bron, seuls les initiés qui en ont la maîtrise dansent. Les danses dépendent de la classe sociale, et un danseur exécute ainsi des pas de danse spécifiques avant l'entrée d'un noble.
En pays Bron, le tam-tam est le moyen de communication privilégié. Quand une personnalité décède, le tam-tam transmet le message : dans les heures qui suivent, les vieux reviennent aussitôt des champs pour chercher à s’occuper du défunt.
Notes et références
- Source BnF
- (en) Fiche langue
[abr]
dans la base de données linguistique Ethnologue. - Raymond Borremans, Le grand dictionnaire encyclopédique de la Côte d'Ivoire, Tome 1 : A-B, Abidjan, NEA, 1986, 287 p. (ISBN 2-7236-0733-X), p. 28
- Hubert Teki, Le fondement du Royaume Bron (Gyaman), Abidjan, EDUCOM, , 104 p. (lire en ligne), p. 8
- Voir E. Terray, Une histoire du royaume abron du Gyaman : des origines à la conquête coloniale, 1995 (nombreuses références)
- http://infoduzanzan.com/royaume-bron-une-crise-de-succession-qui-perdure/
- Proverbes abrons cités dans l'ouvrage de Fodjo Kadjo Abo : Que ne ferait-on pas pour du pognon, L'Harmattan, 2015.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Kwame Arhin (dir.), A profile of Brong kyempim : essays on the archaeology, history, language and politics of the Brong peoples of Ghana, University of Ghana, 1979, 180 p. (Actes d'un séminaire de 1973)
- (en) Eva Lewin Richter Meyerowitz, « A re-appraisal of Meyerowitz on the Brongs - a rejoinder », in Research Review (Legon, Ghana), vol. 8, n° 2, 1972, p. 11-19
- (en) James Stuart Olson, « Abron », in The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, 1996, p. 5 (ISBN 978-0-313-27918-8)
- (en) Dennis M. Warren, « Bono shrine art », in African arts (Los Angeles), 9 (2), , p. 28-34, 80
- Alexander Alland, La danse de l'araignée : un ethnologue américain chez les Abron (Côte d'Ivoire) (trad. de l'américain), Plon, Paris, 1984, 338 p. (ISBN 978-2-259-01183-9)
- Benoît Kouassi Kouman, Conflit d'identité culturelle né de l'évangélisation : valeurs traditionnelles Abron-Koulango confrontées aux valeurs du christianisme : expérience de la région de Tanda, EHESS, Paris, 1984, 204 p. (Mémoire)
- Emmanuel Terray, « Un mouvement de réforme religieuse dans le royaume abro pré-colonial : le culte de Sakrobundi », in Cahiers d'études africaines, n° 19 (1-4), 1979, p. 143-176
- Emmanuel Terray, Une histoire du royaume abron du Gyaman : des origines Ă la conquĂŞte coloniale, Karthala, Paris, 1995, 1 058 p. (ISBN 978-2-86537-547-9)
- Marco Lunghi, Gli Abron della Costa d'Avorio : una cultura teocratica che sopravvive e si rinnova, Vita e pensiero, Milan, 1984, 158 p. (ISBN 978-88-343-0335-1)
- Hubert Teki, Le fondement du Royaume Bron (Gyaman), Abidjan, EDUCOM, 1997, 104 p. [lire en ligne]
- Coutume Abron du mariage (Cercle de Bondoukou, Côte d'Ivoire), manuscrit conservé à la Bibliothèque du Musée de l'Homme à Paris.
- Louis Tauxier, Le noir de Bondoukou : koulango, dioula, Abrons, etc. , Nandeln Liechtenstein, Crauss Reprint, réimpression de l'Edition de Paris, E. Leroux, 1921, XII-770
Articles connexes
Liens externes
- Le peuple Andoh revendique...
- Emmanuel Terray, L'Ă©conomie politique du royaume abron du Gyaman, article, 1982
- Emmanuel Terray, L'extraction de l'or dans le royaume abron du Gyaman (Afrique pré-coloniale), article, 1989
- Claudine Vidal, Le royaume abron du Gyaman vu du royaume tutsi du Rwanda. Essai d'histoire africaine comparée, article, 1995